AUTRUI Dans la même collection L'Âme, textes choisis et présentés par Élie Duri
AUTRUI Dans la même collection L'Âme, textes choisis et présentés par Élie During. L'Amour, textes choisis et présentés par Eric Blondel. Autrui, textes choisis et présentés par Mildred Szymkowiak. Le Citoyen, textes choisis et présentés par Marie Gaille. La Démocratie, textes choisis et présentés par Bruno Bernardi. Le Désir, textes choisis et présentés par David Rabouin. Le Droit, textes choisis et présentés par Frédéric Rouvillois. L'État, textes choisis et présentés par Atila Ozer. L'Expérience, textes choisis et présentés par Anouk Barbe- rousse. L'Histoire, textes choisis et présentés par Nicolas Piqué. L'Identité, textes choisis et présentés par Stéphane Ferret. L'Image, textes choisis et présentés par Laurent Lavaud. Le Langage, textes choisis et présentés par Pascal Ludwig. Le Libéralisme, textes choisis et présentés par Mikaël Garan- deau. La Liberté, textes choisis et présentés par Antoine Hatzen- berger. Les Mathématiques, textes choisis et présentés par Nathalie Chouchan. La Matière, textes choisis et présentés par Arnaud Macé. La Métaphysique, textes choisis et présentés par Elie During. La Morale, textes choisis et présentés par Eric Blondel. La Nature, textes choisis et présentés par Frank Burbage. Le Nihilisme, textes choisis et présentés par Vladimir Biaggi. L'Œuvre d'art, textes choisis et présentés par Béatrice Lenoir. La Paix, textes choisis et présentés par Mai Lequan. Le Pouvoir, textes choisis et présentés par Céline Spector. Le Scepticisme, textes choisis et présentés par Thomas Bénatouïl. La Sensation, textes choisis et présentés par Carlos Tinoco. La Tolérance, textes choisis et présentés par Julie Saada-Gen- dron. L'Utopie, textes choisis et présentés par Frédéric Rouvillois. La Vie, textes choisis et présentés par Thierry Hoquet. La Volonté, textes choisis et présentés par Philippe Desoche. AUTRUI INTRODUCTION CHOIX DE TEXTES COMMENTAIRES VADE-MECUM ET BIBLIOGRAPHIE par Mildred Szymkowiak GF Flammarion SOMMAIRE INTRODUCTION 9 I LE CORPS D'AUTRUI I. DESCARTES 49 Le signe de la pensée cachée dans le corps II. MALEBRANCHE 53 Interaction des corps et connaissance des âmes III. HUSSERL L'aperception analogique d'autrui IV. SCHELER L'expression V. MERLEAU-PONTY Incarnation et perception d'autui 6 8 II L'AUTRE, L'OBJET ET MOI VI. KANT La communicabilité du plaisir esthétique VII. BUBER « Je-Tu » et « Je-Cela » 77 VIII. GIRARD Le triangle du désir IX. TOURNIER °2 Autrui, condition de la perception objective 9 3 SUBJECTIVITÉ ET RELATION AVEC AUTRUI x. FICHTE L'appel réciproque à la liberté 1 0 3 XI. HEGEL 108 Structure de la reconnaissance des consciences XII. MARCEL 114 L'inter-subjectivité XIII. SARTRE 119 Le moi sous le regard d'autrui XIV. LEVINAS 124 La responsabilité pour autrui IV DE L'INTERSUBJECTIVITÉ PASSIONNELLE À LA RELATION MORALE XV. HOBBES La crainte et la gloire XVI. SPINOZA L' imitation des affects 1 3 1 1 3 6 XVIII. SMITH La sympathie mutuelle XIX. ROUSSEAU La pitié XX. KANT 1 4 8 1 5 3 1 5 9 XVII. HUML Le sentiment d'humanité '42 L'universalité de la loi, ou la dignité de la personne XXI. PLATON L'ami et le Bien XXII. ARISTOTE Philautie et amitié XXIII. MONTAIGNE La parfaite convenance des âmes LA PROXIMITÉ 1 6 7 1 7 4 1 8 0 XXV. KANT La réunion du respect et de l'amour XXVI. NIETZSCHE L'amour du lointain XXVII. WEIL L'amour surnaturel du prochain XXIV LA ROCHEFOUCAULD 186 XXVIII. LEVINAS La société des gens polis Éros et fécondité 191 196 202 207 VADE-MECUM 213 BIBLIOGRAPHIE 241 INTRODUCTION Nous ne serions rien sans les autres — l'affaire est entendue, l'affirmation convenue. Mais quel contenu lui donner exactement ? En un premier sens, l'évidence est au minimum d'ordre économique. N'importe quel objet dont je me sers porte en creux la trace du travail de mes semblables, la mise en œuvre d'une intelligence en vue d'informer une matière. Puis-je seulement savoir combien de personnes ont contribué à la réalisation de ce livre — sans parler du pain dont je me nourris, de l'eau que je bois ? Nous dépendons les uns des autres pour la réali- sation du moindre de nos besoins. Sans doute la division croissante du travail et l'interdépendance économique qui caractérisent l'époque contemporaine nous permet- tent-elles de percevoir de manière particulièrement sen- sible ce lien étroit qui fait de nous, que nous le voulions ou non, les membres d'un organisme gigantesque dont la survie est conditionnée par l'activité de chacun des membres. Même sans présupposer une éventuelle sociabi- lité humaine, un élan qui nous pousserait les uns vers les autres, sans non plus tirer argument de cette dépendance de fait en vue d'une morale de type altruiste, observons seulement notre mutuelle interdépendance, et redisons que chacun ne survit que grâce à l'action de tous les autres. En un second sens, l'évidence de l'interaction avec autrui est d'ordre social : nos choix alimentaires, vesti- mentaires, culturels aussi tiennent compte du goût et de 1 avis d'autrui, même et peut-être surtout quand c'est pour le rejeter. Or, si le fait même de notre coexistence avec d'autres hommes nous est rendu évident dans cette interaction économique et sociale, il sera futile de demander si nous AUTRUI avons l'expérience d'autres hommes. Le solipsisme, ou affir- mation d'une solitude principielle de la conscience, est sans doute davantage un reproche toujours à l'horizon des philosophies qui font de la conscience ou du sujet pensant leur point de départ, qu'une doctrine effectivement sou- tenue comme telle dans l'histoire de la philosophie. En effet, l'expérience d'autrui nous est donnée comme une réalité, mais une réalité qui n'est pas immédiatement explicable, une réalité qui, dans son évidence même, résiste à l'intelligibilité. Ainsi, la difficulté n'est pas de constater que nous faisons l'expérience d'autres cons- ciences, mais d'élucider les conditions de possibilité de cette expérience. Comment pouvons-nous, dans tel objet, déce- ler le produit d'une activité humaine, c'est-à-dire la manifestation d'une subjectivité dont le sujet cependant ne nous est pas donné en tant que tel ? Comment pouvons- nous surtout, dans tel corps en face de nous, percevoir la présence d'une conscience comme la nôtre et la com- prendre comme un alter ego, un autre moi, alors même que seules nos propres pensées nous sont directement données ? Qu'il y ait autrui, que nous rencontrions réelle- ment d'autres êtres pourvus d'une conscience, cela est d'abord évident pour chacun, même si l'on peut, par ailleurs, en s'écartant mentalement des situations quoti- diennes d'interaction avec autrui, mettre en doute cette constatation. Mais ce qu'est autrui pour nous, ou comment il peut y avoir pour moi un autre moi, telle est la question qui doit nous conduire à déterminer la nature de cette expérience aussi certaine qu'étrange. Le corps d'autrui et sa conscience En effet, si le moi, comme nous l'apprend Descartes, est défini par la conscience directe qu'il a de lui-même, par l'intuition dans laquelle il connaît son existence de chose pensante, rien n'est moins évident à expliquer que l'expérience d'un autre moi. Au terme du doute hyperbo- INTRODUCTION lique des deux premières Méditations métaphysiques, mon existence ne m'est connue que parce que je suis à la fois la chose qui pense, et la chose qui pense qu'elle pense : mais il n'appartient qu'à moi-même de me redoubler ainsi dans l'intuition que j'ai de moi-même, dans ce « Cogito, sum » qui ne peut s'énoncer autrement qu'en première per- sonne. La certitude même de cette intuition tient à son caractère inéluctablement privé, et je ne puis l'éprouver pour aucun autre sujet que moi. En réalité, pour éprouver comme conscience la conscience d'un autre, il faudrait que je sois moi-même cette conscience — il faudrait que l'autre ne soit plus alter ego (un autre moi), mais seule- ment ego, moi, ce qui contredit sa définition même. Autrui se donne donc à moi avec la même extériorité que les objets, entre lesquels il figure par l'intermédiaire de son corps. À quoi imputer, dès lors, la distinction que j'établis pourtant, à l'intérieur de mon expérience, entre les objets et les sujets ? Comment puis-je rendre compte de mon expérience d'autres moi, de cette différence que j'établis entre les êtres humains et tous les autres objets de ma per- ception? Qu'est-ce qui, exactement, me permet de dire que, dans l'ensemble des corps qui m'entourent, certains sont pourvus d'une âme, voire d'une conscience ? Autre- ment dit, si seule ma propre conscience est l'objet d'une certitude immédiate, comment expliquer que j'aie pour- tant quotidiennement l'assurance d'être en contact avec des êtres qui possèdent, comme moi, la faculté de penser ? Les objets culturels Selon le sens donné ici au corps, on est renvoyé à deux problématiques légèrement différentes, comprises toutes deux dans la question de l'expérience d'autres consciences que la mienne. Si je m'intéresse aux corps en général, c'est-à-dire à la res extensa ou chose étendue de Descartes, définie comme tout ce qui n'est pas pensée au sens large (cf. texte n° 1), le problème est celui de ce que Merleau- AUTRUI Ponty appelle les objets culturels : parmi les objets qui nous entourent, certains sont le produit de la nature (pierre, plante...), mais d'autres (maisons, . oitures, stylo...) émettent une « atmosphère d'humanité » (Merleau- Ponty, Phénoménologie de la perception, p. 400) et ainsi nous renvoient uploads/Philosophie/ autrui-mildred-szymkowiak.pdf
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- Publié le Oct 09, 2021
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