COLLECTION DES GLANES FRANÇAISES HONORE DE BALZAC LA Jernme et 1Am Pensées choi
COLLECTION DES GLANES FRANÇAISES HONORE DE BALZAC LA Jernme et 1Am Pensées choisies et précédées d'une introduction PAR JULES BERTAUT our PQ 2160 B4 Sablé Editions SANSOT Se C>% éditeurs 7, RvB DE l'Êpbron, 7 2\k0 LA FEMME ET L'AMOUI^ f,. L'-,Lr,i^'-\^ ï t'' \v SABLE IL A ISTE TIRE DE CET OUVRAGE : DOUZE EXEMPLAIRES SUR JAPON IMPERIAL NUMÉROTÉS DE 1 A 12 ET VI^GT EXEMPLAIRES SUR HOLLANDE VAN GeLDER NUMÉROTÉS DE 13 A 32 COLLECTION DES GLANES FRANÇAISES HONORE DE BALZAC LA Femme et l'Amour Pensées choisies et précédées d'une introduction JULES BERTAUT PARIS E. SANSOT & C'S éditeurs 9, Rue de l'Éperon, 9 Tous droits réservés Digitized by the Internet Archive in 2010 witin funding from University of Ottawa lnttp://www.archive.org/details/lafemmeetlamourpOObalz INTRODUCTION Les deux objets sur lesquels Bal- zac a concentré le plus fortement son attention sont à coup sûr la Femme et VAmour. Rien qui présentât plus d'attirance pour son imagination débordante, pour son sens magique de l'observation, pour sa sensibilité presque féminine, pour cette passion, ce délire de la sentimentalité qu^il avait empruntée au romantisme et qui Va toujours tenaillé. On ne parle vraiment bien des femmes que lorsqu'on les aime beau- coup. Balzac les adorait — et d'au- tant mieux qu'il n'avait jamais été envahi par elles, qu^ elles ne Pavaient jamais fait beaucoup souffrir. Les véritables amants, comme les jaloux et les exclus de l'amour, portent au cœur une plaie trop profonde pour 1. La Femme et VAmovr parler comme il faut de celles qui les torturent. Ou ils les encensent et c'est une adoration sans nuances, presque inconsciente et banale, qui ne nous apprend rien. Ou ils les exècrent, et ils les raillent et s'en vengent de quel- que façon, ai/ant toujours, lorsqu'ils parlent d'elles, ce sourire sarcasli- que et « retourné > de Vhomme qui a beaucoup souffert et qui se souvient trop. Mauvaises conditions pour ob- server, sinon avec impartialité, du moins avec fruit. Balzac, au contraire, était un homme de lettres avant d'être un amant et tout s'effaçait pour lui lors- qu'il s'aqissait de la Comédie Hu- maine. Croil-on que s'il eût aimé véritablement sa M"^'^ Ilanska, il n'eût pas tout lâché pour courir au fond de la Pologne à la recherche de sa belle étrangère ?... Le cœur hu- main est trop petit pour contenir à la fois deux grandes passions ou deux grandes haines. L'âme de Bal- zac vouée tout entière à l'art et à l'œuvre à réaliser ne pouvait se dé- tacher entièrement de son objet. D'autre part, sa sensibilité aiguë Introduction et surtout sa prodigieuse imagina- tion qui lui permettait de se repré- senter avec une force extraordinaire les états d^àme les plus opposés à ceux de son tempérament, Vincitaient à sonder cet éternel mystère féminin qui l'attirait et l'effrayait à la fois. Enfin son sens social si averti lui avait depuis longtemps suggéré l'im- portance capitale des problèmes de l'Amour et du rôle de la Femme dans la société actuelle comme dans les siècles disparus. Incité à réfléchir profondément sur ces questions, il en avait tii'é, comme il faisait toujours en pareil cas, à la fois des observations sociales immen- ses et des traits de mœurs particu- liers, de véritables articles de code et de piquantes notations. Et, de fait, Von trouvera ici des pensées qui ne dépareraient pas Vœuvre du plus grave moraliste ou du législateur le plus aride, comme on notera aussi des observations qui semblent cro- quées pour un Keepsake ou pour un de ces petits journaux du boulevard ainsi qu'il en fleurissait alors. Entre les deux manières , personne La Femme et VAmour rChésilera. Les remarques pittores- ques de Balzac sont toujours curieu- ses, quelquefois amusantes, mais elles empruntent un ton forcé au milieu des graves préoccupations sociales qui les environnent. Bien ici de ce tour à la Stendhal, primesautier et amusé de tout, dont on raffole ou qu'on exècre, mais qui ne laisse jamais indifférent. Il y a de la contrainte dans le rire de Balzac lorsquHl n'est pas énorme et qu'il aspire à être piquant. Il n^y en a nullement dans sa gravité émue lorsqu''il se penche vers le monde, dans le domaine immense de l'amour où règne la beauté féminine, pour en tirer des vérités morales ou socia- les. Jamais alors cet esprit profond et généralisateur au suprême degré n aperçoit avec plus de clairvoyance les principes, les idées, les senti- ments qui forment la hase ou qui circulent à travers la femme, le ma- riage ou la famille. Défenseur acharné de V institution du mariage, défenseur passionné de Vintégrilé de la famille, défenseur toujours zélé du respect de la femme, Introduction Balzac note, cependant, avec autant d'impartialité, les tares ou les défauts de ces institutions et de ces êtres. Sa science de la vie lui révèle sans cesse les modalités et les réfractions que Vexistence apporte aux idées pu- res, — et voilà qui constitue à la fois son suprême mérite et sa grande force. Cet esprit pur ne pense pas comme un esprit pur, ce moraliste aux idées arrêtées n^ordonne pas impla- cablement, ce psychologue aux vues nettes et presque divinatoires n'agit pas comme une machine à idées pour qui le monde extérieur n'existe point. Bien au contraire, la vie l'oblige in- cessament, par Vexpérience qu'il en retire, à modifier ses opinions pre- mières. Sans cesse il modèle sur elle ses propres conceptions, sachant bien qu'il n'est de vérité que dans la na~ ture et appliquant tout son effort à la pénétrer un peu plus. Cette « adaptation » continue de ses idées premières à la matière vi- vante l'avait amené,peu à peu,àcon- cevoirplutôt des individualités qu'un type unique. Ce sont plutôt les fem- 10 /.() Femme cl i Amollî- mes que la Femme qu'il étudie. On trouvera en somme ici assez peu de pensées d'une vérité universelle. On trouvera surtout des observations SO' ciales faites d'après des modèles ren- contrés, la généralisation de certains traits de mœurs perçus dans des individus. Et c'est ce qui donne à ces pensées un attrait particulier : on soupçonne que chacune aétéextraite de la matière vivante, vue et ob' servée, et non point des chimères d'un cerveau trop inventif. C'est pour ce motif aussi qu'elles doivent nous agréer : elles sont à la fois pour nous matière à réflexions mo- rales et point de départ d'observa- tions nouvelles que nous pouvons con- trôler par un regard jeté sur le monde. Ne sont-elles point, dès lors, un instrument excellent pour nous apprendre à nous développer nous- mêmes en regardant comment se développent les autres? Et que pour- rions-nous demander de plus à un recueil de pensées d'être à la fois un guide et un miroir ?. .. Jules Bertaut. LA FEMME ET L'AMOUR Lk FEMME La femme est une sainte et belle créature, mais presque toujours in- comprise, et presque toujours mal jugée parce qu'elle est incomprise. La femme a cala de commun avec l'ange que les êtres souffrants lui appartiennent. L'instinct, chez les femmes, équi- vaut à la perspicacité des grands hommes. 12 La Femme et VAmour Les femmes ont des pressenti- ments dont la justesse tient du pro- dige. Pourquoi, en général, trem- blent-elles plus qu'elles n'espèrent quand il s'agit des intérêts de la vie? Pourquoi n'ont-elles de foi que pour les grandes idées de l'avenir reli- gieux ? Pourquoi devinent-elles si habilement les catastrophes de for- tune ou les crises de nos destinées? Peut-être le sentiment qui les unit à l'homme qu'elles aiment leur en fait-il admirablement peser les forces, esti- mer les facultés, connaître les goûts, les passions, les vices, les vertus... Tout en elles vibre à l'unisson des grandes commotions morales. Ou elles sentent, ou elles voient. ^^ Ordinairement la femme sent, jouit et juge successivement : de là trois âges distincts, dont le dernier coïn- cide avec la triste époque de la vieil- lesse. La Femme 13 La littérature et la politique sont aujourd'hui ce qu'était autrefois la dévotion pour les femmes, le dernier asile de leurs prétentions. Quand les femmes peuvent appré- cier les qualités morales, elles en ont fini avec les dehors, et elles sont vieilles. Il y a cela d'admirable chez les femmes, qu'elles ne raisonnent ja- mais leurs actions blâmables, le sen- timent les entraîne; il y a du naturel même dans leur dissimulation, et c'est chez elles seules que le crime se ren- contre sans bassesse : la plupart du temps, elles ne savent pas comment cela s^est fait. L'amitié des femmes est de beau- coup supérieure à leur amour. 14 La Femme el l'Amour Ce qu'il y a de plus rare chez une femme est une certaine gaieté qui n'altère point la tendresse. Un homme, quelque malicieux qu'il puisse être, ne dira jamais des fem- mes autant de bien ni autant de mal qu'elles en pensent elles-mêmes. A toutes les fantaisies des femmes, les g-ens habiles doivent d'abord dire oui, et leur suggérer les motifs du non en leur laissant l'exercice de leur droit de changer à l'infini uploads/Philosophie/ balzac-la-femme-et-l-x27-amour-pensees-1912.pdf
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- Publié le Apv 11, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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