Claude Bruaire ~[.logique et religion chretienne dans la philosophie de Hegel L

Claude Bruaire ~[.logique et religion chretienne dans la philosophie de Hegel L'ordre philosophique collection dirigee par Paul Ricceur et Franc;ois Wahl :.ux Editions du Seuil, Paris , I LOGIQUE ET RELIGION CHRETIENNE DANS LA PHILOSOPHIE DE HEGEL LIVRES-DISQ ES eufs et d'Occasion PAPETERIE GIBERT13 JOSEPH ~ UVRES-DlSQUES' ~ '(Co<r4>acl. _. 33 tours on parlait 6tal' 26-30, BOULEV RD St-Michel 5, rue Racine PARKING: rue de ('Ecole de Medecine METRO: ODEO • CLUNY-SORBONNE RER : L XEMBOURG DU M£ME AUTEUR AUX MEMES EDITIONS L'affirmation de Dieu. if I/~ Essai sur la logique de l'existence. ~ rv' 'q l/df,£: r1ft CLAUDE BRUAIRE LOGIQQE ET RELIGION CHRETIENNE DANS LA PHILOSOPHIE DE HEGEL EDITIONS DU SEUIL 27, rue Jacob, Paris VIe. Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction reserves pour tous pays. © 1964, by Editions du Seuil. AVANT-PROPOS La diversite des interpretations fournies ar les commentateurs de Hege est pour e moms etonnante. Voici l'auteur par excel­ lence du sys£eme, de I'orgamsa60n encyclopedique de la philo­ ~ l sophie. Comment pouvait-il leguer un heritage multiple et decompose? COmment peut-il encore nous rester mas9ue, s9.D- J\ ceuvre 'Yree aux hypotheses les plus opposees? Est-ce un esthete· emmure dans un palais d'idees, un rationaliste, un athee? Un philosophe de la confiance en soi, un theologien faux P!ophese d'une eschatologie proc4,aine ou un analyste du drame de l'exis­ tence humaine? Aucune reponse n'~~isfaisante tant qu~e systeme est invo­ que et non explique~a fo~~e e~non comIJr ~n leur sens exact. Mais cette tache reste impossible si l'on straifles ceuvres les unes des autres,si l'on reduitl'ensembfeaes ecrits ,', de Hegenl. une succeSSIOn de textes dissemblables et discontinus. ,~~1''''r'­ Pour cette comprehension requise, suivre la genese de la pensee,n~.~ . 1".,1; en retrac~~histoire, reperer les preaIables du systeme organise, .f ..... Y n'offre guhe de secours, C'est en essayant de s.~ 1'~E.vre£ ' dans son unite achevee et terminale que nous pouvons esperer trouver une reponse decisive. Ma-is il faut pour cela decouvrir le t principe de cette unite. -C'est ce principe que nous croyons deceler dans le rapport If precis de la Science de la Logique {~e la phHosophie hegelienne '2, de la religion chretienne. Ce rapport n'est pas simple. 11 est clair maIS complexe et ne saurait etre expose hors d'une architecto­ nique irreductible a la succession de quelques propositions gene­ rales. Ainsi con<;u, ce travail devait etre doublement limite. En premier lieu, quant aux textes. Puisque les ouvrages ante­ rieurs al'elaboration du systeme definitifne sauraient offrir cette 9 LOGlQ.UE ET RELIGION CHRETlENNE unite organique, nous n'aurons pas recours a ceux qui pre­ cedent la Phinomenologie de I'Esprit 1. Nous nous refererons sou­ l vent aux textes de :eh~~~hie de la religion, les Vorles':t!!~ _~~er die Philosophie der Religion 2, les seuls ui offrent de la theologie SRcculativehegellenne un developpement permettant de lc-r le detail et l'ensemble de la Science de la Logique au <liscoUfs sm?le Di~---;evele dans le christianisme. )~ En second lieu, quant au but. 11 n'est pas d'eRuiser les textes par un commentaire ~haustif, m<i!:> de mettre a}~r SIgni­ fication essentielle: circorlscrire, expliquer et oraonnerles th~m~ princiRaux de cette hiloso hie reli&ieuse po~r devoilfr l:unite du logigue et du theologigue qui constltue, nous esperons le montrer, l'originalite et la fecondite de la pensee de Hegel. I. Dne seule exception: la reference aFoi et Savoir nous est apparue indis­ pensable pour l'examen de la dialectique du protestantisme. 2. NoilS utiliserons pour cet ensemble de textes l'edition Lasson plus complete que ceDe de GIQckner. Lasson ajoute au manuscrit de tregel des notes de cours prises par des etudiants. On pourrait, en raison de ce carac­ I tere composite mettre en doute la legitimite de l'exploitation des Vorlesungen. Mais nous ne faisons pas ceuvre d'exegese positive. Seule la criti~ Iogique \ interne est jcj decisive. Nous consi~ ODS es comme fai.sant~tie gu corpus he~ien chaque fois qu'aucune contradiction n'apparaitra entre le manuscrit - publie par Lasson en gros caracteres - eLkLcliff~!:ents a~~~~~.p.!~tent. . -" 10 PREMIERE PARTIE LES IMPLICA TIONS LOGIQUES DU CHRISTIANISME CHAPITRE I L'ABSOLU REVELE ET LE CERCLE DE LA REFLEXION La religion chretienne, comme les autres, n'offrirait qu'une representation particulie:re et aleatoire de la divinite voilee, si eUe n'etait, en verite, a religion revelee,J Si en elIe l'Absolu est Il ( revele, il faut reconnalt~eJ.Ie-·~on .absolue, le visage de Dieu etant manifeste, en pleme umiere 1. Ta-est, pour Hegel, le message simple et clair du christianisme. Au regard de ~his­ . ( toire des religionti il aE.par~t deci:;if, hors serie. Le christianisme est cela ou rlen, .. ieu qui se devoile en ...E.~~nne/ou la presomp­ tion delirante de notre conscience malheureuse, devoree de soif d'Absolu, mais rencontrant un imposteur, adorant un tombeau vide. J Cependant la theologie chretienne s'est averee incapable d'expri~~~cette r.evelation. Le savoir n'est pas encore conforme a la foi. Bien plus, la connaissance speculative, la formulation scientifique, sont abandonnees par les theologkps eux-memes. Ils ne croient gl!;.ls sincerement que Dieu s'est reeUement mani­ feste, qu'on pUlsse formuler un langage vrai sur sa nature, sur son etre. L'Incarnation est traitee comme un evenement contin­ gent, arbitraire, no~comme « le decret eternel de Dieu 2 ll. Si Ia foi est reelle, si la revelation est prise au serieux comme parole de Dieu sur Dieu, it faut temoigner de la certitude d'une conruus­ sance complete, adequate, vraie, de I'Absolu. 1. Vorlesungen iiber die Philosophie fUr &ligion. BegrijJder &ligion. hsgg. Lasson, Bd. XII, Verlag von Meiner, Leipzig, 1825, p. 74. (Nous ecrirons B. der &l.) 2. VAsun en iiber diePhilosophie fkr &ligio~ IJjg Qbsolute &ligion. hsgg. Lasson, Bd. XIV, Verlag von einer, LeipZIg, 1829, p. 32. (Nou~rirons DUs. !$si.) LOGIQ.UE ET RELIGION CHRETIENNE (t~) En depit de l'effort des scolastiques 3, la theologie chretienne 1)'7 s s~est reniee en agnosticisme, en fideisme, nous renvoyant al'inef­ fable mystique et sentimental. A l'origine de cet echec, Hegel place un vieux et fort prejuge que tout chretien devrait denoncer. Croire que I'essence de Dieu est manifeste, c'est admettre en tout cas que l'Absolu demasque a un visage, une nature determinee. Or, une -antique theolOgie naturelle recuse cette proposition comme une simple contradic­ tion: l'Absolu est indetermine, innommable, inaccessible, fond obscur qui resorbetOute j?-recISloo;prive d'essence, de nature. La tneoIogie ne ative 4 erige-cette assertion en systeme pour refuser le christianisme: une religion revelee ne saurait etre adequate a son concept et supprime la transcendance de Dieu. Mais que tJ serait ce rapport religieux a un Dieu qui n'-:'~rien adire, a~el 11 on~!1t rien dire, puisqu'il n'est rien en et pour lui-meme? Ce ne serait pas la pretendue relationTIA6solutranscendant, mais un rapport de pure exteriorite, d'indifference, au vrai un non~ort. C'est la theologie negative qui rend impossible : ~! to'Uie religion. Hegel en est sur, la religion chretienne~t conforme au concept de religion. Mieux, dIe krealise, fournissant la seule realite gui lui conyjenpe, et c'est pourquoi elle est achevee, remjJlie, ( come,lCte 5. Pour que Dieu se revele, apparaisse tel gu'il est, il faut gue son etre SOlf determine, gue son essence ne soit pas une abstrac­ tiOn vide. Telle est la these hegelienne proposee comme implica­ ~ J tion premiere et indispensable de la religion revelee. L'Absolu est fI-: d~ne, le message chretien apporte HUe counaissance complete t . de Dieu en revelant en totalite sa determination. Mais cette I r& tl:·,f)~· ~ '~I 'I{ r lJ....,.:. • .1,,( 0(." I 1.-' c- J _ (f J •...c ~ t4'~ f" 1/ k 9"~l~. Hegel admirait leur entreprise scientifique et voulait la restaurer. Cf. •",,f. Vorrede zu Hinruh's Religionsphilosophie, hsgg. Glockner, Frommanns Verlag, Ct! "",' Stuttgart, 1959, ]ubiliiumsausgabe, XX, p. 25. .' h ..' ~l' 4. Hegel n'emploie pas cette expression, « theologie negative ». La critique I:,.,.~ ~ du spinozisme, dans la Logique, vise neanmoins exactement la voie ne ative, «Cinterpretation negative de l'Absolu » (Logik, n, p. 159) systematiquement exprimee dans I'Ethique. C'est I'unilateralite de S~inol~' incapable d'acce­ der ala reflexion absolue, ala negation qui se nie ans acte divin, qui rend compte, selon H~ de I'extinction du discours positif Sl!! Dieu. 5· I.2Je abs ~7:, p. 3· '\ O~-,;~~­ (~<LJ DANS LA PHILOSOPIUE DE HEGEL implication theologique est igalement logique, car l'antithese, l'Absolu est indetermine, se prevaut d'un raisonnement communement admis : toute determination nait d'une relation, celle-ci requiert la difference de ses termes, permettant de les dffinir. Excluant tout rapport, toute relation, l'Absolu ne saurait etre defini, il echappe a l'enonce et demeure hors de prise du discours. On designe alors I'Absolu comme objet inqualifiable ou sujet sans essence. Dans les deux cas, la religion rivilie est illusoire, impos­ sible. Malgre tout, Iec:oncept d'Absolu connote traditionnelle­ ment deux significations opposees. Vide de determination, il est ~) J neanmoins invoque comme « fo]'er de tous les ~dicats 6 ), ori­ gine de toute determination, semontrantarnsi « comme la plus formelle des contradictions 6 ». Contradiction evidente dans cette theologia naturalis qui attribue aDieu les perfections, tout en,,( maintenant son indetermination. Contre cette the 10 ie mcoe- '2.., rente, etrangement reprise ar Ies li OgO hes uploads/Philosophie/ claude-bruaire-logique-et-religion-chretienne-dans-la-philosophie-de-hegel-paris-1964.pdf

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