1 ANDRE CHARPENTIER CLAVIS QUADRATURAE ( La clé de la quadrature ) ou la Tradit

1 ANDRE CHARPENTIER CLAVIS QUADRATURAE ( La clé de la quadrature ) ou la Tradition pythagoricienne restituée. LA QUADRATURE DU CERCLE 2 AVERTISSEMENT Avant d'aller plus loin, reconnaissons que ce titre d'apparence téméraire demande à être justifié au plus tôt. Voici en effet comment une de nos encyclopédies (1) résume l'avis général des lettrés, en présentant comme suit le pythagorisme et son créateur : "Il n'est guère, dans l'Antiquité, de figure plus mystérieuse que celle de Pythagore, ni qui ait posé de problèmes plus embarrassants aux historiens. Il passe pour n'avoir rien écrit, et sa pensée ne fut sans doute connue jusqu'à l'époque de Socrate que par une tradition orale, elle-même entourée de secret. Les documents qui permettent de la conjecturer émanent pour la plupart des néo-pythagoriciens de la fin de la République et des quatre premiers siècles de l'ère chrétienne, eux-mêmes connus à travers le néoplatonisme. En outre, Pythagore est devenu très tôt, peut-être même de son vivant, une figure de légende (…). Ainsi est-il déjà une énigme pour Aristote, qui évite le plus souvent de prononcer son nom, pour ne parler que de « ceux qu'on appelle pythagoriciens ». Imitant cette prudence, les historiens modernes doivent renoncer, sauf sur quelques points, à distinguer dans la tradition ce qui revient à Pythagore lui-même, et se résigner à parler seulement de « pythagorisme ancien ». (2) Force est à l'historien actuel de conjecturer sa pensée à partir de son influence et de ses retombées, qui sont aussi considérables que sa figure historique est incertaine. " (1) L' Encyclopedia Universalis, que nous citons ici en substance.. (2) (1) Armand Delatte, un grand connaisseur belge du pythagorisme a dénoncé formellement l'arbitraire de cette distinction entre "archéo"- et néo-pythagorisme, car il n'avait jamais constaté la moindre différence doctrinale ( de fond ) entre les textes les plus anciens et les plus tardis, que sépare pourtant près d'un millénaire. Ajoutons que le (néo)-platonisme n'en diffère lui aussi que par les formes. Mais c'étaient justement ces formes que les disciples étaient encoutagés à varier autant que posible. Le but étant de leur éviter tout psittacisme , ce logos monotropos qu'on ne peut mieux traduire que par "pensée unique". 3 On voit que le seul espoir de sortir de cette obscurité conjecturale serait de découvrir un document ignoré jusqu'ici, et qui donnerait la clé du mystère. En somme, quelque sésame comparable à la fameuse Pierre de Rosette, qui permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes et même, ce qui est plus incroyable encore, de le faire admettre par ses contemporains. Et pourtant, comme l'a souligné Boileau, "le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable ". Ce qu'on demande donc au lecteur, c'est de faire confiance à sa seule raison pour juger les faits qu'on va lui exposer. Car ils le seront à la manière pythagoricienne, justement, c'est-à-dire more geometrico , sous la forme d'un enchaînement de propositions rigoureuses, lesquelles sont seules contraignantes.( en anglais : compelling ) (1) Un langage convenant en principe à notre époque, qui est vouée au rationalisme, et à lui seul. Cette mise au point étant faite, nous pouvons passer aux présentations. L'auteur, dont l'identité importe peu, n'est qu'un un simple transmetteur de la Tradition Universelle, dans la ligne du précurseur inspiré que fut René Guénon. (2) Rien de ce qui suit n'est donc une création individuelle. Seules les erreurs, les omissions et les inévitables redites pourront nous être attribuées en propre. (1) On présente en général les mathématiques comme une science "dure". mais cela n'est tout à fait exact que pour la géométrie, dont chaque mouvement doit répondre à l'évidence immédiate avant qu'on puisse passer au suivant. Le bilan triomphal de l'enchaînement étant le fameux " Hoper edeï deîknunai " d'Archimède ( "ce que précisément il fallait démontrer"), qui est devenu notre CQFD . Paradoxalement, plus la géométrie est élémentaire, plus elle est intuitive, et donc infaillible. Une fois qu' on a montré à l' enfant une sphère ou un cube, plus jamais il ne confondra l'une avec l'autre.Plus tard, par contre, il confondra peut-être leurs formules, car tout calcul peut être entaché d'erreur. (2) Son œuvre est un tel trésor intellectuel que notre travail peut tout juste en représenter la petire monnaie.. 4 C'est d'ailleurs en ces termes prudents que commencent tous les traités pythagoriciens qui ont précédé le nôtre, comme celui de Jamblique, dont voici le préambule. En le comparant à la vulgate encyclopédique, on verra qu'Il répondait d'avance aux interrogations des modernes : " Dans toute entreprise philosophique, c'est la coutume, du moins chez les sages, d'invoquer l'aide du Dieu. C'est encore plus justifié dans le cas de la philosophie qui porte le nom même de Pythagore, nom divin à juste titre. Car cette philosophie a été enseignée à l'origine par les Dieux (1) et ne peut se comprendre qu'avec leur aide. Sa beauté et sa grandeur dépassent trop les capacités humaines pour qu'on puisse l'envisager d'un seul coup : on ne pourra en saisir quelque chose que si le Dieu, dans sa bonté, l'enseigne progressivement. C'est pourquoi, après avoir prié les Dieux d'être nos guides, et leur avoir confié notre personne et nos propos, nous les suivrons où Ils voudront bien nous mener. Nous ne tiendrons aucun compte du fait que cette doctrine ait été si longtemps négligée, qu'elle se dissimule derrière des formulations étranges , des symboles secrets et des écrits trompeurs, tous obstacles qui visent à rendre son accès difficile. En suivant la volonté des Dieux, on surmontera des difficultés plus grandes encore que celles-là. " Jamblique, Vie de Pythagore, 1,1 (1) On notera cette distinction en tre "le Dieu" et "les Dieux" ; elle évoque celle qu'on doit faire entre la Divinité impersnnelle et ses attributs. Ce Principe absolu est ce que Maître Eckhart nomme la Déité (Das Gottheit), et qui est aussi le Brahma Ninguna (Divinité "non qualifiée") des Hindous. Ceci exclut du même coup toute accusation de "polythéisme". 5 Jamblique évoque donc ici des connaissances "ésotériques"- c'est- à-dire réservées à une Confréri peu nombreuse - et faisant l'objet d'une initiation (1) Et cela du fait de leur nature même, et non par quelque volonté d'accaparement ou de dissimulation. On peut reprendre ici la définition des ésotérismes, par Antoine Faivre. Ils reposent tous sur les réalités suivantes : - Les correspondances entre toutes les parties de l'univers - La Nature conçue comme un être vivant fait de réseaux de sympathies et d'antipathies - Le rôle essentiel de l'imagination (2) et des médiations (rituels, nombres, symboles, images, visions... ; anges, esprits, Idées...) - La possibilité d'une transmutation intérieure (illumination, sagesse...) - Le principe de la concordance entre les diverses traditions et de la transmission de connaissances d'un maître spirituel à son disciple. (3) Leur but ultime est de dépasser l'état humain, par un saut qualitatif (4) faisant intervenir une faculté non-humaine, supérieure à la raison, et dénommée "Intuition intellectuelle". (1) Chacune domptant 28 membres, nombre parfait. (2) Chose très importante, il ne s'agit pas ici d'imaginaire (inconsistant), mais selon la bonne expression d'Henti Corbin, d' imaginal,, qui a toute sa réalité dans l' ordre subtil. (3) Ceci demande à être nuancé, car le maître peut très bien ne pas être une personne vivante, mais une entité , ou même toute une collectivité retirée depuis longtemps dans le monde "astral". (4) Ce "pasage à la limite" est comparable à l'opération mathématique nommée intégration, par laquelle on sort d'une fonction indéfinie ("asympyotique") - qui est ici la raison, - pour accéder à un domaine radicalement différent. Exemple simple : il ne suffit pas de faire croître indéfiniment le nombre de côtés d'un polygone pour en atteindre la limite, qui est le cercle. Car celui-ci a une nouvelle définition, entièrement diferente de celle du polygone . Appliquée à l'individu, cette transformation qualitative est ce que les Pythagoriciens appellent "le saut de Leucade". 6 Il est donc utile, au préalable, d'envisager de plus haut les formes symboliques particulières, en les traduisant de façon à mettre en lumière leur identité essentielle. Et c'est ce que nous allons entreprendre de ce pas, après deux dernières remarques. A) Etant pythagoricien, notre site doit forcément faire une large place aux considérations mathématiques. Mais un lecteur qui serait décidément réfractaire à cet ordre d'idées pourra néanmoins apprendre quelque chose en sautant les chapitres concernés pour passer directement à des exposés moins austères. En effet, toutes les formes d'ésotérisme reposent sur le langage des symboles, qui a toujours été "d'accès difficile " , et l'est devenu plus que jamais. C'est qu'il est fait, non de définitions (1) univoques, comme celles de la langue vulgaire, mais d'analogies reliant entre eux les divers états de l'Etre. Et d'abord d'analogies ( correspondances ) entre le monde visible - physique, ou corporel - et l'invisible, ce monde subtil ( dit psychique ou imaginal ) seul intermédiaire possible entre l'Esprit pur et ce que l'hindouisme nomme "manifestation grossière". B) S'agissant a priori de connaissances réservées, on pourrait se demander pourquoi nous les mettons aujourd'hui à la portée du grand public, uploads/Philosophie/ clavis-quadraturae-andre-charpentier.pdf

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