GRAND SEMINAIRE DE PHILOSOPHIE SAINT PAUL DE DJIME DIOCESE D’ABOMEY DEVOIR DU C

GRAND SEMINAIRE DE PHILOSOPHIE SAINT PAUL DE DJIME DIOCESE D’ABOMEY DEVOIR DU COURS DE PHENOMENOLOGIE COURS : Philo II Auteur : MIKEL DUFRENNE NOM DU SEMINARISTE NOM DU FORMATEUR AHOUANDJI S. C. Antonio Roland TECHOU ANNEE ACADEMIQUE : 2019-2020 1 PLAN Introduction I- Biobibliographie de Mikel Dufrenne II- Crisis phénoménologique de Mikel Dufrenne III- Recension de son ouvrage « Phénoménologie de l’Expérience Esthétique » IV- Concept de phénoménologie chez Mikel Dufrenne V- Influences des auteurs sur la pensée phénoménologique de Mikel Dufrenne VI- Approches de solution de la pensée de Mikel Dufrenne sur les réalités africaines Conclusion Bibliographie 2 Introduction Sur la scène phénoménologique, il y a plusieurs chemins dans la philosophie de Mikel Dufrenne qui, dans toute leur diversité, orchestrent une scène instable et mouvante où l’esthétique tente sans cesse d’ajuster ses enjeux au projet d’une philosophie de la Nature. La complexité de cette démarche s’étend sur une quarantaine d’années, depuis sa thèse sur la Phénoménologie de l’expérience esthétique. Mais à qui les chercherait, l’œuvre de Mikel Dufrenne donnerait peu de développements directement méthodologiques. Si Mikel Dufrenne donne avant tout, du moins depuis sa thèse, l’image d’un philosophe travaillant consciencieusement à l’école de la phénoménologie, on aurait certes tort de réduire celle-ci à un simple moment de formation ou de maturation. Bien au contraire, il y a tout à gagner à reconsidérer pour elle-même cette dimension afin de prendre la mesure de ce qui s’y joue et s’y décide. Mais, il y a chez Mikel Dufrenne une rigueur tout à fait remarquable qui lui fait chercher dans la phénoménologie non plus une sorte de complémentarité du concept, en dehors de laquelle il n’y a pas de théorie de l’art, mais une nécessité qui empêche l’esthétique de s’ériger en système. Son ouvrage Phénoménologie de l’expérience esthétique vise, en effet, à saisir ce qui fonde la solidarité entre le sujet et l’objet. Contre l’idéalisme, mais aussi face au réalisme, Mikel Dufrenne considère que la corrélation du sujet et de l’objet est un point de passage obligé pour la réflexion. Nous irons à la découverte de cet auteur en donnant sa biobibliographie, sa crisis phénoménologique, la recension de son ouvrage « Phénoménologie de l’Expérience Esthétique », le concept de phénoménologie chez lui, les influences des auteurs sur sa pensée phénoménologique et les approches de solution de sa pensée sur les réalités africaines. 3 I- Biobibliographie de Mikel Dufrenne  Biographie Mikel Louis Dufrenne est né le 9 février 1910 à Clermont (Oise). Elève d'Alain au lycée Henri-IV à Paris, puis admis à l'École normale supérieure en 1929, Dufrenne est reçu cinquième à l'agrégation de philosophie en 1932. Il est un philosophe français, spécialiste d'esthétique, il a donné une orientation phénoménologique à cette discipline. Il a dirigé en collaboration avec Olivier Revault d'Allonnes la Revue d'esthétique. Il est également à l'origine d'une œuvre métaphysique conséquente, dans laquelle il explore notamment la notion d'a priori. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est prisonnier en Allemagne et étudie à l'Oflag II-D avec Paul Ricœur la philosophie de Karl Jaspers. Il soutient sa thèse en 1953 sur la phénoménologie de l'expérience esthétique devant un jury où siègent notamment Gaston Bachelard, Vladimir Jankélévitch et Étienne Souriau. Il a enseigné à l'université de Poitiers à partir de 1953, et participé à la fondation de l'Université de Nanterre, où il enseigna dès 1964 et jusqu'en 1974 dans le département de philosophie. Il est président de la Société française d'esthétique en 1971. Il est mort le 10 juin 1995 à Paris.  Bibliographie  Karl Jaspers et la philosophie de l'existence, en collaboration avec Paul Ricœur, Seuil, Paris, 1947  La Personnalité de base, PUF, Paris, 1953  Phénoménologie de l'expérience esthétique, PUF, Paris, 1953  La Notion d'a priori, PUF, coll. « Épiméthée », Paris, 1959  Le Poétique, PUF, coll. «Bibliothèque de philosophie contemporaine», Paris, 1963  Language and Philosophy, Indiana University Press, Bloomington, 1962  Jalons, Nijhoff, La Haye, 1966  Esthétique et philosophie, I, Klincksieck, Paris, 1967, II, 1976 ; III, 1981 4  Pour l'homme, Seuil, 1968  Art et politique, coll. 10/18, U.G.E., Paris, 1974  Subversion, perversion, PUF, 1977  L'Inventaire des a priori, Bourgois, Paris, 1981  L'Œil et l'oreille, L'Hexagone, Montréal, 1987, repris aux éditions Jean-Michel Place, Paris  Le Cap-Ferrat, livre-objet en collaboration avec le sculpteur Bauduin (hors commerce, 1994). II- Crisis phénoménologique de Mikel Dufrenne La pensée esthétique de Mikel Dufrenne porte sur la structure de l'œuvre d'art (tableau, poème, film, sculpture) et sur les discours qui s'y rapportent, mais aussi sur les paysages et sur les choses. En s'interrogeant sur la notion d'a priori sous ses versants subjectif (qu'est-ce qui, dans le sujet, lui permet de s'ouvrir au monde ?) et objectif (qu'est-ce qui, dans le monde, lui permet de s'ouvrir à un sujet ?), il en vient à poser la nécessité d'un "a priori des a priori" ou "a priori sauvage" dans lequel l'être ne se distingue plus du connaître, d'où une proximité avouée avec l'idéalisme allemand. Mais, bien qu'usant du concept de "Nature" pour désigner cet a priori originaire, il se refuse à en faire un traitement proprement philosophique, en quoi il se distingue de ce dernier. Ce fond indicible que l'on ne peut véritablement comprendre sans lui faire violence (puisque le faire entrer dans les catégories de l'entendement est une forme d'anthropomorphisme) ne peut être que senti ou pressenti : c'est pourquoi Dufrenne en appelle, à plusieurs reprises à un « matérialisme poétique », explorant sans l'expliquer la tension fondamentale de l'homme et de la nature, entre communauté et scission. III- Recension de son ouvrage « Phénoménologie de l’Expérience Esthétique » Si l’on peut attribuer à Dufrenne un renouveau de l’esthétique par l’orientation phénoménologique, il ne faut pas manquer de remarquer l’originalité de son ouvrage Phénoménologie de l’expérience esthétique, qui concilie esthétique classique et esthétique phénoménologique, en maintenant des questions classiques étrangères à la perspective 5 phénoménologique, mais renouvelées par celle-ci. Si l’on ne peut réduire Dufrenne à une philosophie esthétique, c’est d’abord parce que le titre Phénoménologie de l’expérience esthétique doit être pris à la lettre : l’esthétique de Dufrenne est une esthétique, non une philosophie de l’art, c’est-à-dire que son objet est la perception sensible, et elle ne privilégie la perception de l’art que parce que celle-ci est le mode le plus pur de la perception, n’est rien que perception, c’est-à-dire contemplation du perçu, n’utilise pas le perçu. Il y a là, non une extension de l’esthétique-artistique vers la phénoménologie de la perception, mais un tournant esthétique-artistique de la phénoménologie, qui étudie la perception sensible par le cas paradigmatique de la perception de l’art : « On oserait dire que l’expérience esthétique, dans l’instant qu’elle est pure, accomplit la réduction phénoménologique. 1» Ce n’est qu’en entendant ceci que l’on peut comprendre pourquoi Dufrenne traite telles questions classiques et abandonne telles autres : il étudie, non l’art, mais l’expérience que l’on fait de l’art dans la contemplation, afin d’expliciter les relations entre l’objet esthétique. C’est pour expliciter l’expérience esthétique que Dufrenne élabore les concepts d’expressivité et de sentiment. Par-là, Dufrenne soulève déjà la question de la complicité entre l’homme et le monde, le sujet et l’objet, que prendront en charge la réflexion sur l’a priori et la philosophie de la Nature. C’est dire en même temps que l’objet esthétique est un « quasi-sujet » : si l’expérience esthétique est réponse du sujet à une sollicitation de l’objet, alors l’objet est expressif, c’est-à-dire porte en lui un sens comme un sujet possède une intériorité, et enseigne lui- même son propre sens comme un sujet incite à percevoir son intériorité au-delà de son apparence. Cela soulève la question de la rencontre de toute altérité, et suggère comme solution de cette question un état du monde d’indistinction du sujet et de l’objet. IV- Concept de phénoménologie chez Mikel Dufrenne L’esthétique de Mikel Dufrenne donne des gages convaincants en demandant à la phénoménologie un concept apte à reconnaître dans l’intentionnalité esthétique. Contrairement à l’objet esthétique qui est esthétiquement perçu, l’œuvre d’art se définit en dehors de l’expérience esthétique et se constitue par une conscience intentionnelle particulière. Objet et perception esthétiques forment une totalité où l’objet n’est tel que vis-à-vis d’une perception qui lui fait droit et l’accueille, mais où la perception crée les conditions de possibilités de l’objet. Si la 1 Mikel Dufrenne, Esthétique et Philosophie, « Intentionnalité et Esthétique », tome I, p. 55. 6 phénoménologie s’applique à décrire cette perception sous le nom d’expérience esthétique, c’est parce qu’elle constitue l’objet comme objet esthétique : « le tableau est objet esthétique pour l’œil qui le broute, alors qu’il ne l’est pas pour la main qui l’accroche au mur ou qui l’époussette2 ». C’est en exhibant la structure même de l’apparaître, en deçà de la distinction du sujet et de l’objet, que l’expérience esthétique souscrit à une réduction spontanée. Que la conscience rencontre un donné, il n’y a pas lieu de s’en étonner si l’on admet qu’elle se définit par son intentionnalité, et donc que sa première dimension uploads/Philosophie/ devoir-phenomenologie.pdf

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