LE PROBLEME DE LA GENESE DANS LA PHILOSOPHIE DE HUSSERL ]ACQUES DERRIDA PRESSES

LE PROBLEME DE LA GENESE DANS LA PHILOSOPHIE DE HUSSERL ]ACQUES DERRIDA PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE ISBN 2 13043011 2 ISSN 07680708 Dépot légal - 1" éclition: 1990, .eptembre 2' tirage: 2004, aoüt e Prosse. U nivenitaires de France, 1990 6, avenue Reille, 75014 Paris A VER TISSEMENT Pal/ait-il publier cet éerit de 19JJ-I9J4? A la vérilé}e tkJis de dire qu'aujollr- d'hui encore, et pourlant e'esl chose faite,je n'en mis pas slir. Pendant les mois qui onl précédé eelte publication, la qtlalité idiomatique de I'expression franfaise « s'éeouter» m'a parll pllls instable que jamais, menafante parfois. S'écolller, pellt-on aimer cela? Aimer sans lemallVaisgoi2td.lI1I poison ou l'avanl-goi21 d'lI1Ie maladie? ]'en Joute de plm en plm. On s'éeoule toujOIl1'S, certes, quand on eMe ti la tentation de Pllblier. Comment le JJnier? AIItremenl dit : commenl faire alltre ehose qlle le JJnier? On écollte alors son dlsir, bien si2r, et on écoute eneore, on accepte a1l moins d'entendre ti nOllVea1l résonner pendant qlle/qlle temps la voix qui parle dans le texte. Mais esl-ce encore po.r.rible pres de quarante ans apre.r ? Parll¡i les inqlliétudes, les réticenees, voire les objections qlli se sont mllltipliées en moi ti la releeture de eet ollvrage, parmi les malaises que j' ai ressentis alors, c'est ti m' écollter que je fus le plus troublé, dans l' expérience qui consiste a s' entendre a peine, alJec peine, eomme sur une bande magnétiqlle ou a I'éeran, et a reconnaltre sans reconnaltre, je veux dire sans l' accepter, sans meme la tolérer, ti traven la mémoire de déplaeements philosophiqlle.r, rhétoriques, stratégiques, une maniere de parler, ti peine ehangée peul-etre, la posi/ion ancienne el presque fatale d'lI1Ie voix, du ton pllltót. Ce/ui-ci ne se lai.rse pllls di.r.rocier d' 1111 geste ineontrólable }lISque dans le contróle de soi : c'esl comme un mOllVement du corps, loujollrs le mime all fond, POIl1' s'engager dans le P'!Ysage d'lI1I probleme, si spéCIIlatif qu'il paraisse. Et 10llt " cela, olli, apparalt comme sllr lI1Ie vieil/e pel/iCIIle, le film esl presque mllet, on perfoit sllrtolll le brllit de la machine, on identifie des si/houelles anciennes el familieres. A IIne tel/e distance, on ne pellt plllS s'écollter 011 p11l16/, si on }elll aII contraire, " VI LA GENESE I>ANS LA PHILOSOPHIE DE HUSSERL hélas, commellcer ti entendre UII peu mieux, e'esl aussi qu'on a le plus de mal ti le jaire : souffrance deIJanl un écran, al/ergie ti la présence auloritaire d'une image de soi, ti la jois sonore et IJisuel/e, dont 011 se dit qu' au jond, peuI-Itre, on ne l' a jamais aimée, pas vraiment connue, ti peine croisée. C'était 1110i, c'est moi, fa? Je n' avais pas relu ce traIJail d'étudiant depuis plus de trente ans. L'idée d'une publication, bien entendu, ne m' avait jamais ef!leuré. Peu soueíeux de sall/Jer ieí les apparences, diraisje que si je n' aIJais écouté que moi,je n' aurais pas écouté mes amis ? N' auraisje pas dl1 résister plus jermement aux conseils de certains lecteurs (notam- ment de certains col/egues du Centre des Archives Husserl ti Paris, en premier lieu Franfoise Dastur et Didier Franck) ainsi qu' ti la généreuse proposition de Jean-Luc Marion, directeur d'une col/eclion dans laquel/ej'aIJais déjti publié d'autres études sur Husserl alors qu'el/e était dirigée par son jondateur? Car Jean Hjppolite aIJait aussi lu ce traIJail avec sa sol/ieítude habituel/e, et il m' avait en I9 JI encouragé ti en préparer la publication. Que j' aie eu tort ou raison, ti la fin, de me laisser conlJaincre, reste ceeí " du risque pris je garde seul toute la responsabilité, cela IJa de soi. Mais en rappelant ce que celte publication leur doit,je liens ti remereíer ces amis de leur conftance, mime et surtout sij'hésite a la partager. Cet oUlJrage correspond ti ce qu'on appelait alors un mémoire pour le dipláme d'études supérieures. Je le préparai en I9J j-I9 J4 SOIlS la direction bienveillante et IJigilante de Maurice de Gandil/ac, projesseur ti la Sorbonne, alors que j'étais élelJe de deuxieme année ti I'Ecole normal e supérieure. Grace ti M. de Gandil/ac et au P. Van Breda,j'avais pu, au cours de la mime année, consulter certains inMits de Husserl allX Archives de LolI/Jain. Si quelqu'un s'approchait de ce livre ancien,je deIJrais maintenant le laisser seu/, ne prévenir en rien sa lecture et me retirer aussitát sur la pointe des pieds. Je devrais en particulier, non moins que les confidences, m'interdire les interprétalions philo- sophiques. Je ne devrais meme pas mentionner la chose qui m' a pam au jond la plus curieuse dan.r ce document, a .ravoir ce qui, pour répondre ti quelque souci, comme souci de savoir, conjere peut-I/re ti ce travail aujourd'hui quelque signiftcalion documentaire. C'est mon seul espoir, qu'on me pardonne donc d'en dire encore deux mot.r. I. Celte lecture panoramique qui balaie ici tout I'f.lll/Jre de Husserl aIJec I'impu- dence imperturbable d' un scanner .re réclame d' une .rorte de loi dont la stabilité me paralt aujourd'hui d'autant plus étonnante que, jusque dans sa formulation littérale, el/e n' aura ces.ré, depuis lots, de commander tout ce que j' ai tenté de démontrer, comme si une .rorte d'idio!yncrasie négociait ti sa maniere, déjti, une néce.r.rité qui la dépasserait toujour.r et qu'i/ jaudrait interminablement .re réappro- prier. Quel/e nécessité? JI.r'agit toujours d'une complication originaire de I'origine, A VERTISSEMENT VII d' lI11e cOlltamination initiale dll simple, d' 1111 écart inallgllral qll' allctme ana(yse IIe sallrait présenter, rendre présent dans son phénomene 011 rédllire a la ponctllalité instantanée, identiqlle a soi, de Nlément. La question qlli gOllVerne en e1fet tOllt ce trajet, c'est dija :« Comment I'originarité d'lIn fondement pellt-elle etre IIne synthese a priori? Comment tOllt pellt-il commencer par IIne complication? »1 TOlltes les limites sllr lesqllelles se constrllit le discollrs phénoménologiqlle se voient ainsi inter- rogées dePllis la nécwité fatale d'lIne « contamination » (<< implication inaperflle 011 contamination dissimlllée »2 entre les de/IX bords de I'opposition : transcen- dantal/« mondain », éidétiqlle/empiriqlle, intentionnel/non intentionnel, actiflpassij, présent/non présent, ponctue//non ponctue/, originaireldérivé, purlimPllr, etc.}, le tremblement de chaqlle bordure venant a se propager sur toutes les autres. Une loi de la contamination différentielle impose sa logique d' un bout a l' autre du livre ,. et je me demande pourquoi le mot méme de « contamination » n' a cessé depuis 10r! de s'imposer a moi. 2. Mais a travers les moments, les conjigurations, les e1fets de celte loi, la « contamination » originaire de I'origine refoit alors un nom philosophique auquel j' ai dtl renoncer : la dialectique, une « dialeetique originaire ». Le mot revient avec insistame, page apres page. Une surenchere « dialectique » prétend aller au-dela du matérialisme dialectique (par exemple cellli de Tran-Dllc-Thao, sOllVent cité et jugé insujjisamment dialeetique, encore« prisonnier d' une métapbysique»8 ), ou au-dela de la dialectique que Cavail/es croit devoir invoquer contre Husserl dans une phrase alors célebre (<< la nécessité génératrice n'est pas celle d'ulle activité, mais d'tme dialectiqlle » }'. Que, au cours d'lI11e critique tres respectueuse, cet byper-dialecticisme s'explique sOllVent avee Trall-Duc-Thao ou avec Cavail/es (plutót qu'avec d'autres lecteurs franfais de Husserl : Levinas, Sartre, Merleau-Ponty, Ricccur) ,. que quelques années plus tard, alors meme que dans I'Introduction a L'origine de la géométrie (I962) et dans La voix et le phénomene (I967) je poursuivais la lecture ainsi engagée, le mot« dialeetique» ait jini soit par disparaitre totalement, soit meme par désigner ce sans quoi 011 a l'écart de quoi il fallait penser la différance, le supplément d'origine et la trace6, voila pellt-etre Ulle sorte de signali- lo P. 12. z. P.30. 3· P. 257· 4. P. 207 sq. 5. Qu'il s'agisse de la phénoménologie ou de la dialectique, l'éloignement n'a jamais été pour moi sans remords. Ceux que la trace de ce remords intéresse pourraient la trouver partout, par exemple dans « La c\elture de la représentation 1), in L'érrilure el la áifférente, Seuil, 1967. p. 364. .... VIII LA GENESE l)ANS LA PHILOSOPHm DE HUSSERL salio" : SIlT la carie philosophiljNl et politique ti parlir M IaIjNIlle, tIans la Frailee MS a",,;es JO, 1111 IfIIJi.,,1 e" philosophi, cherchail ti s'orl,,,ler. U", rigle allait M lOi, pOIlT l11li lelle pNblkalion, el elle ", sONffrail aNCll1le exeePlion : fJIIe la IIer.non original, ", lOiI moJiftle en rien. Celfe regle a IIls(1'NpN- lelllemenl respect/e', MS imperfecliolll M tOIll orares POllfTont, hilas, l' alfester, en parlicNlier aalllles tradNclions dont je sNisl' aNtellT. S' agissant MS tradNclions el MS rlf/renees aNX OIIIIrages M HlIJserl en g/nlral, il fallait aN moins meltre a jONr les indicalions bibliographiqtlls. DepNis 19!J, les pNblications MS fZNllres M Hlllserl se so"t mNlliplUes, c01llme on sa#, en allemand el en fra"fais. Elisabelh Weber esl l' aNI'1IT M noles qN' elle a jNg/ néeessaire d' ajoNt,r el M signaler entre crochels. Elle a Igalement contr8/1 les rlf/rences, 1IIis ti jOIlT la biblio- graphie'l II,illl aNX /prell1les Mee lillre. Je IIII1X INi aire id ma profonde reconnaissa1lee. film r990. 6. Sauf, je I'avoue, pour quelques fautes de frappe ou de grarnmaire el quelques maladresses de ponctuation. AVANT -PROPOS uploads/Philosophie/ derrida-j-le-probleme-de-la-genese-dans-la-philosophie-de-husserl.pdf

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