autrui Plan Introduction - du mot à la notion - problématique I. La question de
autrui Plan Introduction - du mot à la notion - problématique I. La question de l'identification A. Le point de vue naïf B. Vers une solution II. La question de l'attitude A. L'impossible anonymat B. Les relations fondamentales Conclusion Introduction Du mot à la notion Le mot Étymologie: autrui < (lat.) altrui, de alter, l'autre Cf. altérité, altruisme "Autrui" est nom commun, mais utilisé comme un nom propre, sans article et toujours au singulier, à la manière d'un pronom. En disant autrui la langue distingue - parmi tous les êtres différents de nous - un être défini exclusivement par la propriété de ne pas être celui qui le désigne, tout en étantidentique à lui. Ainsi "autrui" désigne-t-il quiconque est un autre moi que moi, un alter ego ! La notion Autrui est ainsi pensé comme étant le même et un autre, le même que moi et un autre que moi, ayant un rapport de soi à soi, comme moi, sans être moi ! Cf. Lévinas (19O5-1995) : "Autrui en tant qu'autrui n'est pas seulement un alter ego. Il est ce que moi je ne suis pas." Observation et question conséquente : dire "autrui" pour désigner quelqu'un, une personne quelconque, c'est définir l'autre (que soi) par rapport à soi ! Est-ce anodin? Pour le savoir, se demander s'il n'y a pas d'autres façons de le désigner, auxquelles on pourrait recourir et observer les implications que cela peut avoir sur la façon de le considérer. Autres mots usités: - le semblable (pareil, sosie, frère) - le prochain Quelle idée d'autrui chacun de ces mots véhicule-t-il ? Qui dit “semblable” dit la reconnaissance d'une identité et ainsi l'affirmation d'une parenté, avec tous les sentiments que cela peut impliquer (de solidarité, de sympathie). Qui dit “prochain” dit reconnaissance d'une proximité et ainsi exercice d'une sollicitude, avec tous les sentiments éthiques, que l'origine, religieuse, de l'expression implique. Cf. E. Leclerc: "C'est à moi de m'approcher de l'autre; alors je deviens son prochain" En 1980, K. Wojtyla, alias Jean-Paul II, écrivait : "Le terme de prochain ne prend en considération que la seule humanité de l'autre... Il fournit la base la plus large pour la communaiuté, une base qui s'étend par-delà toute altérité." Qui dit “ autrui ” dit n'importe qui d' "autre" que moi pour peu qu'il ne soit pas moi. Avec le mot autrui, s'affirme un EGOcentrisme radical : JE définis l'autre par rapport à moi ! Sous couvert de neutralité, le mot autrui véhicule l'idée d'une priorité, et ainsi d'un privilège de chacun par rapport aux autres: je passe avant l'autre ! Deux questions se posent dès lors : a) Première question, d'identification: la distinction entre le moi et le non- moi est-elle première ou bien seconde ? b) Deuxième question, relative à l'interrelation: quelle est la nature (et la portée) des relations avec autrui ? Première partie : la question de l'identification d'autrui A. Le point de vue spontané a) Énoncé Nous nous connaîtrions d'abord, et, forts de cette connaissance, nous irions à la rencontre d'autrui, que nous identifierions alors, par analogie avec nous-même. = Thèse classique Cf. Leibniz: notion de monade Cf. Descartes, Méditation 2 1ère certitude: je (pense, suis) • Réalité dont Descartes se demande si elle existe = "des hommes qui passent dans la rue" • Son cheminement : " Je vois des chapeaux et des manteaux" " Je juge que ce sont des hommes" (sous-entendu comme moi ) = raisonnement par analogie • On ne saurait aboutir ainsi à une connaissance certaine. Cf. "cependant que vois- je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des manteaux qui pourraient couvrir des machines artificielles qui ne se remueraient que par ressorts ?" • Présupposé : je me connais d'abord ! N.B. Autrui ne serait que l'objet d'une connaissance seconde et incertaine. [=> solipsisme ] b) Critique = illusion d'adulte, qui a oublié de qui il tient ce qu'il sait de lui-même. + illusion de philosophe qui a fait table rase de tout ce que la vie et l'école lui ont enseigné et croit tirer tout ce qu'il découvre de son propre fonds. En fait autrui est perçu immédiatement ! Les gestes d'autrui ne sont pas de simples mouvements ; il s'agit de comportements, perçus immédiatement comme tels. Il peut donc y avoir une compréhension intuitive d'autrui qui ne va pas de l'observation objective de son corps à sa vie intérieure par le détour compliqué de la connaissance que j'aurais de moi-même ! Cf. Husserl, Méditations cartésiennes Cf. Merleau-Ponty (1908-1961), Sens et non-sens • Thème du passage: la perception d'autrui • Question : Comment autrui est-il connu ? Est-ce de manière indirecte, à partir de signes qui seraient à interpréter ? • Réponse : " il ne faut pas dire ... qu'autrui est saisi indirectement , il faut dire qu'autrui m'est donné avec évidence comme comportement " (M. Merleau-Ponty) • Merleau-Ponty à Descartes aurait fait observer à Descartes que les gens dans la rue "se déplacent", alors que des automates ne font que bouger. B) Vers une solution a) A la lumière de la psychologie de l'enfant Cf. la "crise des trois ans", moment décisif dans l'évolution psychologique de l'enfant, où celui-ci cesse de se désigner comme les autres le désignent (à la troisième personne) pour s'exprimer comme ceux-ci s'expriment eux-mêmes, à la première personne, tout en s'opposant à eux. Par où l'on voit que la prise de conscience de soi se fait par identification à l'autre. b) A la lumière de la psychanalyse Cf. cours sur l'Inconscient. Dans la genèse des instances psychiques, le "moi" apparaît en second. Par où l'on voit que le sujet s'éveille à la conscience de soi au contact des autres (et au contact de la réalité extérieure). c) A la lumière de l'anthropologie culturelle Cf. Lucien Malson, Les enfants sauvages (1964). Privé très tôt du contact de ses semblables, l'enfant sauvage est dans l'impossibilité à jamais d'accéder à la conscience de soi. Cf. Michel Tournier, les limbes du pacifique (1967) • Roman-source: Robinson Crusoë (1719) • Conclusion du lecteur : "Je" ne peux exister sans autrui ! • Phrases-clefs: - "AUTRUI, pièce maîtresse de mon univers" - "Contre l'illusion d'optique, le mirage, l'hallucination, le rêve éveillé, le fantasme, le délire, le trouble de l'audition... le rempart le plus sûr, c'est notre frère, notre voisin, notre ami ou notre ennemi, mais quelqu'un!" Conclusion de la première partie Confirmation philosophique des analyses empruntées aux sciences humaines : Sartre, l'Être et le Néant (1943) phénoménologie du sentiment de la honte Conclusion de l'analyse: "Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi- même." (Sartre) • Caractère judicieux du choix de l'exemple : la honte est "appréhension honteuse de quelque chose et ce quelque chose est moi. J'ai honte de ce que je suis. La honte réalise donc une relation intime de moi avec moi: j'ai découvert par la honte un aspect de mon être." Nous sommes dans une relation de soi à soi. Or celle-ci n'est possible que parce que "quelqu'un était là et m'a vu". Deuxième partie : quelle attitude adopter à l'égard d'autrui? A. L'ignorance de l'autre ? Le refuge dans le "on". Cf. Heidegger , L'être et le temps Tentant, mais impossible ! Cf. Sartre, Huis-Clos : les personnages s'avèrent être inséparables. B. Quelle relation ? a) La sympathie Thèse de Rousseau. Cf. ses considérations sur l'attitude du "bon sauvage" • Le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes présenté par Rousseau au concours de l'Académie de Dijon et publié en 1755. Sa thèse : "l'homme est né bon, la société le corrompt". Elle porte sur l'origine de l'inégalité sociale • Objet de sa réflexion dans le texte : le comportement de l'homme à l'état de nature. • Question traitée : quelle est l'attitude spontanée, de l'homme à l'égard de ses semblables ? Est-ce la méchanceté ? • Réponse : l'homme répugne à faire le mal ! En présence de la souffrance, il éprouve de la pitié. • Arguments: - c'est la pitié "qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir" - "c'est elle qui, dans l'état de nature, tient lieu de lois, de moeurs et de vertu, avec cet avantage que nul n'est tenté de désobéir à sa douce voix". - "c'est elle qui détournera tout sauvage robuste d'enlever à un faible enfant ou à un vieil infirme sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs." -"c'est elle qui... inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle, bien moins parfaite, plus utile peut-être que la précédente: Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible." N.B. A l'usage des élèves des classes préparatoires : Etude consacrée à la compassion b. Le conflit ? • Freud, texte annexe Freud reprend la formule "Homo homini lupus" de Hobbes qu'on trouve déjà chez Plaute et Érasme. Ce que Freud veut prouver : l'homme est naturellement enclin à nuire à ses semblables. Son argument : Si l'homme était bon uploads/Philosophie/ autrui 1 .pdf
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- Publié le Aoû 05, 2022
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