Enquête Archives de la revue Enquête 7 | 1992 Max Weber Jean-Claude Passeron et

Enquête Archives de la revue Enquête 7 | 1992 Max Weber Jean-Claude Passeron et Jean-Pierre Grossein (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/enquete/17 DOI : 10.4000/enquete.17 ISSN : 1953-809X Éditeur : Cercom, Éditions Parenthèses Édition imprimée Date de publication : 2 juin 1992 Référence électronique Jean-Claude Passeron et Jean-Pierre Grossein (dir.), Enquête, 7 | 1992, « Max Weber » [En ligne], mis en ligne le 16 novembre 2005, consulté le 26 mars 2020. URL : http://journals.openedition.org/enquete/ 17 ; DOI : https://doi.org/10.4000/enquete.17 Ce document a été généré automatiquement le 26 mars 2020. Cette publication électronique est une édition revue et corrigée du numéro 7 d’Enquête. Cahiers du CERCOM, publié conjointement en juin 1992 par l'EHESS, le CNRS et l'université de Nice. Enquête, 7 | 1992 1 SOMMAIRE L’espace wébérien du raisonnement naturel Avant-propos Jean-Claude Passeron Présentation Jean-Pierre Grossein Note sur les traductions Jean-Pierre Grossein Introduction Max Weber Confucianisme et puritanisme Max Weber L’épanouissement de l’esprit capitaliste Max Weber Parenthèse théorique Le refus religieux du monde, ses orientations et ses degrés Max Weber La Zwischenbetrachtung Un espace théorique intermédiaire Philippe Fritsch Genèse de la recherche sociologique en Allemagne Analyse d’un échange épistolaire de Max Weber sur un projet d’enquêtes Isabelle Niehues-Jeuffroy Raymond Aron et la philosophie critique de l’histoire De Hegel à Weber Georges Canguilhem Enquête, 7 | 1992 2 L’espace wébérien du raisonnement naturel Avant-propos Jean-Claude Passeron 1 Les documents rassemblés dans ce numéro d’Enquête répondent d’abord à l’urgence de procurer aux étudiants, en particulier ceux de nos doctorats, le contact en langue française avec des textes de Max Weber auxquels les renvoient fréquemment allusions, commentaires ou analyses, en dépit de l’état des traductions françaises, inexistantes, partielles, ou accessibles seulement en livraisons anciennes de revues. L’ajournement indéfini de la traduction de la dernière partie de Wirtschaft und Gesellschaft comme la publication à éclipses des études et textes théoriques qui font la matière des Gesammelte Aufsätze zur Religionssoziologie, en leur forme complète de 1920, condamnent toujours l’étudiant ou le chercheur peu germanophone aux traductions anglaises, italiennes ou espagnoles. On n’épiloguera pas ici sur la liste des raisons « conjoncturelles » – mais qui, s’entassant avec le temps, font bel et bien carence « structurelle » – qui laissent, en langue française, à l’état de fragments ou d’entreprises interrompues la traduction d’une œuvre fondatrice et, encore aujourd’hui, exemplaire pour toutes les sciences sociales. Exemplaire parce que, en liant le traitement comparatif de l’information historique aux conditions conceptuelles qui définissent dans nos disciplines la formulation des généralités typologiques, elle a magistralement instauré le va-et-vient argumentatif, entre constats et interprétation, auquel doivent recourir toutes les sciences historiques, et d’abord la sociologie. C’est sans aucun doute dans le domaine de la sociologie des religions que le projet wébérien a été développé le plus systématiquement et le plus amplement : le premier effet de l’analyse wébérienne est en effet de désenclaver la religion – que les historiens ecclésiastiques n’étaient pas les seuls à manier dévotement, dans un éther social – en restituant les phénomènes religieux, phénomènes sociaux comme les autres, à l’histoire de la culture, afin de désimpliquer les rapports d’« affinité élective » ou de causalité qui sont susceptibles de lier une éthique religieuse à la domination politique comme à l’activité économique. C’est bien là, dans l’œuvre de Max Weber, que le lien a été noué le plus étroitement entre les plus vastes chantiers de sociologie historique qui aient jamais été ouverts et Enquête, 7 | 1992 3 l’approfondissement rigoureux du sens épistémologique des assertions du sociologue, lorsque celui-ci entend les documenter comparativement pour les faire servir à une « imputation causale ». 2 On a voulu réunir ici, en choisissant des analyses wébériennes inscrites dans le domaine méthodologiquement privilégié de la sociologie des religions, trois textes fondamentaux, qui étaient encore dépourvus en 1991 de traductions complètes : l’« Introduction » à la deuxième partie des Aufsätze zur Religionssoziologie (« L’éthique économique des grandes religions mondiales », 1920) ; le dernier chapitre de la Wirtschaftsgeschichte (publication posthume de 1924) qui ramasse le bilan wébérien de la « particularité » du capitalisme européen et, par conséquent, du rationalisme occidental dans l’histoire des cultures ; et, surtout, la traduction du chapitre de conclusion de Konfuzianismus und Taoismus (1920) qui est encore aujourd’hui, comme l’ensemble de cette étude, totalement inaccessible en langue française. 3 Le parti pris qui a été convenu avec le traducteur J.-P. Grossein est celui de la littéralité au risque de la rudesse syntaxique ou de la monotonie du lexique. La stylistique wébérienne ne peut guère être francisée ou rendue plus « aisée » sans consentir à des déplacements de l’argumentation : l’ordre des segments de l’argumentation, les incises exemplificatrices, les bifurcations ou les subdivisions du raisonnement qu’autorise la phrase allemande – non sans peiner parfois elle aussi – sont chez Max Weber indissociablement liés au mouvement d’ensemble d’un raisonnement naturel qui ne saurait être recomposé au profit d’une scansion plus élégante ou plus aérée sans perdre quelque chose de sa pleine efficacité. Ce n’est pas seulement le « style » de l’écriture wébérienne qui est en cause, mais sa manière de « penser » et de « convaincre », inséparable d’un souffle argumentatif de longue haleine1 où chaque exemple concret et chaque conjonction logique occupent une place rhétoriquement nécessaire2. C’est dire que, sans viser au mot à mot ou au respect mécanique de la position respective des parties du discours, trop différente entre les deux langues, on a maintenu à tout prix le découpage des phrases et leur organisation syntaxique, parfois à la ponctuation près, tant que le résultat en restait grammaticalement acceptable. L’objectif est ici de donner à l’étudiant ou au chercheur un document de travail et de réflexion substituable au texte allemand sans perplexité d’interprétation. 4 Si l’on a joint à ces traductions de J.-P. Grossein la traduction de la Zwischenbetrachtung que P. Fritsch avait déjà donnée aux Archives de Sciences sociales des Religions en accompagnant d’un article de commentaire ce texte-repère (qu’il soit remercié ici pour son aimable autorisation à reproduire sa traduction et son article), c’est, bien sûr, que cette « Considération intercalaire » traitant des formes et des degrés des « refus religieux du monde » occupe – comme son titre ne le suggère qu’euphémistiquement – une place théorique centrale, non seulement au cœur typologique des Aufsätze zur Religionssoziologie, mais plus généralement comme illustration panoramique de la démarche historico-sociologique telle que la pratique Max Weber et dont il a lui-même décrit abstraitement l’épure logique dans ses essais méthodologiques et épistémologiques – lesquels sont, eux, fort heureusement déjà traduits et rassemblés en français sous le titre Essais sur la théorie de la science. 5 L’intérêt de conjoindre cet ensemble de traductions tient à ce que le chercheur en formation – ou déjà « formé » mais resté curieux – disposera ainsi en français d’un réseau de textes fortement liés, tant par leur méthodologie que par les matériaux qu’ils synthétisent. Le noyau de formulations théoriques que dégage ce rapprochement Enquête, 7 | 1992 4 (surtout si on le met en relation avec les chapitres correspondants de Wirtschaft und Gesellschaft, qui en proposent des libellés fort proches, comme le fait remarquer ci- dessous J.-P. Grossein) commande l’interprétation que l’on peut avoir de la genèse et de l’aboutissement de la sociologie wébérienne ; cette correspondance, qui n’est pas seulement thématique puisqu’elle touche à l’architecture même de la construction conceptuelle, a été soulignée à plusieurs reprises par Weber lui-même. On est donc ici au cœur de la question que posent les reprises, les déplacements ou les lacunes dans la réalisation du projet d’ensemble auquel s’était voué le labeur wébérien, en particulier la question de savoir quel lien Max Weber a pensé établir, au terme de sa longue marche de sociologie historique, entre la naissance du capitalisme occidental et le bilan comparatif qu’il a voulu dresser à propos des grandes religions mondiales et des éthiques économiques qu’elles favorisent, mais aussi à propos des valeurs et des intérêts que ces religions doivent à leurs liens avec la structure sociale et les mentalités de groupes, la domination politique ou l’état de l’économie et des techniques. 6 Reprenant le dossier de l’histoire des éditions et des rééditions, retouchées par l’auteur, des travaux wébériens, Tenbruck a récemment voulu montrer, en s’appuyant sur les dates de composition des textes-repères, dont plusieurs sont présentés ici, et en commentant le plan composite auquel Weber aboutit pour l’édition des Aufsätze de 1920, qu’il faut constater au terme de cette histoire d’une recherche, une restructuration du projet initial d’ensemble, et même du projet intermédiaire dont témoignait encore l’architecture de Wirtschaft und Gesellschaft : on assisterait au bout du compte à une autonomisation de la sociologie religieuse, qui constituerait ainsi le noyau central de la dernière sociologie wébérienne3. Après avoir exploré, en ses divers travaux, les formes, orientations et terrains différents de la « rationalisation », Weber aurait finalement rebâti sa problématique sur l’idée que la « rationalisation religieuse » constituait la clé (le ressort, si l’on préfère) de la marche à la rationalité dans l’histoire universelle. uploads/Philosophie/ enquete-17.pdf

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