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Librairie Droz is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue européenne des sciences sociales. http://www.jstor.org Librairie Droz Les lois et le modèle a propos de "La place du désordre" de R. Boudon Author(s): Alain Boyer Source: Revue européenne des sciences sociales, T. 24, No. 73, Nature humaine et évolution bio-culturelle: Autour des thèses de Joseph Lopreato (1986), pp. 137-144 Published by: Librairie Droz Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40369669 Accessed: 20-10-2015 20:10 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 129.78.139.28 on Tue, 20 Oct 2015 20:10:29 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions ALAIN BOYER LES LOIS ET LE MODULE A PROPOS DE «LA PLACE DU DESORDRE* DE R. BOUDON * Le chapitre trois de La Place du desordre, intitule « le prejuge nomologique », occupe a mon sens dans cet ouvrage une place car- dinale. Comme Max Weber, Raymond Boudon accorde une place importante a la reflexion methodologique, sans jamais cesser de l'articuler sur la pratique sociologique. Cette reflexion est avant tout critique (mais aussi positive : voir le chapitre I), et vise ici a diag- nostiquer un echec, a en chercher l'etiologie, et a reperer, parmi les facteurs responsables, certains mythes, illusions et obstacles tout a la fois. Dans ce parcours tres stimulant, R. Boudon fait appel a plu- sieurs occasions a K. Popper, La Place du desordre se situant en quelque sorte dans le prolongement de Misere de Vhistoricisme. Ce dernier texte, en opposant pseudo-science historiciste (« lois de l'Histoire ») a science sociale generalisante (« lois conditionnelles ») n'aurait pas ete assez radical : les illusions deterministes et scientistes (au sens de Hayek) peuvent se retrouver dans des tentatives apparem- ment plus modestes, comme celles des « theories du changement social » (social change). Cette critique n'est pas sans consequences implicites sur l'autre opposition fondamentale de la theorie popperien- ne, celle de l'« Utopian social engineering » et du « peacemeal social engineering » 1. Par ailleurs, R. Boudon accepte grosso modo le critere popperien de testability independante (refutabilite). II s'en rapproche encore par le refus du holisme, l'insistance sur les consequences inattendues, Tanalyse situationnelle, etc. Mais il s'en separe sur plusieurs points d'importance : sa critique du « realisme », plus que de la critique popperienne de l'essentialisme, s'inspire du neo-kantisme de Simmel ; son attachement au Verstehen, non seulement comme guide heuris- tique, mais comme critere de validation, prend sa source chez Weber et semble aller a l'encontre de l'unite methodologique des sciences, pronee par Popper et Hempel (mais non par Hayek) 2. * Ce texte a e*te presente au colloque « Autour de l'ouvrage du professeur Boudon, La Place du desordre*, organise* par la Fondation Internationale des sciences humaines, Paris, dirigee par Henry Cavanna. i Cf F Bourricaud, Le cnangement social, in ue oysiemc ovi,u«, jrana, Larousse, 1985, p. 110, qui attribue ce terme a Hayek. Or il fciut souligner que ce concept est precisement celui-la meme que Havek a toujours refuse Revolution dans la ? concept pensee de son ami Popper. Cf . Alain Boyer et Fr. Sicard, Reforme ou Revolution ? in « Analyses de la SEDEIS », 1982, n. 2, pp. 5-14. 2 Cf. Scientisme et sciences sociaies, rans, non, i*. This content downloaded from 129.78.139.28 on Tue, 20 Oct 2015 20:10:29 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 138 A. BOYER Surtout, R. Boudon s'attaque au « modele nomologique-deductif », propose par Popper et raffine par Hempel 3, empiriste logique tolerant et critique. L'unite de la science etait le theme fondateur de l'empi- risme logique. Son « pape », Neurath, lui-meme sociologue marxisant, voulait voir s'imposer le behaviourisme en sciences sociales. Ni Popper ni meme Hempel ne veulent de cette union subsantielle, si j'ose dire, mais ils pronent une unite methodologique et formelle. Popper lui-meme n 'attache pas une importance enorme a l'application du modele N-D aux sciences sociales, et met au premier plan Yanalyse des situations de probleme4. Mais il n'irait pas jusqu'a incriminer l'idee meme de « lois » sociologiques, comme le fait R. Boudon. Le modele N-D 5, selon Hempel, est independant du contenu, appar- tenant a la methodologie formelle (comme le syllogisme pour le Stagirite, meme si les premisses ne sont pas toujours aussi bien connues). Contre le dualisme neo-kantien qui oppose les Naturwissen- schaften aux Geisteswissenschaften comme le determinisme a la liberte, la cause au sens et a la fin, l'universel au singulier, le recurrent au nouveau, l'explication a la comprehension, la loi a l'indi- vidu, etc., Hempel construit un ideal formel d'explication que R. Boudon considere comme Tune des sources de l'illusion nomologique : « Contrairement a ce que croyait Hempel, il n'y a aucune raison de vouloir qu'expliquer un phenomene, ce soit toujours le subsumer sous des propositions de validite universelle. » 6 Or ce modele est a la tois simple et subtile, et ne se reduit pas & la subsomption sous des regies, pour parler comme Kant. Le modele nomologique stipule que toute explication scientifique ideate (on ne fait souvent que s'en rapprocher, selon Hempel lui- meme ; d'ou sa theorie des « esquisses d'explication ») doit permet- tre de deduire1 l'enonce decrivant un phenomene (Vexplanandum) k partir d'un explanans compose : 1) d'au moins une loi universelle 1 ; 2) d'un ensemble d'enonces singuliers Q , Cn, affirmant l'occurrence d'evenements precis et situes. 3 A la precision et a l'honnetete intellectuelle duquel il est bon de rendre hommage ; cf. ses Aspects of Scientific Explanation, Glencoe, The Free Press, 1965. Le modele N-D peut etre rattache a Aristote (An-Post, I, 24, 85a) et a J.-S. Mill. 4 Cf . In Logique des sciences sociales, in T.W. Adorno - K.R. Popper et alii, De Vienne a Francfort. La querelle allemande des Sciences sociales, Bruxelles, Complexe, 1979. 6 Dit « covering laws model » par un de ses critiques, W. Dray. « Op. cit., p. 101. Notons que Weber ne refuse pas le nomologique, car les lois sont indispensables, mais comme moyens, non comme huts: cf. Essais sur la theorie de la science, Paris, Plon, 1965, p. 164. Popper cite ce passage, en l'approuvant. Cf. Misere de Vhistoricisme, Paris, Plon, 1956, p. 173. 7 Ou, dans le second modele, (« inductif probabilitaire »), de « donner une certaine probabilite a » ; la question de l'explication statistique est redoutable, et non sans lien avec celle de la clause ceteris paribus : comment dviter d'«expliquer» a la fois a et non -a? Cf. J. Watkins, Science and Scepticism, Princeton, 1984, ch. 6. This content downloaded from 129.78.139.28 on Tue, 20 Oct 2015 20:10:29 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions LES LOIS ET LE MODULE 139 Ces enonces 8 decrivent les « causes » ou facteurs « responsables » de l'ev&iement. On les appelle, depuis Popper, « conditions initiales », ce qui indique le caractere paradigmatique pour ce dernier de l'expli- cation en dynamique classique. Tous les elements de l'explanans9 doivent etre inddpendamment testables et corrobores. Popper en parti- culier insiste sur le fait que l'avantage des lois reside dans la volonte de rechercher des explications non ad hoc, et done susceptibles d'etre controlees par d'autres evenements observables que celui qu'elles ont pour fonction d'expliquer : un meme phenomene ne peut a lui seul etre explique par, et confirmer une explication. Soit: di, ,U explanans (Cj, , Cn) explanandum e ou encore : lh , ln, clf , cn/e i.e, (theoreme de la deduction) : lq, , ln / (cu , cn) -► e Chacune des premisses doit etre necessaire a la deduction ; en par- ticulier, ce sont les hypotheses « legales » qui permettent le f ameux « saut » entre les causes et l'effet : la « necessite » est en elles. En abregeant : Si (L et C), alors e ou : Si L, alors, si C alors e Si L est problematique [si C alors e] en est une consequence predictive ; L peut etre refute par l'observation de C sans E, la pre- sence des conditions sans l'effet predit. Noublions pas que Ton peut des lors contester que C etait vraiment realise, et que, L etant le plus souvent complexe, rien ne dit quel element de L est fautif (« pro- bl&me de Duhem »), meme si Ton pense que C etait bien realise. Rien ici de specifique a une science particuliere, des lors que Ton accepte la logique classique. Si C et e sont observables, l'enonce (C et non e) est un « falsifi- cateur potentiel » de L. Plus une theorie en a, plus elle a de « contenu empirique », uploads/Philosophie/ boudon-10-2307at40369669 1 .pdf

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