Cahiers Spiritains Cahiers Spiritains Volume 20 Number 20 Décembre Article 5 19

Cahiers Spiritains Cahiers Spiritains Volume 20 Number 20 Décembre Article 5 1986 Connaissance du Judaïsme et Spiritualite spiritaine Connaissance du Judaïsme et Spiritualite spiritaine Roger Le Déaut Follow this and additional works at: https://dsc.duq.edu/cahiers-spiritains Recommended Citation Recommended Citation Le Déaut, R. (1986). Connaissance du Judaïsme et Spiritualite spiritaine. Cahiers Spiritains, 20 (20). Retrieved from https://dsc.duq.edu/cahiers-spiritains/vol20/iss20/5 This Article is brought to you for free and open access by the Spiritan Collection at Duquesne Scholarship Collection. It has been accepted for inclusion in Cahiers Spiritains by an authorized editor of Duquesne Scholarship Collection. CONNAISSANCE DU JUDATSME ET SPIRITUALITE SPIRITAINE* par Roger Le D6aut, cssp. La publication du Commentaire sur S. Jean et la th6se r6cente du P. Cahill sur les sources de la spiritualite du P. Li- bermann justifient, semble-t-il, la presence de considerations plus g6nerales, dans ce fascicule des Cahiers Spiritains, sur I'importance du judaisme : pour comprendre le christianisme d'abord et, plus concretement, notre vocation particuliere dans une congregation fondee par un juif. Libermann etait juif et Test toujours reste. Cette formule pourra choquer. Mais elle reprend textuellement ce que les « Notes pour une correcte presentation des Juifs et du judaisme dans la predication et la catechdse de I’Eglise catholique» disent de Jesus lui-m§meL Et nous voile deja dans le guepierl Le sujet des relations Judaisme-Eglise souldve toujours des reactions passionnees. Mais on ne peut I'esquiver; il reste essentiel pour le chretien. Nous sommes ici devant un mystere de I'histoire du salut, et Paul lui-mSme, h court d'explications, se refugie dans une louange de la Sagesse insondable de Dieu {Rom 11, 33). Je voudrais seulement proposer ici des elements de re- I flexion et quelques pistes de recherche sur ce que doit repre­ senter pour nous le judaisme. Apr6s quelques considerations plus generales, nous releverons certains aspects qui doivent nous interesser plus particulierement en tant que chretiens et spiritains. * Ces pages reprennent en substance quelques reflexions developpees e Rome lors d'une rencontre avec des etudlants de Chevilly (le 28 oct. 1984), e I'occasion de la beatification du P. Brottier. Recrites e Jerusalem (mars 1986), elles sont plus que jamais d'actuaiite. ’ Rome 24 juin 1985. Cf. Doc. cath. 1985, n. 1900, 733-738. Ce texte important pourra completer I'esquisse proposee ici. j u d a T s m e e t s p ir it u a l it y s p ir it a in e 1 1 A . Co mme n t LE JUDAISMS SE d E f in it Les documents du Saint-Si6ge, dans la ligne de la Declara­ tion Nostra Aetate de Vatican II (1965), r6p6tent que la condi­ tion essentielle du dialogue est de connaTtre «les traits essen­ tials (par lesquels) les juifs se d6finissent eux-memes dans leur r6alit6 religieuse vecue» (Cf. Doc. Cath. 1985, 733). 1) C'est avant tout la fameuse trinit6: un Dieu, un peuple, une terre. Un peuple formant un tout d'Abraham k la venue du Messie, ayant gard6 durant toute son histoire une fid6lit6 acharn^e au Dieu unique et un lien avec la terre promise aux descendants d'Abraham (Gen 15, 18). Les chr6tiens, avec I'Apocalypse, voient au terme de I'histoire une Jerusalem cS- leste; les juifs pensent a la J6rusalem terrestre, demeure de Dieu (de la Shekinah = Pr6sence). Malgr6 toutes les difficult6s, ces conceptions religieuses fondamentales ne peuvent etre ignor6es pour des raisons historiques ou politiques. La formation d'un type nouveau de judalsme (dit «rabbini- que»), aprds la destruction du Temple en 70, ne doit pas faire oublier que ce dernier continue I'lsrael de cette Bible qui nous est commune. Cette solidarite fait qu'un juif le reste toujours. Celui qui devient chr6tien reconnaTt simplement que la destin6e de son peuple s'est accomplie en J6sus de Nazareth, Messie d'Israel. Les juifs disent volontiers qu'ils n'ont pas besoin du christianisme pour se definir; ce dernier, en revanche, a besoin du judaTsme pour exister et se comprendre. 2) Les juifs considerent leur mission comme celle d'une fidSlitS tota\e i la Torah (malheureusement traduit par Loi), par une vie qui «sanctifie le Nom», en se conformant ^ toutes les volont6s du Seigneur. «Sanctification du Nom» est m§me I'ex- pression traditionnelle qui designs le martyre et la premiere demands du Pater se retrouve dans les plus anciennes pridres juives. La presence de Dieu habits tout le cr66 et sacralise tou­ tes les actions de la vie; la volonti divine interpelle partout et toujours le croyant. C'est dans cet esprit qu'il convient de comprendre I'importance qu'attachent les juifs religieux a la kashrut (regies concernant les aliments). Au lieu de sourire de cette fid6lit6 extreme, le chr6tien devrait en respecter les moti­ vations profondes et se souvenir que le N.T. insists aussi sur I'observance des commandements (cf. 1 Jean 5, 2-3). Le 1 2 j u d a T s m e e t s p ir it u a l it y s p ir it a in e P. Dubois rappelait recemment que «cette fid6lit6 d'Israel de- meure un module permanent et exigeant pour notre propre r6ponse ^ I'appel de Dieu»^. On a trop souvent caricature la religion juive en oubliant que la piet6 traditionnelle se nourrit surtout de la Bible, une des sources essentielles de la pri^re chretienne. Beaucoup jugent le judaisme sur quelques perles tir6es de I'immense lit- t6rature rabbinique, surtout du Talmud (qui est un compte-ren- du de discussions acad6miques). C'est comme si Ton pr6sen- tait le christianisme a partir des seuls ouvrages de jadis sur la morale et le droit canon. On ignore aussi trop la mystique juive et des courants importants, comme le mouvement hassidi- que^. 3) Les juifs croient en la permanence de Velection. C'est un truisme. Mais le peuple chr6tien a et6 toujours port6 ^ contester ce privilege, compris de fagon 6troite et exclusive, alors qu'il repr^sente la premiere 6tape dans I'initiative du salut universe! des hommes {Gen 12, 3). Israel garde sa place dans la maison du P6re (comme le fils ame dans la parabole de I'Enfant prodigue) et continue d jouer un r6le (mysterieux) dans I'histoire du salut. Dieu ne lui a jamais retire son amour ni reni6 ses promesses (relire Rom 9-11). Jean-Paul II a rappel6 cette r6alit6 permanente du peuple juif, devant des repr6sentants de la communaut6 juive ^ Mayence (17 nov. 1980), en utilisant une formule d'une grande port6e th6ologique: « . . . le Peuple de Dieu de I'Ancienne Alliance, qui n'a jamais revoquee» (cf. Doc. cath. 1985, 733). Ce peuple reste 6iu («Dites plutot en ballottagei^, r6pli- quait le juif Tristan Bernard!). Et c'est en lui que nous le som- mes, par J6sus (Rom 11, 16-18). Si un grand nombre ne I'a t pas reconnu comme le Christ-Messie, «leur faux pas h procure le salut aux pafens» (v. 11). La mission hors d'Israel est pre­ sentee dans le N.T. comme provoqu6e par le refus des juifs (Actes 13, 46), ou Paul reconnaTt un element du plan divin. 4) Le judaisme est la seule religion qui se pr^sente com­ me porteuse d'une Revelation destin6e e tous les hommes (et * * Etudes, f6vrier 1986, 237. 5 Cf. les ouvrages de A. Heschel. Sur les juifs hassidiques, II existe un ouvrage du juif alsacien A. Mendel, dans la Collection des «Vies quotidien- nes». j u d a T s m e e t s p ir it u a l it y s p ir it a in e 1 3 le christianisme s'explique en relation avec cette mission)^. II est aussi essentiellement t6moin de la transcendance, comme de I'extraordinaire proximity de Dieu. La Bible en t^moigne, mais aussi la tradition juive dans son ensemble. La Shekinah n'abandonne jamais le peuple 6lu et, d'une certaine maniere, partage toutes ses 6preuves. II y a li comme une 6bauche de I'Incarnation; c’est la meme conception qui passe du niveau de I'image a celui de la r6alit6. Un chr6tien qui croit en la Provi­ dence se sentira questionn6 dans sa foi par une tragedie com­ me celle de I’Holocauste qui a marqu6 i jamais tout le judais- me et dont on n’a pas encore fini de d6gager toutes les impli­ cations th6ologiques. II est vrai que jusqu’ici la th6ologie chre- tienne du judaisme a et6 surtout n6gative. Ces considerations nous introduisent d6j^ au point sui- vant. B. No t r e in t Y r Y t po u r l e j u d a T s me en t a n t q u e c hr Y t ie n s s Une fois reconnue la permanence du judaTsme et son unit6 au cours d'une histoire millenaire, il serait facile de dresser une longue liste de motifs pour lesquels la connaissance du judaTs­ me est indispensable pour comprendre le christianisme dans ses origines, son d6veloppement, son contenu religieux. Voici seulement quelques perspectives. 1) Des rapports uniques existent entre les deux religions, «N6es au niveau m§me de leur propre identity» (Jean-Paul II, 6 mars 1982), ayant en commun un patrimoine consid6rable {Nostra Aetate). II suffit de penser a tout ce que nous uploads/Philosophie/ connaissance-du-judaisme-et-spiritualite-spiritaine.pdf

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