panopteric@gmail.com notes autour de Comment le langage est venu à l'homme J.-M
panopteric@gmail.com notes autour de Comment le langage est venu à l'homme J.-M. Hombert et G. Lenclud janv. 2014 (merde, pas à moi !) ˪Une odeur de fruit brûlé, ou fermenté ?˺ ͻ progression dans les (hypo)thèses des auteurs Le Monde résumait: (1) le langage n'aurait que 70 à 80.000 ans, soit une très courte période à l'échelle humaine ! mais (2) la "grammaire comparée", basée sur le postulat controversé de l'existence d'une langue mère, ne remonte que jusqu'à 8000 ans, ce qui rend impossible l'atteinte de son objectif "L'échelle humaine" est-elle culturelle ou biologique ? Y-a-t-il un point d'inflexion entre l'évolution biologique et la transmission de la culture, qui serait paradigme de l'humain ? Y en aura-t-il un autre entre évolution culturelle et autonomisation de l'intelligence artificielle, qui serait celui du post-humain ? Y-a-t-il un ou plusieurs moments de l'apparition du ou des langages ? On va croiser ici le biologique, le culturel et le linguistique; J.-M. Hombert est ingénieur en informatique et linguiste, G. Lenclud anthropologue, et l'archéologue J.-P. Demoule viendra aussi détricoter des mythes (Mais où sont passés les Indo-Européens, le mythe d'origine de l'Occident, Seuil, déc. 2014). On est ici cognitiviste, centré sur l'évolution de modules internes qui deviendraient des "cassettes" du langage, mais on pose aussi des hypothèses en bons scientifiques. 1 LIMINAIRES L'existence d'une langue-mère est indémontrable, depuis notre système logique. Mais peut-on postuler un prélangage, c'est-à-dire un mode de communication sans possibilité d'expression de la pensée ni du temps, précédant la soi-disante illimitation conceptuelle du langage actuel ? (la logique intrinsèque du langage verbal ne permet pas d'exprimer le continu de la pensée préverbale; le verbal ne fait que mettre en forme toute pensée). Peut- on envisager une évolution encore vers un langage complet, continu, et donc alogique, ou basé sur une logique de plus en plus floue ? Un langage non plus témoin de notre réflexivité, mais qui touche réellement à la pensée et à l'objet en même temps ? Ou n'est-ce le langage de la psychose et du poète ? L'évolution "digitale" d'aujourd'hui, post-humaine, assemblage d'images plus ou moins réelles, plus ou moins générées par la machine, n'est- elle pas distanciation de la pensée ? L'embrasement symbolique en Europe au début du paléolithique supérieur (-35.000, art mobilier et pariétal) pourrait-être contemporain de l'expression à voix haute d'une pensée. Pure hypothèse: il est peut-être seulement l'expression de la réflexivité, de la conscience de la distanciation entre l'homme et de la nature (cf. R. Poulet, Le vol du Harfang des neiges, 2015); et langage n'implique pas voix (M. Griaule: "le symbole est parole en ce bas-monde"). Pour l'heure (p.12) malgré mon a-priori sur les concepts de développement anthropo- et cérébro-centrés des cognitivistes (la note 1 de l'ouvrage pose un "esprit/cerveau" en entité à dépendance génétique, "les faits psychologiques n'étant pas isolables de leur substrat matériel"), et malgré un postulat cybernétique de la "pensée", le ton de ce livre me semble scientifique: "il y a des obstacles à notre projet; il n'y a pas de fossiles du langage; nous faisons l'hypothèse d'un seuil génétique du langage, qui est survenu tardivement dans la lignée humaine; est débattu également l'arbitraire des signes linguistiques: Une génétique évolutive du symbolique, mais une éclosion culturelle du langage. Dans le Cratyle de Platon (repris par les stoïciens, et théorie également développée par l'Inde ancienne, où le sanskrit s'impose aux visions du monde des rishis), "les choses imposent 2 les noms qui leurs sont donnés par l'homme", le langage relie la forme au contenu par nature (phusei); mais Hermogène pose lui arbitraire du langage, la convention (thesei). Les auteurs posent alors l'hypothèse d'une antécédence probable des signes sur l'accord social de leur utilisation: les signes résulteraient d'un seuil génétique d'aptitude à leur formulation, tandis que leur fonction de désignation serait de l'ordre d'une culture secondaire à l'acquis cognitif. Alors, on peut tenter de décrire à rebours le processus biologique évolutif qui a permis l'énonciation de ces signes non encore incorporés dans un langage. Il y aurait une éclosion programmée du symbolisme, mais pas du langage; un processus à deux étapes dans l'acquisition du langage, la production du discours, puis son interprétation. L'origine du langage elle est interconnectée à celle de la culture, cette capacité à conférer des significations non naturelles différentes aux entités peuplant le monde ("L'homme donna des noms à tous les animaux, B. Dylan/G. Allwright): la délimitation du génétique et du culturel semble bien posée. Et la non-synchronicité, en conséquent, des processus biologiques (des modifications évolutives non coordonnées a priori dans l'optique de la production d'un langage), linguistiques (processus cognitifs puis relai culturel), et culturels. Une causalité génétique, évolutive du langage, et (mais ultérieurement) son avantage sélectif via son impact nutritionnel, l'amélioration des stratégies de chasse et de cueillette (Chomsky). Le mode de travail des auteurs est la confrontation des deux voies biologique et culturelle. ͻ un seuil génétique du langage; un prélangage vocal évolutivement mis à disposition ͻ une attribution secondaire du symbole Langage verbal Pensée logique préverbale Pensée psychique plus ou moins alogique, plus ou moins continue Inconscient freudien alogique Pensée archaïque, originaire (celle du trauma, de la mort, etc...) Plotin et l'océan de la pronoïa au filtre symbolique du moi, de la conscience réflexive Logique restreinte du langage et exploratoire d'une pensée extra-türingienne Longue immaturité de l'enfant d'homme et de la fenêtre de façonnage symbolique 3 THEORIES SUR L'ORIGINES DU LANGAGE ET DES LANGUES Inarticulation animale de l'enfant sauvage ? Des coupures ou une continuité dans l'évolution ? Des processus génétiques et culturels en parallèle ? Synergiques ou libres ? Récits des mythes, décrets des religions (Babel est monde polyglotte industrieux, que Dieu punit - ou valide - par multiplication des langues, et la confusion qui s'en suit, n'autorisant que des retours à la nature qu'en Pentecôte...), modèles des sciences, contexte figé du "dessein intelligent". 1. La désynchronisation de l'histoire et de la linguistique. L'institution Eglise interdit au Moyen Âge de se poser la question de l'origine du langage ! Mythe fondateur de l'hébreu, véhicule du latin. Laïcisation de la Renaissance, Rabelais introduit le terme "arbitraire" pour le langaige (un retour à l'anticratylisme, étude du signe linguistique). L'hypothèse des auteurs se précise (p. 59): le signe n'est pas imposé par la chose mais par un processus à guidance en partie génétique, arbitraire par rapport à la chose qui sera désignée dans une liberté de nomination: une incarnation animale du signe, mais la contingence de son émission. Le XVIIè, le "Grand Siècle", celui de l'esprit casanier, provincial, cartésien produit La Grammaire générale et raisonnée dite de Port- Royal: principe créateur de la raison humaine, et animal-machine. L'histoire n'y travaille plus, mais la logique, dans un "présent intemporel", que rejoindra plus tard Chomsky, longtemps opposé à l'idée d'une évolution du langage (un produit culturel, en effet, n'évolue pas verticalement comme un être biologique mais diffuse concentriquement en nappes et s'interpénètre des autres cultures, c'est toute la thèse de Mais où sont donc passés les Indo-Européens ? de J.P. Demoule, déc. 2014, qui démonte "au passage" les mythes racistes associant évolutions biologiques et culturelles). Mais la progression des études sanskritiques, dont on découvre les similitudes avec le latin, va pourtant mettre en avant l'idée d'une "langue-mère"; le siècle des "Lumières" sera l'âge d'or des essais sur l'origine du langage, avec Rousseau et Herder, dont certains thèmes, après la "césure structuraliste" du XXè, resurgiront au XXIè siècle: les gestes communicatifs des grands singes sont-ils (Rousseau) les précurseurs phylogénétiques du langage ? Ou bien un répertoire de vocalisations (Herder) ? Des signaux combinés, en équivalents de mots, et en référence à la 4 chose, ou bien des "blocs" holophrastiques (mot-phrase) vocaux désignant la chose (et/ou son aura) ? La seconde hypothèse est privilégiée au XVIIIè. ͻ un prélangage vocal (ou gestuel ?) évolutivement mis à disposition de l'homme (en un ou plusieurs foyers ?) ͻ une attribution secondaire du symbole, et l'interpénétration culturelle des différentes langues créées Une voie gestes/idéogrammes/musique (art pariétal des penseurs-poètes-chamanes), et une autre des "concepts", de ceux qui chassent, dehors, exigence d'efficacité et de rapidité ? The singings neanderthals, 2006, S. Brown (p. 78 de CLVH): séparation des centres de la musique et de la parole, il existe des patients amusiques (par atteinte du gyrus frontal inférieur) comme il existe des patients aphasiques. Alors, un langage composite gestuel et vocal, antérieur ou évoluant de façon plus ou moins indépendante du symbolisme du langage ? Une expression initiale de l'aura benjamienne de la chose, perdue ensuite dans le symbolique utilitaire ? Un objet saisi initialement dans ses aspects passionnels, une sympathie de la gestuelle, puis un son symbolique produit au filtre corporel ? A contrario, hypothèse neurobiologique pour certains auteurs d'un précurseur évolutif commun aux sens de la musique et du langage (cher amusique tonal...). Image sans plus d'aura du cyberlangage post-humain Grammaire comparée du XIXè, structure interne du langage, Shlegel, puis Saussure. W. Jones, Calcutta, 1786, études indo-européennes, "racines verbales". Typologie, langue en ensemble d'éléments phoniques (le poids de l'écrit s'efface !), variations de racines, étymologie, parentés entre uploads/Philosophie/ comment-le-langage-est-venu-a-l-x27-homme-j-m-hombert-et-g-lenclud.pdf
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- Publié le Fev 24, 2022
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