Communication et organisation 13 | 1998 Management par projet et logiques commu
Communication et organisation 13 | 1998 Management par projet et logiques communicationnelles Le management des connaissances : des concepts aux expériences, des expériences à la méthode Jean-Yves Prax Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/communicationorganisation/2024 DOI : 10.4000/communicationorganisation.2024 ISSN : 1775-3546 Éditeur Presses universitaires de Bordeaux Édition imprimée Date de publication : 1 mai 1998 ISSN : 1168-5549 Référence électronique Jean-Yves Prax, « Le management des connaissances : des concepts aux expériences, des expériences à la méthode », Communication et organisation [En ligne], 13 | 1998, mis en ligne le 26 mars 2012, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/ communicationorganisation/2024 ; DOI : 10.4000/communicationorganisation.2024 Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019. © Presses universitaires de Bordeaux Le management des connaissances : des concepts aux expériences, des expériences à la méthode Jean-Yves Prax 1 Une nouvelle forme d’organisation émerge, fondée sur la connaissance et l’intelligence collectives et non plus seulement sur les moyens et les structures. Elle correspond pour l’entreprise contemporaine à une nécessité d’adaptation ultra-réactive, permanente et répartie sur l’ensemble des acteurs, face à un environnement complexe, incertain et hautement concurrentiel. 2 Sur ce terrain fertile fleurissent : 3 – les technologies : groupware, GED et workflow, édition électronique Internet/Intranet et CD-ROM, agents, modélisation des experts… 4 – les concepts : la capitalisation, le management et la gestion stratégique des connaissances, l’intelligence collective, l’entreprise apprenante, le knowledge management… 5 – les dispositifs : knowledge ressource center, best practices, réseaux de compétence, management par projet, par processus, veille technologique, etc.. 6 En face de ce foisonnement sans limite, le constat sur l’utilisation effective des bases de connaissance dans l’entreprise est plutôt mitigé : résistances culturelles (ou politiques) au changement ? Difficultés liées à l’immaturité des outils ? 7 Inadaptation des règles économiques à la production immatérielle ? Difficultés méthodologiques ou conceptuelles ? Première partie : la connaissance organisationnelle 8 Depuis toujours, les organisations ont cherché à bâtir une interprétation « objective et formelle » de leur environnement avec l’espoir d’en réduire la complexité et l’incertitude. Le management des connaissances : des concepts aux expériences, des expérienc... Communication et organisation, 13 | 1998 1 9 Elles ont ainsi travaillé à produire et préserver leur capital de connaissance : un vaste système d’interprétation, comprenant normes et valeurs, procédures et brevets, prêts à l’emploi pour résoudre les problèmes, effectuer les choix et affronter l’incertain. 10 Mais cette approche qui se concentre sur la connaissance en tant qu’objet, ne prête pas attention à la dynamique de la connaissance elle-même, c’est-à-dire au processus de création, ni au sujet c’est-à-dire l’homme qui va la créer et lui donner du sens. 11 Dès lors, elle ne peut que thésauriser une connaissance fossile ou dogmatique, sans réelle utilité pour l’individu dans l’exercice de l’action et de la décision, qui attend des réponses nouvelles à des questions inédites. 12 Dans le contexte d’une communauté d’individus, se pose à nous la tâche de définir le concept de connaissance organisationnelle : 13 – est-elle la somme des connaissances individuelles ou son intersection ? 14 – existe-t-il une connaissance indépendante des acteurs qui l’ont créée ? 15 – quelles interactions entre les savoirs de deux individus, d’un groupe, d’une entreprise ? 16 – quelles interactions entre les savoirs tacites et les savoirs explicites ? 17 – quels dispositifs peuvent faciliter ces interactions ? 18 Nous proposons à cet effet de revenir dans un premier temps sur quelques concepts clés de la dynamique de la connaissance : 19 1 – les systèmes de représentation, 20 2 – l’articulation entre connaissance tacite et connaissance formelle, 21 3 – le langage et l’action, 22 4 – la capitalisation, qui nous permettront d’introduire la connaissance organisationnelle. Les systèmes de représentation 23 La vision mécaniste et positiviste considérait la connaissance comme le miroir d’une réalité, un objet universellement partagé et la recherche d’une vérité unique. Dans cette logique, le but du scientifique était de découvrir « le plan de câblage de l’univers », puis de le partager sous forme d’universaux en tout genre : axiomes, théorèmes, règles et méthodes, croyances. 24 Cette logique de pensée convient bien à la résolution de systèmes dit compliqués, c’est-à- dire réductibles par l’analyse à une somme d’éléments premiers, dont le sens est connu par tous. 25 Mais le manager peut-il prendre la vraie décision ? Un constructeur automobile peut-il mettre sur le marché une voiture plus vraie que les autres ? 26 Nous devons admettre que l’approche positiviste ne convient pas pour aborder des situations complexes, c’est-à-dire non réductibles par l’analyse. 27 L’élément central de l’approche constructiviste est qu’un système n’existe que par la représentation individuelle de l’observateur, par sa construction mentale, variable en fonction de sa culture, de ses intentions ou de son projet, et de son contexte d’observation. 28 L’« observable » ou le « fait », aussi simple soit-il, est toujours interprété dès sa lecture elle-même, celle-ci se faisant dans un cadre de cohérence cognitive, par des mises en Le management des connaissances : des concepts aux expériences, des expérienc... Communication et organisation, 13 | 1998 2 relations, analogies, correspondances, et tout un appareillage de concepts élaborés par le sujet lui-même. Figure 1 : composants du système de représentation (d’après D. Genelot1) 29 Une fois admis que la subjectivité gouverne l’ensemble des représentations individuelles d’un système, on conçoit que le processus de construction collective d’une représentation passe nécessairement par une étape de mise en commun des perceptions, de confrontation, de négociation et de délibération de ces différentes subjectivités. 30 Cela concerne en premier lieu le monde de l’entreprise, et à tout son pilotage stratégique, qui prend sa source dans la vision intersubjective des différents acteurs. réalité système de représentations représentation 31 Cette étape est nécessaire à la construction d’un sens commun, au passage d’une somme de connaissances individuelles à une connaissance collective. Cette étape est aussi celle par laquelle la connaissance explicite collective génère du tacite pour chaque individu. Connaissance tacite et connaissance explicite 32 Dans ses travaux, Nonaka2 distingue quatre états de connaissance : une connaissance tacite individuelle, explicite individuelle, explicite collective et tacite collective. Il montre que le développement des savoirs dans l’organisation implique la transmission entre les individus et il décrit la dynamique de transformation entre ces différents états : 33 – du tacite vers le tacite : socialisation 34 – du tacite vers l’explicite : formalisation 35 – de l’explicite vers le tacite : intériorisation 36 – de l’explicite vers l’explicite : combinaison Le management des connaissances : des concepts aux expériences, des expérienc... Communication et organisation, 13 | 1998 3 Figure 2 : Matrice des états de la connaissance et de leurs transitions (d’après Nonaka3) 37 La socialisation représente l’interaction des individus au sein d’un groupe ; c’est un processus d’ajustement de l’intersubjectivité, d’intégration culturelle. L’apprentissage se fait par l’observation, consciente ou inconsciente, par l’imitation, par communauté de pratiques et partage d’expériences, sans le recours au langage ni à la codification. 38 La formalisation désigne l’explicitation, par le discours ou l’écrit, des pratiques et des croyances ; sa difficulté réside dans l’adoption d’un langage et de concepts partagés. 39 L’intériorisation représente l’enracinement de la connaissance explicite dans des séquences pouvant atteindre le stade du réflexe, de l’automatisme, et devant normalement s’accompagner de gains d’efficience. 40 La combinaison, par le biais d’un langage commun, autorise la communication des connaissances explicites qui sont combinées, rapprochées pour produire, par induction, déduction, hybridation, des connaissances nouvelles. Le langage et l’action 41 Si nous voulons adopter une approche collective de la connaissance, nous sommes amenés à nous situer dans un espace de médiation, qui s’appuie sur le langage, dans le domaine des savoirs explicites, et sur l’action dans le domaine des savoir-faire. 42 Mais le langage n’est pas un vecteur de communication parfait. Contrairement à ce qu’affirment les théories shannoniennes de la communication, il ne suffit pas d’un input, d’un output et d’un tuyau pour qu’une connaissance passe d’un individu à un autre. 43 D’abord le langage est multi-plan : trop d’abstraction et de globalisation dans le langage stérilise le contenu, trop de particularisme et de spécificité entraîne du bruit et nuit à la compréhension ; si les acteurs veulent communiquer efficacement, ils doivent se situer sur le même plan. 44 Ensuite, avec la sémantique, le langage porte en lui-même toute la subjectivité des acteurs. En effet, si le mot, comme symbole collectif, appartient à la communauté Le management des connaissances : des concepts aux expériences, des expérienc... Communication et organisation, 13 | 1998 4 linguistique et sémantique, le sens qu’il recouvre est purement individuel car il est intimement lié à l’expérience et à l’environnement cognitif dans lequel se place l’individu. Dans une conversation, deux interlocuteurs peuvent arriver à partager des mêmes points de vue s’ils établissent un processus de coopération : écoute active, participation, questionnement, adaptation sémantique, feed-back, reformulation. 45 Cette composante sémantique est bien entendu capitale pour la mise au point des outils de capitalisation de la connaissance car elle sous-tend la question de la pertinence des descripteurs, des mots-clés, et du thésaurus et uploads/Philosophie/ communicationorganisation-2024.pdf
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- Publié le Jan 09, 2022
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