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Introduction Table des matières Cours de Philosophie Lecture suivie Bibliographie Index Chercher PhiloLog Cours de philosophie Flux pour Articles Commentaires « Du contrat social. Livre I. Rousseau. Texte et explication. Trois discours sur la condition des Grands. Pascal. 1670 » Discours de la méthode. Descartes. 1637. 13 Juil 2009 par Simone MANON Ce texte est un écrit de circonstance. En 1633, Descartes projetait de publier son Traité du monde, mais il apprend les démêlés de Galilée avec le St Office. Or comme dans son Traité du monde, il soutient les thèses de la science nouvelle (la rotation de la terre) il décide par prudence de ne pas publier son œuvre. La devise de Descartes était « larvatus prodeo » : « Je m’avance masqué ». En 1637, il décide comme il l’écrit dans sa correspondance, « de sonder le gué » en publiant trois essais scientifiques : La Dioptrique; Les Météores; La Géométrie, précédés d’un Discours de la méthode. Il s’agit donc, pour le philosophe de commencer par le commencement. La science naissante n’a aucune chance d’être reçue par la plus grande partie des esprits, tant que ceux-ci n’ont pas été réformés. A quoi bon publier les résultats d’une recherche, si les esprits ne sont pas disponibles pour la manière radicalement nouvelle d’aller au vrai qu’ils impliquent? En effet la physique en voie de constitution exige de se demander ce qui est au principe d’une connaissance véritablement scientifique : Faut-il considérer comme la philosophie de l’Ecole le prétend, que la vérité a été révélée ou trouvée et qu’il convient seulement de la recevoir par voie d’autorité, ou bien faut-il comprendre que la vérité est à chercher par un effort actuel devant mobiliser les générations présentes et à venir ? La réponse de Descartes est très claire : Excepté les vérités religieuses qui ont été révélées, les vérités scientifiques sont à chercher. La science n’est pas construite, elle est à élaborer et pour cela il faut une méthode. Quelle est cette méthode ? C’est celle qui permet de bien conduire sa raison car d’une part la raison est la seule autorité en matière de vérité, d’autre part elle est inefficace si elle ne s’exerce pas selon certaines règles. La rédaction du Discours de la méthode repose sur ces présupposés, son enjeu étant de préparer les esprits à comprendre la science nouvelle. D’où le titre : Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences. Au fond, le Discours est un manifeste. On appelle ainsi une déclaration solennelle par laquelle un homme ou un groupe expose son programme, justifie sa position. Un discours n’est pas un traité c’est-à-dire une exposition méthodique et systématique d’un ensemble de connaissances. Le projet se veut modeste. Descartes ne cesse de préciser qu’il donne à voir le chemin qu’il a suivi et qu’il ne prétend pas donner de leçons aux autres. Cf. La première partie. « Toutefois il se peut faire que je me trompe, et ce n’est peut-être qu’un peu de cuivre et de verre que je prends pour de l’or et des diamants… Ainsi mon dessein n’est pas d’enseigner ici la méthode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison mais seulement de faire voir en quelle sorte j’ai tâché de conduire la mienne…Mais ne proposant cet écrit que comme une histoire…franchise ». Il ne faut pas se laisser abuser par la modestie du propos. Certes, elle est sincère en ce que le philosophe connaît la propension de tout esprit à l’erreur, et en ce que, fondamentalement, Descartes est un homme modeste plus prompt à se remettre en cause qu’à remettre en cause les autres. Il y a là un trait de générosité, au sens où cette vertu engage à s’estimer à sa juste mesure. Mais derrière la modestie il faut aussi déceler la prudence. La prudence ou sagesse pratique consiste à ne rien faire qui puisse inutilement vous nuire. Or Descartes ne manquerait pas d’avoir des ennuis avec les pouvoirs établis s’il publiait comme Galilée les résultats de ses travaux intellectuels. Le Discours et les trois essais lui permettent de « prendre le pouls » de l’opinion. Comme le peintre Apelle, caché derrière ses tableaux, écoutait les critiques du public afin d’en tirer profit, Descartes attend des critiques que suscitera cette publication des renseignements sur l’état des esprits dans leurs rapports à la science nouvelle. « Je serai bien aise de faire voir en ce discours, quels sont les chemins que j’ai suivis, et d’y représenter ma vie comme en un tableau, afin que chacun en puisse juger, et qu’apprenant du bruit commun les opinions qu’on en aura, ce soit un nouveau moyen de m’instruire, que j’ajouterai à ceux dont j’ai coutume de me servir ». Ce discours lui permet ainsi, derrière la modestie affichée de son objet, de présenter une histoire de sa vie intellectuelle et d’introduire chaque partie de sa philosophie telle que l’œuvre cartésienne la déploie par ailleurs de façon méthodique et systématique. Le contenu des Méditations métaphysiques(1641) est présenté sommairement dans la 4° partie, les grandes thèses scientifiques développées dans le traité du monde ; le traité de l’homme ; le traité des passions sont annoncées dans la 5° et 6° partie. La morale dans la 3°. S’il est vrai que la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique, les sciences en général et les branches qui en constituent la dimension pratique : la technique, la médecine et la morale ; on peut dire que le discours en esquisse l’architecture. I) Analyse de la première partie. A) Que faut-il entendre par « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » ? Bon sens est synonyme de raison. C’est la faculté de juger c’est-à-dire de distinguer le vrai d’avec le faux sur le plan théorique ou le bien d’avec le mal sur le plan pratique. La justification que Descartes donne de son propos (Cf. car…) mêle subtilement ironie et générosité. « Chacun pense en être si bien pourvu que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils n’en ont. En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et de distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ». Descartes note ironiquement un fait : les hommes ne manquent pas de motifs de plainte mais ils ne se plaignent jamais de leur jugement. Si difficile à se satisfaire en toutes choses, ils sont d’ordinaire contents de leur jugement. Est-ce à dire que tous jugent correctement ? Ce n’est certes pas ce que veut laisser entendre le philosophe du doute. Mais avant de pointer les faiblesses de ce contentement, il explicite ce qu’il signifie de positif. A savoir que les hommes n’ont pas tort de savoir qu’il y a en eux une dignité, une faculté les distinguant des animaux et les constituant comme des hommes à part entière. Descartes s’inscrit explicitement dans la tradition grecque. Aristote définissait l’homme comme un animal raisonnable. « Pour la raison ou le sens, d’autant qu’elle est la seule chose qui nous rend hommes, et nous distingue des bêtes, je veux croire qu’elle est tout entière en un chacun, et suivre en ceci l’opinion commune des philosophes, qui disent qu’il n’y a du plus ou du moins qu’entre les accidents, et non point entre les formes ou natures des individus d’une même espèce ». Descartes rappelle ici, conformément au langage scolastique, qu’il faut distinguer ce qui appartient essentiellement à un être et ce qui le caractérise accidentellement. Ce qui appartient à son essence ou à sa forme est ce qui le définit dans son être, ce qui appartient à sa définition. Ainsi la raison définit l’humanité dans son essence. Retirez à l’homme sa forme raisonnable, il a cessé d’être un homme. Peu importe qu’il raisonne bien ou mal, ce n’est là qu’un trait accidentel, en revanche un être privé de raison n’est pas un homme. Dans la Cinquième partie, il soulignera que l’hébétude des sourds et muets ou le discours délirant des fous ne les exclut pas de l’humanité. Eux aussi participent de l’humaine condition même si accidentellement ils sont privés des moyens d’exercer correctement leur raison. ( « Car c’est une chose bien remarquable qu’il n’y a point d’hommes si hébétés et si stupides, sans en exceptés même les insensés, qu’ils ne soient capables d’arranger ensemble diverses paroles, et d’en composer un discours par lequel ils fassent entendre leurs pensées et qu’au contraire il n’y a point d’autre animal tant parfait et tant heureusement né qu’il puisse être qui fasse le semblable […] Et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu’elles n’en ont point du tout […] »). Les hommes ont donc bien raison de uploads/Philosophie/ discours-de-la-methode-descartes-1637-philolog-pdf.pdf

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