don MARCEL COHEN IQSfi LES COURS DE L'UNIVERSITÉ NOUVELLE COURS DE PHILOSOPHIE
don MARCEL COHEN IQSfi LES COURS DE L'UNIVERSITÉ NOUVELLE COURS DE PHILOSOPHIE INTRODUCTION Par Cécile ANCRAND Agré§ée de l'UniverêM ★ Définition de la philosophie Le problème fondamental de la philosophie L'idéalisme Le matérialisme 1945 Prix:10fr. ÉDITIONS SOCIALES-PARIS l': LES COURS DE L'UNIVERSITÉ NOUVELLE COURS DE PHILOSOPHIE INTRODUCTION Par Cécile ANCRAND Agrégée de l'Université Définition de la philosophie Le problème fondamental de la philosophie L'idéalisme Le matérialisme 1945 ÉDITIONS SOCIALES-PARIS marxiste de PARIS r.T'-.. "MP * — -‘'gyt Mr- >æ ■■ l PREMIÈRE LEÇON DÉFINITION DE LA PHILOSOPHIE a) La philosophie est impopulaire. La philosophie, conçue dans son développement systématique, est impopulaire, écrit un philosophe du XIX’ siècle, son activité mysté rieuse paraît aux regards profanes une agitation aussi extraordinaire que vaine, elle semble un professeur de magie dont les conjurations résonnent solennellement, parce qu'on ne la comprend pas. Bien de plus exact. La philosophie apparaît au plus grand nombre des hommes comme une discipline hermétique et inaccessible. Inaccessible par son objet même ; la philosophie, semble-t-il, spécule sur des abstractions : la nature de l’homme, l’origine de l’univers, le bien et le mal. Inaccessible par son langage, par son jargon ; le philosophe emploie des mots qui ne sont pas ceux du langage ordinaire ; seuls les initiés peuvent pénétrer dans ce temple : « un professeur de magie ». La philosophie est impopulaire, parce qu’il semble bien qu’elle ne serve à rien, qu’elle ne soit utile à rien dans la vie ; on se représente souvent le philosophe comme un homme de cabinet, un rêveur, un maladroit, un homme incapable d’aucune pratique, incapable d’en foncer un clou dans le mur, de manier le fusil, incapable de se mêler à la vie politique. Cette conception est très ancienne ; l’auteur comique de la Grèce antique, Aristophane, représentait Socrate, le philosophe, assis dans une corbeille et suspendu entre ciel et terre, se promenant à travers les nuées. Et dans un dialogue de Platon, on entend un jeune aristo crate d’Athènes, Calliclés, un jeune homme qui se destine à une brillante carrière politique, on l’entend dire à Socrate, le vieux philo sophe déguenillé ; N’as-tu pas honte, Socrate, n’as-tu pas honte, à ton âge, de faire encore de la philosophie ! C’est une distraction qui est saine pour les jeunes gens, c’est une discipline qui sert à orner leur esprit. Mais elle ne convient pas à un homme d’âge mûr ! Telle est encore la position de la plupart de nos contemporains. Beaucoup méprisent la philosophie ; ils pensent que c’est le propre des bons à rien. COURS DE PHILOSOPHIE Quelques-uns, un peu jobards, l’admirent, comme une magie impé nétrable. Eh ! bien, sans doute, il y a des fondements vrais à cette réputation de la philosophie. C’est que, depuis son aurore, il y a eu un grand nombre de perver sions philosophiques, de philosophies empoisonnées. Il y a une multi tude d’œuvres philosophiques illisibles, ou dépourvues de tout Intérêt réel pour celui qui n’est pas historien de la philosophie. Vous ne lirez jamais certains traités d’Aristote, certains dialogues de Platon, les Sommes de saint ’Thomas d’Aquin, la Monadologie de Leibnitz, les livres du philosophe nazi Heidegger, et, pas davantage, aucun des manuels utilisés dans nos lycées. Mais à côté de ces perversions, il y a une philosophie saine. Nous allons chercher à la définir. to) Définition de la philosophie. Dans le dictionnaire encyclopédique de d’Alembert et de Diderot, au XVin* siècle, on trouve cette définition : Philosopher, c’est donner la raison des choses, ou du moins la cher cher. La philosophie est en effet apparue, dès sa naissance, dans l’anti quité, comme une tentative d’explication des choses, par leur raison. Il y a deux façons d’expliquer le monde : Par les dieux, c’est la religion. Par la raison des choses, c’est l’explication scientifique ou philoso phique. Je prends un exemple de ces deux façons d’expliquer : — L’éclair et la foudre apparaissaient aux anciens comme la mani festation de la colère de Jupiter, le maître des dieux ; quand il entre en courroux et qu’il fronce le sourcil, la terre tremble, le tonnerre tonne et l’éclair luit. C’est l’expUcation religieuse. — L’explication scientifique est celle qui rend compte de la raison de l’éclair, résultat de modifications électriques de l’atmosphère. Deuxième exemple : Au XIX' siècle, l’entomologiste Fabre explique l’instinct par la bonté de Dieu. Aujourd’hui, l’instinct est expliqué par l’action du milieu sur un organisme. La philosophie, à sa naissance, se confond avec la science. C’est une tentative pour balayer les dieux de l’univers. C’est une entreprise hardie et révolutionnaire ; la résolution héroïque d’expliquer tout ce qu’on perçoit par des causes naturelles : expliquer le monde par l’eau, par la terre, par le feu, ou, mieux encore, par les mouvements des atomes et leur combinaison. La philosophie ne s’en cache pas. Elle fait sienne la profession de définition de la philosophie foi de Prométhée : En un mot, j’ai de la haine pour tous les dieux i. Le philosophe des temps antiques, c’est celui qui, renvoyant les dieux à leurs ripailles dans l’Olympe inaccessible, cherche la raison des jours et des nuits ; il est astronome ; il cherche la raison du flotte ment des corps : il est physicien ; il cherche la raison des maladies des vivants : il est biologiste et médecin. Dans les temps modernes, lorsque, au XVr siècle, après un long sommeil des sciences, la philosophie renaît, portée par les découvertes techniques et géographiques, l’ébranlement de la féodalité et la consti tution de la bourgeoisie naissante, le philosophe est à nouveau celui qui cherche à expliquer les choses par leur raison, par des rapports mathématiques ; le philosophe est le savant. L’illustre philosophe du XVH' siècle Descartes, est un mathéma ticien, un physicien et un médecin. Mais dans la seconde moitié du XVII' siècle, des philosophes, traîtres à l’esprît phîlosophique, entre prennent de compléter l’explication scientifique, insuffisante à leur gré, par une explication métaphysique ; c’est le départ d’une « philo sophie ivre », comme disait l^uerbach au XIX' siècle, dans ses pre mières attaques contre Hegel. A partir de ce moment, il y aura une philosophie ivre et une philosophie sobre ; une philosophie qui est essentiellement métaphysique et une philosophie qui est réaction contre la métaphysique. Qu’est-ce que la métaphysique ? C’est l’étude (si j’ose dire...) de tout ce qui se trouve en dehors de la physique, en dehors de l’univers sensible, tout ce qui ne peut ni se voir, ni s’entendre, ni se toucher ; Dieu, l’âme, le bien et le mal, etc. Dans ce domaine métaphysique, la méthode de recherche ne peut être ni l’observation, ni l’expérience, c’est une méthode de pur raison nement, elle aboutit à considérer des objets immobiles, identiques à eux-mêmes, détachés les uns des autres par des divisions éternelles et opposés à des contraires qui s’excluent éternellement. Je prends un exemple : le mal. La méthode métaphysique consiste à définir le mal, en soi, le mal éternel, semblable à lui-même à travers le temps et l’espace, absolument contraire au bien, dont il est exclu ; la méthode métaphysique consiste à raisonner sur l’origine du mal, la nature du mal, etc. Pour le métaphysicien, les choses et leurs effets intellectuels, les notions, sont des objets d’analyse isolés, devant être considérés les uns après les autres, les uns sans les autres ; des objets invariables, fixes, immobiles, donnés une fois pour toutes. Il pense par antithèses dépouillées de tout moyen terme ; il parle par oui et par non ; tout ce qui est au delà est sans valeur. Pour lui, une chose existe ou n’existe pas ; une chose ne peut être à la fois elle-même et autre qu’elle-même. Le négatif et le positif s’excluent absolument. La cause et l’effet sont en directe opposition l’une à l’autre 2. Or, cette méthode métaphysique est fausse ; elle ne correspond pas à la réalité. (1) KARL MARX : Œuvres philosophiques, t. I, p. XIV . Edit. Costes, 1927. a Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et chez Epicure. * (2) ENGELS : l’Anti-Dühring, t. I, p. 9. Edit. Costes, 1931. Voir ENGELS : Socialisme utopique et socialisme scientifique, p. 11. Editions du Parti commu niste français, lOdé. COURS DE PHILOSOPHIE Les choses ne sont pas immobiles et sans changement dans la nature. On ne trouve pas de couples de contraires qui s’excluent. Par exemple, on ne peut pas opposer la vie à la mort comme des contrai res... On sait maintenant que la vie des êtres n’est possible que par une lutte perpétuelle entre les cellules, une destruction, une mort continuelle. La vie contient en elle de la mort. Et, réciproquement, la mort engendre la vie : l’humus féconde la terre et nourrit les plantes vivaces. Lorsque nous soumettons à l’examen de la pensée la nature, ou l’histoire de l’humanité, ou notre propre activité mentale, ce qui s’ofjre à nous tout d’abord, c’est le tableau d’un enchevêtrement infini de relations, d’actions et réactions, où rien ne demeure uploads/Philosophie/ brb-781.pdf
Documents similaires










-
32
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 28, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 5.1473MB