B{TLI~ETIN EC()N()l\fIQUE ET S()CIAL publié trimestriellement par la SOCIÉTÉ D'

B{TLI~ETIN EC()N()l\fIQUE ET S()CIAL publié trimestriellement par la SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ÉCONOMIQUES, SOCIALES ET STATISTIQUES S9:lS l'égide du CENTRE UNIV:::RSITAJRE DE LA RECHERCH3 S~IE;\/TIFIQUE Directeur: M. Nacer EL FASSI. - Comit~ de rédaction: Rédacteur en chef: M. A. KHATIBI. - Me:n!Jres: MM. A. BEI.AL, T. BENCHEIKH, M. GUESSOUS, A. IMANI, M. LAHBABI, F. OUALALOU J P. PASCON. - Se~rétaire: Mme J. LAAI3I. - Bibliographie: Mme G. HARIKI. ADRESSER LES SOUSCRIPTIONS AU Bulletin Economique et Social du Maroc Boîte postale 535, RABAT,. Chellah, Maroc Compte chèques postaux: Rabat 78-73 l a correspondance relJtive à la rédacti:m ou à l'adminis~ration, les ouvrages et publications destinés à la S:Jciété d'EtOjdes, doivent être adressés au Rédacteur en. chef du Bulletin. CONDIT.ro!':S D'ABONNEMENT Abonnement annuel . MAROC 31 dirhams ÉTRANGER 35 dirhams N.B. -- La reproduction des articles et documents publiés dans le « Bulletin' Economique et Social du Maroc» n'est auto- risée qu'avec citation de la source et du n9m de l'aute:..!r. Les opinions exprimées dans les articles qui paraissent dans ce Bulletin sont libres et demeurent strictement personnelles à leurs auteurs. " BULLETIN ECONOMIQUE ET SOCIAL DU MAROC JANVIER-JUIN 1969 SOMMAIRE Ce que disent 296 jeunes ruraux, par P. PASCON, M. BENTAHAR, (avec la collaboration de Abdelhai OIOURI, Mohamed EL MAAROUFI, Brahim EL MONCEF, Brahim MIRHOUAR, M'Hamed RACHAT!, Tami A GOUMI, Mohamed EL AMRA- NI, Mohamed JAIDANE 1 Tiers-Monde et Communauté Economique Européenne, par Fathallah OUALALOU ..... . . . . . . . . ... . . . . . . . . . . . . . .. 145 Planification et politique agricole, par T. BENCHEIKH 191 Chroniques La planification familiale au Maghreb: enquêtes nationales con- cernant les connaissances, les attitudes et les pratiques, par Mona MARTENSSON .........................•.. 19; La licence en sciences économiques au Maroc, par Fathallah OUALALOU . . . . . . . . . . . . . . .. 211 Bibliographie économique, par G. HARIKI .......•.......• 215 CEll.JE DISENT 296 ~JEUNE,S RURAUX avec la collaboration de par P. PASCON et M. BENTAHAR J r 1 i ! 1 j JOURI, M. EL MAAROUFI, B. EL MONCEFJ B. MIRHOUAR, CHATt, T. AGOUM:I, M. EL AMUNI, M. JAIDANE 1. - NATURE DE LA RECHERCHE enquête n'est pas une enquête d'opinions, elle ne porte plus sur les attitudes ou sur les croyances, encore moins sur Ortements. Ce n'est pas le lieu de dire ici ce qui distingue h.~.n, ~e la problématique et de la méthode ces quatre types S de recherches sociologiques. Mais disons franchement que rche sociologique au Maroc est trop fraîche, la qualification Uêteurs existant dans ce pays trop maigre, notre expérience eUe bien insuffisante et la connaissance préalable de nos inter.. loc S trop faible, pour que l'on puisse, sans mystifier le lecteur, dir~ e nous avons fait autre chose que d'explorer un milieu enc,'~ .,.•' viel qUe d'apporter quelques lueurs sur un sujet mal connu. A~· no 'avons pas trouvé d'autres titres que celui de « Ce que disent 29 Ulles ruraux :.. Nous sommes trivialement parlant, une botte tres qui a essayé de ne pas perdre en route les quelque huit essages que l'on nous a remis. En, toute modestie, c'est déjà Up! Car il n'est pas courant que les jeunes ruraux puissent émet.. lllessage à destination de leurs contemporains et il n'est pas t non plus qu'il soit reçu avec le. minimum scientifique de ition et de transformation. Il comprendra dès lors que nous ayons quelques retenues à él t" à partir de cette masse d'informations, une construction con- e Ile, un modèle explicatif complet. D'abord parce que les règles d quête statistique ont été malmenées - nous disons plus loin p 'lQi - et par suite on ne peut prétendre que c voilà ce que d les jeunes ruraux ~ car les 296 interlocuteurs que nous avons f, 2 P. PASCON ET M. BENTAHAR eu ne sont peut-être pas représentatifs de la population totale des jeunes ruraux. Ensuite parce que le questionnaire appliqué et la méthode n'ont -pu être suffisamment testés pour être déclarés scien- tifiquement fidèles, sensibles et valables. TI peut paraître agaçant de se dire que voilà encore une recherche qui n'est pas parfaitement scientifique, il faut en prendre son parti, les conditions d'application des méthodes de la. sociologie sont encore trop difficiles à -réunir au Maroc, trop onéreuses ou pratiquement impossibles à envisager. Ceci dit, nous sommes tellement plus avancés dans la connais- sance de la jèunesse rurale après cette étude, que sa justification et son coût ne se discutent pas! A partir des résultats communiqués ci-dessous, il est possible de se faire une idée sur l'opinion des jeunes, sur leurs attitudes, et surtout sur leurs aspirations et leurs ~ttentes, une idée assez nette pour que chacun puisse élaborer une problématique (et entreprendre une recherche pour confirmer et infirmer les hypo- thèses qu'il aura formulées), ou pour préparer une action. 2. - METHODE La population VIsee par l'enquête étant en très large partie anal- phabète ou insuffisamment instruite pour s'exprimer correctement par écrit, la méthode choisie a été celle de l'entretien direct. L'ignorance que nous avions de la manière dont il fallait formuler notre ques1ion- naire et la crainte de poser des questions non discriminantes nous ont amenés à choisir la méthode de l'entretien semi-directif à ques- tions ouvertes. L'impossibilité de nous entretenir individuellement avec chaque jeune sans soulever la suspicion et sans faire évoquer pour eux la simple enquête de police - dans deux zones d'enquête des recherches de gendarmerie étaient men~es contre des jeunes - nous a fait adopter l'entreti~n semi-collectif; on faisait comprendre qu'à plus de quatre ou cinq on ne pouvait plus discuter et entendre pirler chacun. En somme la méthode a été celle d'une enquête par entrltien direct semi-collectif, semi-directif à questions ouvertes Sur des thtmes arrêtés. La langue a été uniformément l'arabe dialectal, depuis la fomu- lation des questions jusqu'à la rédaction du code de dépouillenent. Ce n'est qu'au moment de la rédaction du rapport définitif que la langue française a été utilisée pour traduire le code, pour élab~rer le rangement des id~es et rédiger ce document., CE QUE DIS~NT 296 JEUNES RURAUX 3 L'entretien semi-collectif est pour nous une innovation que nous devons décrire et justifier devant les chercheurs en sociologie préoccu- pés de méthode. La justification repose sur la difficulté de discuter avec des jeunes pris individuellement. Les enquêtes sociologiques sont trop nouvelles, trop incomprises dans ce milieu pour ne pas éveiller la méfiance. L'enquêteur est toujours pour le rural un homme de l'Etat, il ne peut se séparer de cette étiquette car quand bien même il ne serait pas un homme de l'Etat, il ne pourrait pas être là, dans un village, sans l'accord explicite des autorités locales. L'histoire et la pratique sociale, la méfiance des ruraux dans leurs rapports avec l'Etat, fait que toute enquête est considérée comme un signe avant- coureur d'une intervention de l'Etat dans un sens favorable ou défa- vorable. Parler seul avec un agent de l'Etat c'est pour un rural « passer de l'autre côté ~, rechercher une faveur, trahir ou vendre. Les jeunes sont plus exigeants que les adultes, plus méfiants, davan- tage sur leurs gardes et n'acceptent pas facilement le compromis. Une enquête à entretien individuel aurait été un échec, d'une très grande pauvreté d'expression et d'une trop grande sécheresse. Nous avons adopté le semi-collectif, pratique qui n'est pas nouvelle, elle a été utilisée par Jean Monod dans son étude sur les Barjots sans être pour autant qualifiée de méthode. Elle repose sur une connaissance préalable des interlocuteurs probables de manière à pouvoir les remar- quer et leur attribuer correctement les phrases qu'il prononcent. On peut engager une conversation avec quatre ou cinq interlocuteurs à la fois après repérage en les faisant répondre et discuter sur la question posée. Les enquêteurs doivent être deux: l'un est meneur de jeu par la méthode semi-directive, l'autre est scribe: il se contente de tenir la plume et le magnétophone en notant strictement le nom (symbolique, lettre, chiffre) de chacun des jeunes qui prend la parole. C'est un travail épuisant au bout d'une heure, il faut intervertir les rôles. Le soir un collationnement des phrases attribuées à tel ou tel doit être fait. Les opinions sont émises dans des conditions différentes de celles qui seraient émises dans un entretien individuel, on ne sait pas bien dans quel sens se déplace l'opinion mais nous avons déjà quelques informations là-dessus. En général le groupe se constitue de deux manières: ou bien par agglomération successive à un petit nombre initial de personnes ou bien par départ de certains participants, plus froids que d'autres: souvent le groupe est homogène devant l'enquê· teur, mais il arrive aussi qu'il soit divisé en deux ou plusieurs camps. Dans le premier cas les interlocuteurs tendent à rapprocher leurs opinions, dans le second cas au contraire ils jouent à les opposer. 4 P. PASCON ET M. BENTAHAR Les choses se passent en gros de la manière suivante: un pre- mier interlocuteur plus hardi ou qui pense que uploads/Philosophie/ ce-que-disent-296-jeunes-ruraux.pdf

  • 32
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager