LA PHILOSOPHIE ET LE SENS DE SON HISTOIRE LA PHILOSOPHIE ET LE SENS DE SON HIST
LA PHILOSOPHIE ET LE SENS DE SON HISTOIRE LA PHILOSOPHIE ET LE SENS DE SON HISTOIRE. Études d’histoire de la philosophie autour de Jean-François Marquet et Jean-Luc Marion Sous la direction de Patrick Cerutti ¤ © ZETA BOOKS, 2013 Zeta Books, Bucarest www.zetabooks.com http://zetabooks.metapress.com (Online Access) Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. ISBN: 978-606-8266-52-7 (paperback) ISBN: 978-606-8266-53-4 (ebook) SOMMAIRE JEAN-FRANÇOIS MARQUET Y a-t-il un fi l directeur de l’histoire de la philosophie moderne ? . . . . . . . . . . 7 JEAN-LUC MARION La compatibilité des points de vue en histoire de la philosophie . . . . . . . 17 Autour de Jean-François Marquet ÉLÉONORE DISPERSYN Jean-François Marquet interprète de Schelling : une pensée des profondeurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 CHARLES THÉRET La géographie philosophique de Jean-François Marquet : la mort de la philosophie et sa résurrection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Études PATRICK CERUTTI L’histoire de la philosophie nous aide-t-elle à penser l’unité de l’homme ? Schlegel, historien de l’idéalisme allemand . . . . . . . . . 85 PHILIPPE SOUAL L’histoire de la philosophie comme exégèse de soi . . . . . . . . . . . . . . . 106 CLAUDE VISHNU SPAAK Philosophie et histoire de l’être chez Heidegger. . . . . . . . . . . . . . . . . 131 6 SOMMAIRE PAULA LORELLE Hegel et Levinas : D’une histoire de la philosophie à l’Autre. . . . . . . 155 LAURENT VILLEVIEILLE Heidegger et la poésie : Histoire d’une histoire de la métaphysique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178 CLAUDIA SERBAN Plus haut que la possibilité se tient l’eff ectivité : la critique hégélienne du statut du possible dans la philosophie transcendantale de Kant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 JULIEN FARGES La philosophie et le sens de son historicité selon Husserl . . . . . . . . . . 223 LES AUTEURS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246 Y A-T-IL UN FIL DIRECTEUR DE L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE MODERNE ? Jean-François Marquet Je voudrais tout d’abord atténuer ce que l’intitulé de cette communication peut avoir apparemment de trop ambitieux. Je ne prétends pas, bien sûr, avoir trouvé le fi l directeur de l’histoire de la philosophie moderne ; simplement, il y a une trentaine d’années, à l’occasion d’un cours sur Nietzsche, il m’a sem- blé que le destin de ce moment de la philosophie (qu’on peut faire commencer avec Hegel et qui va jusqu’à Heidegger) était comme aimanté par un mot-clé, celui de singularité (Einzel- nheit, Einzigkeit), que je n’ai cessé de retrouver sur ma route. Ce fut donc pour moi un fi l directeur, mais que je n’ai jamais eu l’outrecuidance d’ériger comme le seul. Je voudrais aujourd’hui le présenter une fois de plus de manière récapitulative, quitte à remonter parfois en amont de Hegel : j’aurais en eff et tendance à penser avec Schelling (dans son cours de Munich sur « L’histoire de la philosophie moderne [der neueren Philosophie] ») que le développement de la philosophie depuis Descartes se présente comme un événement unique où on ne saurait introduire de coupures, et que par conséquent l’instauration hégélienne (fort peu prisée, au demeurant, par Schelling) n’est en fait qu’une réponse à une question antérieure. Me conformant, peut-être par un vieux réfl exe profession- nel, à la tradition universitaire, c’est cependant de Hegel que je partirai. Or quel est chez lui la catégorie ultime, le nom le plus propre de l’Absolu ou de Dieu ? Précisément le Singulier (das Einzelne), troisième terme d’une articulation qui comprend aussi l’Universel (das Allgemeine) et le Particulier (das Besondere) et CLAUDE VISHNU SPAAK 154 dit rien de tel »33. Et pourtant, il ne faut peut-être pas en conclure trop rapidement que la dissimulation de la vérité soit fondée sur une manifestation première. À la toute fi n de sa carrière de phi- losophe, Heidegger envisage plutôt que pour penser la vérité, nous devions atteindre le domaine de l’inapparent. Ce qu’il s’agit de faire entrer en présence par la pensée, c’est alors justement l’entrée en présence elle-même de la vérité ! Et Heidegger de conclure, à la suite de Parménide, que la philosophie s’accomplit dans « la pensée tautologique »34. Au fond, la vérité de l’être se situe par-delà ses marques destinales qui font advenir les époques de l’histoire, et en cela la philosophie de l’histoire de Heidegger ne pourra jamais être confondue avec un historicisme. Mais la résurgence d’une vérité anhistorique ne doit pas pour autant être mésinterprétée comme une forme nouvelle et raffi née de transcendantalisme asubjectif, dans la mesure où le domaine de l’inapparent n’est au fond pas un domaine du tout, si on entend par là quelque chose qui se cache derrière la présence et la rend possible ; le domaine de l’inapparent est le mouvement d’advenue de la présence lui-même, mouve- ment qui se retire en faveur de la présence, mais qui ne se donne pas moins à penser comme tel, pour autant que l’homme post- métaphysique s’y décide : « Que l’avènement soit sans destin ne dit donc pas que lui fait défaut toute mobilité, cela dit bien plutôt que c’est avant tout la manière la plus propre à l’avènement de se mouvoir – qui est de tourner dans le retrait – qui se montre à la pensée comme ce qui est à penser. Mais il est dit par là que pour la pensée entrant dans l’avènement, l’histoire de l’être est terminée, sans préjuger du fait que la métaphysique peut bien demeurer telle quelle : là nous n’y pouvons rien »35. 33 Martin Heidegger, « Séminaire de Zähringen » (1973), Questions III et IV, op. cit., p. 483. 34 Ibid., p. 487. 35 « Protocole à un séminaire sur la conférence “Temps et être” », op. cit., p. 249. HEGEL ET LEVINAS : D’UNE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE À L’AUTRE Paula Lorelle Entre Hegel et Levinas, il semblerait tout d’abord qu’il faille choisir. Choisir entre une pensée systématique d’un côté et une pensée critique de l’autre1 ; voire même, aux dires de Levinas, entre une pensée « totalisante » et une pensée « éthique ». Choisir donc entre un discours philosophique qui cherche à tout embrasser, et un discours philosophique qui cherche à s’extraire de ce tout. Pourquoi donc aborder ce thème de l’histoire de la philosophie depuis le constat de l’impossibilité d’une rencontre entre ces deux pensées ? Penser ensemble Hegel et Levinas, ne serait-ce pas, au dire de Levinas lui-même, avoir à faire à deux extrémités du discours philosophique ? À moins que ces deux extrêmes du discours philosophique ne se rejoignent à cette extrémité même. 1 La pensée lévinassienne peut-être dite « critique » au sens large défi ni par Blanchot comme cet « espace de résonnance dans lequel un instant se trans- forme et circonscrit en parole la réalité non-parlante, indéfi nie de l’œuvre ». M. Blanchot, Lautréamont et Sade, Éditions de minuit, p. 12. Cf. aussi l’article d’Alain David qui nous inspire cette citation et la commente dans notre sens. Alain David, « S’orienter dans la pensée. Notes sur l’extériorité », Emmanuel Levinas, Éditions de l’Herne, 1991, p. 226-240. Notamment, p. 227 : « On se réfèrera maintenant à une défi nition du dire critique, pris en son sens le plus large par Blanchot : “la parole critique est cet espace de résonnance dans lequel un instant se transforme et circonscrit en parole la réalité non-parlante, indéfi nie de l’œuvre. Et ainsi, du fait que modestement et obstinément elle prétend n’être rien, la voici qui se donne, ne se distinguant pas d’elle, pour la parole créatrice dont elle serait comme l’actualisation nécessaire ou, pour parler métaphoriquement, l’épiphanie”. On pourrait donc en fi n de compte admettre ceci : le registre dans lequel parle Levinas est comparable à celui dans lequel parle Kant, c’est le registre d’expression de l’extériorité, c’est le registre critique ». PAULA LORELLE 156 Hegel et Levinas : d’une histoire de la philosophie à l’Autre 157 Ne pourrait-on pas dire que ces deux « extrêmes se touchent », et qu’ils se touchent à l’extrémité même du discours philosophique ? Ce ne serait donc pas un hasard si Levinas et Hegel, alors qu’ils s’opposent en tous points, se retrouvent quand il s’agit de penser cette uploads/Philosophie/ hegel-et-levinas-dune-histoire-de-la-phi 1 .pdf
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- Publié le Apv 17, 2021
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