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CIO Nîmes Ouest Fiche ressource 2012 Elisa BLANCHARD – octobre 2012 Page 1 Compte-rendu de la conférence du 09/10/2012 au CRDP de Montpellier, journée organisée par Mme MANIFACIER « L’enfant à haut potentiel, mythe ou réalité, un atout pour l’école ? » Intervention de Monsieur Oliver REVOL, Chef du service de neuro-psychopathologie de l’enfant au CHU de Lyon. Pour Oliver REVOL, la dénomination « élève à haut potentiel intellectuel » (HP) désignant ces enfants que l’on appelait autrefois les « surdoués », est plus adaptée que le terme d’« élève intellectuellement précoce » (EIP) utilisée couramment aujourd’hui. Les troubles dont souffrent ces élèves se manifestent dès l’école primaire et dans le secondaire à certains paliers, tels que la 5ème / 4ème et en seconde (on voit des filles craquer en seconde car elles n’en peuvent plus de s’adapter). A l’école primaire les enseignants ne les comprennent pas, les parents sont démunis. Le système scolaire est dépassé. Réflexion d’élèves : « Je cherche encore ma planète dans le système scolaire », « Je ne supporte pas la façon dont on enseigne ». Les enfants HP existent bien, ce n’est pas une mode. Ils souffrent car ils ne sont pas populaires, n’ont pas de copains, souvent s’ennuient à l’école. Ils n’aiment pas l’écrit. Certains manifestent une phobie scolaire, beaucoup un déficit d’attention. Confrontés aux difficultés, les garçons externalisent, les filles internalisent. Contexte sociétal : la société fabrique des comportements ; obligation d’être performant, d’aller vite, tyrannie de la majorité, tentation d’excuser les garnements, poids des associations de parents, fascination pour des enfants différents. Leurs caractéristiques : Leur mode de fonctionnement intellectuel ou mental ne correspond pas au mode habituel des autres enfants. Ils fonctionnent essentiellement sur un état d’accommodation (Piaget). Ils rejettent le principe de répétition. Ils ont un fonctionnement mental par fulgurances. Ils ont une vision holistique, englobante. Ils trouvent la solution sans suivre les étapes habituelles et ont donc des difficultés à décrire le raisonnement ! Ils aiment la stimulation intellectuelle et être en contact avec des gens qui partagent leurs intérêts. Ils ne travaillent que par caprices et apprennent au dernier moment. Ils intègrent très vite les notions, les concepts, les informations, mais ont du mal sur le plan méthodologique. Des intérêts particuliers : Ils ont le même type de projet professionnel : égyptologue, archéologue, paléontologue, astronome… ces projets sont révélateurs de leur besoin de contrôle et de maitrise de tout : du temps, de l’espace… Ils ont besoin de comprendre les limites, ils veulent savoir d’où ils viennent et où ils vont. Ils ont des soucis existentiels, une conscience de la mort et de la maladie plus précoce (vers 6 ans) que les autres enfants (vers 9 ans). Réflexion d’enfant : « Je sais que mon problème est éternel. » Ils ont des intérêts particuliers. Exemple : ils aiment l’élevage de bêtes bizarres telles que les araignées. Ils ont des intérêts pour les films tels que les X-men, les mutants, qui sont pourchassés par les autres. Ils ont des problèmes relationnels car ils ont des préoccupations différentes de celles de leurs pairs. Ils sont plutôt narcissiques. Ils ont le sens de l’humour, comprennent aisément le second degré. Ils ne veulent pas demander et veulent tout contrôler. « Never complain, never CIO Nîmes Ouest Fiche ressource 2012 Elisa BLANCHARD – octobre 2012 Page 2 explain ». Ils ont une grande intelligence mais aussi une anxiété majeure. Ils n’arrêtent pas de penser et certains disent qu’ils aimeraient bien pouvoir « débrancher ». A la différence de la pathologie Asperger (autistes de type Rainman), ils ont un regard qui pétille et sont dans l’empathie avec les autres. Trois caractéristiques selon Winner : 1) Précocité intellectuelle. 2) Insistance à se débrouiller seul. 3) Rage de maitriser. C’est un état qui perdure. Pour les enfants à haut potentiel, les anglais utilisent les mots : gifted, high ability. Il est amusant de voir que HP sont les initiales de Harry Potter qui a ce profil là et ne se trouve bien qu’avec les siens à Poudlard. Le Petit Prince aussi évoque un enfant à haut potentiel. Le conférencier aime bien la notion de don car c’est une qualité, un avantage que l’on a reçu sans rien faire pour l’acquérir. La situation des HP : Le nombre d’enfants HP s’élèverait à 300 000 enfants (3%), ce qui correspond à un ou deux enfants par classe. Deux garçons pour une fille. Ils sont souvent enfants uniques ou aînés. La majorité va bien. Ils ont trouvé des stratégies. Il est important de les stimuler très tôt car sinon, leurs compétences mnésiques et attentionnelles ne se développeront pas. Il faut les stimuler d’autant qu’on ne fabrique de l’estime de soi qu’en faisant des choses ardues. Les HP sont extrêmement observateurs, fixent du regard tôt. Précocité du développement sensorimoteur. Précocité de certaines acquisitions telles que marche, langage. Intérêt, curiosité, humour, hyper sensibilité. On observe un sommeil paradoxal augmenté et pas de différences hémisphériques significatives. Un certain nombre a des troubles du comportement et des problèmes relationnels. On observe un décalage entre leur développement affectif et leur hyper maturité intellectuelle. Ils ont besoin de raisonner, d’argumenter, sont dans le refus des consignes, dans l’opposition. Ils ont besoin de cadre plus que les autres. On observe par ailleurs : précocité du langage, surinvestissement intellectuel, décalage statural, atteinte de l’estime de soi lorsqu’ils sont en difficultés scolaires, victimisation, problèmes au collège surtout en 5ème car le fait qu’ils soient encore dans l’enfance renvoie aux autres la difficile confrontation au deuil de l’enfance. Le passage à l’écrit est difficile pour eux à cause de difficultés psychomotrices. Ils ont souvent plus de problèmes de dyslexie, de dysgraphie et de troubles de l’attention. De ce fait, ils prennent peu de notes (écrire impose un coût cognitif insupportable). Ils ont par ailleurs des troubles de la régulation de l’humeur « quand le sur-don complique la vie » (leurs différences entrainant des rejets, des moqueries). Particularités de leur QI : réussite à similitudes et compréhension (ils sont très bons en compréhension verbale), parfois échec à mémoire des chiffres et codes, parfois pas bon à vitesse de traitement et mémoire de travail, pour cause de déficit d’attention, compétences hétérogènes. Ils manifestent une intelligence verbale et logicomathématique nettement au- dessus des autres (QI au-delà de 125 sachant qu’il n’est pas possible de faire le total de certains QI à cause d’une trop grande différence entre les subtests). L’intérêt de leur faire passer un test de QI est de donner du sens à leurs troubles anxieux. Il faut faire très attention avec ce type d’enfants lors de la passation car, à certaines questions, ils peuvent répondre qu’ils ne savent pas, or, ils savent mais ne répondent pas car ils situent la réponse bien au-delà du premier niveau. Exemple : à la question « Pourquoi le fer rouille ? », CIO Nîmes Ouest Fiche ressource 2012 Elisa BLANCHARD – octobre 2012 Page 3 un enfant ne répond pas. A la question du psychologue « Pourquoi tu ne dis rien ? » il répond : « Je suis incapable d’expliquer le mécanisme de l’oxydation. » Les paradoxes de la précocité : 1) L’ennui : pourquoi le HP s’ennuient à l’école ? Ils ont compris plus vite que les autres enfants. Pour eux, la pédagogie est trop répétitive, avec des contenus simplifiés. Le contenu est démotivant ; ils décrochent et sont perdus. 2) Le manque de méthode : ils apprennent d’une autre façon et n’ont pas eu besoin de méthode pour apprendre. Ils s’appuient sur une mémoire épisodique avec une pensée en arborescence. 3) Difficulté face à l’effort. Ils font tout, naturellement, sans efforts, et rejettent l’apprentissage par cœur. 4) Dépendance à l’attitude des enseignants : si ceux-ci sont empathiques, cela se passe bien, sinon, ils se replient et peuvent débrayer. 5) Effet pygmalion négatif : « Je m’adapte à ce qu’on me demande » ce qui est parfois perçu comme de l’impertinence. Exemple : en CP, un enfant HP qui savait parfaitement lire s’est mis à ânonner lors d’une lecture orale, pensant qu’il devait se conformer aux autres ! 6) Stratégies spécifiques : ils ont une vision globale, une pensée non-séquentielle, une très bonne mémoire. Ils ne sollicitent pas la mémoire sémantique mais la mémoire épisodique. Lorsque l’on examine leur cerveau comparé au fonctionnement des autres jeunes, les zones utilisées sont beaucoup plus activées chez les HP (lorsque quelque chose est évoqué, ils vont faire plein d’associations par flashs). Il faut leur apprendre à utiliser de manière efficace leur façon de penser en arborescence. Ils ont de l’empathie. Empathie = souffrir avec. Réflexion d’un enfant : « Ma maman croit que je suis déçu par elle alors que c’est elle qui est déçue par elle. » Avec eux il faut convaincre plus que contraindre. Ils utilisent la métaphore et aiment bien qu’on l’utilise. Réflexion d’un enfant : « Je me suis défendu avec les armes qu’on m’a données. » Ils ont beaucoup d’intuition, une sorte de 6ème sens ; réflexion d’un enfant uploads/Philosophie/ eip-conference-revol.pdf

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