TES/L - Philosophie - Séance du 07/04/2020 Corrigé des questions pour le 07/04

TES/L - Philosophie - Séance du 07/04/2020 Corrigé des questions pour le 07/04 Reprenons l’extrait de Science et religion : Un credo religieux diffère d'une théorie scientifique en ce qu'il prétend exprimer la vérité éternelle et absolument certaine, tandis que la science garde un caractère provisoire : elle s'attend à ce que des modifications de ses théories actuelles deviennent tôt ou tard nécessaires, et se rend compte que sa méthode est logiquement incapable d'arriver à une démonstration complète et définitive. Mais, dans une science évoluée, les changements nécessaires ne servent généralement qu'à obtenir une exactitude légèrement plus grande; les vieilles théories restent utilisables quand il s'agit d'approximations grossières, mais ne suffisent plus quand une observation plus minutieuse devient possible. En outre, les inventions techniques issues des vieilles théories continuent à témoigner que celles-ci possédaient un certain degré de vérité pratique, si l'on peut dire. La science nous incite donc à abandonner la recherche de la vérité absolue, et à y substituer ce qu'on peut appeler la vérité "technique", qui est le propre de toute théorie permettant de faire des inventions ou de prévoir l'avenir. La vérité "technique" est une affaire de degré : une théorie est d'autant plus vraie qu'elle donne naissance à un plus grand nombre d'inventions utiles et de prévisions exactes. La "connaissance" cesse d'être un miroir mental de l'univers, pour devenir un simple instrument à manipuler la matière. 1) Expliquez l’argument l. 5 à 8 : « Mais, dans une science évoluée […] une observation plus minutieuse devient possible » et montrez en quoi les deux exemples suivants illustrent l’argument : - ex. 1 : l’astronomie Maya était géocentrique mais pourtant permettait des prévoir des phénomènes astronomiques jusqu’à nos jours. - ex. 2 : le programme Apollo a permis de poser des hommes sur la Lune en utilisant seulement la physique classique de Newton et pas les physiques relativiste puis quantique qui pourtant existaient déjà. Cette phrase signifie que les théories scientifiques anciennes n’ont pas perdu toute validité quand elles ont été remplacées par de meilleures et nouvelles théories. Bien souvent, la nouvelle théorie permet soit de gagner en précision, comme le dit le texte, soit d’expliquer tous les phénomènes qu’expliquait déjà l’ancienne théorie mais aussi de nouveaux phénomènes, qui étaient jusqu’à présent inexplicables. Russell présente l’histoire des sciences, en tous cas à l’époque moderne et contemporaine, comme une suite d’évolutions conduisant les théories à rendre compte de manière de plus en plus précise des phénomènes. On peut, comme le fait Popper, prendre l’image d’un filet de pêche : on peut toujours resserrer les mailles d’un filet de manière à attraper des poissons de plus en plus petits, mais on ne pourra jamais avoir un maillage assez serré pour attraper le plus petit des poissons ou des organismes qui peuplent la mer. Il en va de même pour les théories scientifiques : à mesure qu’elles s’affinent, se perfectionnent, on comprend les phénomènes de manière de plus en plus précise, mais on ne pourra jamais les comprendre tous et jusqu’au moindre de leurs détails. Les exemples suggérés illustrent bien cette idée : l’astronomie Maya était, de notre point de vue, entièrement fausse, puisque géocentrique. Et pourtant, elle permettait de prévoir des phénomènes astronomiques. C’est donc que pour une certaine classe de phénomènes, elle pouvait être jugée comme ayant une certaine vérité, bien que rejetée par une étape ultérieure de l’histoire des sciences. De la même manière, la physique classique (de Newton) n’est pas le dernier état de la science physique. En pourtant, pour envoyer un vol habité sur la Lune, cette physique a suffi. On peut bien dire que la physique classique constitue une assez bonne « approximation » de la réalité physique pour permettre un grand nombre de prévisions et d’applications (à l’échelle du système solaire, on peut négliger les effets relativistes et quantiques). 2) Expliquez ce qu’est la vérité « technique » ou « pratique » dont parle Russell, et qui est « une affaire de degré ». Montrez ce que cela a d’étonnant. Dans l’extrait, Russell a commencé par par affirmer que la science a renoncé à la recherche de la «vérité absolue». Par vérité absolue, il faut entendre une connaissance absolument adéquate de la réalité extérieure, sans aucun écart, ni sans aucun doute possible. Pour Russell, la science a totalement renoncé à cela, au profit de la «vérité technique» (ou «pratique»). Il faut s’étonner de cette expression de «vérité pratique» puisque habituellement la vérité est une notion théorique, liée à la connaissance des choses. Parler de «vérité pratique» implique donc déjà que la science change d’objectif ou de fonction. Ce qui fait d’une théorie qu’elle est vraie, ce n’est plus le fait qu’elle corresponde parfaitement au réel, mais c’est le fait, comme l’affirme Russell, qu’elle permette de «faire des inventions ou de prévoir l’avenir». Russell affirme également que la vérité admet des « degrés ». C’est tout à fait surprenant, puisque habituellement, nous affirmons d’une idée qu’elle est soit vraie (si elle correspond au réel), soit fausse (si elle n’y correspond pas), pas qu’elle est « plus ou moins » vraie. Russell nous invite à renoncer à cette idée en disposant différents degrés de vérité, en fonction du nombre et/ou de l’intérêt des applications pratiques tirées des théories, définition de la vérité qui ne peut se comprendre que si on a renoncé à expliquer parfaitement le réel dans les sciences. 3) Expliquez la dernière phrase du texte : « La "connaissance" cesse d'être un miroir mental de l'univers, pour devenir un simple instrument à manipuler la matière. » Quelle est la vraie finalité de la science moderne selon Russell ? Dans la dernière phrase du texte, Russell indique explicitement qu’il renonce à la définition classique de la vérité, comme adéquation. L’expression «un miroir mental de l’univers» indique bien qu’autrefois, on considérait une idée comme vraie si et seulement si elle était adéquate au réel, si elle y correspondait parfaitement. Ce n’est plus la définition de la vérité qui a cours dans les sciences ; il s’agit à présent de pouvoir transformer la matière plutôt que de la connaitre parfaitement. On voit donc bien que pour Russell, la science contemporaine est entièrement soumise à la technique : la principale fonction de la science n’est pas de rechercher la connaissance pour elle-même, le savoir pour lui- même, mais au contraire de permettre des applications pratiques. Cette conception de la science est entièrement moderne. Dans l’Antiquité, en particulier chez Aristote, la science est conçue comme une activité libre. Pour Aristote, on fait de la science de manière désintéressée, par amour du savoir, ce dont l’étonnement, comme reconnaissance de son ignorance, est le signe. Pour Russell, la science actuelle a en majeure partie renoncé à cette idée : la science est désormais entièrement intéressée, envisagée presque exclusivement en fonction des applications pratiques que l’on va pouvoir en tirer. La vraie finalité de la science réside dans la technique. Reprise du cours : parenthèse sur les limites de la connaissance scientifique (les premiers principes) b) Réponse classique au problème des premiers principes : la raison et le coeur Comme nous l’avons vu, les sceptiques partent du problème des premiers principes pour affirmer que rien n’est jamais certain, car toutes nos connaissances reposent sur des bases non démontrées. Ce n’est pas la seule réponse possible au problème des premiers principes. Partons d’un extrait des Pensées de Pascal : Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le coeur. C'est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part essaie de les combattre. Les pyrrhoniens, qui n'ont que cela pour objet, y travaillent inutilement. Nous savons que nous ne rêvons point. Quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l'incertitude de toutes nos connaissances, comme ils le prétendent. Car l(es) connaissances des premiers principes : espace, temps, mouvement, nombres, sont aussi fermes qu'aucune de celles que nos raisonnements nous donnent et c'est sur ces connaissances de coeur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie et qu'elle y fonde son discours. Le coeur sent qu'il y trois dimensions dans l'espace et que les nombres sont infinis et la raison démontre ensuite qu'il n'y a point deux nombres carrés dont l'un soit double de l'autre. Les principes se sentent, les propositions se concluent et le tout avec certitude quoique par différentes voies - et il est aussi inutile et aussi ridicule que la raison demande au coeur des preuves de ses premiers principes pour vouloir y consentir, qu'il serait ridicule que le coeur demandât à la raison un sentiment de toutes les propositions qu'elle démontre pour vouloir les recevoir. Cette impuissance ne doit donc servir qu'à humilier la raison - qui voudrait juger de tout - mais non pas à combattre notre certitude. Comme s'il n'y avait que la raison capable de nous instruire, plût à uploads/Philosophie/ tes-l-philosophie-seance-du-07-04-2020.pdf

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