DST de français – 1ère ES Durée : 4 heures, durée minimale ; 3 heures Aucun doc
DST de français – 1ère ES Durée : 4 heures, durée minimale ; 3 heures Aucun document autorisé Objet d'étude : le théâtre, texte et représentation. Textes : Texte A : Molière, Le Bourgeois Gentilhomme, Acte II, scène 4, [extrait], 1670. Texte B : Ionesco, La Leçon, 1951, éd. Gallimard. Texte C : Georges Feydeau, On purge bébé, 1910, Editions du Bélier. I. Questions (4 pts) Etudiez la relation établie entre les personnages mis en scène dans ces extraits. Vous prendrez en compte l'effet escompté de ces dialogues. (N'oubliez pas de prendre en compte le registre employé par les auteurs) II. Travail d'écriture, au choix : (16 points) 1. Commentaire littéraire Vous commenterez l'extrait de La Leçon d'Eugène Ionesco. 2. Dissertation Les aspects comiques d'une pièce de théâtre (texte et représentation) ne servent-ils qu'à faire rire ? Vous vous appuierez pour répondre à cette question sur les textes du corpus ainsi que sur les pièces que vous aurez lues ou dont vous aurez vu une représentation. 3. Écriture d'invention Un metteur en scène s'adresse à l'ensemble de son équipe (acteurs, scénographe, costumiers, éclairagistes...) pour définir ses choix d'interprétation de l'extrait de La Leçon (texte B) et donner ses consignes pour montrer la richesse et l'ambiguïté de cette scène. Vous rédigerez son intervention. Texte A : Molière, Le Bourgeois Gentilhomme, Acte II, scène 4, [extrait], 1670. Monsieur Jourdain est un bourgeois enrichi qui rêve d'imiter la noblesse de la cour du roi. Il prend toutes sortes de leçons. MAITRE DE PHILOSOPHIE. - Que voulez-vous donc que je vous apprenne ? MONSIEUR JOURDAIN. - Apprenez-moi l'orthographe. MAITRE DE PHILOSOPHIE. - T rès volontiers. MONSIEUR JOURDAIN. - Après, vous m'apprendrez l'almanach, pour savoir quand il y a de la lune et quand il n'y en a point. MAITRE DE PHILOSOPHIE. - Soit. Pour bien suivre votre pensée et traiter cette matière en philosophe, il faut commencer selon l'ordre des choses, par une exacte connaissance de la nature des lettres, et de la différente manière de les prononcer toutes. Et là-dessus j'ai à vous dire que les lettres sont divisées en voyelles, ainsi dites voyelles parce qu'elles expriment les voix ; et en consonnes, ainsi appelées consonnes parce qu'elles sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les différentes articulations des voix. Il y a cinq voyelles ou voix : A, E, I, O, U. MONSIEUR JOURDAIN. - J'entends tout cela. MAITRE DE PHILOSOPHIE. - La voix A se forme en ouvrant fort la bouche : A. MONSIEUR JOURDAIN. - A, A. Oui. MAITRE DE PHILOSOPHIE. - La voix E se forme en rapprochant la mâchoire d'en bas de celle d'en haut : A, E. MONSIEUR JOURDAIN. - A, E, A, E. Ma foi ! oui. Ah ! que cela est beau ! MAITRE DE PHILOSOPHIE. - Et la voix I en rapprochant encore davantage les mâchoires l'une de l'autre, et écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles : A, E, I. MONSIEUR JOURDAIN. - A, E, I, I, I, I. Cela est vrai. Vive la science ! MAITRE DE PHILOSOPHIE. - La voix O se forme en rouvrant les mâchoires, et rapprochant les lèvres par les deux coins, le haut et le bas : O. MONSIEUR JOURDAIN. - O, O. Il n'y a rien de plus juste. A, E, I, O, I, O. Cela est admirable! I, O, I, O. MAITRE DE PHILOSOPHIE. - L'ouverture de la bouche fait justement comme un petit rond qui représente un O. MONSIEUR JOURDAIN. - O, O, O. Vous avez raison, O. Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose ! MAITRE DE PHILOSOPHIE. - La voix U se forme en rapprochant les dents sans les joindre entièrement, et allongeant les deux lèvres en dehors, les approchant aussi l'une de l'autre sans les joindre tout à fait : U. MONSIEUR JOURDAIN. - U, U. Il n'y a rien de plus véritable : U. MAITRE DE PHILOSOPHIE. - Vos deux lèvres s'allongent comme si vous faisiez la moue : d'où vient que si vous la voulez faire à quelqu'un, et vous moquer de lui, vous ne sauriez lui dire que : U. MONSIEUR JOURDAIN. - U, U. Cela est vrai. Ah ! que n'ai-je étudié plus tôt, pour savoir tout cela ? MAITRE DE PHILOSOPHIE. - Demain, nous verrons les autres lettres, qui sont les consonnes. Texte B : Ionesco, La Leçon, 1951, éd. Gallimard. Dans La Leçon (1951), Eugène Ionesco met en scène un professeur qui tente d'enseigner son savoir à une jeune élève. Très patient et doux au début, il perd peu à peu son calme. LE PROFESSEUR- Je vais donc vous prier d'écouter avec la plus grande attention mon cours, tout préparé... L'ÉLÈVE- Oui, Monsieur. LE PROFESSEUR- ... Grâce auquel, en quinze minutes, vous pouvez acquérir les principes fondamentaux de la philologie linguistique et comparée des langues néo-espagnoles. L'ÉLÈVE- Oui, Monsieur, oh! (Elle frappe dans ses mains) LE PROFESSEUR- (avec autorité) Silence! Que veut dire cela? L'ÉLÈVE- Pardon, Monsieur. (Lentement, elle remet ses mains sur la table). LE PROFESSEUR - Silence! (Il se lève, se promène dan la chambre, les mains derrière le dos; de temps en temps, il s'arrête, au milieu de la pièce ou auprès de l'Elève, et appuie ses paroles d'un geste de la main; il pérore, sans trop charger, l'Elève le suit du regard et a, parfois, certaine difficulté à le suivre car elle doit beaucoup tourner la tête; une ou deux fois, pas plus, elle se retourne complètement.) Ainsi donc, Mademoiselle, l'espagnol est bien la langue mère d'où sont nées toutes les langues néo-espagnoles, dont l'espagnol, le latin, l'italien, notre français, le portugais, le roumain, le sarde ou sardanapale, l'espagnol et le néo-espagnol - et aussi, pour certains des ses aspects, le turc lui- même plus rapproché cependant du grec, ce qui est tout à fait logique, étant donné que la T urquie est voisine de la Grèce et la Grèce plus près de la T urquie que vous et moi: ceci n'est qu'une illustration de plus d'une loi linguistique très importante selon laquelle géographie et philologie sont soeurs jumelles.... Vous pouvez prendre note, Mademoiselle. L'ÉLÈVE, (d'une voix éteinte). Oui, Monsieur. LE PROFESSEUR- Ce qui distingue les langues néo-espagnoles entre elles et leurs idiomes des autres groupes linguistiques, tels que le groupe de langues autrichiennes et néo-autrichiennes ou habsbourgiques, aussi bien que des groupes espérantistes, helvétique, monégasque, suisse, andorrien, basque, pelote, aussi bien encore que des groupes des langues diplomatique et technique - ce qui les distingue, dis-je, c'est leur ressemblance frappante qui fait qu'on a bien du mal à les distinguer l'une de l'autre- je parle des langues néo-espagnoles entre elles, que l'on arrive à distinguer, cependant, grâce à leurs caractères distinctifs, preuves absolument indiscutables de l'extraordinaire ressemblance, qui rend indiscutable leur communauté d'origine, et qui, en même temps, les différencie profondément - par le maintien des traits distinctifs dont je viens de parler. L'ÉLÈVE- Oooh! Oouuii, Monsieur! LE PROFESSEUR - Mais ne nous attardons pas dans les généralités... L'ÉLÈVE, regrettant, séduite. - Oh, Monsieur... LE PROFESSEUR -Cela a l'air de vous intéresser. T ant mieux, tant mieux. L'ÉLÈVE - Oh, oui, Monsieur... LE PROFESSEUR - T oute langue, Mademoiselle, sachez-le, souvenez-vous-en jusqu'à l'heure de votre mort...L'ELEVE - Oh ! Oui, Monsieur, jusqu'à l'heure de ma mort... Oui, Monsieur... LE PROFESSEUR - ...et ceci est encore un principe fondamental, toute langue n'est en somme qu'un langage, ce qui implique nécessairement qu'elle se compose de sons, ou... L'ELEVE - Phonèmes... LE PROFESSEUR - J'allais vous le dire. N'étalez donc pas votre savoir. Ecoutez, plutôt. L'ELEVE - Bien, Monsieur. Oui, Monsieur. LE PROFESSEUR - Les sons, Mademoiselle, doivent être saisis au vol par les ailes pour qu'ils ne tombent pas dans les oreilles des sourds. Par conséquent, lorsque vous vous décidez d'articuler, il est recommandé, dans la mesure du possible, de lever très haut le cou et le menton, de vous élever sur la pointe des pieds, tenez, ainsi, vous voyez... L'ELEVE - Oui, Monsieur. LE PROFESSEUR - T aisez-vous. Restez assise, n'interrompez pas... Et d'émettre les sons très haut et de toute la force de vos poumons associée à celle de vos cordes vocales. Comme ceci : regardez : "Papillon", "Euréka", "T rafalgar", "papi, papa". De cette façon, les sons remplis d'un air chaud plus léger que l'air environnant voltigeront, voltigeront sans plus risquer de tomber dans les oreilles des sourds qui sont les véritables gouffres, les tombeaux des sonorités. Si vous émettez plusieurs sons à une vitesse accélérée, ceux-ci s'agripperont les uns aux autres automatiquement, constituant ainsi des syllabes, des mots, à la rigueur des phrases, c'est-à-dire des groupements plus ou moins importants, des assemblages purement irrationnels de sons, dénués de tout sens, mais justement pour cela capables de se maintenir sans danger à une altitude élevée dans les airs. Seuls, tombent les mots chargés de signification, alourdis par leur sens, qui finissent toujours par succomber, s'écrouler... L'ELEVE - ... dans les oreilles des sourds. Texte C : Georges Feydeau, On purge bébé, uploads/Philosophie/ dst-th-es.pdf
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- Publié le Mai 12, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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