– 1 – La numérologie ou « science de la vie des nombres » par François-Xavier C

– 1 – La numérologie ou « science de la vie des nombres » par François-Xavier Chaboche L’Arbre des Séphiroth, dessiné par l’auteur. Texte revu et corrigé (août 2018), extrait de L’Univers de la Parapsychologie et de l’Ésotérisme, tome 3, Éditions Martinsart (1976). « Si cela était en mon pouvoir, je ferais un sort, si possible définitif, au mot “numérologie” qui est un affreux barbarisme (comme “nombrologie” », d’ailleurs), ne figurant, jusqu’à une époque ré- cente, dans aucun dictionnaire, fabriqué d’une racine latine (numerus) et d’une racine grecque (λογος). Ce mot est, bien sûr, tellement entré dans l’usage courant qu’il faut bien l’accepter. » F.-X. C., extrait d’un texte inédit, 1995. © François-Xavier Chaboche, 2018. Toute reproduction est soumise à autorisation. Site : François-Xavier Chaboche Contacts : compostelle.fxc@gmail.com – 2 – En souvenir de Miguel Rivas « Les sciences mathématiques sont comme parentes de la magie, si indispensables à celle-ci que celui qui, sans les posséder croit pouvoir exercer les arts magiques, se trouve sur une voie absolument fausse, s’efforce en vain et n’arrive jamais à un résultat. » Abbé Jean Trithème (XVIe siècle). « La science des nombres est le support intellectuel de la future magie. » Raymond Abellio (1949). L n’est besoin que de regarder autour de soi pour constater que les nombres sont partout présents, dans tous les secteurs d’activité et de pensée humaines. Sans le concept fondamental du nombre aucune vie économique, ni même sociale, ni même esthétique ne serait possible : les beaux-arts (architecture, musique, etc.), la science, la technologie, l’économie dépendent des nombres – qui se révèlent à la fois comme de simples outils et comme des maîtres tout-puissants et omniprésents. Les nombres ont une histoire, qui aide à comprendre ce qu’ils sont, en réalité. À la fois une histoire logique et analogique qui leur est propre, et une histoire des doctrines et des théories les concernant. Depuis la plus haute antiquité on s’est intéressé aux nombres. Mais à l’origine, c’est leur aspect qualitatif (et non pas quantitatif) qui était particulièrement pris en considération. Les nombres étaient des archétypes, des essences, à partir des- quels l’ensemble de l’univers s’est ordonné. Cette conception s’est quelque peu mo- difiée, depuis qu’une mentalité trop exclusivement matérialiste s’est servie des nombres à des fins de domination matérielle et dans un but égoïste d’accumulation des biens. Il y a, dans le nombre, un pouvoir. Et ce pouvoir a été détourné par l’homme, comme beaucoup d’autres choses dans la nature, d’ailleurs. Car le nombre est naturel. Il a une vie propre, mais rayonnante : il donne vie, forme et existence à beaucoup d’autres êtres. En fait, tout être est le reflet matériel d’un nombre ou d’un ensemble de nombres. La science contemporaine a retrouvé ces vérités élémentaires. Dans l’univers, tout est vibration et rythmes. Or, le rythme n’est-il pas le nombre en mou- vement ? Ainsi, si la science donne à son étude de l’univers une orientation de plus en I – 3 – plus mathématique, elle ne fait que rejoindre les conceptions antiques concernant l’origine et l’harmonie du monde. On objecte parfois que les théories modernes ne peuvent pas se comparer aux doc- trines antiques, parce que ces dernières utilisent presque uniquement des nombres simples et entiers, tandis que pour rendre compte de tous les phénomènes d’un uni- vers en mouvement, la science doit faire appel aux nombres irrationnels, incommen- surables et transcendants, quand elle n’utilise pas les nombres dits imaginaires… Les deux points de vue ne s’excluent pas. En effet, les Anciens ne considéraient pas les nombres isolément, comme des entités distinctes, mais au contraire, ils les visuali- saient comme une seule trame vivante, où toute coupure, toute séparation ne pouvait être qu’artificielle. Pour les Anciens, tous les nombres sont incommensurables et transcendants (non pas dans le sens mathématique mais dans le sens métaphysique) et c’est pourquoi ils leur donnaient un caractère divin. Quoi qu’il en soit, cette idée que le monde s’ordonne en fonction de certains prin- cipes et de certaines lois – dont les symboles numériques sont une approche au ni- veau du langage – est commune aux chercheurs de toutes les époques, de toutes les traditions, de toutes les civilisations. En ce qui concerne l’ensemble des doctrines tra- ditionnelles, elles sont évidemment imprégnées de ces notions de nombre et du sym- bolisme qui s’y rattache. Si les nombres sont, par nécessité pratique, commerciale et technologique, le seul langage commun de toutes les nations de la Terre (comme l’avait prophétisé Micromégas, le héros extraterrestre de Voltaire), ils sont, a fortiori, la trame et le langage commun de toutes les doctrines initiatiques : ils constituent « l’ossature de la gnose » (de la « connaissance »). Rappelons que dans cette science globale de l’univers que constitue la gnose tradi- tionnelle, rien n’est séparé, tout est intégré. On y traite, sur un pied d’égalité et avec le même langage, de physique fondamentale et de psychologie, d’astronomie et de physiologie. Il faut bien admettre que toutes les branches de la science ne sont que des voies spécialisées, des pistes de recherche diversifiées d’une réalité unique : celle de l’univers. Mais la gnose va plus loin que la science, en ce sens qu’elle ne se con- tente pas de décrire et expliquer les multiples aspects du monde, mais elle remonte à la source même de toutes choses existantes. Elle parle de l’inconnaissable et de l’incréé. Puis elle parle de la projection de l’être unique dans l’infini virtuel de la multiplicité… Les sources les plus anciennes auxquelles nous pouvons nous référer historique- ment sur les doctrines traditionnelles des nombres (mis à part les textes sacrés de l’Orient) sont, d’une part la révélation de la Kabbale – dont les Écritures saintes de la Bible sont pétries – et, d’autre part, la vision pythagoricienne de la structure numé- rique de l’univers. Mais aussi bien l’enseignement de la Kabbale que celui de Pytha- gore se réfèrent à des traditions beaucoup plus anciennes qui, si l’on ose dire, ont leurs racines hors du temps. – 4 – La révélation des Élohim La Kabbale est une connaissance qui aurait été léguée à Adam par les Élohim créa- teurs. Adam, à l’origine, était à la fois l’intégralité de l’univers créé et le maître de cet univers. La Kabbale lui apportait la connaissance « de lui-même, de l’univers et des manifestations de la divinité », pour reprendre la maxime de Socrate. Selon la Kabbale, le monde est créé par émanations successives (ou hypostases) de la divinité incréée. Ces émanations constituent les séphiroth ou nombres fondamen- taux (qui sont en même temps des sons) considérés comme puissances conscientes, autonomes et créatrices à leur tour. Si Adam Kadmon est le Maître des Nombres, il est aussi l’inventeur de l’alphabet (à l’instar du Cadmos phénicien, l’époux divin d’Harmonie) et du langage – qui n’est autre qu’une combinaison de signifiants, donc de nombres, et qui peut être matérialisé sous l’apparence formelle du graphisme. L’alphabet hébraïque constitue un langage strictement numéral et géométrique. Aussi, la traduction des textes hébraïques est nécessairement une trahison, si l’on mé- connaît cette réalité. Les Pères de l’Église en étaient conscients : « L’inintelligence des nombres empêche d’entendre beaucoup de passages figurés et mystiques des Écritures », écrivait saint Augustin. Au XVIIe siècle, le grand mystique et mathémati- cien Pascal, dira : « Le vieux Testament est un Chiffre » – c’est-à-dire un document à clés numérales… Un évêque orthodoxe contemporain, Mgr Jean de Saint-Denis, écrivait : « La science des nombres est inconnue de la majorité des hommes de nos jours ; sans elle cependant une grande partie de l’enseignement biblique, liturgique et patristique échappe à notre perception. Il est tout pétri de langage numérique. 1 » Les mathématiciens de Samos « Pythagore appelait ses disciples des mathématiciens, parce que son enseignement supérieur commençait par la doctrine des nombres. Mais cette mathématique sacrée, ou science des principes, était à la fois plus transcendante et plus vivante que la ma- thématique profane, seule connue de nos savants et de nos philosophes. Le nombre n’y était pas considéré comme une quantité abstraite, mais comme la vertu intrin- sèque et active de l’Un suprême, de Dieu, source de l’harmonie universelle. La science des nombres était celle des forces vivantes, des facultés divines en action dans le monde et dans l’homme, dans le macrocosme et le microcosme… En les pé- nétrant, en les distinguant et en expliquant leur jeu, Pythagore ne faisait donc rien moins qu’une théogonie ou une théologie rationnelle » (Édouard Schuré 2). L’habitude de tout concevoir et expliquer en fonction des nombres devait consti- tuer un entraînement intensif – ne serait-ce que sur le plan du simple calcul mental : ainsi Pythagore expliquait un jour à Polycarpe, que parmi ses élèves : « La moitié 1 Dans Initiation à la Genèse, Présence orthodoxe, 1971. 2 Dans Les Grands Initiés, Librairie Académique Perrin. – 5 – étudie l’admirable science des mathématiques. L’éternelle nature est l’objet des tra- vaux d’un quart. La septième partie s’exerce à la méditation et au uploads/Philosophie/ fx-chaboche-la-numerologie.pdf

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