BIBLIOTHÈQUE INTERNATIONALE D'ÉCONOMIE POLITIQUE publiée sous la direction de A

BIBLIOTHÈQUE INTERNATIONALE D'ÉCONOMIE POLITIQUE publiée sous la direction de Alfred ,Bonnet THÉORIE POSITIVE DU PAR Eugen von Bohm-Bawerk Professeur à J'Université de Vienne PREMIÈRE PARTIE Traduit sur la troisième édition PAR Camille POLACK Agrégé de J'Université PAlUS (5°) MARCEL GIARD LIBRAIRB-BDI'fBIJR 16, RUIl: SOUFFLOT ET 12, HUll: TOULLlI!:R PREFACE DE LA TROISIÈME ÉDITION (1) Il Y a juste vingt ans que j'ai exposé pour la pre- mière fois m.a « Théorie positive du capital ». Lorsque plus tard le besoin d'une nouvelle édition de mon ouvrage se fit sentir, j'étais tellement absorbé par les obligations d'une laborieuse fonction que je dus renoncer à toute tentative en vue d'amender mon ouvrage, et je dus livrer à la publicité une deuxième édition absolument conforme à la première. Cette tl'Oisième édition me fournit enfin, pour la première fois après vingt longues années, l'occasion de sou- mettre la construction générale de ma doctrine à l'épreuve du contrôle, et me permet de me rendre eompte et de rendre compte également au public de la manière dont elle se comporte dans le torrent qui entraîne la science au cours de son évolution. Tous ceux qui sont au courant de notre science savent combien ces vingt dernières années l'ont enrichie. L'intérêt réveillé pour les recherches théo- riques a mis à leur service un peu partout une foule (1) La Théorie positipe dit Capital forme la 2e Partie de l'ouvrage « Capital et inlérèt du Capital n, dont la tre partie a paru en français en 1902, sous le titrc: Histoire critique des théories de l'intérêt du -eapital. Nous publions aujourd'hui le Premier Fascicule de cette -dernière Partie (Note dc l'éditeur). VIII PRÉFACE DE LA 3e É DITlO=" d'esprits de valeur et d'énergie. Mais les questions,. qui ont toujours éveillé la plus grande attention, ce sont les deux problèmes qui ont donné naissance à la jeune école théorique réformatrice et qui ont fourni à mon ouvrage presque tout son contenu: les deux problèmes de la yaleul' et du capital. Un énorme flot de livres, d'articles et de brochures, écrits dans toutes les langues possibles et imaginables, s'est répandu sur ce terrain que mes efforts avaicnt aussi fécondé et un nombre assez considérable de ces publications se rattachent à mes travaux, tantôt pour soumettre mes conceptions il une critique hostile, tantôt pour leur apporler le soutien de leur adhésion, tantôt enfin pour les développer en les amendant. Je me suis efforcé, autant qu'il m'était possible, de prendre connaissance de tout, de tout examiner- et de laisser réagir sur mon esprit avec la plus grande impartialité tout ce qui pouvait avoir quelque consistance dans les milliers de .notions, d'idées constructives et critiques contenues dans cette im- mense quantité de publications. Je m'efforçais en outre d'être mon propre critique. Je cherchais - et cela me fut facilité en une certaine mesure par le long intervalle de temps pendant lequel mes fonc- tions prirent une tout. autre direction - à me placer en étranger en face de mes propres théories et à les soumettre avec une froide méfiance à un minutieux examen. Après un travail ardu de cinq ann~es de réflexion que j'ai consacrées d'une manière exclusive à ce nouvel examen critique de tout mon sujet, en sou- mettant particulièrement ma propre pensée à ma propre critique, et pendant lequel je ne crois pas PRÉ FACE DE L..l 3e ÉDITION IX avoir laissé un seul recoin de ma doctrine non con- trôlé, je la présente au public pour la troisième fois, et, cette fois encore, sans modification de nature profonde ou essentielle. L'état actuel de la question m'a semblé exiger beaucoup d'éclaircissements de mon ancienne théorie, bien des développements complémentaires, bien des améliorations dans l'ex- pression de mes idées, mais relativement peu de modifications proprement dites. Surtout point de variation dans les idées fonda- mentales qui m'ont guidé jusqu'au bout. Si je ne m'abuse pas complètement, je ne trouvais dans la marche des choses aucune raison pour les abandonner. Il me semble, tout au contraire, qu'elles ont déjà commencé à exercer une sérieuse influence sur le développement de cette branche de la théorie, et je considère comme peu probable qu'on. arrive à l'éli- miner entièrement à l'avenir. Si dans les détails je suis resté assez conservateur, contrairement à l'attente de quelques-uns, ce n'est certainement pas parce que je suis enclin à l'obsti- nation. Personne ne sait mieux que moi combien il serait invraisemblable que j'eusse trouvé du premier cO}lP la plus heureuse expression possible pour une idée fondamentale que j'ose peut-être espérer être inattaquable, ni la plus heureuse symétrie imaginable dans le groupement de faits appartenant à tant de· branches diverses et d'un genre souvent tout nou- veau. Je me rends parfaitement compte que beau- coup- de choses dffvront être exprimées plus exac- tement, beaucoup d'autres plus clairement, et beau- coup surtout dans une généralisation plus heureuse que je ne l'ai fait, et c'est avec empressement que x PRÉFACE DE LA 3e É DITIOr-i j'accueillerai toutes les améliorations qui se pré- senteront. Mais toute modification provoquée n'est pas for- cément une amélioration; moins nous voulor.s nous sentir déiinitivement satisfaits des résultats déjà obtenus, plus il serait fâcheux et troublant si, en adoptant avec précipitation une proposition exposée avec plus de chaleur que patiemment réfléchie, nous sacriIiiolls de nouveau même ce qui a de la solidité, et que nous nous laissions conduire d'une conception peul-être imparfaite, mais susceptible d'amende- ment, i~ une conception peu solide et entachée d' erreur. Donc, autant j'ai dû me mettre en garde contre un trop grand entêtement, autant j'avais tous les motifs de me garder du contraire, qui n'aurait pas moins nui P. la découverte de la vérité, ~t qui en outre n'aurait pas manqué d'un certain comique, puisque sans nécessité je 1re serais laissé détourner de vues consistantes que j'avais moi-même exprimées pour adopter des propositions nouvelles, peut-être moins bien fondées que les premières. Un examen répondant à ce point de vue, appliqué rigoureusement à l'une et à l'autre face de la question, me conseille une prudente réserve en présence du nombre excessif d'innovations qui ont surgi. Il y a forte houle, forte fermentation dans le district de la théorie. Relativement il n'y a que bien peu de temps que nous méditons systématiquement sur les rela- tions actuelles si diverses et si embrouillées de l'en- semble de nos besoins et de nos biens. A ce stade, il est tout naturel, que le zèle des rivaux f>. innover par toutes sortes d'idées promptes et spirituelles - d'un caractère constructif ou critique - gagne du terrain PRÉ FACE DE LA 3e É DITIO N Xl et qu'une élaboration et une vérification patientes n'avancent que lentement et en boitant. Aussi ce qui dès à présent est définitivement admis, et peut s'ajouter à r ancien ou le remplacer, est relativement peu de chose. Pour le reste, espérons que le temps y apportera de la lumière, mais faisons en attendant tout ce qui peut aider à l'éclaircir. Ce qui me parut le plus important à cet effet était de multiplier abondamment les explications qui, écartant les malentendus encore beaucoup trop nombreux, per- mettront d' exposer avec plus de clarté le sens et la portée des propositions que tous nous nous efforçons d'enseigner ou de réfuter. Et ainsi il est arrivé que, dans cette édition, j'ai eu à exposer beauGoup d'éclair- cissements et relativement très peu de modifications de ma théorie. Quelques dispositions formelles et surtout ma fâçon de me servir des documents livresques exigent un commentaire particulier. D'un côté je reconnais- sais que c'était naturellement mon devoir de faire la part la plus large possible à l'examen réel de toute la littérature relative à mon sujet, malgré les pro- portions gigantesques qu'elle a prises, et tout parti- culièrement de celle du camp adverse: et j'entends par là, en prendre connaissance, l'examiner cons- ciencieusement et en accepter sans parti pris l'in- fluence sur la formation de mes convictions défini- tives. Mais d'un autre G.ôté, je ne tardais pas à m'apercevoir qu'il était tout à fait impraticable de donner dans mon écrit l'analyse de tous ces livres à examiner, même en n'en envisageant qu'approxi- mativement le nombre. Toute tentative de ce genre aurait dépassé le cadre de mon ouvrage. J'aurais eu XII PRÉFACE DE LA 3e ÉDITION à m'expliquer sur peut-être cent citations dont bon nombre réclama: ent une ample réponse. Comme exemple, je nommerai un seul auteur, Stolzmann, qui me fait l'honneur dans son ouvrage, Zweck in der Volkswù·tsc1wft, de remplir 250 pages avec ses cri- tiques de détail de mes idées! J'ai donc dlÎ me résoudre à une autre manière de procéder. J'ai renoncé de prime abord à refuter les opinions contraires d'une manière complète et sur- tout d'une manière égale. J'ai été forcé d'en laissel' le plus grand nombre sans mention invididuelle et sans réplique. J'en ai examiné quelques-unes dans le cadre étroit que comporte ce livre; un tout petit nomhre enfin ont été l'objet d'une étude poursuivant le point de controverse jusque dans ses dernières racines et épuisant complètement le uploads/Philosophie/ eugen-theorie-positive-du-capital-pdf.pdf

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