UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ÉCOLE DOCTORALE DES HUMANITÉS Centre de recherches en
UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ÉCOLE DOCTORALE DES HUMANITÉS Centre de recherches en philosophie allemande et contemporaine THÈSE présentée par : Koki HIRAISHI soutenue le : 29 septembre 2016 pour obtenir le grade de : Docteur de l’université de Strasbourg Discipline/ Spécialité : PHILOSOPHIE Le statut philosophique de l’enseignement chez Emmanuel Levinas THÈSE dirigée par : M. BENSUSSAN, Gérard Professeur, Université de Strasbourg RAPPORTEURS : M. FRANCK, Didier Professeur émérite, Université Paris Ouest Nanterre La Défense M. SEBBAH, François-David Professeur, Université Paris Ouest Nanterre La Défense AUTRES MEMBRES DU JURY : Mme CHALIER, Catherine Professeur émérite, Université Paris Ouest Nanterre La Défense Remerciements Je souhaite avant tout exprimer mes profonds remerciements à mon directeur de thèse, Monsieur Gérard Bensussan, qui a bien voulu accepter de diriger mes recherches avec confiance et bienveillance, et dont les remarques et critiques éclairantes, ainsi que les livres et l’enseignement oral, se sont avérés pour moi inoubliablement précieux et stimulants. Je tiens également à remercier Monsieur Didier Franck, Madame Catherine Chalier et Monsieur François-David Sebbah, qui ont consenti à lire cette thèse et à participer à la soutenance en tant que membres du jury. Mes remerciements vont aussi à Monsieur Takashi Kawamoto, dont la générosité m’a permis de réaliser cette recherche en jouissant d’une grande liberté. Je lui sais également gré de son enseignement de ce qu’on pourrait appeler l’« esprit d’aventure ». Je remercie également Monsieur Yasuo Imai et Monsieur Tadashi Nishihira, qui n’ont cessé de m’encourager de loin comme de près. Je tiens également à exprimer toute ma gratitude aux membres du Cercle d’études lévinassiennes au Japon : notamment à Monsieur Tomokazu Baba, Madame Kaori Sato, Monsieur Toshihiro Fujioka, Monsieur Yotetsu Tonaki et Monsieur Shojiro Kotegawa, qui m’ont stimulé par leurs commentaires sur mes travaux en cours. Je remercie chaleureusement Madame Mary-Gaëlle Tacnet qui a relu et corrigé avec une profonde gentillesse mon texte en français. Enfin, j’adresse mes profonds remerciements à mes parents qui m’ont permis de surmonter les difficultés inhérentes à la vie de doctorant à l’étranger. Abréviations * Les abréviations utilisées dans les références aux œuvres de Levinas sont les suivantes : THI : Théorie de l’intuition dans la phénoménologie de Husserl (1930) QRPH : Quelques réflexions sur la philosophie de l’hitlérisme (1934) EE : De l’existence à l’existant (1947) TA : Le temps et l’autre (1948) EDE : En découvrant l’existence avec Husserl et Heidegger (1949/1967) LC : Liberté et commandement (1953) TI : Totalité et infini : Essai sur l’extériorité (1961) DL : Difficile liberté : Essais sur le judaïsme (1963/1976) QLT : Quatre lectures talmudiques (1968) HAH : Humanisme de l’autre homme (1972) AE : Autrement qu’être ou au-delà de l’essence (1974) NP : Noms propres (1976) DSAS : Du sacré au saint : Cinq nouvelles lectures talmudiques (1977) ADV : L’au-delà du verset : Lectures et discours talmudiques (1982) DQVI : De Dieu qui vient à l’idée (1982) EI : Ethique et Infini. Dialogues avec Philippe Nemo (1982) TEI : Transcendance et intelligibilité (1983) HS : Hors sujet (1987) EN : Entre nous : Essai sur le penser-à-l’autre (1991) IH : Les imprévus de l’histoire (1994) AT : Altérité et transcendance (1995) Œuvres 1 : Œuvres 1: Carnets de captivité suivi de Écrits sur la captivité et Notes philosophiques diverses (2009) Œuvres 2 : Œuvres 2: Parole et Silence et autres conférences inédites (2011) Nota Bene : * Concernant les autres abréviations éventuellement utilisées dans chaque chapitre, elles seront explicitées dès leur première utilisation. * Les crochets ([ ]) insérés dans les citations contiennent notre explication. * Les soulignements (« enseignement ») dans les citations ont en principe été ajoutés par nos soins, tandis que les mises en italique ( « enseignement ») présentes dans les citations ont toujours été réalisées par l’auteur lui-même. 5 Introduction Les recherches que nous présenterons dans cette thèse ont pour principal but de mettre en lumière le statut philosophique de l’enseignement chez Emmanuel Levinas. Nous essayerons de montrer que le concept d’enseignement est mis en œuvre – bien que de façon souvent latente et implicite – dans l’ensemble de sa pensée philosophique. Comme nous l’examinerons tout au long de notre travail, ce concept d’enseignement se détermine chez Levinas d’une manière assez différente à celle habituelle. À savoir que l’enseignement désigne, non pas la transmission des connaissances d’une personne à l’autre, mais, avant tout, l’épreuve consistant à être mis en question dans la relation avec autrui, que le philosophe qualifie d’éthique. C’est du point de vue du croisement de l’enseignement et de l’éthique que notre thèse envisage d’aborder les divers problèmes fondamentaux de la philosophie de Levinas et, par-là, de jeter une nouvelle lumière sur celle-ci. Étant donné que l’enseignement n’est pas considéré, en général, comme une notion clef de la philosophie de Levinas, il nous faut préciser la problématique de notre thèse, en prenant en compte l’état actuel des recherches lévinassiennes. L’une des tendances des études lévinassiennes publiées durant ces dernières années consiste à porter une attention particulière aux concepts ou thèmes jusqu’alors peu étudiés, afin d’éclairer la philosophie de Levinas sous un jour nouveau. Pour n’en citer que quelques exemples, le livre de David Brezis, paru en 2012, essaie d’interpréter l’ensemble de la trajectoire philosophique de Levinas en termes de « sacrifice »1. Dans son ouvrage datant de 2014, Dan Arbib, s’efforce quant à lui de mettre en lumière la critique et la fondation de la « rationalité » chez Levinas du point de vue de la « lucidité de l’éthique »2. À cela on peut ajouter la publication récente des textes inédits du 1 David Brezis, Levinas et le tournant sacrificiel, Paris, Hermann, 2012. 2 Dan Arbib, La lucidité de l’éthique : Études sur Levinas, Paris, Hermann, 2014. Les récentes études lévinassiennes réalisées par les jeunes chercheurs japonais font écho à cette tendance. Tout d’abord, le livre de Tomokazu Baba, publié en 2012, essaie d’élucider le concept de paganisme chez Levinas du point de vue de l’« autre de l’éthique » (Tomokazu Baba, L’autre de 6 philosophe. Ils nous permettent de suivre le développement de la pensée de Levinas dans tous ses méandres3. Or, à quelques exceptions près, le concept d’enseignement ne retient pas l’attention des recherches consacrées à la philosophie de Levinas. En ce sens, nous pourrions dire que le présent travail s’inscrit dans le courant des études lévinassiennes que nous venons d’esquisser. Toutefois, à vrai dire, l’enseignement n’est même pas reconnu en tant que philosophème, c’est-à-dire comme thème philosophique qui mérite d’être rigoureusement analysé. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que le fait qu’on passe presque sous silence la pensée lévinassienne sur l’enseignement est susceptible d’être expliqué tout du moins par les trois points suivants. Premièrement, il va de soi que la philosophie de Levinas n’a rien à voir avec celle de l’« éducation » au sens habituel du terme, c’est-à-dire avec la théorie consistant à s’enquérir de la méthode pratique de l’éducation (comment enseigner ?), de sa justification (pourquoi doit-on recevoir l’éducation ?), ou encore, de sa téléologie (quel est le but de l’éducation ?). On dirait que Levinas est, bien plutôt, praticien de l’éducation. En effet, le philosophe s’engagea profondément dans l’activité pédagogique en tant que directeur de l’École Normale Israélite Orientale (qui apparaîtra par la suite sous l’abréviation « ENIO »)4. Il a écrit de nombreux articles à propos de l’éducation l’éthique : Le concept du paganisme chez Levinas, Tokyo, Keisoshobo, 2012). Ensuite, dans son travail paru en 2014, Toshihiro Fujioka, s’efforce pour sa part d’examiner divers types de textes de Levinas sous l’angle de la question du « lieu » (Toshihiro Fujioka, Emmanuel Levinas et l’éthique du "lieu" (en japonais), Tokyo, University of Tokyo Press, 2014). Enfin, les recherches présentées par Shojiro Kotegawa, se donnent pour tâche d’élucider le « rationalisme » lévinassien à travers le commentaire détaillé de Totalité et infini (Shojiro Kotegawa, Levinas revivant : Lecture philosophique de "Totalité et Infini" (en japonais), Tokyo, Suiseisha, 2015). 3 Au moins deux colloques ont déjà été organisés en France autour des textes inédits de Levinas, notamment de ses Carnets de la captivité : Danielle Cohen-Levinas (dir.), Levinas et l’expérience de la captivité, Paris, Lethielleux, 2011 ; Emmanuel Housset et Rodolphe Calin (dir.), Levinas : Au-delà du visible. Études sur les inédits de Levinas, des Carnets de captivité à Totalité et infini, Caen, Presses universitaires de Caen, 2012. En ce qui concerne l’importance du Collège philosophique dans la pensée de Levinas – qui, rappelons-le, n’appartenait pas à l’institution universitaire avant la soutenance de Totalité et infini –, on lira avec profit la préface du second volume des Œuvres, rédigée par Rodolphe Calin (Œuvres 2, 13-19). 4 Après avoir décroché en 1946 le poste de directeur de cette école, fondée en 1867 à Paris par l’Alliance Israélite Universelle (qui apparaîtra par la suite sous l’abréviation « AIU »), Levinas continue à diriger cette institution pendant plus de trente ans. Concernant son activité pédagogique à l’ENIO, on pourra consulter avec profit deux biographies sur lui : Marie-Anne Lescourret, Emmanuel Levinas, Paris, Flammarion, 2006, pp.133-145 ; uploads/Philosophie/le-statut-philosophique-de-l-x27-enseignement.pdf
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- Publié le Apv 01, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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