L'herméneutique de Paul Ricoeur – une autre phénoménologie? Author(s): A. L. Ke
L'herméneutique de Paul Ricoeur – une autre phénoménologie? Author(s): A. L. Kelkel Source: Phänomenologische Forschungen, Vol. 17, Studien zur Philosophie von Jan Patočka (1985), pp. 108-142 Published by: Felix Meiner Verlag GmbH Stable URL: http://www.jstor.org/stable/24360181 Accessed: 31-08-2017 12:25 UTC REFERENCES Linked references are available on JSTOR for this article: http://www.jstor.org/stable/24360181?seq=1&cid=pdf-reference#references_tab_contents You may need to log in to JSTOR to access the linked references. JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Felix Meiner Verlag GmbH is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Phänomenologische Forschungen This content downloaded from 154.68.24.5 on Thu, 31 Aug 2017 12:25:16 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Bericht: L'herméneutique de Paul Ricoeur - une autre phénoménologie?"' Von A. L. Kelkel, Grenoble »Denken ist Andenken. Aber Andenken ist anderes als die flüchtige Vergegenwär tigung von Vergangenem.« M. Heidegger, Was heißt Denken? »Si la Phénoménologie a été un mouve ment avant d'être une doctrine ou un système, ce n'est ni hasard, ni imposture. Elle est laborieuse comme l'oeuvre de Balzac, celle de Proust, celle de Valéry ou celle de Cézanne, - par le même genre d'attention et d'étonnement, par la même exigence de conscience, par la même vo lonté de saisir le sens du monde ou de l'histoire à l'état naissant. Elle se confond sous ce rapport avec l'effort de la pensée moderne.« M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la Perception. Le rôle décisif que Paul Ricoeur a joué dans l'expansion de la phénoménologie husserlienne en France et la place éminente qu'il a fini par occuper dans le mouvement phénoménologique international sont trop connus et incontestables pour qu'il soit besoin de les rappeler. Depuis sa traduction d'Ideen I et le commentaire lumineux qui l'accompagne, ses articles et essais des années 50, magistrales leçons de phénoménologie, puis le * Ce texte est la version légèrement remaniée d'une communication présentée en hommage à Paul Ricoeur lors d'un Symposium qui s'est tenu, à l'initiative de la Deutschen Gesellschaft für Phänomenologische Forschung, aux Archives-Husserl â Louvain du 15 au 16 mai 1984. 108 This content downloaded from 154.68.24.5 on Thu, 31 Aug 2017 12:25:16 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms premier tome de sa Philosophie de la volonté, impressionnante tentative d'élargissement et d'application de la méthode phéno ménologique à un domaine essentiel de l'anthropologie philoso phique, P. Ricoeur s'est d'emblée imposé comme l'un des maîtres de la phénoménologie contemporaine et il n'a pas cessé d'en être l'un des interprètes les plus écoutés.1 C'est qu'en effet il ne s'est pas lassé d'accueillir les enseignements majeurs de la phénoménologie husserlienne et de les méditer sans jamais renoncer à la lucidité et à la rigueur du regard critique. Bien des étapes de son oeuvre permettraient d'illustrer comment 1 La bibliographie de P. Ricoeur est désormais trop importante pour qu'on puisse ici mentionner ne fût-ce que les titres de ses écrits et travaux majeurs qui illustrent la part éminente qu'il a prise dans le mouvement phénoménologique international. Le lecteur allemand se référera avec profit à la bibliographie citée dans l'excellent panorama du mouvement phénoménologique en France que présente B. Waldenfels dans son ouvrage Phänomenologie in Frankreich, Frankfurt a. M. 1983. Il lira avec profit le chapitre pénétrant que l'auteur y consacre à l'oeuvre de Ricoeur sous le titre »Umwege der Deutung« (266-335). Le rayonne ment que connaît la pensée de Ricoeur depuis près de vingt ans outre atlantique, notamment aux USA et au Canada, se reflète aussi dans le nombre impressionnant d'essais et de travaux parus en langue anglaise. Pour une bibliographie plus complète, on consultera celle que publia, avec des compléments successifs, le R. P. Dirck F. Vansina dans la Revue philosophique de Louvain en 1962, 1968, 1974 et 1982, ainsi que Vansina F. D. et Garcia L., Paul Ricoeur, une bibliographie systéma tique (1936-1982), Louvain 1983. - Parmi les premiers travaux phéno ménologiques on citera toutefois: - L'introduction et le commentaire suivi de la traduction d'Ideen I, Idées directrices pour une phénoménolo gie, Paris 1950. - Philosophie de la volonté I: Le Volontaire et l'Involon taire, Paris 1950. - Flusserl et le sens de l'histoire, in: Revue de métaphysique et de morale 54 (1949). - Analyses et problèmes dans »Ideen II« de Husserl, in: Revue de métaphysique et de morale 56 (1951). - Méthodes et tâches d'une phénoménologie de la volonté, in: Problèmes actuels de la phénoménologie, éd. H. L. Van Breda, Paris 1952. - Sur la phénoménologie, in: Esprit 21 (1953). - Etude sur les »Méditations cartésiennes« de Husserl, in: Revue philosophique de Louvain 52 (1954). - Kant et Husserl, in: Kant-Studien 46 (1954). - Sympathie et respect. Phénoménologie et éthique de la seconde personne, in: Revue de métaphysique et de morale 59 (1954). 109 This content downloaded from 154.68.24.5 on Thu, 31 Aug 2017 12:25:16 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms sa pensée personnelle s'est approfondie et amplifiée à travers la patiente et vigilante exploration de champs problématiques défrichés ou simplement entre'ouverts par le fondateur de la phénoménologie dont il assume l'héritage pour le faire fructifier et entrer à son tour dans la »communauté de penseurs« que Husserl avait jadis appelée de ses voeux. Si Paul Ricoeur entre ainsi résolument dans le »symphilosophein« phénoménologique inauguré par Husserl, c'est dans un dialogue toujours ouvert, toujours marqué par une infinie patience et une inébranlable confiance en la pensée d'autrui et sa capacité de vérité qu'il s'engage sans jamais s'abandonner au jeu vain et stérile de la polémique auquel se complaisent ceux qui, selon un mot de Heidegger, croient que penser c'est contredire au lieu de penser pour et avec.1 Le vrai dialogue, pour Ricoeur, est celui où chacun se fait le répondant de l'autre afin de philosopher ensemble et de parvenir, par ce détour obligé, à la »clarification de soi«.3 Plus Ricoeur est à l'écoute vigilante des Autres, à »l'écoute qui comprend«, plus sa pensée personnelle s'affirme et s'enrichit, plus il fait preuve de la vraie maîtrise qui, pour rappeler un autre mot de Heidegger, n'est que plus grande docilité à ce qui donne à penser.4 La route suivie par P. Ricoeur est longue déjà, faite de parcours droits et de multiples détours, périodiquement jalonnée d'oeuv res majeures qui contribuent à façonner la pensée de notre temps, route semée aussi d'insolites rencontres avec des compagnons qu'il accueille en vertu d'une originelle communauté de pensée et 2 M. Heidegger écrit en effet dans son cours de 1951-1952 publié sous le titre Was heißt Denken? (Qu'appelle-t-on penser?) (49/87): »... Toute espèce de polémique compromet par avance la tenue de la pensée. Car la pensée ne pense que lorsqu'elle s'attache à ce qui parle pour une chose.« 3 P. Ricoeur, L'histoire de la philosophie et l'unité du vrai, in: Histoire et vérité, Paris 1955, 55. 4 Was heißt Denken?, 50 (89). Heidegger y précise que l'enseignant n'est pas un »seigneur du savoir«, qu'il n'a nulle supériorité sur l'apprenti, qu'il n'a pas la fausse autorité de celui qui sait tout (des Viel-Wissers), c'est, au contraire, lui qui est le vrai »apprenti du savoir«, car il doit toujours »apprendre plus« que ceux à qui il enseigne le savoir-apprendre. 110 This content downloaded from 154.68.24.5 on Thu, 31 Aug 2017 12:25:16 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms de l'aptitude qu'il devine en eux ou qu'il leur prête d'être les répondants de nos quêtes et interrogations les plus décisives, aujourd'hui; il les accueille non pour les plier à ses propres canons mais, il le confie, pour »conduire son investigation comme un exercice de communication«.5 Comme Heidegger - parfois avec lui et parfois contre lui - et sans doute avec plus de modestie Ricoeur ne se lasse pas de »penser l'impensé des penseurs« à la rencontre desquels il se porte avec une audacieuse attention pour ce qu'ils disent et pour ce qu'ils taisent mais toujours en faisant prévaloir la »dimension fraternelle« qu'il s'emploie à introduire dans les débats les plus âpres qu'il voit comme éclairés par »l'espérance ontologique« d'être ensemble »dans la Vérité«.6 Tels paraissent être aussi les rapports que Ricoeur ne cesse d'entretenir avec celui qui, à n'en pas douter, donna l'impulsion décisive à sa propre pensée, Husserl auquel, inlassablement, il revient non point pour le »comprendre mieux« qu'il ne s'est compris lui-même, mais pour »penser avec lui autrement«, pour découvrir une vérité commune, ce qui suppose tout ensemble appropriation à soi du sens reçu et désappropriation de soi, en un mot une tenace volonté de participation à l'élan même de la pensée d'Autrui.7 5 Histoire et vérité, 48. C'est ainsi que Ricoeur décrit »l'attitude droite« du vrai historien - qui est à l'évidence la sienne - de la philosophie qui »accepte... de se >dépayser< et de se placer sous la loi d'autrui« par opposition au philosophe qui fait uploads/Philosophie/ l-x27-hermeneutique-de-paul-ricoeur-une-autre-phenomenologie.pdf
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- Publié le Jul 23, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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