Quelques réflexions sur la révolte des banlieues d’Automne 2005 44 CNT-AIT Les
Quelques réflexions sur la révolte des banlieues d’Automne 2005 44 CNT-AIT Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme n°39 L es textes dans ce cahier bien qu’émanant de plusieurs personnes démontrent une relative unité d’analyse sur la problématique des banlieues lors de la révolte de l’automne 2005. Néanmoins, certains de ces textes exposent des regards et appréciations différentes. Il faut éviter de tirer des conclusions hâtives tant la situation apparaît complexe dans son origine et devenir. Ce dernier nous dira si c’est le si- gne avant-coureur d’une révolte plus profonde et générale contre le système social et d’une crise du fordisme en place. Un nouveau cycle de lutte se présage-t-il ? La lutte au cœur de l’habitat n’est pas opposable à la lutte salariale. L’une et l’autre expriment ou prolongent ce qu’elles ont de commun : l’oppression, l’exploitation, l’exclusion, la paupérisation, la pré- carité, etc. Tous ces aspects sont liés au système social basé sur l’existence des classes sociales. Le lecteur observera que l’anarcho-syndicalisme de la CNT-AIT n’entend pas se limiter à l’entreprise, mais bien d’agir dans l’ensemble du champ social : convaincu qu’un changement global de société est vital ! A nous de suivre l’exemple de nos compagnons et compagnes de Toulouse qui le portent au cœur des cités. Ce qui prouve que la méthodologie de l’anarcho- syndicalisme est opératoire au-delà de l’entreprise. QUELQUES RÉFLEXIONS QUELQUES RÉFLEXIONS QUELQUES RÉFLEXIONS QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA SUR LA SUR LA SUR LA RÉVOLTE DES BANLIEUE RÉVOLTE DES BANLIEUE RÉVOLTE DES BANLIEUE RÉVOLTE DES BANLIEUES S S S D’AUTOMNE 2005 D’AUTOMNE 2005 D’AUTOMNE 2005 D’AUTOMNE 2005 CNT CNT- -AI AIT T Quelques réflexions sur la révolte des banlieues d’Automne 2005 1 CNT-AIT Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme n°39 Quelques réflexions sur Quelques réflexions sur Quelques réflexions sur Quelques réflexions sur la révolte des banlieues la révolte des banlieues la révolte des banlieues la révolte des banlieues d’Automne 2005 d’Automne 2005 d’Automne 2005 d’Automne 2005 COLLECTION ACTUELLE CNT CNT- -AI AIT T Les cahiers de l’anarchosyndicalisme n°39 Quelques réflexions sur la révolte des banlieues d’Automne 2005 2 CNT-AIT Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme n°39 SOMMAIRE Automne 2005 Jean-Picard, CNT-AIT Caen p. 3 Trop conscients pour se révolter Des militants CNT-AIT p. 9 Qui sème la misère, récolte la colère CNT-AIT Paris-Nord p. 15 La quête du Graal Prolétarien ? Goldfax, CNT-AIT Rouen p. 16 Une semaine de lutte a Toulouse militants CNT-AIT du Mirail p. 19 Des agressions contre la manifestation du 8 Mars aux « émeutes » d’octobre-novembre 2005 Ni Patrie Ni Frontière p. 25 Choisis ton camp camarade ! Paul Anton, CNT-AIT Caen p. 32 Banlieues : qui sème la misère récolte la colère ! CNT-AIT Châteauroux p. 35 Une vraie conscience politique Marc Aurèle, CNT-AIT Toulouse p. 40 Pour un état d’urgence sociale CNT-AIT Rennes p. 42 Quelques réflexions sur la révolte des banlieues d’Automne 2005 43 CNT-AIT Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme n°39 Toulouse 8 aout 2001, un bien étrange procès ... LES CAHIERS DE L’ANARCHO ANARCHO ANARCHO ANARCHO- - - -SYNDICALISME SYNDICALISME SYNDICALISME SYNDICALISME SONT ÉDITÉS PAR L’UNION LOCALE CNT CNT CNT CNT- - - -AIT DE CAEN AIT DE CAEN AIT DE CAEN AIT DE CAEN CNT CNT CNT CNT- - - -AIT AIT AIT AIT BP 2010 BP 2010 BP 2010 BP 2010 14089 CAEN CEDEX 14089 CAEN CEDEX 14089 CAEN CEDEX 14089 CAEN CEDEX 6 6 6 6 http://cnt.ait.caen.free.fr http://cnt.ait.caen.free.fr http://cnt.ait.caen.free.fr http://cnt.ait.caen.free.fr cnt.ait.caen@free.fr cnt.ait.caen@free.fr cnt.ait.caen@free.fr cnt.ait.caen@free.fr Quelques réflexions sur la révolte des banlieues d’Automne 2005 42 CNT-AIT Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme n°39 C’est pour faire oublier la crise de société et les graves problèmes so- ciaux mis en évidence par la révolte de la Toussaint que le gouvernement a choisi de faire monter la pression dans les cités. Il va utiliser les médias pour mettre en œuvre un spectacle pyrotechnique autour des voitures brûlées. La « violence » dont-il est le responsable direct va lui servir à détourner la ré- flexion nécessaire sur le changement de société. Le débat sur les problèmes sociaux se cantonne à un débat sur « la violence » lui-même réduit à sa plus simple expression : un comptage de voitures brûlées dont on serait bien en peine de trouver quelqu’un capable de nous en certifier l’exactitude et l’ori- gine. Devant la colère des populations des banlieues, tout comme face aux revendications des salariés et des chômeurs, l’État ne se soucie pas de satisfaire les aspirations légitimes des ouvriers et des jeunes, il défend le capitalisme. Le pare-feu sécuritaire est l’outil d’un État aux abois pour contrer toute explosion sociale. Quand personne ne croit plus aux promesses des politiciens et aux men- songes des médias, quand les matraques et les prisons sont insuffisantes à maintenir l’ordre des marchands de misère et de mort, quand tout cela ne suffit pas se dresse alors le spectre du fascisme. Nous ne pouvons accepter la mise en œuvre de l’état d’urgence et ses dispositions liberticides (couvre feu, perquisi- tions…), désormais en vigueur pour 3 mois. Ce dispositif d’exception, jadis utilisé durant la guerre d’Algérie, avait conduit le préfet de police Papon à or- ganiser le massacre du 19 octobre 1961 à Paris en 2005, c’est le même réflexe colonialiste qui est mis en œuvre en direction des quartiers populaires. La ré- ponse du gouvernement à la « fracture sociale » est la matraque et la ghettoïsa- tion renforcées dans les banlieues où un pauvre reste un pauvre. Notre réponse est d’opposer un état d’urgence sociale. Pour ne pas res- ter sans lendemain, une fois la pression retombée, notre révolte doit s’organi- ser, sur nos lieux de travail, fondée sur la démocratie directe, avec le contrôle des mouvements par la base, sans représentant autoproclamé, sans intervention de quelque parti politique ou syndicat réformiste que ce soit. La réponse qu’il nous faut donner au tout sécuritaire, c’est la solidarité dans les quartiers, les boîtes ou les ANPE. Construire cette solidarité entre sa- lariés, chômeurs, précaires, étudiants pour envisager un changement radical de société, pour enfin en finir avec les injustices, causes de nos problèmes actuels. CNT-AIT Rennes POUR UN ÉTAT D’URGENCE SOCIALE Quelques réflexions sur la révolte des banlieues d’Automne 2005 3 CNT-AIT Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme n°39 Il y a longtemps que ça flambe dans les banlieues, où le système a concentré de la misère. Ce qui se passe aujourd'hui n'est donc pas étonnant : le contraire le serait. De la droite à la gauche, on prétend qu'il s'agirait d'un dé- faut d'intégration, d'une défaillance éducative, d'un trouble du comporte- ment, d'un communautarisme identitaire, d'une voyoucratie délinquante, de difficultés à l'emploi, etc... On mélange toutes les explications, on stigmatise une partie de la population par les comportements critiquables de certains. Cette théorique dédouane les responsables et transforme la victime en bourreau, l'opprimé en oppresseur. Car c'est bien le capitalisme qui fabrique et utilise le chômage pour augmen- AUTOMNE 2005 Quelques réflexions sur la révolte des banlieues d’Automne 2005 4 CNT-AIT Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme n°39 ter ses bénéfices et affaiblir la riposte du salariat. C'est bien la bourgeoisie qui augmente ses revenus en dégradant les conditions d'existence d'une frac- tion croissante de la population. Ce sont les politiciens qui ont oeuvré à cet urbanisme concentrationnaire de banlieue pour loger à faible coût la main d’œuvre. Soyons justes : notre système social est basé sur l'exploitation, l'ex- clusion, l'oppression ; c'est sa nature profonde, il suffit d'observer la réalité. Occulter ou prétende le contraire est un mensonge, une manœuvre politi- cienne pour manipuler l'opinion. La bourgeoisie de droite occulte la nature du système et ses conséquences, celle de gauche croit qu'il suffit de faire un peu de social, mais, de droite à gauche, l'adhésion à ce système aboutit à des choix politiques jumeaux, de nature antisociale. Toutes les luttes et manifestations, salariales, étudiantes, des cités, ne sont que l'éveil d'une résistance populaire, l'expression des contradictions de clas- ses sociales. Curieusement, certains adeptes de la lutte de classes comme Krivine ou Laguillet se sont exprimés de façon douteuse, démagogique, am- biguë, et ne faisant apparaître une analyse révolutionnaire du problème : la pêche aux voies et le jeu d'alliance électorale font-ils déjà sentir la trahison parlementariste ? Certes, des émeutiers commirent des erreurs de cibles en détruisant les biens de leurs frères de misère, mais ce n'est ni dans les silen- ces et les absences que les erreurs s'évitent. Il faut être présent, parmi les ré- voltés, dans les cités, pour donner sens, éviter les pièges, créer du lien avec les autres résidents, travailler à massifier la lutte, mettre en discussion et rap- port l'ensemble de la population, ouvrir des débats, pratiquer l'alliance et la solidarité, expliquer que Sarkosy a jeté de l'huile sur le feu pour faire oublier le décès de deux jeunes innocents. Par ses déclarations, Sarkosy a attisé la révolte en sachant que des jeunes révoltés, dépolitisés, naïfs, réagiraient ain- si. La stratégie de la tension visait un retournement de la population pour pé- renniser un discours sécuritaire qui, comme en 2002, permettrait la victoire de la droite en 2007. La gauche uploads/Philosophie/ banlieues-05.pdf
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- Publié le Mai 11, 2022
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