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Editions Esprit is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Esprit. http://www.jstor.org Editions Esprit De la gnose au "Principe responsabilité" Author(s): Hans Jonas Source: Esprit, No. 171 (5) (Mai 1991), pp. 5-21 Published by: Editions Esprit Stable URL: http://www.jstor.org/stable/24274647 Accessed: 06-12-2015 22:48 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 129.81.226.78 on Sun, 06 Dec 2015 22:48:02 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions De la gnose au Principe responsabilité Un entretien avec Hans Jonas * A l'occasion de la parution de la traduction française de l'ouvrage de Hans Jonas le Principe responsabilité (Cerf, 1990), Jean Greisch et Erny Gillen ont rencontré le philosophe le 14 juillet 1990. Ce texte est la version française de cet entretien. Jean Greisch - Monsieur le professeur Jonas, vous avez derrière vous presque soixante années d'activité philosophique. Votre itinéraire vous a conduit d'Allemagne en Israël, puis au Canada et aux États-Unis. Pourriez-vous nous rappeler les étapes principales de cet itinéraire bio graphique et son lien avec votre cheminement philosophique ? Hans Jonas — Le principal problème de mon chemin de vie est celui d'une émigration forcée pour des motifs politiques. Sans doute est-ce un problème dont notre siècle offre de multiples exemples. Il est vrai qu'étudiant, j'étais militant sioniste, sans avoir toutefois des projets d'émigration. C'est en Allemagne que j'ai fait mes études de philo sophie et que j'ai passé mon doctorat en 1928. Quelle est la carrière qui s'offre à un docteur en philosophie, quel est le chemin qui s'ouvre devant lui ? L'habilitation passée devant une université d'Allemagne avec l'objectif de devenir titulaire d'une chaire de philosophie, d'y dispenser un enseignement en attendant d'être mis à la retraite. Eh bien, au lieu de tout cela, vint Hitler ! Tout le reste est bien connu : l'exclusion totale des juifs de ce genre de carrière, avant qu'ils ne * Voir l'article de Bernard Sève consacré au Principe responsabilité, in Esprit, novembre 1990. En septembre 1974, Esprit avait publié une étude de Hans Jonas intitulée « Technologie et responsabilité : pour une nouvelle éthique ». Cf. aussi Dominique Janicaud, « En guise d'in troduction à Hans Jonas », suivi de Hans Jonas, « Heidegger et la théologie », traduit par Louis Evrard, in Esprit , juillet-août 1988. This content downloaded from 129.81.226.78 on Sun, 06 Dec 2015 22:48:02 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions De la gnose au Principe responsabilité soient privés de tout, y compris de la vie. Les droits civiques furent très vite suspendus. Le 1er avril 1933, jour du boycott contre les juifs, il était évident qu'il était impossible de rester dans un tel pays, ne fût-ce que pour sauvegarder sa propre dignité. Ni moi-même, ni per sonne d'autre ne pensait à cette époque à une menace physique, à savoir l'idée d'extermination. Mais pour moi, un pays où l'on se voit privé de ses droits de citoyen, et même déjà des droits de l'homme, est un pays dans lequel il ne faut pas vivre. Je pris donc le chemin de l'émigration et la terre d'asile naturelle fut la Palestine, alors ter ritoire sous mandat britannique qui, conformément à la déclaration Balfour, était censé offrir, en partie du moins, une terre d'asile au peuple juif. Je me rendis d'abord en Angleterre parce que je souhaitais achever mon travail sur la gnose et superviser son impression, ce qui était plus facile à faire à Londres qu'à Jérusalem. Mais au printemps 1935 j'arrivai à Jérusalem, et jusqu'en 1949 mon domicile fut la ville de Jérusalem. Dès 1940, je m'engageai comme soldat dans l'armée britannique. J'avais quitté l'Allemagne et ma demeure paternelle en faisant le vœu, le serment, de ne jamais revenir si ce n'est comme soldat d'une armée d'occupation ; et ce vœu, je l'ai respecté. Cinq années durant, j'ai combattu l'Allemagne nazie comme soldat d'artillerie de l'armée bri tannique en Méditerranée et principalement en Italie. Après la cam pagne d'Italie, j'ai participé à l'occupation de l'Allemagne et c'est en tant que soldat britannique que je suis revenu dans ma ville natale. A cette époque, j'ai rendu visite à quelques-uns de mes anciens pro fesseurs d'université, en particulier mon vénéré maître Rudolf Bultmann, titulaire de la chaire de théologie évangélique à Marburg et à Karl Jaspers à Heidelberg. Toutefois je ne me rendis pas auprès de Heidegger à Friburg, pour des raisons qui sont bien connues. Tout ce que j'aurais à raconter d'autre sur ma biographie ne comporte aucun trait exceptionnel, car l'obligation d'errer d'un pays à un autre fut le lot d'un grand nombre. D'un point de vue strictement professionnel, l'arrêt de ma carrière académique fut très douloureux, car l'université hébraïque de Jérusalem ne disposait à l'époque que d'un très petit département de philosophie où, tous les postes étant pourvus, il était difficile d'attendre indéfiniment la mort de quelqu'un pour prendre sa succession. Sans doute, de semestre en semestre, j'étais chargé de cours, mais ce n'était pas une situation stable. Au cours de la guerre, je me suis marié. Notre premier enfant était en route quand je reçus l'offre d'une fondation qui me proposait de venir enseigner pour une certaine période au Canada. J'ai accepté cette proposition en 1949 : avec notre fille aînée, âgée de six mois, nous avons traversé l'océan pour nous installer au Canada. Jusqu'en 1955, j'ai enseigné à l'université d'Ottawa. Cela signifie que mon ac This content downloaded from 129.81.226.78 on Sun, 06 Dec 2015 22:48:02 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions De la gnose au Principe responsabilité tivité philosophique officielle a commencé à l'âge de 47 ans, donc très tard. Je n'avais d'ailleurs qu'un titre provisoire que je finis par transformer en titre de associate-professor. En 1955, je devins profes seur titulaire en bonne et due forme à la New School for Social Re search à New York, inaugurant alors ma carrière de professeur titulaire, une carrière qui commence normalement vingt ans plus tôt. J'étais âgé de 52 ans. C'est probablement pourquoi le bon Dieu m'a offert quelques compensations en me permettant d'atteindre un grand âge, de sorte que je pus malgré tout bénéficier des fruits d'une carrière académique. Jusqu'à l'âge de 73 ans, j'ai enseigné à la New School. Depuis lors, je suis à la retraite. J. G. — Des études sur la gnose 1 au Principe responsabilité en pas sant par Organisme et liberté, y a-t-il des dénominateurs communs entre vos travaux plus anciens et vos recherches actuelles ? H. J. — A cette question qu'on m'a souvent posée, je ne suis jamais sûr de la réponse à apporter. Un certain nombre de gens pensent avoir découvert de telles liaisons et me les ont proposées. Je n'ai pas d'objection de principe, mais je n'ai pas, pour ma part, conscience d'une liaison effective. Le fait est que pendant deux décennies environ (plutôt une décennie et demie) mes recherches érudites furent consa crées au thème de la gnose. C'est pour ainsi dire par accident que je me suis aventuré dans ce domaine extraordinairement fascinant de l'histoire des idées qui couvre l'époque des deux à trois premiers siècles de la naissance du christianisme et interfère avec un certain nombre des mutations de l'antiquité tardive en général, du monde gréco-romain de l'époque impériale. L'accident fut un exposé présenté à Marburg au séminaire de Rudolf Bultmann : il avait pour thème le concept de la connaissance de Dieu dans le quatrième Évangile, l'Évangile de saint Jean. Bultmann fut très impressionné par mon tra vail et il a demandé à Heidegger si je pouvais en faire ma thèse de philosophie. C'est de cette manière que je me suis investi avec élan et passion sur ce thème. Progressivement, la question de la gnose a pris de plus en plus d'ampleur au point qu'elle aurait pu m'occuper toute ma vie. Vint pourtant un moment où je me suis dit : assez de l'histoire des idées, de l'histoire des formations spirituelles du passé ! En dernière instance, la philosophie a affaire à ce qui est, à l'être réel auquel nous sommes confrontés, dont nous sommes nous-mêmes une partie. Elle a affaire à notre propre être et à l'être du monde dans lequel nous nous tenons. A cette réaction s'ajoutait un facteur externe. Comme je viens de le dire, je devins soldat et de ce fait je fus coupé des bibliothèques. Nous étions dans l'impossibilité de faire des re 1. Hans Jonas, la Religion gnostique, Flammarion, 1978. This content downloaded from 129.81.226.78 on Sun, 06 Dec 2015 22:48:02 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions De la gnose au Principe responsabilité cherches, de lire des ouvrages d'érudition, uploads/Philosophie/ editions-esprit.pdf
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- Publié le Apv 04, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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