Pistes pour un corrigé sur le sujet 1 : Peut-on douter de tout ? Introduction :

Pistes pour un corrigé sur le sujet 1 : Peut-on douter de tout ? Introduction : résumé de l’analyse du sujet et problématique : Douter signifie d’abord ne pas être certain de la vérité d’une opinion. Lorsque je doute, c’est que je ne suis pas sûr de la vérité de la thèse que je soutiens ou de celle que les autres soutiennent. Le doute incarne ainsi une prudence, voire une certaine humilité, la conscience de ses propres limites. Mais le doute a aussi une autre signification : il peut symboliser une véritable méfiance, une remise en cause plus radicale de l’homme destinée à lui rappeler que l’accès à la vérité lui est interdit. Pour les philosophes sceptiques de l’Antiquité, les pyrrhoniens, le doute ne caractérise pas de manière ponctuelle et provisoire l’incertitude que nous pouvons avoir à l’égard de certaines de nos opinions ou de nos croyances. Pour le scepticisme radical, c’est toute la connaissance humaine en tant que telle qui est douteuse. Douter, c’est donc renoncer à une croyance, celle qui consiste à croire que l’homme serait capable de connaître la vérité. Dans ce cas, peut-on douter de tout ? Il semble au premier abord que douter de tout n’est pas possible : certaines vérités seraient certaines, indubitables. Pourtant, la certitude n’est-elle pas une illusion, si nous considérons la finitude de l’homme ? Ne peut-on pas remettre en cause tous les jugements faits par l’homme, du fait même qu’il ne soit qu’humain ? Le doute est-il alors le signe de l’échec de la pensée ou la condition même de son progrès ? I. Tout d’abord, on pourrait ne pas douter de tout : certaines vérités semblent indubitables. A. Définissons tout d’abord ce que signifie « douter ». Douter, c’est remettre en cause la vérité d’une opinion. C’est la considérer comme insuffisamment fondée, c’est mettre en évidence son caractère incertain. C’est parce que l’individu est incapable de rendre raison de sa pensée, de la fonder complétement, c’est parce qu’il est incapable de penser la réalité telle qu’elle est qu’il doute. Il suspend son jugement pour éviter de commettre des erreurs en affirmant des idées fausses sur les choses qui l’entourent. C’est donc par un souci de vérité que l’homme peut ainsi douter. Pour autant, dans la pratique, l’homme doit donc dépasser la phase du doute, qui pourrait, s’il s’installe dans la durée, aboutir à une paralysie de la pensée voire de l’action. C’est ce qu’on appelle l’irrésolution, l’incapacité à choisir d’agir par peur d’échouer ou de se tromper dans son choix. L’homme ne peut pas se contenter de vouloir éviter de commettre des erreurs, même si ce principe est louable en lui-même. L’homme doit se risquer à émettre un jugement, aussi prudent soit-il. Il doit s’engager, il doit agir et donc considérer que certaines pensées sont meilleures que d’autres, que certaines actions sont meilleures que d’autres. B. De plus, ne peut-on pas trouver des vérités absolument certaines ? Pour trouver une première vérité indubitable, Descartes choisit paradoxalement d’appliquer provisoirement le doute radical, hyperbolique et méthodique. Il s’agit d’appliquer le doute jusqu’aux fondements de la connaissance, à toutes les formes de pensées et de manière rigoureuse pour ne laisser place à aucune erreur possible. Descartes applique d’abord le doute aux connaissances issues de l’expérience sensible : puisque nous nous trompons quelque fois lorsque nous jugeons trop vite selon les informations sensibles, Descartes choisit de douter de toutes les données sensorielles. Il remet ensuite en question les raisonnements, puisque l’homme est capable de se tromper lorsqu’il utilise mal sa raison, confondant les paralogismes avec les véritables démonstrations. Enfin, ce sont toutes les pensées qui apparaissent comme douteuses, comparables à celles que nous formons quand nous rêvons. Que reste-t-il de cette expérience limite, au terme de laquelle disparait la frontière rassurante entre le réel et le fictif ? En réalité, Descartes trouve à la fin de cette expérience une première vérité indubitable, sur laquelle il va pouvoir reconstruire l’édifice des connaissances. Il s’agit du cogito ergo sum. Si je suis capable de tout mettre en doute, il faut bien que moi, j’existe, en tant qu’être capable de penser. La première des vérités indubitables, c’est ma propre existence en tant qu’être qui pense. C. Ainsi, le cogito est cette première connaissance intuitive indubitable. Il s’agit d’une évidence objective, que chacun peut découvrir en procédant à cette expérience de pensée. D’autres idées intuitives, résistant au doute, peuvent ainsi être découvertes : il s’agit de toutes les idées claires et distinctes, qui s’imposent à l’esprit de l’homme comme vérités premières et incontestables. Descartes repère ces vérités dans les premiers principes établis par Euclide, dans ses Eléménts de géométrie : il s’agit des définitions des objets mathématiques, des notions communes et des postulats. A partir de ces premiers principes, suffisamment simples pour être admis sans doute possible, d’autres vérités plus complexes peuvent être ensuite établies. Ce qui est vrai, c’est non seulement les vérités premières mais également les vérités déduites de manière rigoureuse à partir de ces premières vérités. Ainsi, la démonstration, l’enchaînement nécessaire des principes, nous conduit à des conclusions qui sont également vraies. II. Cependant, ne peut-on pas en réalité douter de toutes les connaissances humaines, du fait même qu’elles ne sont qu’humaines ? Que révèle le doute, concernant l’homme et ses capacités ? A. Ce sont les pyrrhoniens qui apparaissent comme les partisans du doute radical. Selon ce courant sceptique de l’Antiquité, aucune connaissance humaine n’est certaine, on pourrait ainsi douter de tout. La réponse sceptique à toute question est donc : « je ne sais pas ». La suspension du jugement est de mise pour éviter toute erreur. Comment expliquer ce renoncement à la vérité ? Est-il le signe ici d’un manque d’effort, d’une paresse intellectuelle ? On choisirait alors de douter pour ne pas avoir à fournir d’efforts intellectuels. Au contraire, l’attitude sceptique incarne plutôt la prise de conscience aiguë des limites de la pensée humaine. Le doute sceptique se fonde sur un premier constat : la contradiction existant entre les opinions humaines, en particulier dans les domaines des opinions morales, politiques, ou religieuses, est indépassable. En effet, sur certaines questions, comme « Quel est le meilleur régime politique ? », « Les dieux existent-ils ? », « Faut-il plutôt être vertueux ou heureux ? »,… on constate non seulement la diversité des opinions, mais également leur contradiction. Comment déterminer alors laquelle est vraie ? On ne sait comment trancher puisque les arguments défendant l’une ou l’autre des positions peuvent être également retenus. B. Comment expliquer que les opinions de l’homme puissent être considérées comme absolument douteuses ? Il s’agit de se souvenir de la leçon du relativisme. L’homme n’a, de fait, accès qu’à l’apparence des choses, elle-même instable, et constamment changeante ; il ne peut connaître l’essence des choses elles-mêmes. Nous ne connaissons le réel que depuis notre point de vue d’humain. La vérité, l’adéquation parfaite entre la pensée et la réalité que nous cherchons à décrire, serait un idéal illusoire. Affirmer que nous pourrions connaître la réalité telle qu’elle et en elle- même, c’est oublier que l’homme ne pense les choses que selon certains prismes, à savoir ceux liés à ses organes sensoriels, à se schémas de pensée, aux concepts qu’il forme. Affirmer quelque chose au sujet de quelque chose reviendrait à figer la réalité mouvante, à en avoir une vision constamment décalée ou comme simplifiée. A partir de ce constat, il devient impossible de se prononcer sur LA vérité d’une opinion. Nous pourrions donc douter de tout ce que l’homme est susceptible d’affirmer. C. Qu’en est-il alors des vérités de raison, des vérités mathématiques qui apparaissent comme les plus sûres ? Pour les sceptiques, tout homme qui cherche à défendre la vérité de son opinion prétend à une certitude, et donc à une preuve, ou à une démonstration de ce qu’il pense. Or, il ne peut pas en trouver ; ainsi même dans les raisonnements mathématiques, on trouve de l’incertain : les principes sur lesquels se fondent les théorèmes sont eux-mêmes non démontrés, ce qui vient considérablement fragiliser la connaissance rationnelle. L’évidence n’est pas un critère suffisamment fort pour être considéré comme le gage d’une vérité certaine. Or lorsqu’on essaie de démontrer les premiers principes, on se heurte à la difficulté d’une régression vers l’infini, à l’impossibilité de parvenir au fondement ultime de toute connaissance. Tout énoncé demande, pour être accepté, de recourir à une démonstration qui le précède, et cela, à l’infini. La raison est incapable de parvenir au point de départ des raisonnements auxquels elle procède. III. Dans ce cas, le doute est-il le signe de l’échec de la pensée ou le signe de son dynamisme possible, comme un remède au dogmatisme ? A. Le doute n’est pas qu’un signe négatif (= je doute parce que je sais que je ne peux rien connaître). Le doute, c’est aussi une attitude positive, celle de l’homme qui cherche à ne pas se tromper, à écarter toutes les opinions douteuses et incertaines pour progresser vers la vérité et pour ne uploads/Philosophie/ corrige-s-des-sujets-bb-sg-2023.pdf

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