V- la philosophie et ce qu’elle n’est pas : Nous avons pu voir qu’il est imposs

V- la philosophie et ce qu’elle n’est pas : Nous avons pu voir qu’il est impossible de trouver une seule définition valable pour la philosophie. Un tel constat ne doit pas nous empêcher à connaitre davantage ce qu’elle est. En réalité nous allons explorer une autre possibilité consistant à voir ce qu’elle n’est pas. Et en ce sens nous aurons une lueur de ce qu’elle peut bien être. Il s’agira donc de distinguer la philosophie des autres formes de savoir auxquels on a tendance a la confondre. En effet, le grand public (le sens commun) confond très souvent mythe, religion, science et philosophie. Cependant, même si on les confond par la présence de quelques ressemblances, ces formes de savoir ne sont pas les mêmes, car elles présentent des différences. 1- Philosophie et mythe : La philosophie grecque s’enracine dans le mythe grec, toutefois elle s’est élaborée contre la pensée mythique. Leurs différences peuvent être localisées à plusieurs niveaux. Etant un discours narratif, le mythe est loin d’être une connaissance, il demande simplement à être cru. En fait, le mythe est un récit sacré. Voilà pourquoi, il n’est pas assujetti aux critères épistémologiques du vrai et du faux. Alors que la philosophie en tant que forme de savoir, a pour but de produire un savoir vrai destiné à être compris et à être critiqué. A ce titre Georges Gusdorf souligne que : « la conscience mythique ne s’étonne de rien. La naissance de la philosophie est le réveil de ce sommeil de l’immobilisme mythique ». Au niveau du rapport qu’ils entretiennent vis-à-vis de la raison, nous voyons une très grande différence. En effet, si la philosophie exprime son savoir avec un degré de rationalité suffisante, le mythe, quant à lui, prend le revers de ce qu’on retrouve en philosophie. Une telle distinction ne doit pas nous pousser à considérer comme vrai, l’idée selon laquelle la philosophie née du mythe et contre le mythe. Car, malgré leurs différences à plusieurs points de vue, il n’en demeure pas moins qu’il n’existe entre eux une rupture définitive. Pour des exigences pédagogiques, des philosophes comme Platon ont fait recours au mythe pour expliquer leurs idées. La dialectique était difficile pour certains de ces interlocuteurs, c’est pour cette raison que Socrate utilisait le mythe comme moyen pour faire comprendre le contenu de ses idées. En d’autres termes, lorsque la pensée philosophique était trop conceptuelle, abstraite, et ne suffisait pas à expliquer une idée, le mythe advient pour illustrer, démontrer ce qu’elle dit. Par conséquent, c’est un instrument au service de la pensée philosophique. 2- Philosophie et religion : Le mot religion dérive du latin « religare » qui signifie lié ou relié. L’étymologie du terme indique une relation nécessaire entre l’homme et le divin. C’est l’homme qui doit tendre vers la divinité pour chercher à être en communion avec elle. Cette relation de soumission se fonde sur la foi. Il faut cependant préciser que sans les pratiques culturelles (les prières, le jeûne, le pèlerinage, l’aumône, le sacrifice légal), la foi devient difficile à caractériser. Autrement dit, elle se manifeste par des actes de dévotions accomplies dans le but exclusif de rendre hommage à un être transcendant. Ces pratiques regroupent un ensemble de gestes codifié et fortement chargé de symboles, qui réunit en une communauté des personnes d’horizon différente qui partage la même foi. Ainsi, la religion se fonde sur des dogmes religieux. En effet, un dogme est une vérité incontestable, qui s’impose aux croyants et ne peut en aucune manière être remise en question. Par exemple, l’unicité de Dieu est un dogme religieux que les religions dites révélées ont en partage. En principe, la religion s’oppose à la philosophie. En effet, la religion se fonde essentiellement sur des dogmes, qui sont des principes incontestables, indubitables. Mieux, l’esprit religieux est pour l’essentiel une soumission à l’égard de la Divinité. Tout au plus, la croyance est caractérisée par sa tendance irrationnelle et dogmatique. Alors que la philosophie se distingue par son caractère rationnel et critique. Elle ne considère rien comme vrai a priori, aucune vérité comme absolue. La critique philosophique ne laisse à l’abri aucun savoir, ni aucune vérité. Dès lors, nous comprenons pourquoi la foi n’accepte pas toujours la raison. La religion est surplombée par des vérités qui échappent à toute tentative d’explications rationnelles. Ces vérités religieuses font naitre chez le croyant un sentiment de crainte qui le rappel sans cesse Dieu et le pousse à adopter une attitude de soumission. Cette distinction laisse apparaitre l’idée d’une opposition voir d’une incompatibilité entre la religion et la philosophie, entre la foi et la raison. La philosophie est une aventure de la raison. Et en tant que telle, elle exige la preuve et la démonstration. Alors que la foi, en tant qu’elle repose sur la croyance demande une adhésion à des vérités non démontrées. C’est dans cette remarque qu’il faut inscrire la pensée de Towa lorsqu’il affirme que la philosophie entre en conflit avec la religion car « l’idée d’une vérité au-delà de la raison, inaccessible naturellement à l’esprit humain est absolument inconcevable par la philosophie, qui repose sur le principe diamétralement opposé selon lequel la pensée ne doit rien présumer en dehors d’elle. ». Des philosophes ont élaborés des attaques contre la religion. Pour l’essentiel, ils considèrent que la religion n’est qu’une ruse, un boniment pour attacher les faibles dans une espérance éternelle. C’est pour cette raison que certains philosophes ont tentés de discréditer la religion, car elle nous invite à croire à des illusions, des choses irrationnelles. Nietzsche par exemple considère que la religion tire son origine de l’auto-illusion orchestrée par les faibles dans le but de supporter les difficultés de l’existence. C’est par ce sentiment que les plus faibles ont inventés l’enfer pour les autres et le paradis comme un demeure qui leurs sont naturellement destiné. Il précise d’ailleurs dans Ainsi parlait Zarathoustra que « Ce sont les malades et les moribonds qui ont méprisé le corps et la terre, et qui ont inventé le ciel et les gouttes de sang qui rachètent. » Nous voyons dans les pensées de ce philosophe, un mépris pour la religion. Ce qui le conduit à déclarer ouvertement son athéisme. Il voit en la religion « le plus grand mensonge du siècle » Les matérialistes comme Fuerbach et Marx affichent la même couleur. Ainsi, le dernier considère la religion comme le reflet des conditions d’existence matériel des hommes. C’est parce que certains hommes vivent des conditions d’existence très pénible qu’ils projettent la réalisation de leur vœu vers un ailleurs où toutes leurs souffrances seront dorloter (soigner délicatement et avec une tendresse complaisante). Ce sont les oppresseurs qui manipulent la classe inférieure, par le biais de la religion, qui représente une drogue adoucissante, maintenant ces victimes dans une longue léthargie. Voilà pourquoi aux yeux de Marx, la religion est comme « l’opium du peuple ». Inconscient de cette manipulation, ils projettent leur désir de richesse, d’immortalité, d’omniprésence, d’omniscience etc. en Dieu qui, d’après les matérialistes n’est que l’image de l’homme tel qu’il voudrait être. La classe inférieure rêve d’un paradis où ses désirs deviennent une réalité. C’est ce qui pousse Marx à affirmer que « l’homme pauvre a toujours un dieu riche ». Quant à Freud, la religion exprime un ensemble de désir insatisfait et refouler, d’aspiration non réalisée. Cependant, elle permet d’apaiser la souffrance des hommes. Dans son Malaise de la civilisation, il nous enseigne que « la vie est trop lourde, elle nous inflige trop de peines, de déceptions, de taches insolubles. Pour la supporter nous ne pouvons pas nous passer de sédatifs ». Devant ce concert d’idées, nous pouvons voir clairement que le préjugé d’athéisme dont est victime le personnage du philosophe n’est pas dépourvu de fondement. Et c’est pour cette même raison que le sens commun voit toujours le philosophe comme un adversaire de la religion. Au-delà de cette condamnation qui vise à opposer la philosophie à la religion, nous voyons que ces deux formes de savoir ont la même ambition de prendre en charge les interrogations liées à l’existence humaine. La raison et la foi sont deux dimensions de l’homme qui ne s’exclut pas mutuellement, mais elles se complètent plutôt. La philosophie n’admet autre autorité que la raison. Or la religion demande la foi qui est synonyme de soumission autrement dit d’acceptation muette. Par contre une telle attitude conduit l’être humain au dogmatisme et au fanatisme. Pour éviter d’être prisonnier de ces deux attitudes, la raison doit occuper sa place dans la religion. C’est la foi et la raison qu’il nous faut pour saisir Dieu. Cette dernière idée nous la retrouvons chez les grands philosophes chrétiens : Saint Thomas d’Aquin, Saint Anselme et Saint Augustin. Ils font partie de ceux qui défendent la conception de Fides quarens intellectum, autrement dit la foi à la recherche de la lumière de l’intelligence. L’humanité ne gagne rien en opposant Foi et raison. Ainsi, Saint Thomas postule que la foi doit précéder la raison, mais sans cette dernière la foi uploads/Philosophie/ v-la-philosophie-et-ce-qu-x27-elle-n-x27-est-pas.pdf

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