Louis Althusser L’avenir dure longtemps suivi de Les faits Autobiographies STOC
Louis Althusser L’avenir dure longtemps suivi de Les faits Autobiographies STOCK / IMEC Édition posthume d’œuvres de Louis Althusser Le présent ouvrage s’inscrit dans un programme d’édition posthume de textes de Louis Althusser, en majeure partie totalement inédits, qui proviennent des archives du philosophe qui ont été confiées à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) en juillet 1991 par sa famille. La publication de ces textes s’effectuera sur plusieurs années dans le cadre d’une coédition entre les Éditions Stock et l’IMEC, et comprendra les volumes suivants : 1. Textes autobiographiques : L’avenir dure longtemps, suivi de Les faits (1992). 2. Journal et textes de captivité. 3. Textes philosophiques. 4. Autres textes et correspondances. La mise en valeur du Fonds Althusser et l’édition posthume de ces textes sont placées sous la responsabilité scientifique de l’IMEC. ÉDITION ÉTABLIE ET PRÉSENTÉE PAR OLIVIER CORPET ET YANN MOULIER BOUTANG STOCK/IMEC © 1992, Éditions STOCK/IMEC. Présentation Les deux textes autobiographiques publiés dans ce volume ont été retrouvés soigneusement conservés dans les archives de Louis Althusser lorsque celles-ci ont été confiées, en juillet 1991, à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) avec mission d’assurer la mise en valeur scientifique et éditoriale de ce fonds. Dix années séparent la rédaction de ces deux textes. Dix années au milieu desquelles, le 16 novembre 1980, le destin de Louis Althusser bascule dans l’impensable et le tragique avec le meurtre de sa femme, Hélène, dans leur appartement de l’École normale supérieure, rue d’Ulm, à Paris. La lecture de ces deux autobiographies – dont l’existence, surtout pour L’avenir dure longtemps, était presque devenue un mythe – conduisit François Boddaert, le neveu de Louis Althusser, et son seul héritier, à décider leur publication comme premier volume de l’édition posthume de nombreux inédits retrouvés dans le Fonds Althusser. Cette édition comprendra, outre ces textes, son Journal de captivité écrit lors de son internement dans un stalag en Allemagne entre 1940 et 1945, puis un volume d’œuvres plus strictement philosophiques, enfin un ensemble de textes divers (politiques, littéraires…) et de correspondances. Pour préparer cette édition, nous avons recueilli plusieurs témoignages, parfois divergents, d’amis de Louis Althusser ayant à un moment ou un autre connu ou croisé l’histoire de ces manuscrits, certains d’entre eux les ayant lus, en totalité ou en partie, à un stade ou un autre de leur rédaction. Nous avons également réuni des documents de toute nature (agendas, notes, coupures de presse, correspondances…) souvent dispersés dans les archives mais pouvant servir d’indices, voire de preuves ou de références sur les « sources » utilisées par Louis Althusser. L ’intégralité du dossier préparatoire de cette édition, y compris, bien sûr, les manuscrits eux-mêmes et les différentes versions ou ajouts, pourra être consultée, ce qui permettra aux chercheurs spécialisés d’étudier la genèse de ces autobiographies. Nous nous bornerons donc à indiquer ici les principales données sur l’histoire de ces textes qui éclairent cette édition, les caractéristiques matérielles des manuscrits et les critères retenus pour leur transcription, sachant que les circonstances détaillées de leur rédaction seront longuement rapportées et analysées dans le second volume de la biographie de Louis Althusser(1). L ’analyse des documents et des témoignages recueillis jusqu’ici permet d’avancer avec certitude les points suivants : la rédaction de L’avenir dure longtemps a été déclenchée, même si le projet d’une autobiographie est bien antérieur, par la lecture, dans Le Monde du 14 mars 1985, d’un billet de Claude Sarraute intitulé « Petite faim ». Consacré essentiellement au meurtre anthropophagique d’une jeune Hollandaise par le Japonais Issei Sagawa et au succès que connut ensuite au Japon le livre où il racontait son crime, alors qu’il avait été renvoyé dans son pays à la suite d’un non-lieu et d’un bref séjour dans un hôpital psychiatrique français, l’article de Claude Sarraute évoquait au passage d’autres « cas » : « […] Nous, dans les médias, dès qu’on voit un nom prestigieux mêlé à un procès juteux, Althusser, Thibault d’Orléans, on en fait tout un plat. La victime ? Elle ne mérite pas trois lignes. La vedette, c’est le coupable […] » À la suite de ce billet, plusieurs amis de Louis Althusser lui conseillèrent de protester auprès du journal contre cette allusion à un « procès juteux ». Il se rangea à l’avis d’autres amis qui, tout en critiquant le procédé, estimaient pourtant que, d’une certaine manière, Claude Sarraute mettait le doigt sur un point essentiel, et pour lui dramatique : en fait, son absence de « procès », due au non-lieu dont il avait « bénéficié ». Le 19 mars 1985, il écrit à l’un de ses plus proches amis, Dominique Lecourt – mais ne lui envoie pas la lettre – qu’il ne pourra pas « réapparaître sur la scène publique » sans s’être auparavant expliqué sur ce qui lui est arrivé, c’est-à-dire en écrivant « […] une espèce d’autobiographie, dans laquelle entreraient [ses] explications sur le drame et son “traitement” aussi bien préfectoral, judiciaire et hospitalier, et naturellement son origine ». Ce souci d’écrire son autobiographie n’est certes pas nouveau : déjà, en 1982 par exemple, au sortir du premier internement consécutif au meurtre, il rédige un texte théorique sur le « matérialisme de la rencontre » qui commence ainsi : « J’écris ce livre en octobre 1982, au sortir d’une atroce épreuve de trois ans dont, qui sait, je raconterai peut-être un jour l’histoire, si jamais elle peut en éclairer d’autres, et sur ses circonstances et sur ce que j’ai subi (la psychiatrie, etc.). Car j’ai étranglé ma femme, qui m’était tout au monde, au cours d’une crise intense et imprévisible de confusion mentale, en novembre 1980, elle qui m’aimait au point de ne vouloir que mourir faute de pouvoir vivre, et sans doute lui ai-je, dans ma confusion et mon inconscience, “rendu ce service” dont elle ne s’est pas défendue, mais dont elle est morte. » Le texte se poursuit ensuite sur des considérations philosophiques et politiques pour ne plus revenir sur ces premières allusions autobiographiques. En mars 1985, décidé cette fois à raconter cette « histoire », de son point de vue, Louis Althusser écrit à plusieurs de ses amis à l’étranger pour leur demander de lui envoyer toutes les coupures de presse le concernant parues dans leur pays après novembre 1980. Il fait de même pour la presse française et rassemble ou demande à ses amis de lui fournir une abondante documentation aussi bien sur les problèmes juridiques du non-lieu et sur l’article 64 du Code pénal de 1838 que sur la question des expertises psychiatriques. Il demande en outre à certains de ses proches de lui communiquer leur « journal » correspondant à ces années, ou de lui raconter les événements dont, pour certains aspects, il a perdu le souvenir. Il interroge son psychiatre et son psychanalyste sur les traitements qu’il a suivis, les médicaments qu’il a dû prendre (parfois il retape « au propre » leurs explications et interprétations), relève sur des feuilles volantes ou des agendas tout un ensemble de faits, d’événements, de propos, de réflexions, de citations, de mots épars, bref d’indices, tant factuels, personnels que politiques ou psychanalytiques. Ses archives ont gardé la trace de tout ce travail d’élaboration qui servit à la rédaction de L’avenir dure longtemps. La rédaction même et la frappe de ce texte ont, selon toute probabilité, pris quelques semaines seulement, des derniers jours de mars à la fin d’avril ou au début de mai 1985. Le 11 mai, il donne un manuscrit, sans doute complet, à lire à Michelle Loi et, le 30 mai, il tape une version d’un nouveau texte théorique intitulé « Que faire ? ». Dès la deuxième page, il fait allusion à l’autobiographie qu’il vient d’achever : « Je retiendrai un premier principe fondamental de Machiavel que j’ai longuement commenté dans mon petit livre : L’avenir dure longtemps. […] » « Petit » est une clause de style car ce texte est long de près de trois cents pages et constitue, à notre connaissance, le plus long manuscrit écrit par Louis Althusser dont l’œuvre publiée jusqu’ici se partage en opuscules et recueils d’articles. Le 15 juin, en proie à une profonde aise d’hypomanie, il est de nouveau hospitalisé à Soisy. Tel paraît avoir été le calendrier de la rédaction de L’avenir dure longtemps – un calendrier qui correspond tout à fait aux datations de quelques faits ou événements rapportés dans le corps du texte (par exemple : « Il y a quatre ans, sous le gouvernement Mauroy », p. 15 ou « V oilà seulement six mois, en octobre 84 », p. 119, ou encore « j’ai soixante-sept ans », p. 272). Les retouches ultérieures semblent avoir été mineures. Le nombre de personnes ayant pu lire l’intégralité ou une partie significative de ce manuscrit s’est limité à quelques proches dont, notamment, Stanislas Breton, Michelle Loi, Sandra Salomon, Paulette Taïeb, André Tosel, Hélène Troizier, Claudine Normand. On sait par ailleurs qu’il en a plusieurs fois évoqué l’existence devant quelques éditeurs et qu’il leur a exprimé son désir de uploads/Philosophie/ avenir-dure-longtemps-l-althusser-louis.pdf
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- Publié le Apv 28, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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