1 Didactique et Pédagogie Introduction : Aujourd’hui, le mot « pédagogie » fait
1 Didactique et Pédagogie Introduction : Aujourd’hui, le mot « pédagogie » fait partie de ces mots qu’on entend de façon récurrente dans tous les médias : on entend dire que tel homme politique est pédagogue, que telle infirmière fait preuve de pédagogie vis-à-vis de ses patients, ou encore que tel professeur est plus pédagogue que tel autre. Paradoxalement, on entend peu parler de pédagogie dans le milieu de l’éducation. Même si les enseignants sont, tout le monde le sait, des pédagogues, la pédagogie est rarement un objet d’étude alors que tout le monde la reconnaît nécessaire dans la pratique. Parallèlement, le terme de didactique est omniprésent dans tous les discours. Il existe parfois même une tension entre « pédagogie » et « didactique ». Les didacticiens accusent les pédagogues de faire passer au premier plan le vécu existentiel des élèves au détriment du savoir et des connaissances, alors que les pédagogues reprochent aux didacticiens de ne pas suffisamment tenir compte de l’élève en tant qu’être social avec un vécu propre et unique. Cependant, cette opposition entre méthodes et contenus ne suffit pas à résumer les concepts de « pédagogie » et de « didactique ». Pour vous, qu’est-ce que la pédagogie ? Qu’est-ce que la didactique ? Les 2 termes sont-ils indépendants, opposés, proches ?… Le triangle didactique ou triangle pédagogique ? On entend le plus souvent parler de triangle didactique, mais on peut se demander s’il ne s’agit pas plutôt d’un triangle pédagogique. Les trois pôles du triangle sont constitués par l’élève, l’enseignant et le savoir. Le triangle didactique permet d’étudier les relations entre les 3 pôles qui n’existent que par interaction les uns avec les autres. La pédagogie se trouve en priorité du côté des interactions maître/élève qui constituent ce qu’on appelle traditionnellement la relation pédagogique. Au contraire, la didactique prend le savoir comme point de départ et étudie la façon dont il est appréhendé par l’enseignant d’une part et par l’élève d’autre part. 2 I) Définitions 1) Pédagogie Etymologie : Grec paidagôgos qui signifie « celui qui conduit les enfants » : c’était un esclave qui accompagnait l’élève chez son maître et qui lui faisait réciter ses leçons. Symboliquement, c’est donc celui qui mène l’élève vers le savoir et la connaissance. La pédagogie est donc un art : d’enseigner, d’instruire, d’amener l’élève à la connaissance, mais aussi l’art d’éduquer puisque les esclaves appelés pédagogues prenaient part à l’éducation des enfants. Quand on parle de la pédagogie comme art, on pense aussi au charisme de l’enseignant. Mais plus qu’un art, la pédagogie est une science qui étudie à la fois les finalités de l’enseignement et les moyens pour les atteindre. Il ne s’agit pas de se focaliser sur une discipline, pour le pédagogue la transmission des savoirs n’occupe pas le premier plan. La réflexion pédagogique se centre sur celui qui apprend, autrement dit l’élève, et sur la conduite de la classe en fonction du contexte d’apprentissage. La pédagogie prend appui sur les recherches de la psychologie. Le terme de pédagogie recouvre donc à la fois : o Des doctrines proposant une conception générale de l’éducation scolaire. o Des manières de faire, des méthodes connues pour leur efficacité : procédés, techniques, démarches… o Des pratiques individuelles qui sont affaire d’intuition, de bon sens, de tâtonnements, de tempérament, de conviction., et qui s’élaborent dans le contexte particulier de la classe. 3 La pédagogie représente pour l’enseignant un espace de liberté : on parle souvent de « liberté pédagogique ». Chacun est libre d’utiliser les méthodes qu’il souhaite. Il existe plusieurs types de pédagogie, qui sont liés à des représentations de l’enseignement, de l’enfant, des processus d’apprentissage et à l’évolution historique : o La pédagogie traditionnelle : l’enseignement est pensé comme une simple transmission de savoir. Le maître fait la leçon et l’élève apprend. Théorie de la « tête vide » ou de la « page blanche ». o La pédagogie par objectifs : le maître définit et explicite avec l’élève des objectifs à atteindre. On fractionne le savoir et l’activité pour aller du simple au complexe. Conception behaviouriste de l’apprentissage. Théorie des « petites marches ». o La pédagogie nouvelle : l’apprenant est au cœur de l’activité, il construit lui- même ses connaissances à partir de son activité et de son désir. L’enseignant met an place des situations d’apprentissage qui permettent à l’élève d’y développer ses propres compétences. Conception constructiviste. 2) Didactique Etymologie : Grec didaktikos qui représente ce qui est propre à instruire ou ce qui a l’instruction pour finalité. Contrairement à la pédagogie, la didactique n’a à voir qu’avec l’instruction et ne s’occupe pas de l’éducation. C’est une science qui regroupe un ensemble de techniques relatives à la manière d’enseigner les notions propres à chaque discipline. Elle se centre sur les contenus à enseigner et définit des situations d’apprentissage en s’appuyant sur les processus d’apprentissage des élèves. Plus que la conduite de la classe, la didactique se préoccupe surtout de la conception des séances qui sont pensées dans une programmation et une progression. Il existe plusieurs didactiques selon les domaines disciplinaires : didactique des maths, des langues, du français…La didactique se présente comme une méthodologie de l’enseignement propre à transmettre des compétences et des savoirs disciplinaires. Elle s’appuie à la fois sur l’épistémologie et sur la psychologie cognitive. La didactique a plusieurs objectifs, plusieurs enjeux : o Rendre l’enseignement efficace en le rationalisant : créer des outils didactiques pour donner aux enseignants une meilleure maîtrise de leur pratique. o Donner du sens aux apprentissages : définir les finalités des apprentissages de telle sorte qu’ils fassent sens pour les élèves. o Interroger les savoirs dans leur dimension épistémologique et historique : problématiser les contenus d’enseignement dans leur évolution. o Professionnaliser l’enseignement : créer un fond commun de références théoriques et méthodologiques constitutif de l’identité professionnelle des enseignants. La didactique s’appuie sur de nombreux concepts : o Le triangle didactique o La transposition didactique : le fait de passer du savoir savant au savoir scolaire. C’est la scolarisation des savoirs conformément aux demandes de l’institution et aux processus d’apprentissage. Il s’agit de désigner les contenus de savoirs qui deviennent contenus d’enseignement. On passe de l’objet de savoir, à l’objet d’enseignement, puis à l’objet enseigné. L’enseignant va puiser dans les 4 savoirs savants et les adapte à sa classe, c’est-à-dire le niveau des élèves, les objectifs poursuivis, les compétences visées…Le savoir est donc recontextualisé dans la classe. La transposition didactique entraîne plusieurs effets : dénaturation du savoir, production d’objets nouveaux, comme la grammaire, qui n’ont d’existence qu’à l’intérieur de l’école et qui n’ont pas de correspondance sociale. Le passage du savoir savant au savoir scolaire peut donc engendrer une perte de sens. Il faut donc que les contenus scolaires soient élaborés en tenant compte des pratiques sociales, culturelles pour faire sens et pour pouvoir être réinvestis ailleurs qu’à l’école. o Le contrat didactique : l’ensemble des interactions, plus ou moins conscientes et plus ou normatives, qui existent entre l’enseignant et les élèves quant à l’acquisition des savoirs. Il s’agit à la fois de règles explicites (les consignes…), et de règles implicites (attentes du maître, rituels…) qui sont connues de tous. Le contrat didactique concerne le comportement des élèves attendu par le maître, mais aussi le comportement du maître attendu par les élèves (façon de noter, …). o Les effets didactiques : engendrés par le contrat didactique. - L’effet Topaze : le fait de donner la réponse dans la question, ou d’apporter de l’aide à l’élève au point de vider la situation d’apprentissage de tout contenu cognitif. Par exemple, au cours d’une dictée, voyant que l’élève ne met pas de « s » à « des moutons », l’enseignant se met à prononcer « des moutonsssses » pour inciter l’élève à mettre un « s ». (exemple tiré de Topaze de Pagnol) - L’effet Jourdain : le fait de reconnaître dans les comportements et les réponses de l’élève une connaissance savante là où il n’y en a pas. (origine du nom : Le Bourgeois Gentilhomme) - L’effet Bunuel : s’enfermer dans un problème, surtout en maths, de sorte à n’entrevoir aucune solution et à ne pas pouvoir envisager un moyen de le résoudre. (référence au film de Louis Bunuel L’ange exterminateur). - Le glissement métacognitif : on prend une technique qu’on connaît bien et qui marche à tous les coups et on l’applique mécaniquement. Par exemple, traiter tous les tableaux mathématiques comme des tableaux de proportionnalité. - L’âge du capitaine : partir du principe que tout problème posé par le maître a une solution et que pour la trouver, il faut se servir des données de la consigne. Exemple : sur un bateau, il y a 26 moutons et 10 chèvres, quel est l’âge du capitaine ? 26+10, ou 26×10… - L’effet Pygmalion : la réussite ou l’échec de tel élève dépend des attentes de l’enseignant à son égard. Ce dernier limite souvent son exigence à l’image qu’il se fait des capacités de chacun. - … La pédagogie et la didactique uploads/Philosophie/ didactique-et-pe-dagogie.pdf
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- Publié le Mar 15, 2022
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