Les personnages CANDIDE Comme son nom l’indique, Candide incarne la candeur, ce

Les personnages CANDIDE Comme son nom l’indique, Candide incarne la candeur, ce qui implique à la fois pureté et crédulité. En effet, le héros est ingénu, simple, crédule, mais également innocent et pur , par opposition à la fourberie et à la ruse qu’il ne cessera de croiser au cours de son voyage. Dans sa naïveté, le héros adhère au système de Pangloss pour qui « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Dans sa candeur , avec droiture, bon sens et absence totale de préjugés, Candide s'étonne, questionne, et, finalement, remet en cause les propos de son précepteur . Candide est doué d'une bonté naturelle : il compatit, s'émeut, secourt autant qu'il peut, pleure le sort de l'esclave et la mort de l'anabaptiste. Sensible et généreux à l'excès, il est une proie facile pour tous ceux qui veulent l'escroquer et lui extorquer ses richesses. Poli, courtois, révérencieux, Candide respecte la loi. Et s'il tue, c'est par légitime défense ou par passion amoureuse. Ainsi est-il capable de violence malgré sa douceur naturelle, capable d'action malgré sa passivité originelle. Candide évolue en effet au cours du conte et perd son innocence au contact des épreuves qui jalonnent son voyage. Il abandonne son optimisme initial qui ne résiste pas à la présence, partout dans le monde, du mal physique et moral. En perdant ses illusions, Candide acquiert un sens critique : le « tout est au mieux » initial se nuance peu à peu. Il se construit une personnalité et une philosophie propres pour devenir , à la fin du conte, le guide d'une petite communauté. Une autre logique se substitue à celle de Pangloss : « Cela est bien dit (…) mais il faut cultiver notre jardin ». Le parcours initiatique de Candide, possédé par des illusions dont il se défait à l'épreuve du monde, est, selon Voltaire, le fondement même de l'expérience humaine. P ANGLOSS « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes » répète Pangloss, professeur de métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie, précepteur de Candide et de Cunégonde. Une fois le château détruit par l’armée bulgare, le monde extérieur est plus difficile à convaincre et les mésaventures ne ménagent pas le philosophe : anéanti par la vérole, pendu par l’Inquisition, disséqué, frappé, envoyé aux galères avant d’être finalement racheté par Candide. Sa théorie ne 1 Candide ou l’optimisme Voltaire, 1759 résiste pas à l'épreuve des faits. Tout le conte tend à prouver l’inadéquation de son raisonnement. Le personnage sert la déconstruction d’un système philosophique, l’optimisme, développé avec grand succès au XVIIIe siècle par le philosophe allemand Leibniz, qui concilie l’existence du mal et la croyance dans la bonté divine. Pangloss est présent tout au long du conte comme repère ou contre-exemple et, quoi qu'il advienne, il persiste dans ses convictions . Il trouvera sa place dans le jardin et tentera de justifier la cohérence du parcours : c’est Candide néanmoins qui aura le dernier mot. LE BARON « Le plus grand baron de la province » selon Pangloss, « un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie » d’après le narrateur : le superlatif s’impose s'agissant du baron qui apparaît en premier lieu comme un propriétaire – de quartiers de noblesse, d’un château avec une porte et des fenêtres, d’une tapisserie, de chien, etc. Le baron déclenche l'histoire en chassant Candide d’un coup de pied. Le cadre du château va voler en éclats et le baron mourir dès le premier chapitre sans avoir pu protéger sa femme et ses enfants. Le baron est d’emblée condamné car il symbolise un univers inerte et figé, incapable de s’adapter et d’évoluer . Le baron et son épouse constituent une cible privilégiée pour Voltaire : le nom du château de Thunder-ten-tronckh, le titre de « baron », le faste absurde de la demeure participent de la déconstruction d’une autorité à mesure que la description progresse, pour révéler la vanité et la fragilité d’un pouvoir artificiel qui fait la part belle au système de pensée de Pangloss. P AQUETTE Portée par les événements, Paquette apparaît au gré de ses aventures dans les bras de Pangloss ou au bras de frère Giroflée. Une contamination malheureuse par la vérole révèlera d’autres amants. Femme de chambre de la baronne au début du conte, elle reçoit de Pangloss « une leçon de physique expérimentale » qui trouble Cunégonde. Chassée du château, recueillie par un médecin, battue, emprisonnée, condamnée à se prostituer à Venise, Paquette réapparaît à la métairie plus pauvre et triste que jamais. À la fin du voyage, elle fera de la broderie dans le jardin. Paquette représente une image de la condition féminine méprisée et dominée par les hommes. Nul libre arbitre dans ce parcours, mais plutôt une soumission aux besoins élémentaires marquée par la nécessité de survivre. FRÈRE GIROFLÉE Frère Giroflée appartient à un ordre religieux qui se veut exemplaire par ses vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Mais son comportement s'oppose 2 en tout à ces règles : il forme un couple avec une prostituée, boit du vin, accepte le repas et l’argent de Candide pour le dépenser aussitôt. À travers ce personnage, la mise en question de la religion est radicale : frère Giroflée, devenu moine contre son gré, présente le couvent comme un lieu où règnent la discorde, la jalousie et la rage. Il se convertit à l’Islam avant d’arriver dans le jardin, où il se montre très bon menuisier . CACAMBO « C’était un quart d’Espagnol, né d’un métis dans le Tucuman ; il avait été enfant de chœur, sacristain, matelot, moine, facteur, soldat, laquais » : Cacambo, venu de Cadix, est un compagnon de choix pour Candide. Il se révèle fidèle, courageux, digne de confiance et entièrement dévoué à son maître. Plein d’allant, il se définit par l’action et ses connaissances sont fondées sur l’expérience : il donne à Candide des clés pour comprendre le monde qui l’entoure à Buenos-Aires comme au Surinam. Par sa connaissance de la langue de l’Eldorado, il devient le guide de Candide dans le Nouveau Monde. Candide le charge d'aller chercher ce qu’il a de plus cher , Cunégonde, pour la conduire à Venise. À la fin du conte, il trouve sa place dans la métairie et participe à la bonne marche du jardin dont il partage les valeurs. JACQUES Tolérant, généreux, sensible, Jacques apparaît dans le conte en aidant un Candide en bien mauvaise posture, affamé, insulté et souillé. Il l’accueille, lui propose un travail et soignera avec le même altruisme Pangloss rongé par la vérole. Jacques est un anabaptiste, c’est-à-dire un membre d’une secte protestante répandue en Hollande et en Allemagne qui n'autorisait le baptême qu’à l’âge de raison. Jacques aime son prochain, valorise ses talents. Pour autant, il n’est pas aveugle quant à la nature humaine et reconnaît le mal dont il rend l’homme responsable. À Pangloss qui déclare que « tout était on ne peut mieux », il objecte : « Il faut bien, (…) que les hommes aient un peu corrompu la nature, car ils ne sont point nés loups, et ils sont devenus loups ». Il périt à Lisbonne par l’ingratitude du matelot qu’il avait sauvé. LA VIEILLE La vieille surgit telle un bon génie pour sauver un Candide anéanti à la fois par le tremblement de terre de Lisbonne et par la violence des hommes qui a fait se noyer le bon anabaptiste Jacques et pendre Pangloss. Elle est une voix, une main secourable, et surtout un lien avec Cunégonde qu’elle ne quittera plus : le binôme fonctionne en miroir , la vieille annonçant à une Cunégonde encore jeune et belle ce qu’elle va devenir . Sollicitée pour ses conseils, la vieille a de l’expérience, du vécu, du bon sens après avoir traversé tous les états de l’existence. Par le biais d’un récit enchâssé, la vieille raconte son histoire : fille du pape Urbain X et de la princesse de Palestrine, elle connut dans sa jeunesse en Italie – beauté, richesse, palais et grâces de toutes sortes. L’avenir s’annonçait brillant sous le signe d’un mariage avec un prince. Mais celui-ci meurt, 3 empoisonné par une ancienne maîtresse, et c’est la chute : le meilleur des mondes devient cauchemar. Capturée par des corsaires, violée, trahie, pestiférée, vendue et revendue, amputée d’une fesse pour échapper à la mort, asservie, son existence est une suite ininterrompue de désillusions et de malheurs qui confirment la présence du mal partout sur Terre. Au terme de son périple, devenue infirme, la vieille finit au jardin par s’occuper du linge. Figure étonnante dans le parcours, la vieille condense toutes les horreurs du monde. Elle est aussi un miroir tendu à Candide et Cunégonde. DON ISSACHAR Dans Candide, il trafique en Hollande et au Portugal et aime beaucoup les femmes. Juif anobli comme l'indique son titre « Don », Issachar est le banquier de la cour alors que sévit l’Inquisition. Pour éviter un autodafé, il est contraint de partager Cunégonde avec le grand inquisiteur . Colérique, il attaque son rival Candide qui uploads/Philosophie/ candide-personnages.pdf

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