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HAL Id: hal-02288176 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02288176 Submitted on 17 Sep 2019 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Introduction : La retraduction, un état des lieux Enrico Monti To cite this version: Enrico Monti. Introduction : La retraduction, un état des lieux. Autour de la retraduction: perspec- tives littéraires européennes, Orizons, pp.9-20, 2011, 978-2-296-08811-5. ￿hal-02288176￿ Introduction La retraduction, un état des lieux ENRICO MONTI Résumé Si la retraduction est une pratique de plus en plus importante dans l’espace littéraire européen, au niveau théorique elle demeure encore peu étudiée dans ses multiples spé- cificités. En ouvrant la voie aux nouvelles perspectives offertes par les articles ici réu- nis, cet essai introductif, et la bibliographie finale du volume, visent à fournir un état des lieux du débat scientifique autour de cette thématique. Les motivations qui nous poussent à retraduire, la notion du vieillissement des traductions, les implications idéo- logiques et poétiques des retraductions, leur fréquence, ainsi que ce qu’on définit comme l’« hypothèse de la retraduction » sont autant de pistes communes parcourues par les différentes études qui composent le présent volume. Emblématique de l’état éphémère de toute traduction, la retraduction porte cependant une attention toute particuliìre sur l’acte du traduire et sur son rôle dans la formation d’un canon litté- raire. Abstract Retranslation is an activity of the utmost importance in the European literary system, and one that still has not been analysed in its manifold implications. This introduction, together with the bibliography at the end of the volume, offers a state-of-the-art of the scholarly debate on this issue, opening up the way to the new perspectives offered by the following papers. The reasons behind retranslations, the notion of « ageing », the ideological and poetical implications of retranslations, their frequency, and the so- called « retranslation hypothesis » are some of the issues explored in the various con- tributions of this volume. Retranslation is symbolic of the ephemeral nature of transla- tion, but at the same time it foregrounds the importance of translation as an essential tool in canon formation. Enrico Monti 10 Définition du domaine de recherche a vaste diffusion de la pratique de la retraduction au sein de l’espace littéraire européen demeure encore peu explorée dans ses multiples enjeux. Le présent volume se propose donc d’essayer d’approfondir cette thématique, en partant notamment de la définition des limites terminolo- giques et théoriques de la question, pour ensuite enchaîner avec un aperçu sur la casuistique littéraire. La pratique consistant ä retraduire des œuvres déjä traduites est trìs ancienne et répandue, et elle nous éclaire sur l’historicité de tout acte de traduction. Cependant, la spécificité de cette opération a été longtemps négligée dans les études de traductologie. Il est significatif par exemple que l’entrée « retraduction » soit absente du Dictionary of Translation Studies de 1997, comme de la première édition de la Routledge Encyclopedia of Translation Studies (quitte à être intégrée dans la deuxième édition, de 2004)1. Il suffit de jeter un coup d’œil au débat autour de la retraduction – dont le lecteur trouvera une synthèse bibliographique à la fin de ce volume – pour comprendre que l’intérêt pour ce phénomìne « ancien, fréquent et polymorphe »2 est assez récent : si l’on exclut les quelques études pion- nières de Paul Bensimon et Antoine Berman (1990) et d’Yves Gambier (1994), on remarque une présence très faible de contributions antérieures à l’an 2000. Toutefois, ces dernières années, on constate un regain d’intérêt autour de cette question, en réponse notamment à l’appel des quelques 1. À vrai dire, on trouve l’entrée « retranslation » dans le Dictionary of Translation Studies, mais seulement avec l’acception de « relay translation », entrée à laquelle on est renvoyé pour une définition (éds. Mark Shuttleworth et Moira Cowie, Manchester, St. Jerome, 1997). Toute mention explicite du concept de « retraduction » est également absente du récent Oxford Handbook of Translation Studies (éds. Kirsten Malmkjær et Kevin Windle, Oxford, Oxford University Press, 2011), et des « key concepts » de The Routledge Companion to Translation Studies (éd. Jeremy Munday, London / New York, Routledge, 2009). Parmi les ouvrages de référence, on remarque au contraire la présence de l’entrée « retranslation » dans le premier volume du Handbook of Translation Studies (éds. Yves Gambier et Luc Van Doorslaer, Amsterdam / Philadelphia, John Benjamins, 2010). 2. Annie Brisset, « Retraduire ou le corps changeant de la connaissance : Sur l’historicité de la traduction », Palimpsestes, n° 15, 2004, p. 41. L Introduction 11 traductologues qui se sont occupés du sujet et ont dénoncé le manque d’études dans ce domaine3. Au-delà du désir de montrer la nouveauté et l’intérêt de son domaine de recherche, qu’on pourrait entrevoir derriìre ces invocations, il est indéniable que la retraduction est une activité qui s’impose du point de vue quantitatif et qualitatif dans la plupart des systèmes littéraires. L’acte de retraduire est ici pris dans le sens de « traduire de nou- veau »4, qui est d’ailleurs la première occurrence du terme en français, que le Trésor de la langue française fait remonter à une lettre de Charles Fon- taine, retraducteur d’Ovide, datée de 1556. Le mot prend aussi, comme Jean-René Ladmiral et Yves Gambier le rappellent dans leurs essais, le sens de « traduction d’un texte qui est lui-même une traduction », et donc de « traduction par relais », ou « traduction indirecte », signification attestée en français à partir du XVIIe siècle. En anglais, d’aprìs l’Oxford English Dictionary, nous trouvons également (et uniquement) la définition de re- traduction (retranslation) comme « nouvelle traduction » (« a new transla- 3. Nous citons entre autres : « Le concept de retraduction reste à approfondir », « Un travail sur corpus reste à faire pour mieux cerner le concept de retraduction » (Yves Gambier, « La retraduction, retour et détour », Meta, vol. XXXIX, n° 3, 1994, p. 414, 416) ; « On peut s’étonner que le phénomìne si fréquent de la retraduction ait donné lieu à une réflexion critique somme toute assez mince. Cette carence reflète, semble-t- il, l’absence d’une réflexion sur le travail de l’histoire (au sens de Gadamer) dans le champ propre de la traductologie » (Annie Brisset, « Retraduire ou le corps changeant de la connaissance : Sur l’historicité de la traduction », loc. cit., p. 41) ; « [La ritraduzione è un fenomeno] ancora da scandagliare e offre interessanti spunti di ricerca » (Patrizia Pierini, « La ritraduzione in prospettiva teorica e pratica », in L’atto del tradurre. Aspetti teorici e pratici della traduzione, Roma, Bulzoni, 1999, p. 53) ; « Currently, there is no detailed or systematic study on retranslations per se » (Şebnem Susam-Sarajeva, « Multiple-entry visa to travelling theory : Retranslations of literary and cultural theories », Target, vol. XV, n° 1, 2003, p. 2) ; « Hemos partido de la constatación de que el concepto de “retraducción” ha sido poco explorado en Traductología » (Juan Jesús Zaro Vera, « En torno al concepto de Retraducción », in Juan Jesús Zaro Vera et Francisco Ruiz Noguera (éds.), Retraducir : una nueva mirada. La retraduccion de textos literarios y audiovisuales, Málaga, Miguel Ángel Gómez Ediciones, 2007, p. 9). 4. « Retraduire : a) 1556 « traduire de nouveau » (FONTAINE, tr. OVIDE, Epistre ds HUG.); b) 1672 « traduire un texte qui est lui-même une traduction » (CHAPELAIN, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 2, p. 770) », Trésor de la Langue Française en ligne (http://atilf.atilf.fr, consulté le 28/9/2011). Enrico Monti 12 tion »5) ; la signification de « traduction par relais » (relay translation) est pourtant attestée dans le Dictionary of Translation Studies. Cette deuxième définition de « traduction d’une traduction » n’a pas été prise en compte dans ce volume. En effet, bien que s’agissant d’une pratique sans doute importante dans l’histoire littéraire (surtout pour ce qui concerne l’acces- sibilité et l’importation de textes entre langues dites minoritaires), la tra- duction par relais pose des problématiques complètement différentes par rapport au concept de « nouvelle traduction » sur lequel nous nous sommes concentrés6. Si le terme de retraduction (ou retranslation) est donc aujourd’hui relativement fréquent parmi les traductologues, force est de constater que le monde éditorial fuit cette définition, en lui préférant de maniìre systématique l’expression « nouvelle traduction », dans la volonté manifeste de souligner la nouveauté de l’opération, plutôt que la répétition implicite de l’acte7. La retraduction étant une thématique potentiellement très vaste, le pré- sent volume a délibérément imposé à ses collaborateurs un domaine (la lit- térature), ainsi que des limites géographiques et culturelles (la production européenne) et chronologiques uploads/Philosophie/ enrico-monti-x27-la-retraduction-un-etat-des-lieux-x27-2011.pdf

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