Revue Internationale de Philosophie is collaborating with JSTOR to digitize, pr
Revue Internationale de Philosophie is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Internationale de Philosophie. http://www.jstor.org Revue Internationale de Philosophie INTRODUCTION Author(s): Jean-Pierre Cometti Source: Revue Internationale de Philosophie, Vol. 50, No. 198 (4), L'ESTHÉTIQUE / AESTHETICS ( DÉCEMBRE 1996), pp. 565-576 Published by: Revue Internationale de Philosophie Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23954547 Accessed: 16-12-2015 14:49 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 188.173.224.179 on Wed, 16 Dec 2015 14:49:16 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions INTRODUCTION Les inconvénients du mot «Esthétique» sont nombreux, tant à cause des ambiguïtés qui appartiennent à son usage que des présup posés auxquels il est associé dans l'histoire de la philosophie. Il n'en désigne pas moins le champ d'études dans lequel s'inscrivent les essais qui composent le présent numéro, un domaine, si l'on veut, dont la situation n'est plus exactement celle d'une province docile de la philosophie ou d'un poste avancé de la métaphysique. A la différence d'autres expressions concurrentes, le mot «esthé tique» présente l'avantage d'écarter certaines connotations mal heureuses de la notion d'art ou d'œuvre d'art dans notre tradition culturelle ('). En même temps, il entre dans le champ controversé des rapports de l'«esthétique» et de 1'«artistique». On en trouvera ici une illustration dans le différend qui oppose Rainer Rochlitz et Jean Marie Schaeffer. Leur désaccord, on le verra, ne se limite pas à des questions de terminologie ou de classification; il plonge ses racines dans deux conceptions de l'art et de la rationalité auxquelles plusieurs questions importantes sont subordonnées, à commencer par celle d'une définition de l'art (2). A plus d'un égard, les questions abordées en esthétique ne peuvent être dissociées des querelles qui dominent la discussion philoso phique. Elles se prêtent en outre aisément à des formes particulières de superstition que la sacralisation moderne de l'expression artistique (1) Voir, par exemple, ce que suggère Jean-Marie Schaeffer dans son livre : Les célibataires de l'art, Paris, Gallimard, 1996, «Présentation», pp. 14-16 notamment. Les réticences de Schaeffer expriment ses réserves à l'égard des théories spéculatives de l'art et des illusions historiques et culturelles que nourrit l'idée d'une «émancipation de la dimension esthétique», présumée caractériser l'époque moderne. (2) De Rainer Rochlitz, à cet égard, voir notamment Subversion et subvention, Art contemporain et argumentation esthétique, Paris, Gallimard, 1994, ainsi que L'art sans compas (collectif), Paris, Le Cerf, 1992. Rochlitz défend l'idée d'une rationalité esthétique en faisant valoir que seule une œuvre d'art susceptible d'être justifiée par des «raisons» est une œuvre d'art. La valeur normative qui en résulte appartient à ses yeux à la définition de l'art. Selon cette thèse, la satisfaction, à elle seule, ne peut qualifier la relation esthéti que propre à l'art. © Revue Internationale de Philosophie 4/1996 -n° 198-pp. 565-576. This content downloaded from 188.173.224.179 on Wed, 16 Dec 2015 14:49:16 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 566 JEAN-PIERRE COMETTI et des pratiques esthétiques a suscitées en les investissant d'un fort potentiel social, politique et culturel. La philosophie, à vrai dire, n'a pas toujours apporté les clarifications que réclamait une situation dont la naissance de l'esthétique, relayée par la philosophie de l'art, annonçait dès le XVIIIème siècle les paradoxes esssentiels (3). L'esthétique est-elle pour autant vouée à reproduire les motifs que la pensée spéculative a dessinés pour elle (4) ? Les options apparues au sein des courants analytiques ou chez certains auteurs plus spé cifiquement européens sont de nature à nous en dissuader (5). Contrairement à une conviction répandue, là comme ailleurs, les bar rières qui séparent la philosophie analytique de la tradition «conti nentale» se sont relativisées, pour ne pas dire fragilisées, même si cela ne signifie nullement qu'aucune différence ne subsiste entre les auteurs, les courants ou les aires géographiques concernés. Les études réunies ici, on le verra, ne permettent de tenir aucune des questions traitées pour le monopole d'une école ou d'une autre. On peut y voir un fait mineur; on peut aussi y voir l'expression d'une évolution significative. Dans le contexte spécifiquement francophone, à côté des concep tions traditionnellement marquées par l'influence de la phénoméno logie, de Nietzsche, de Heidegger ou d'Adorno, diverses recherches (3) Ces paradoxes et les ambiguïtés qui en résultent sont essentiellement liés à la naissance d'un «art autonome», et plus précisément aux croyances, aux ambitions et aux pratiques que la conviction d'une autonomie artistique a encouragées. Au nombre des ambiguïtés concernées, on peut compter, par exemple, celle qui frappe l'idée même du plaisir esthétique, pris entre une idiosyncrasie incommunicable, une dimension inter subjective tenue pour essentielle et une pureté de principe destinée à s'illustrer dans l'universalité du jugement, ou encore l'idée de l'«œuvre d'art» comme celle d'un objet dont les propriétés essentielles s'exprimeraient dans le «concept» ou la «question» de l'art : un objet dont l'essence serait promise à l'effacement de ce qui le fait exister comme «objet». (4) Voir, à ce sujet, J.-M. Schaeffer, L'art de l'âge moderne, Paris, Gallimard, 1992. (5) Le livre de Gérard Genette : L'œuvre de l'art (Paris, Le Seuil, 1994) témoigne à lui seul d'un changement significatif, ne fût-ce qu'en raison de l'importance qu'il accorde à des références dont l'œuvre de Goodman est emblématique. Les deux ouvrages de J.-M. Shaeffer précédemment cités en donnent une illustration comparable, de même que le livre de Roger Pouivet : Esthétique et logique, Liège, Pierre Mardaga, 1996. Par rapport au paysage habituel français dans ce domaine, ces trois livres prennent incontestablement un relief particulier. This content downloaded from 188.173.224.179 on Wed, 16 Dec 2015 14:49:16 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions INTRODUCTION 567 se sont développées, tournées vers des questions, des auteurs ou des perspectives qui sont restées longtemps sans écho (6). Les contribu tions de Roger Pouivet, Jean-Marie Schaeffer et Rainer Rochlitz en illustrent les avancées, non sans bousculer les habitudes. Les débats sur lesquels s'ouvrent leurs réflexions paraîtront étranges aux lecteurs qui en ignorent les sources ou les données, mais aussi à ceux qui en connaissent plus intimement l'inspiration. Un lecteur non européen — un lecteur américain, par exemple — ne peut pas avoir sur les travaux concernés le même regard qu'un lecteur européen — par exemple un lecteur français. L'accueil que la philosophie analytique a reçu en Europe s'est souvent payé d'une radicalisation passablement surprenante, voire incompréhensible pour ceux qui en ont directement connu les développements et les différents épisodes, qu'ils en aient intégré les évidences ou qu'ils s'en soient détournés. Jean-Marie Schaeffer et Roger Pouivet défendent une position goodmanienne (à la fois quant à l'importance qu'ils accordent à la dimension cognitive des phénomènes esthétiques et quant à ce qu'ils en excluent, en particulier les composantes évaluatives). L'attribution de propriétés intrinsèques objectives aux objets esthétiques, ainsi que la prise en compte de critères d'excellence ou de réussite dans la définition que l'on voudrait en donner leur paraissent constituer deux sources de confusion caractéristiques. Leurs objections les séparent de Rainer Rochlitz qui, à rebours, défend précisément une conception de Γ«artistique» fondée sur des critères de réussite et sur l'intersub jectivité du jugement. Cette attitude ne les oppose cependant pas seulement aux conséquences que Rainer Rochlitz entend tirer d'une analyse de la rationalité esthétique et de ses objections au subjecti visme kantien. On remarquera que, situées dans le contexte «analy tique», et malgré l'inspiration dont ils se recommandent, leurs réticences tendent à perdre aujourd'hui de leur force au bénéfice (6) Dans le contexte français, l'intérêt pour les travaux des philosophes anglo-améri cains est resté pour le moins modeste. Dans le champ qui nous occupe, cette tendance est encore plus marquée qu'ailleurs. Ainsi, le recueil publié par Danielle Loriès en 1988 : Philosophie analytique et esthétique (Paris, Méridiens Klincksieck), il y a à peine huit ans, fut de ceux qui, offraient pour la première fois au lecteur françophone un choix de textes tenus depuis longtemps pour classiques dans le contexte américain. Il n'en est que plus remarquable de constater que sous l'impulsion d'un nombre restreint d'auteurs, de traduc teurs et d'éditeurs, l'esthétique devient l'un des domaines où un renouvellement significa tif et fécond pourrait être en train de se réaliser. This content downloaded from 188.173.224.179 on Wed, 16 Dec 2015 14:49:16 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 568 JEAN-PIERRE COMETTI d'entreprises qui, issues de l'esthétique analytique, s'en détachent significativement (7). Les distances que David Davies s'efforce d'adopter dans sa critique des positions de Nelson Goodman et Catherine Elgin pourraient ici servir d'exemple, tout comme les perspectives sur lesquelles s'ouvrent les travaux de Jerrold Levinson, Paisley Livingston et Robert Stecker (8). L'intérêt pour les problèmes d'ontologie qui s'y exprime, la façon dont ils abordent les problèmes de Y interprétation (9), uploads/Philosophie/ introduction-jean-pierre-cometti 1 .pdf
Documents similaires
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/1SI5BQ0jqKeAFfuPHsehckKW8Q3Uie7CI60xqpoAAsvmbTZ8RU7H51A646Cn0Pu0UgldQUkuo4Rbwbf86pBdVfIs.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/tn4r8s57McOymVGan2tV9GrSgqRuMjm8T7HGKc9gXOXdlOcZkNFhxQdwSdDlTJMwDYa4igaDA1j2QaLM9SFKSmzp.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/C9dUfdFjF88Nz5ljFqSgL9IQYBkcn7FFHqknQg2eH56YR4l4XtlZaedpYFKsbk1Zpk93gZY5uZhozuhqHpOlUzws.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/hryqnKoWJBDTXDSwZVb5mKuwSXMdyACKtilqJbfJm3mTn3IpBxH4AX8iDXxgWcHbdcxYIJTe6gkSnQwEGOzldDCY.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/Ja08rWciTkvJQ0NTW28hMvU23c4cY3X9uWmgPyysqshnHEaid08GqGouLTLRNOm1QgEMfsqUcYcU2ZwDteGR7LzP.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/LXletRt2BSD0TkPhaSRVXUPMwT7y5BM6cce6MSDj8RMXBYmNLeFPG0SbNm0TmuKwVkdQfxvKVr3x1hOduGMbzmoN.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/yejb4920As7iuB9ZUGPLN0EehtD5pPcR947XXiyPI1HnGSlGdcvBm5CulfvHZGMI64NhRxmsz1egvJqdYfxgyb3Q.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/L3jIRrJdavGjVFbOqSATvDbz2NxShIE47cjIlaREj1S5xctHDhOMfekydoeLjLrGkjTSWeRcag42vp2H37l5eEC3.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/MaFSBFhrwRshJSITj5cR3Vs0qyeuOLnOUbEom6Rr4jxaVIjmxgqMaeg1vkc3fHPL2jQBZVp3jarqB4nDbwHvdvst.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/KYDc0LfpQd4dAo94vLDlAI4P6Y5b6D3hw4bSgEqCc94B4E65XOdtSXLn6T0CE4eoIzhfowqgMiuiKRiXpMpYM1E9.png)
-
25
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 13, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.9637MB