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rechercher Littérature française Verdier L'Image Chaoïd Deyrolle Antigone L’Éther Vague Littérature étrangère allemande anglaise espagnole italienne russe Slovo russe Poustiaki divers Verdier poche Philosophie Hébreu Islam Sciences humaines Art et architecture Tauromachie Cuisine Revues Retour Accueil Index des auteurs, titres par genre, traducteurs, photographes et prix littéraires Lettre d'information Informations générales Sites conseillés Heidegger et le nazisme Victor Farias Traduit de l’espagnol et de l’allemand par Myriam Benarroch et Jean- Baptiste Grasset Préface de Christian Jambet 366 pages 19 € ISBN : 2-86432-063-0 Résumé La totale adhésion de Martin Heidegger au national-socialisme en 1933-1934 était chose connue. L’ouvrage de Victor Farias, fondé sur l’étude minutieuse de toutes les sources accessibles, montre qu’il ne s’agissait point là d’un opportunisme momentané, mais de l’expression publique de convictions que le philosophe conserva tout au long de sa vie. Heidegger resta jusqu’à la fin de la guerre un des intellectuels les mieux considérés par le parti nazi, auquel il ne cessa jamais d’adhérer. Sa rupture avec la politique universitaire officielle du régime s’explique par l’élimination de la fraction dans laquelle il reconnaissait « la vérité interne et la grandeur » du national-socialisme : celle de Rhöm et des S.A. qui, animateurs du mouvement étudiant en 1933, prônaient le bouleversement radical de l’Université. Finalement ce furent Rosenberg et Krieck qui devinrent les philosophes officiels du nazisme, et non Heidegger, jugé trop radical. Même en privé, face à ses anciens collègues les plus proches, Heidegger devait ensuite toujours refuser de critiquer le régime déchu, et d’expliquer ses propres prises de position. La cohérence et la ténacité de ses conceptions politiques apparaissent clairement si l’on remarque que le premier texte (1910) de sa vie et le dernier (1964) sont consacrés au moine autrichien Abraham a Santa Clara, principal représentant au XVIIe siècle d’une tradition autoritaire, antisémite et ultranationaliste. Extraits de presse Lorsque le livre de Victor Farias paraît en France (traduit de l’espagnol) la presse unanime salue ces révélations inédites. Tous les journaux s’emparent de « l’affaire» qui provoque dès lors un véritable débat philosophique à l’échelle mondiale. La presse française se voit immédiatement relayée par ses homologues italienne et allemande. La polémique s’installe en Italie et bientôt aux États-Unis. Nous ne citons ici que les trois premiers articles parus en France. Heidegger était-il nazi ? Une minutieuse enquête de Victor Farias révèle les liens entre le philosophe, mort en 1976, et le national-socialisme. par Roger-Pol Droit, Le Monde, mercredi 14 octobre 1987 La question des liens entre Heidegger et le nazisme a déjà suscité bien des débats. Question multiple, elle concerne les compromissions effectives de l’homme avec le régime hitlérien, leur étendue et leur interprétation. Elle inclut aussi le lien éventuel entre des thèmes constants de son œuvre et l’idéologie national-socialiste. Elle bute enfin sur l’énigme du silence du philosophe : après guerre, il ne désavoua jamais clairement le passé et n’eut pas un mot sur le génocide juif. Question embarrassante : l’emprise sur notre époque de la pensée heideggerienne est devenue si puissante – singulièrement en France – que beaucoup semblent ne pouvoir regarder ces problèmes en face. Au fil des ans, une réponse habituelle s’est construite. Heidegger n’aurait eu avec le nazisme qu’une relation accidentelle, temporaire et tout extérieure. Animé par le seul désir de régénérer l’Université allemande, il aurait cru, fugitivement, ’une révolution nationale en marche pouvait permettre cette renaissance. Élu recteur de l’université de Fribourg par ses collègues le 21 avril 1933, il démissionne le 23 avril 1934. Durant ces douze mois de coopération purement « administrative » avec un pouvoir récent, Heidegger se serait borné à prononcer quelques discours, sûrement malheureux, mais de circonstance. Après sa démission, au long de quelque dix années de silence politique, il aurait vécu en butte à la surveillance des autorités, à la censure de ses publications et aux tracasseries d’un pouvoir le tenant dans une disgrâce croissante. Telle est, en gros, la version « officielle », fondée sur les indications fournies par Heidegger lui-même en 1945 et 1976, et constamment soutenue par ses fidèles disciples. [Heidegger a publié en 1945 un texte intitulé Die Rektorat 1933-1934, et il revient sur ces faits dans un entretien accordé en 1966 au Spiegel, et publié à titre posthume (Réponses et questions sur l’histoire et la politique, Mercure de France, 1977). On peut également se reporter à l’entretien que Jean Beaufret nous avait accordé (Le Monde du 27 septembre 1974) reproduit dans le recueil De l’existentialisme à Heidegger, Vrin, 1986.] Cette version n’est plus tenable pour qui a lu la minutieuse enquête de Victor Farias. Durant plusieurs années, cet universitaire chilien de quarante-sept ans, qui fut l’élève de Heidegger, a fouillé toutes les archives accessibles, épluché la presse du Reich, scruté les revues du Parti nazi et des associations affiliées, examiné les rapports internes de l’Université et des ministères, recueilli des témoignages. Sa conclusion est simple, peut-être trop simple : Heidegger fut par toutes ses fibres – ses actes, ses textes, sa pensée – un membre éminent et résolu du Parti nazi, dont il n’aurait jamais abandonné les convictions fondamentales. Implacablement documenté, ce livre est une bombe. La traduction française, qui est aussi la première publication de l’ouvrage (Éditions Verdier), devrait permettre de poser quelques vrais problèmes. Car, à moins d’imaginer une mystification, à moins d’accuser l’auteur d’inventer des textes et de se livrer à de grossiers trucages, il y a des questions difficiles auxquelles on ne saurait plus échapper. Mais voyons d’abord les faits. Ils sont nombreux. L’investigation de Victor Farias commence bien avant 1933. Il a retrouvé le premier écrit publié par Heidegger, à vingt et un ans, en un temps où il poursuivait des études de théologie au séminaire de Fribourg. Ce texte figure dans un numéro de 1910 de l’Allgemeine Rundschau, revue marquée par des tendances antilibérales et antisémites. Heidegger célèbre la figure d’un prédicateur augustinien de la fin du dix-huitième siècle, Abraham a Sancta Clara, à l’occasion de l’inauguration d’un monument à sa mémoire. Ce moine fanatique est, par ailleurs, connu pour son nationalisme virulent et son intransigeance. Écrivain prolixe et grand amateur de pogroms, il écrivait par exemple (Heidegger n’en dit rien) : « Hormis Satan, les hommes n’ont pas de plus grand ennemi que le juif [...]. Pour leurs croyances, ils méritent non seulement la potence, mais aussi le bûcher. » Texte du jeune Heidegger : « La santé du peuple, dans son âme et dans son corps, voilà ce qu’a cherché ce prédicateur vraiment apostolique. » Peut-être le séminariste ignorait-il les zones d’ombre de cette « tête de génie », comme il dit. Peut-être feignait-il de n’en rien savoir. Erreur de jeunesse ? Rien n’est moins sûr. Le 2 mai 1964, à soixante-quinze ans, dans sa bonne ville natale de Messkirch, le philosophe, célébrissime, donne une conférence... sur le Père Abraham a Sancta Clara. Cette fois, il le cite : « Un chef militaire a frappé de plein fouet la tête des Turcs ; têtes et chevelures roulèrent comme des casseroles. » Et le vieil Heidegger voit toujours, dans l’homme qui a écrit cela, « un maître pour notre vie et un maître pour notre langue ». Un classique du national-socialisme Entre ces deux pôles immobiles, la position politique de Heidegger n’aurait pas varié. En 1923, déjà, alors qu’il enseigne la théologie à Marbourg, l’association étudiante Akademische Vereinigung – « apolitique »... mais excluant de ses rangs « tout élément juif ou de couleur » – recommande chaleureusement de suivre ses cours. En 1930, c’est au cours d’une fête de la « Patrie badoise » que Heidegger prononce la première version (non publiée) de la conférence intitulée « L’essence de la vérité ». Le président d’honneur est Eugen Fischer, fondateur et dirigeant, depuis 1927, de l’Institut d’hygiène raciale. Le rôle bien connu de cet organisme dans les expériences conduites par les SS dans les camps de la mort n’empêchera par Heidegger d’adresser, en 1960, un de ses livres à Eugen Fischer, avec ses « cordiales salutations de Noël et ses vœux de Nouvel An ». Le rectorat ne serait donc ni un épisode ni une parenthèse. Au printemps 1933, le pays de Bade est mis au pas : les sociaux-démocrates sont en camp, les syndicats muselés, les juifs molestés. Le 1er mai, Heidegger adhère au Parti nazi. Les archives révèlent qu’il en resta membre jusqu’en 1945, payant ponctuellement ses cotisations. De l’année d’activité du recteur de Fribourg, Victor Farias dresse un tableau consternant. Il y a le fameux discours du 27 mai 1933, que l’on connaît déjà. On sait moins, en revanche, qu’il devint une sorte de classique du nazisme, très prisé des organisations étudiantes. Il fut réédité par trois fois, dont la dernière, à cinq mille exemplaires, en 1937, en un temps où la censure exigeait du solide. Au cours de sa gestion, Heidegger en fait trop. Il s’engage à fond dans des mesures destinées à révolutionner l’Université, à changer la vie des étudiants dans le sens de la conception national- socialiste du monde. S’il démissionne aussi brusquement, ce n’est uploads/Philosophie/ editions-verdier-victor-farias-heidegger-et-le-nazisme.pdf

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