HAL Id: dumas-00611512 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00611512 Submitted on 2

HAL Id: dumas-00611512 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00611512 Submitted on 26 Jul 2011 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Le rêve dans la philosophie de Nietzsche Denis Morin To cite this version: Denis Morin. Le rêve dans la philosophie de Nietzsche. Philosophie. 2010. ￿dumas-00611512￿ Denis MORIN Le rêve dans la philosophie de Nietzsche Mémoire de Master 2 « Sciences humaines et sociales » Mention : Philosophie Spécialité : Philosophie et langages sous la direction de M. Philippe SALTEL Année universitaire 2009-2010 Denis MORIN Le rêve dans la philosophie de Nietzsche Mémoire de Master 2 « Sciences humaines et sociales » Mention : Philosophie Spécialité : Philosophie et langages Sous la direction de M. Philippe SALTEL Année universitaire 2009-2010 « [La philosophie] veut, ce que veut l’art, donner à la vie et à l’action le plus possible de profondeur et de signification. »1 1 HTH, I, § 6, p. 442. 4 Remerciements À Eliane Burnet : ce fut un plaisir d’être ton élève. À Philippe Saltel et à Éric Dufour : pour votre lecture et vos précieux conseils, pour votre jugement avisé et magnanime. À tous ceux qui m’ont accompagné et soutenu tout au long de cette aventure, famille, amis et gens de passage : j’aime vos rêves. À l’expérience littéraire, de Nietzsche, des commentateurs et des autres. 5 Sommaire 1ère partie : La conception tragique du rêve............................... 12 CHAPITRE I : L’ART ET LE REVE DU SPECTATEUR ..................................... 13 CHAPITRE II : LA FORCE ACTIVE DU REVE, L’ARTISTE CREATEUR ........... 29 CHAPITRE III : LA CULTURE HELLENIQUE ET LES REVES ......................... 61 2ème partie : Le rêve comme initiateur et révélateur ................. 88 ÉTAT DES LIEUX ........................................................................................ 89 CHAPITRE IV : LOGIQUE DU REVE ET PENSEE DU CORPS ......................... 98 CHAPITRE V : LA « PROTO-REALITE » DU PROCESSUS ONIRIQUE .......... 126 CHAPITRE VI : LA GENEALOGIE DU REVE .............................................. 156 6 Introduction « Le rêve est le jeu de l’homme avec la réalité »2 Il se développe au dix-neuvième siècle un certain nombre de concepts qui viennent bouleverser les idéaux de la raison pensés par les philosophes des Lumières. Le rêve est alors revalorisé au nom des idéaux romantiques. En Allemagne, sont employés pour renouveler la pensée contre les idéaux de la raison les termes de Trieb et de Instinkt. Ce premier est rendu par pulsion, poussée, et fait référence chez Nietzsche à une dynamique et à une énergétique naturelle, corporelle, « physique » au sens grec du terme ; alors que le second est employé dans le sens d’un instinct plus rigide, mécanisé, « asservi » ; d’un instinct logique caractéristique d’une forme de vie du sujet sculptée par des circonstances précises. Nietzsche reprend ces termes au profit de sa philosophie qui se calque dans un premier temps sur la philosophie de Schopenhauer. Nietzsche fait donc de l’instinct un principe explicatif des types d’individus (par exemple l’homme moderne, le noble, le style du peuple grec antique) et de la vie. Un principe qui est manié en opposition à l’idéalisme des Lumières et à un certain platonisme conventionnel et chrétien. La philosophie de Nietzsche se découpe en deux périodes vivement distinctes que Nietzsche distingue lui-même : celle de La Naissance de la tragédie où Nietzsche joue le rôle d’exégète de Wagner et de Schopenhauer (cohérence qui se prolonge publiquement jusqu’à la sortie d’Humain, Trop humain) et celle de la maturité qui n’est cependant pas si stable, mais qui progresse à partir d’elle-même (cohérence qui s’étend d’Humain, Trop humain jusqu'à la fin de sa vie). Nietzsche est donc le fils de son temps en tant qu’il participe premièrement à l’essor du romantisme, mais il l’est encore cette fois à contre temps en cela qu’il se détermine ensuite à 2 NT, FP, « La Vision dionysiaque du monde », § 1, p. 289. 7 l’inverse de l’enthousiasme romantique, donc contre l’irrationnel et la démesure des sentiments mélangés qui fournissent l’art romantique sans unité de style et contre les brumes de la philosophie idéaliste kantienne et post kantienne. Chez Nietzsche, c’est le jeu des instincts entre eux, leurs rapports de puissance, qui donne des types spécifiques d’interprétations. Toute activité, qu’elle soit culturelle ou théorique, est de ce fait le produit d’un jeu d’instincts spécifique, de volontés particulières, qui sont autant de jeux physiologiques. Or, interroger Nietzsche sur le rêve apparaît de prime abord étrange puisque l’on sait en ce qui concerne sa santé les problèmes qu’il rencontre tant au niveau de sa vue, baissant parfois jusqu'à la cécité, que de son sommeil, passant tout au long de sa vie par des périodes d’insomnies3. De même, Nietzsche apparaît avant tout comme le penseur de l’origine des valeurs, un moraliste qui pense en « réaliste » et travail sur la volonté, s’appliquant à revalorisé le réel ; et non comme un penseur des visions de rêve. Alors contre l’argument de santé Nietzsche répond lui-même dans un fragment posthume : Avec cela, je vois mal et mon imagination est (dans le rêve et dans la veille) utilisée pour certaines choses, elle examine des possibles alors que d’autres ne serait pas forcement disponible pour ces éventualités.4 La mauvaise vue de Nietzsche le sert donc pour penser le rêve en cela qu’elle réquisitionne souvent son imagination et la stimule pour l’invention de possibles. Ainsi, contre l’argument d’intention, il y a forcement méprise en cela que son travail de moraliste, ses « traits » autant que ses dissertations ont pour germe cette profusion des possibles, assises certes sur une culture toute aussi vive (de lecture 3 Ainsi, demander ce qu’est le rêve à un insomniaque demande à l’oreille qui entend la réponse une certaine dextérité ; car la limite que ce dernier tracera entre la veille et le rêve ne dessinera pas forcement des contours attendus et ne se justifiera pas toujours par le commun. Un tel questionnement pourrait néanmoins entrainer à une redéfinition des possibilités de la condition humaine. 4 FP-1881, 15 [60] 8 et d’intérêt pour les arts et la science ainsi que tout ce qui fait son dix-neuvième siècle) et pour le moins appliquée. En effet, les commentateurs, outre les oublieux et les « Freudisant », ont eu vite fait de faire des propos sur le rêve de Nietzsche un épiphénomène de sa philosophie des valeurs, ici, autant que possible, il est entendu de démontrer qu’il n’en est rien. Que le rêve occupe au contraire une position prééminente dans la philosophie de Nietzsche, parce qu’en se donnant comme enjeu de revaloriser l’existence sensible, Nietzsche compte le rêve au nombre des expériences sensibles et effectives qui peuplent la vie. Le rêve occupe donc une place de choix chez Nietzsche. Les références abondantes que notre auteur consacre au rêve, ainsi qu’un intérêt constamment renouvelé à son égard dans les posthumes (de l’intérêt naïf et terrible du Nietzsche enfant5 à l’intérêt mature qu’il s’est agit d’étudier) témoigne d’une porte d’entrée trop souvent oubliée de sa philosophie qui appelle à faire naître un regard légèrement nouveau sur son œuvre, une nouvelle lecture. Une nouvelle interprétation bien évidement non exhaustive, qui ne fait pourtant pas fi des précédentes, mais se veut au contraire dans un certain prolongement parce que la compréhension de cette notion de rêve chez Nietzsche n’a cessé de s’enrichir de cette (sur)abondance de commentaires. La place multiforme du rêve, c’est à dire la pluralité de significations qu’il revêt dans le texte de Nietzsche ne peut se comprendre qu’en partant des différents jeux d’instincts que le philosophe psychologue met à jour. A travers la 5 Premiers Écrits, p. 26, extrait de son autobiographie écrite le 27 juillet 1849 : « Une nuit, je rêvai que j’entendais l’orgue de l’église jouer comme pour un enterrement. Je cherchais à comprendre ce qui se passait, quand soudain une tombe s’ouvrit brusquement ; mon père en sortit, vêtu de son linceul. Il entre dans l’église en toute hâte ; en ressort bientôt, un enfant dans les bras. La tombe s’ouvre à nouveau ; il y descend, et la dalle retombe. L’orgue se tait aussitôt. Dans la journée qui suit Joseph est soudain au plus mal ; saisi de convulsions, il meurt en quelques heures. Notre douleur fût immense. Mon rêve s’était réalisé dans le moindre détail. » 9 notion de jeu d’instincts, il entend trouver un axe d’appréhension du dynamisme des images du rêve. Ainsi, si toute interprétation est, chez lui, l’élaboration d’un jeu des instincts, il s’agit ici dans le cas du rêve d’observer son œuvre en se demandant ceci : Quels sont les jeux des instincts qui se rattachent au rêve ? Et comment à travers les jeux de l’homme uploads/Philosophie/ denis-morin-le-reve-dans-la-philosophie-de-nietzsche.pdf

  • 17
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager