Histoire de la philosophie IES DRAGO 2016/2017 CHAPITRE 1 Sagese et bonheur dan

Histoire de la philosophie IES DRAGO 2016/2017 CHAPITRE 1 Sagese et bonheur dans la philosophie anciénne. Où l’on verra comment dans la Grèce et la Rome anciennes le premiers philoso- phes cherchent la sagesse en élaborant des systèmes complexes de pensée étran- gers à la tradition mythique et religieuse. SECTION 1 Socrate Séance 1. Peut-on croire aux Oracles? «Quand je sus la réponse de l’oracle, je me dis en moi-même : que veut dire le dieu ? Quel sens cachent ses paroles ? Car je sais bien qu’il n’y a en moi aucune sa- gesse, ni petite ni grande ; que veut-il donc dire, en me déclarant le plus sage des hommes ? Car enfin il ne ment point ; un dieu ne saurait mentir. Je fus long-temps dans une extrême perplexité sur le sens de l’oracle, jusqu’à ce qu’enfin, après bien des incertitudes, je pris le parti que vous allez entendre pour connaître l’intention du dieu. J’allai chez un de nos concitoyens, qui passe pour un des plus sages de la ville ; et j’espérais que là, mieux qu’ailleurs, je pourrais confondre l’oracle, et lui dire : tu as déclaré que je suis le plus sage des hommes, et celui-ci est plus sage que moi. Examinant donc cet homme, dont je n’ai que faire de vous dire le nom, il suffit que c’était un de nos plus grands politiques, et m’entretenant avec lui, je trou- vai qu’il passait pour sage aux yeux de tout le monde, surtout aux siens, et qu’il ne l’était point. Après cette découverte, je m’efforçai de lui faire voir qu’il n’était nulle- ment ce qu’il croyait être ; et voilà déjà ce qui me rendit odieux à cet homme et à tous ses amis, qui assistaient à notre conversation. Quand je l’eus quitté, je raison- nai ainsi en moi-même : je suis plus sage que cet homme. Il peut bien se faire que ni lui ni moi ne sachions rien de fort merveilleux ; mais il y a cette différence que lui, il croit savoir, quoiqu’il ne sache rien ; et que moi, si je ne sais rien, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc qu’en cela du moins je suis un peu plus sage, que je ne crois pas savoir ce que je ne sais point». Platon, Apologie de So- crate. 2 Séance 2. «SOCRATE. Ainsi réponds-moi de nouveau. En quoi faites-vous consister la vertu, toi et ton ami? MENON. J’avais déjà ouï dire, Socrate, avant que de converser avec toi, que tu ne savais autre chose que douter toi-même, et jeter les autres dans le doute : et je vois à présent que tu me fascines l’esprit par tes charmes et tes maléfices, enfin que tu m’as comme enchanté, de manière que je suis tout rempli de doutes. Et, s’il est per- mis de railler, il me semble que tu ressembles parfaitement, pour la figure et pour tout le reste, à cette large torpille marine qui cause l’engourdissement à tous ceux qui l’approchent et la touchent. Je pense que tu as fait le même effet sur moi : car je suis véritablement engourdi d’esprit et de corps, et je ne sais que te répondre. Cependant j’ai discouru mille fois au long sur la vertu devant beaucoup de person- nes, et fort bien, à ce qu’il me paraissait. Mais à ce moment je ne puis pas seule- ment dire ce que c’est. Tu prends, à mon avis, le bon parti, de ne point aller sur mer, de voyager en d’autres pays : car si tu faisais la même chose dans quelque au- tre ville, on te punirait bien vite du dernier supplice comme un enchanteur». Pla- ton, Menon. «J’ai d’ailleurs cela de commun avec les sages-femmes, que par moi-même je n’enfante rien, en fait de sagesse ; et quant au reproche que m’ont fait bien des gens, que je suis toujours disposé à interroger les autres, et que jamais moi-même je ne réponds à rien, parce que je ne sais jamais rien de bon à répondre, ce repro- che n’est pas sans fondement. La raison en est que le dieu me fait une loi d’aider les autres à produire, et m’empêche de rien produire moi-même. De là vient que je ne puis compter pour un sage, et que je n’ai rien à montrer qui soit une produc- tion de mon âme ; au lieu que ceux qui m’approchent, fort ignorants d’abord pour la plupart, font, si le dieu les assiste, à mesure qu’ils me fréquentent, des progrès merveilleux qui les étonnent ainsi que les autres. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’ils n’ont jamais rien appris de moi ; mais ils trouvent d’eux-mêmes et en eux-mêmes toutes sortes de belles choses dont ils se mettent en possession ; et le dieu et moi, nous n’avons fait auprès d’eux qu’un service de sage-femme». Platon, Théetète. 3 Les sophistes Petit à petit, une démocratie avec des assemblées du peuple et des juges po- pulaires vit le jour. Une condition sine qua non pour l'établissement de la démocra- tie était que le peuple fût assez éclairé pour pouvoir participer au processus démo- cratique. Qu'une jeune démocratie exige une certaine éducation du peuple, nous l'avons bien vu de nos jours. Chez les Athéniens, il était essentiel de maîtriser l'art du discours (la rhétorique). Très vite une vague de professeurs et philosophes itiné- rants, originaires des colonies grecques, déferla sur Athènes. Ils s'étaient donné le nom de sophistes. Le terme « sophiste » signifie une personne cultivée et compé- tente. À Athènes, enseigner aux citoyens devint rapidement le gagne-pain des so- phistes. Les sophistes aimaient parcourir le monde et comparer ainsi divers types de gouvernement. Ils constatèrent d'énormes différences dans les mœurs, les coutu- mes et les lois des cités. À partir de ces observations, les sophistes lancèrent le dé- bat sur ce qui, d'une part, était déterminé par la nature et ce qui, d'autre part, était créé par la société. Ils jetèrent ainsi les bases d'une critique de la société dans la dé- mocratie athénienne. [...] « L'homme est la mesure de toute chose », dit le sophiste Protagoras (environ 485-410 avant Jésus-Christ). Il entendait par là que le vrai et le faux, tout comme le bien et le mal, doivent être jugés en fonction des besoins de l'être humain. [...] Comme tu vois, les sophistes provoquaient des débats animés au sein de la population athénienne en indiquant qu'il n'y avait pas de normes propre- ment dites pour le vrai et le faux. Socrate, lui, tenta au contraire de montrer que certaines normes sont pourtant absolues et valables pour tous. Socrate ou le dialogue Socrate (470-399 avant Jésus-Christ) est sans doute le personnage le plus énigmatique de toute l'histoire de la philosophie. Il n'écrivit pas une seule ligne. Et pourtant il fait partie de ceux qui ont eu le plus d'influence sur la pensée euro- péenne. Sa mort, qui survint dans des conditions dramatiques, y a aussi largement contribué. Nous savons qu'il était né à Athènes et qu'il passa le plus clair de son temps à s'entretenir avec les gens qu'il rencontrait dans la rue ou sur la place du marché. « Les arbres à la campagne ne peuvent rien m'apprendre », avait-il cou- tume de dire. Il avait aussi la faculté de rester plusieurs heures plongé dans ses pen- sées. [...]Il était laid comme un pou, on sait au moins ça. Petit et gros, avec des yeux globuleux et un nez retroussé. Mais intérieurement, on disait de lui qu'il était « merveilleux ». Ou encore : « On aura beau chercher dans le passé ou le futur, ja- mais on ne trouvera quelqu'un comme lui. » Cela ne l'empêcha pas néanmoins d'être condamné à mort à cause de son activité philosophique. La vie de Socrate nous est surtout connue grâce à Platon qui fut son élève et devint lui-même un des plus grands philosophes de l'histoire. Platon écrivit plusieurs Dialogues ou conver- sations philosophiques en se servant de Socrate comme porte-parole. Le secret de l'efficacité chez Socrate réside en ce qu'il ne cherchait pas à en- seigner aux gens. Il donnait au contraire l'impression qu'il voulait apprendre de la personne avec qui il s'entretenait. Il ne faisait pas un cours comme un vulgaire pro- fesseur. Au contraire, il discutait. Certes, il n'aurait jamais été un philosophe célè- bre s'il s'était uniquement contenté d'écouter les autres. Mais il n'aurait pas été con- damné à mort non plus. En réalité, il posait surtout des questions au début. De cette façon, il faisait semblant de ne rien savoir. Puis, au cours de la conversation, il s'arrangeait pour que l'autre découvre petit à petit les failles de son raisonnement. À la fin, son interlocuteur se retrouvait tellement coincé qu'il était obligé de distin- guer le vrai du faux. On raconte que la mère de Socrate était sage-femme et qu'il comparait sa pratique philosophique à la maïeutique (l'art de faire accoucher). En effet, ce n'est pas la uploads/Philosophie/ histoire-de-la-philosophie-bachibac.pdf

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