Les Cahiers antispécistes... …sont une revue fondée en 1991 pour remettre en ca
Les Cahiers antispécistes... …sont une revue fondée en 1991 pour remettre en cause le spécisme et pour explorer les implications scientifiques, culturelles et politiques d’un tel projet. La revue est indépendante de toute organisation y compris du lobby des maraîchers. La parution est incertaine et la périodicité irrégulière. Adresse: Cahiers antispécistes c/o Reus, Kerallan, 29810 Plouarzel, France. Courrier électronique : redac@cahiers-antispecistes.org Web: http://www.cahiers-antispecistes.org/ (La plupart des textes sont disponibles sur ce site.) Rédaction : Antoine Comiti, Brigitte Gothière, Dominic Hofbauer, Marceline Pauly, Estiva Reus. La rédaction choisit les textes en fonction de l’intérêt qu’elle y trouve et des débats qui peuvent en découler, mais les opinions qui y sont exprimées n’engagent que leurs auteures. Le nombre de pages de chaque numéro est variable. Reproduction Les articles appartiennent à leur signataire ou à la rédaction s’ils ne sont pas signés. Nous encourageons la diffusion des textes, mais ne pouvons autoriser formellement la reproduction que de ceux qui sont non signés ou signés des membres de la rédaction ; citer la source et nous informer de l’utilisation, s’il vous plaît. Sommaire du numéro 36 3 Où nous sommes dépend de là d’où nous venons Les origines du clivage bien-être animal / droits des animaux Norm Phelps 15 Les cerveaux du règne animal Frans de Waal 21 Tuer les animaux qui ne cadrent pas : les dimensions morales de la restauration d’habitats Jo-Ann Shelton 37 Pour une agriculture sans élevage, pour un projet mondial non spéciste Yves Bonnardel 43 Agriculture végane Des agriculteurs parlent de leur expérience Clèm Guyard et Bérénice Riaux numéro 36 — septembre 2014 5 Où nous sommes dépend de là d’où nous venons […] À propos des mots Avant de commencer, quelques pré cisions au sujet du vocabulaire. Je n’em ploierai pas « droits des animaux » dans son sens technique impliquant l’accepta tion de la philosophie des droits naturels et de l’éthique déontologique, je l’utiliserai plutôt pour signifier la croyance qu’il existe une parité morale entre les êtres humains et les animaux non-humains. Pour la plupart des gens, y compris pour moi, cela veut dire qu’exploiter et tuer des animaux pour notre profit est immoral et devrait être contraire aux lois et condamné par la société. C’est dans ce sens que l’expression « droits des animaux » a généralement été comprise, tout au moins depuis la campagne no vatrice menée en 1976 par Henry Spira contre le laboratoire expérimentant sur les chats du Museum d’Histoire naturelle et, jusqu’à aujourd’hui, c’est dans cette accep tion élargie que « droits des animaux » est communément employé dans le débat pu blic. J’emploierai « bien-être animal » pour signifier la croyance selon laquelle les êtres humains jouissent d’une priorité morale sur les animaux et peuvent, par consé quent, les exploiter et les abattre à leur pro fit, mais qu’ils ne doivent pas leur infliger des souffrances qui ne sont pas inhérentes à leur utilisation. Ainsi, les tenants du bien- être animal jugent parfois injustifiées cer taines utilisations des animaux au motif vaguement utilitariste que la souffrance in fligée est hors de proportion avec les béné fices qui en découlent. Depuis le début du mouvement pour le bien-être animal mo derne, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, cela a été la signification générale ment admise du terme « bien-être animal ». Il existe un mythe qui voudrait que le bien-être animal soit une philosophie an Où nous sommes dépend de là d’où nous venons Les origines du clivage bien-être animal / droits des animaux Norm Phelps Conférence donnée le 4 octobre 2008, à l’occasion du Compassionate Living Festival organisé par l’Animals and Society Institute et la Culture and Animals Foundation. Il a été publié dans le numéro 8 (hiver 2011-2012) de la revue en ligne Critical Society sous le titre « Where You Are Depends on Where You’ve Been: The Origins of the Animal Rights/ Animal Welfare Divide ». Nous remercions l’auteur d’avoir autorisé la traduction et la publication de ce texte dans les Cahiers antispécistes. La Rédaction Traduit de l’américain par Marceline Pauly Photo : Jo-Anne McArthur / We Animals 6 Les Cahiers antispécistes Où nous sommes dépend de là d’où nous venons cienne et consacrée, remontant loin dans l’histoire, tandis que les droits des animaux seraient un nouveau venu, qui aurait surgi il y a une trentaine d’années seulement. Ce mythe est infondé. La notion de droits des animaux est très ancienne – plus vieille, en réalité, que celle de bien-être animal. Une même morale L’idée qu’exploiter et tuer des animaux non humains pour notre profit est im moral et devrait être interdit par la loi et condamné par la société est apparue il y a environ 3000 ans, en tant que partie inté grante du mouvement qui a donné nais sance à l’idée que le meurtre des êtres hu mains est immoral et devrait être interdit et condamné par la société. Pour exprimer cela de façon anachronique mais exacte : les droits des animaux et les droits des hu mains sont nés simultanément du même mouvement. Les anciens sages qui ont créé nos conceptions morales appliquaient une seule norme éthique globale et cohé rente aux êtres humains et aux animaux non humains fondée sur la sentience, ou plus précisément, sur la capacité à souffrir. Les droits des animaux et les droits des hu mains étaient, à l’origine, les applications strictement égales d’un même principe. C’est arrivé presque simultanément dans trois endroits différents – Inde, Israël et Grèce – (bien qu‘Israël, au moins d’après les documents qui subsistent, semble avoir été le premier) au cours de la période émi nemment fertile et créative que Karl Jaspers a surnommé « l’Âge axial », à peu près entre 800 et 200 ans avant notre ère, durant la quelle la pensée humaine a pivoté, comme tournant sur un axe, pour s’engager dans une direction entièrement nouvelle, et suivre une trajectoire qui – je l’espère – n’est pas encore terminée. L’Inde En Inde, l’Âge axial a vu naître le Mouvement du renoncement, dans le quel les chercheurs spirituels renonçaient aux plaisirs et aux passions du monde, se retiraient dans la forêt pour vivre une vie de méditation et de contemplation et pas saient de l’observance des rituels et des sa crifices destinés à apaiser ou implorer les dieux, à la recherche d’un mode de vie basé sur le principe du respect de la sentience de tous les êtres sensibles. La compassion fon dée sur l’empathie est devenue le principe moral directeur du Mouvement du renon cement. Le jaïnisme C’est Vardamana Mahavira, fonda teur du jaïnisme, qui a donné le ton du Mouvement du renoncement. Le principe moral directeur du jaïnisme est celui énon cé par le Seigneur Mahavira selon lequel « le refus de nuire est la loi suprême » – Ahimsa paramo dharma. « Il en est, pour ceux que vous avez l’intention de tuer, comme il en serait pour vous » dit-il à ses disciples, « Il en est, pour ceux que vous avez l’intention de tyranniser, comme il en serait pour vous. Il en est, pour ceux que vous avez l’intention de tourmenter, comme il en serait pour vous. Une per sonne qui vit selon ces principes ne tuera ni n’encouragera autrui à tuer ». En d’autres numéro 36 — septembre 2014 7 Où nous sommes dépend de là d’où nous venons mots, « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu‘on te fasse », ce qui est, en fait, un excellent résumé de la morali té de l’Âge axial. Dans les instructions que donne Mahavira concernant le moyen de mettre ses principes en pratique, il est dit formellement qu’elles s’appliquent à nos relations avec tous les êtres sentients, et pas seulement avec les autres humains. « On ne doit tuer, ni traiter avec violence, ni insul ter, ni tourmenter, ni pourchasser aucune sorte d’être vivant ». Jusqu’à ce jour, le jaïnisme est de toutes les religions – quel que soit le nombre de leurs fidèles ou leur influence – la plus invariablement et unani mement végétarienne. Le bouddhisme Siddhartha Gautama, plus connu sous le nom de Bouddha, était un jeune homme contemporain de Seigneur Mahavira, ori ginaire de la même région du nord-est de l’Inde. Le Bouddha a épousé le principe d’ahimsa du vieux professeur – le refus de nuire ou la non-violence, sa doctrine du « Ne fais pas à autrui », et l’application de ces principes à tous les êtres vivants, humains et non humains, de façon égale. « Tous les êtres tremblent devant le danger, tous craignent la mort » rappelait-il à ses disciples. « Lorsqu’un homme prend cela en considération, il ne tue ni n’encourage à tuer ». L’enseignement éthique bouddhiste, à l’instar de l’enseignement jaïn, emploie généralement les termes « êtres sentients » ou « êtres vivants », plutôt que « êtres hu mains », une utilisation délibérée dont l’in tention est d’appliquer les mêmes principes éthiques à notre traitement des êtres hu mains et des animaux non humains. De uploads/Philosophie/ cahiers-anti-specisme-36.pdf
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- Publié le Mar 18, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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