LE RITE FRANÇAIS PHILOSOPHIQUE DERNIER RITE AU SEIN DU G∴O∴D∴F∴ Jean-Paul Carre

LE RITE FRANÇAIS PHILOSOPHIQUE DERNIER RITE AU SEIN DU G∴O∴D∴F∴ Jean-Paul Carreau Grand Orient de France | « La chaîne d'union » 2011/1 N° 55 | pages 28 à 39 ISSN 0292-8000 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-la-chaine-d-union-2011-1-page-28.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Grand Orient de France. © Grand Orient de France. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Pourtant, une loge du Grand Orient de France l’a fait : c’est le Rite Français Philosophique, né dans la loge Tolérance. En janvier 2002, le conseil de l’Ordre l’a reconnu. Déjà, une dizaine de loges le pratiquent. Histoire et descriptif. Le Rite Français Philosophique dernier rite au sein du G\O\D\F\ par Jean-Paul Carreau L’ensemble des rituels des trois grades symboliques, connu aujourd’hui sous l’appellation de Rite Français Philosophique, a été conçu et réalisé au sein de la loge Tolérance, du Grand Orient de France, fondée à Paris en 1950. Estimant que les rituels officiels étaient appauvris sur le plan symbolique, par suite d’un excès de simplifications, une idée habitait l’esprit des frères de cette loge : travailler selon un rituel qui leur serait particulier Au cours de l’année 1969-70, il fut décidé officiellement de donner corps à cette aspiration. Les frères pensaient régler rapidement la question par un plan simple : première année : grade d’Apprenti ; deuxième année : grade de Compagnon ; troisième année : grade de Maître. En fait, le chantier a duré... trente-trois ans, jusqu’à l’adoption de l'ensemble par le Conseil de l’Ordre du GODF en 2002. Bien que l’essentiel des textes ait été rédigé vers 1985, les causes du retard avant sa reconnaissance officielle ont été la manie si répandue des ajouts, des retraits, des éternelles corrections, des ajustements théoriques. Puis les idées ont évolué au fur et à mesure de l’acquisition des connaissances. Ajoutez à cela des périodes d’abandon, puis de reprise du sujet, une négligence naturelle et l’on arrive bien à trente-trois ans. RICHESSES CACHÉES DES RITES © Grand Orient de France | Téléchargé le 02/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 189.61.2.230) © Grand Orient de France | Téléchargé le 02/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 189.61.2.230) 30 ● Il faut également situer l’origine de cette démarche dans le climat psychologique qui suivit les événements de Mai 1968. Après la contestation de la société sur la place publique et les interrogations qu’elle a suscitées, commence dans certaines loges, et dans la loge Tolérance en particulier, une réflexion approfondie sur le phénomène maçonnique et une nouvelle prise en compte du symbole et du rite. La question générale à l’étude des loges pour cette année 1969- 70 va impulser cette réflexion. Le sujet était : «Philosophie marxiste et franc-maçonnerie. La philosophie marxiste a une influence capitale dans l’évolution de la pensée contemporaine; c’est pourquoi elle ne peut laisser indifférents les francs-maçons. Question : quels sont les aspects de la pensée marxiste qui sont éventuellement compatibles et incompatibles avec l’idéal maçonnique ?». L’idée de travailler selon un rite qui leur serait particulier a cheminé longtemps dans l’esprit des frères de la loge Tolérance. Mai 1968, avec ses remises en question, n’y a pas été étranger Il peut sembler surprenant qu’un sujet à caractère politique ait pu avoir une incidence sur le démarrage d’une étude centrée sur le symbolisme. En fait, l’approche de la maçonnerie a posé plus de difficultés que celle du marxisme... Le sujet a engendré une réflexion sur la finalité de l’Ordre et sur le sens de l’appartenance de chacun. Au cours des débats s’est dégagée la prise de conscience que le rituel, dont au départ l’utilité réelle en loge ne semblait pas évidente à quelques-uns, pouvait être le support pour pérenniser le projet de la maçonnerie. Il devint clair que, si la manière de pratiquer le rituel révèle l’état d’esprit d’une loge, son contenu devait révéler la finalité de la maçonnerie à laquelle on adhère. Dès lors, le rituel ne sera plus regardé comme un concentré de vestiges archéologiques, sorte de cordon ombilical qui nous relierait au passé de l’Ordre mais, au contraire, comme le support indispensable de la maçonnerie, tout au moins celle du Grand Orient de France, pour rappeler de manière allégorique sa proposition d’émancipation de la personne humaine et d’une société plus juste et plus éclairée. Au cours des débats que suscitait l’étude de la question générale, il est apparu que les symboles sur lesquels prendrait appui l’élaboration du rituel et dont il est lui-même porteur devaient servir à l’expression de l’idée directrice recherchée, définie alors comme l’idée de construction. Si l’on considère la maçonnerie comme une transposition philosophique et symbolique de l’art de bâtir, l’idée de construction est, par voie de conséquence, son idée-force. C’est sur ce principe que devait DOSSIER LA CHAÎNE D’UNION n°55 ● Janvier 2011 Le Rite Français Philosophique, dernier rite au sein du G\O\D\F\ © Grand Orient de France | Téléchargé le 02/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 189.61.2.230) © Grand Orient de France | Téléchargé le 02/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 189.61.2.230) s’élaborer le rituel mis en chantier. L’idée de construction résume et condense en elle-même l’idée de projet sociétal inscrit dans l’article premier de la Constitution du Grand Orient de France et l’idée de projet individuel évoqué dans l’article V de cette même Constitution. De façon somme toute classique, l’idée de bâtir, avec sa déclinaison individuelle et collective, est devenue le fil rouge dans l’élaboration du R\F\P\ Le thème recherché étant fixé, restait à imaginer la forme qui permettrait de développer cette idée. Elle trouvera sa source dans les documents de la Grande Loge de Londres, en particulier dans le livre des Constitutions de 1723, livre fondateur de la franc-maçonnerie spéculative, dont les rédacteurs portaient un grand intérêt à la géométrie. Peut-être faudrait-il trouver dans cet intérêt le souci d’insérer volontairement la “nouvelle“ maçonnerie en gestation dans l’histoire du métier. Dans cette tentative, le manuscrit Cooke (circa 1410) semble avoir servi de document de base pour la rédaction de ce que d’aucuns ont considéré comme une supercherie historique. La géométrie, magnifiée dans le manuscrit médiéval1, pouvait apparaître comme un heureux trait d’union entre deux mondes qui se croisent sans pour autant se rencontrer : celui du métier, qui pratique la géométrie avec ses mains, et celui de la spéculation, qui peut la regarder comme un jeu de l’esprit. On ajoutera que Jean-Théophile Désaguliers, dont on devine le rôle important dans la rédaction de la première version des Constitutions, pouvait, comme propagateur et expérimentateur des travaux d’Isaac Newton sur la lumière et l’optique, regarder la géométrie comme un véritable outil de démonstration scientifique. Deux symboles compatibles avec cette vision font leur apparition dans le corpus symbolique et rituel de cette première Grande Loge : la lettre G et le pavé mosaïque. Dans le manuscrit Wilkinson (1727), la lettre G symbolise la géométrie2. C’est son symbole premier. De même pour le pavé mosaïque : à l’origine, il symbolise un outil qui sert au maître pour tracer ses plans. Il est alors apparu évident que l’idée de géométrie était l’outil naturel qui permettrait d’élaborer et d’illustrer dans le rituel l’idée de construction, considérée comme la pierre de fondation du système en gestation. 1. Manuscrit Cooke, circa 1410 (trad. A. Crépin), Travaux de la Loge de Recherches Villard de Honnecourt (GLNF), Paris, 1983. 2. Manuscrit Wilkinson, 1727 (trad. G. Pasquier), Travaux de la Loge de Recherches Villard de Honnecourt (GLNF), Paris, 1984. ● 31 LA CHAÎNE D’UNION n°55 ● Janvier 2011 DOSSIER Le Rite Français Philosophique, dernier rite au sein du G\O\D\F\ © Grand Orient de France | Téléchargé le 02/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 189.61.2.230) © Grand Orient de France | Téléchargé le 02/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 189.61.2.230) 32 ● Au grade d’Apprenti, la loge n’est pas située dans le temple de Salomon mais dehors, devant le porche, sans les colonnes J et B Comme dans le Rite Français, sur un plan théorique, la loge sym- bolique du Rite Français Philosophique est située hors du temple de Salo- mon3. Elle est placée devant uploads/Philosophie/ cdu-055-0028.pdf

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