1 Cours d’Agrégation sur Nietzsche 2019-2020 Université de Caen-Normandie Prépa

1 Cours d’Agrégation sur Nietzsche 2019-2020 Université de Caen-Normandie Préparation comodale (en présentiel et à distance) pour l’agrégation de philosophie 2020 Equipe de recherche Identité et Subjectivité 2129 Par Emmanuel Housset Professeur à l’Université de Caen 2 Introduction Bibliographie Je conseille de travailler sur les éditions de poche que j’utiliserai en cours et qui possèdent de bons commentaires. Le plus méthodique est de lire Nietzsche dans l’ordre chronologique : La naissance de la tragédie, GF. Les considérations inactuelles, Folio. Humain trop humain, Folio. Aurore, GF. Le Gai savoir, GF Ainsi parlait Zarathoustra, Folio Par-delà bien et mal, GF La généalogie de la morale, Le livre de poche. Le crépuscule des idoles, GF. L’édition allemande établie par Colli et Montinari se trouve à la Bibliothèque des sciences de l’homme. Collection de poche De Gruyter. Afin de ne pas se perdre dans la pensée de Nietzsche, je vous conseille l’ouvrage de : Patrick Wotling, La philosophie de l’esprit libre. Introduction à Nietzsche, Champs essais. Du même auteur vous pouvez consulter Le vocabulaire de Nietzsche et Le dictionnaire Nietzsche, chez Ellipses. Il existe une biographie de Curt Paul Janz en 3 tomes chez Gallimard. C’est intéressant pour le contexte, mais cela ne permet pas de saisir la pensée de Nietzsche. On peut lire aussi le Nietzsche de Mazzimo Montinari, PUF. Je conseille aussi les deux ouvrages de Michel Haar, Nietzsche et la métaphysique, TEL Gallimard et Par-delà le nihilisme, PUF Jean Lefranc, Comprendre Nietzsche, Armand Colin, 2009. Patrick Wotling, « Oui l’homme fut un essai », PUF, 2016. 3 Olivier Ponton Nietzsche. Philosophie de la légèreté, Berlin/New York, de Gruyter, Monographien und Texte sur Nietzsche Forschung, 2007, 343 p. Aussi Nietzsche, Choses humaines, trop humaines, « De l’âme des artistes et des écrivains » (§ 145 à 156), traduction et commentaire, Paris, Ellipses, 2001, 94 p ; Philosophie de l’esprit libre. Études sur la genèse de Choses humaines, trop humaines, sous la direction de Paolo D’Iorio et Olivier Ponton, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2004, 182 p. Le gai savoir de Nietzsche, CNRS éditions, 2018. Surtout il faudra lire l’ouvrage de Didier Franck, Nietzsche et l’ombre de Dieu, PUF ; Une présentation vraiment conceptuelle de la philosophie de Nietzsche. Conseil de lecture On se perd facilement dans l’œuvre de Nietzsche étant donné son étendue, sa genèse (notamment le passage de la question de la volonté à celle de la Volonté de puissance) et également à cause du poids de certaines interprétations. Il est fortement conseillé de revenir au texte lui-même et de parvenir à confronter les textes entre eux de manière à pouvoir dégager quelle est véritablement la thèse de Nietzsche. Autrement dit, il ne faut pas se laisser prendre par certaines déclarations isolées, car il n’est pas toujours évident de déterminer qui parle dans le texte. Les fragments posthumes ne sont pas dans le programme du concours de l’agrégation cette année. Si aucun texte issu des fragments posthumes ne pourra être donné à l’écrit de l’agrégation 2020, il faut tout de même lire ces fragments sans lesquels certaines analyses, comme celles sur l’Eternel retour, sont difficilement compréhensibles. En outre ces fragments ne sont pas des « brouillons », mais de véritables textes de recherche. Il est donc impossible de les ignorer pour entrer dans la pensée de Nietzsche. Le mieux est de lire ces fragments dans leur ordre historique. L’œuvre de Nietzsche est bien éditée. Il y a non seulement l’édition allemande chez De Gruyter réalisée par Giogio Colli et Mazzino Montinari (qui se trouve à la bibliothèque de l’UFR), mais également sa traduction dans la collection grise chez Gallimard (aussi à la bibliothèque). Cette traduction est maintenant beaucoup discutée, mais il existe de très bonnes éditions de poche qui soit corrigent cette première traduction complète, soit proposent de nouvelles traductions. Ces éditions de poche ont souvent également des notes très précieuses. (Par exemple l’édition d’Aurore en GF, Par-delà bien et mal en GF). On peut cependant utiliser des traductions plus anciennes comme celles qui se trouvent dans les deux volumes de l’édition Bouquins, qui a le mérite d’avoir un index. Il y a également deux volumes dans la Bibliothèque de la Pléiade chez Gallimard qui seront à consulter pour les explications de textes. La manière de lire Nietzsche a beaucoup changé depuis 50 ans. Il y a moins de lectures de surplomb voulant homogénéiser la philosophie de Nietzsche, souvent à partir des derniers textes, et il y a aujourd’hui une bien plus grande attention à l’évolution de sa pensée, à la diversité des textes, voire à l’irréductibilité de certains textes. On dispose d’études très bonnes sur l’ensemble de la pensée de Nietzsche, mais également d’études sur des ouvrages particuliers, ce qui est très important pour l’écrit de l’agrégation dans lequel il s’agit 4 d’expliquer un passage précis, de savoir le situer dans une œuvre, sans qu’il devienne un simple prétexte à un exposé général sur Nietzsche. Je vous conseille vivement de vous constituer votre propre lexique Nietzsche au fur et à mesure de vos lectures et d’apprendre certaines citations par cœur. Il me semble aussi préférable de comprendre Nietzsche à partir des œuvres centrales chronologiquement (Humain trop humain, Aurore, Le gai savoir), plutôt que par le premier ou le dernier Nietzsche. Biographie Première période 1844-1869. Nietzsche est élevé par sa mère et sa sœur en Prusse ; il va à l’école à Pforta, puis à l’université à Bonn et Leipzig. Il a d’abord l’intention de devenir philologue. En 1866 il lit l’ouvrage de Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation. Ce texte exerce une influence considérable sur Nietzsche, même s’il s’en éloigne assez rapidement. Il effectue également des études sur Démocrite et il fait de façon générale de la philologie grecque. Pour lui la philologie ne l’éloigne pas de la philosophie, bien au contraire. Deuxième période : 1869-1879. Ce sont dix années d’enseignement à l’université de Bâle en Suisse. Il donne des cours sur la grammaire latine, sur les philosophes pré-platoniciens, sur les Choéphores d’Eschyle, sur Les Travaux et les Jours d’Hésiode. Il effectue également des lectures de textes de Platon : L’Apologie, Protagoras. Durant cette période il a une relation importante avec Jacob Burckhardt (1818-1897. Un livre décisif en histoire de l’art : Civilisation de la Renaissance en Italie). Ils ont une conception commune de la culture qui vient ébranler les institutions stables de la vie. Avec lui il oppose science et art, ce qui sera développé dans La naissance de la tragédie, même si dans Humain trop humain il arrive à Nietzsche de valoriser au contraire la science et son objectivité contre l’art et le culte du génie. Pour le moment la rationalité socratique se trouve opposée à la vision apollinienne, comme à l’extase dionysiaque. D’une certaine façon Nietzsche joue Schopenhauer contre Platon. C’est aussi la période de son amitié avec Wagner et sa femme longuement décrite dans la biographie de Curt Paul Janz. En 1870 il fait une courte expérience de la guerre en s’engageant du côté prussien comme infirmier. Il continue à lire Schopenhauer même dans la guerre et rédige des textes sur « La tragédie et l’esprit libre ». Il fut très enthousiaste au départ et finit par avoir des doutes sur la cause prussienne. Le 2 janvier 1872 paraît La naissance de la tragédie enfantée par l’esprit de la musique. En 1886 il aura un second titre La naissance de la tragédie, Hellénité et pessimisme1. I s’agit 1 Sur le titre voir, Œuvres 1, Bibliothèque de la Pléiade, page 856, note 1. 5 du premier grand ouvrage de Nietzsche au-delà de ses travaux de philologue. L’apollinien et le dionysiaque y deviennent des concepts fondamentaux. Dans la tragédie, le chœur, c’est-à- dire l’esprit de la musique et de l’indifférenciation dionysiaque, produit le héros tragique individuel, lequel n’apparaît sur la scène que pour s’acheminer vers sa perte. L’art, et d’abord la musique, rend l’existence possible. Dionysos devient l’alternative métaphysique au christianisme. Le mythe tragique donne à voir que même le laid et le dysharmonique sont un jeu esthétique où la volonté joue avec elle-même dans l’éternelle plénitude de son plaisir. Il devient possible d’accéder à ce phénomène originaire de la volonté dans l’art dionysiaque. Dans un texte de 1873 (à lire, Œuvres 1, Pléiade, p. 314 et sv.) La joute chez Homère, Nietzsche défend l’idée que le combat (agôn) est le principe de l’existence grecque et il interroge le sens de ce combat. La joute est un composé de démesure et de créativité, de dynamisme. Il y a une bonne discorde (Eris) qui transforme les passions comme la haine ou le plaisir de détruire en puissance d’émulation. « Et l’homme moderne ne redoute rien tant, chez un artiste, que l’élan au combat où se risque sa personnalité ; alors que le Grec reconnaît l’artiste seulement dans le combat où sa personnalité est en jeu. Là où l’homme moderne flaire une faiblesse de l’œuvre d’art, le Grec cherche la source de sa force la plus haute » (p. 320) … « Ce qui prouve que, sans l’envie, la uploads/Philosophie/ cours-sur-nietzsche-agregation-2020.pdf

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