@ Paul MASSON-OURSEL ÉTUDES de PHILOSOPHIE COMPAREE Un document produit en vers
@ Paul MASSON-OURSEL ÉTUDES de PHILOSOPHIE COMPAREE Un document produit en version numérique par Pierre Palpant, bénévole, Courriel : ppalpant@uqac.ca Dans le cadre de la collection : “ Les classiques des sciences sociales ” fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi. Site web : http://classiques.uqac.ca Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi. Site web : http://bibliotheque.uqac.ca Un document produit en version numérique par Pierre Palpant, collaborateur bénévole, Courriel : ppalpant@uqac.ca à partir de : Paul MASSON-OURSEL (1882-1956) Site Gallica : — Revue de Métaphysique et de Morale, Objet et méthode de la philosophie comparée : 19e année, n° 4, juillet 1911, pp. 561-568 Esquisse d’une théorie comparée du sorite : 20e année, n° 6, novembre 1912, pp. 810-824. La Sophistique : 23e année, n° 2, mars 1916, pp. 343-362. — Revue philosophique de la France et de l’étranger. Études de Logique comparée : Tome LXXXIII, 1917, pp. 453-469. Tome LXXXIV, 1917, pp. 59-76. Tome LXXXV, 1918, pp. 148-166. Polices de caractères utilisée : Verdana, 12 et 10 points. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’. [note : un clic sur @ en tête de volume et des chapitres et en fin d’ouvrage, permet de rejoindre la table des matières] Édition complétée le 15 décembre 2006 à Chicoutimi, Québec. Etudes de logique comparée 2 T A B L E D E S M A T I È R E S Objet et méthode de la philosophie comparée Esquisse d’une théorie comparée du sorite I. Le sorite chinois. — II. Le sorite indien. — III. Le sorite grec. La Sophistique Études de Logique comparée Introduction I. Évolution de la logique indienne Védisme et Brahmanisme primitif — Bouddhisme — Constitution d’une logique formelle — Scolastique Brâhmanique et Hindouisme II. Évolution de la logique chinoise Époque préclassique — Époque classique — Époque postbouddhique. III. Confrontations et analyse comparative La définition. — Le jugement. — Le raisonnement. Etudes de logique comparée 3 OBJET ET MÉTHODE DE LA PHILOSOPHIE COMPARÉE @ Par analogie avec les expressions d’anatomie, de philologie ou de psychologie « comparées », nous appellerons philosophie comparée l’étude comparative des idées philosophiques, à quelque civilisation qu’elles appartiennent. Le point de vue comparatif appliqué à l’étude des philosophies a subi un certain discrédit par suite de la façon simpliste dont en usèrent, au cours de la première moitié du XIXe siècle, certains penseurs formés à l’école de l’éclectisme et certains orientalistes désireux de mettre en lumière ce qui dans les doctrines les plus lointaines et les plus anciennes rappelait à quelque degré les idées qui nous sont familières. Les rapprochements opérés par les uns et les autres étaient hâtifs, arbitraires et dénués d’intérêt scientifique, parce qu’ils ne s’accompagnaient pas d’une connaissance assez approfondie des différences que l’histoire révèle entre les systèmes. Afin de réagir contre ces abus, les esprits conscients des conditions d’une science historique véritable renoncent maintenant pour la plupart, de parti pris, aux recherches comparatives. C’est là, croyons-nous, risquer de compromettre, par un excès de scrupule, l’œuvre même de la science que l’on prétend servir. Quelle que puisse être la matière sur laquelle elle porte, la science tend à découvrir des lois, c’est- à-dire des rapports identiques dans des conditions analogues, ou, ce qui revient au même, à extraire du phénomène un élément de nécessité. Si les faits idéaux, spirituels, sont, malgré Etudes de logique comparée 4 leur spécificité, des faits au même titre que les autres faits naturels, l’hypothèse purement méthodologique d’après laquelle ces réalités doivent, elles aussi, participer au déterminisme universel, suffit à fonder en droit la notion d’une philosophie comparée. Si ardue que puisse être l’acquisition de la documentation nécessaire il importe de poser cette règle, que l’investigation doit embrasser le champ entier des idées philosophiques, sans préjuger aucune définition stricte qui séparerait la métaphysique des disciplines connexes, telles que la morale ou la religion. Des définitions de ce genre ne sauraient être que la conclusion de l’enquête. Si l’on objecte qu’il faut déjà connaître ce que sont les idées philosophiques, ne fût-ce que pour savoir où l’on doit les chercher, nous nous contenterons, pour cet office tout préliminaire, de la définition la plus formelle et la plus vide : sont philosophiques les vues relatives à la nature du réel et à la situation de l’homme dans cette nature. Supposons, en effet, que l’on exclue certains ordres de données, les rites, par exemple : on méconnaîtra cette vérité, que les pratiques recèlent toujours des systèmes d’idées, souvent d’autant plus profonds qu’ils sont moins pensés et plus vécus. Imaginons encore que l’on élimine les conceptions des civilisations nettement étrangères à la nôtre, telles que celles de l’Extrême- Orient : on se prive par là de renseignements d’autant plus précieux qu’ils émanent de peuples plus différents de nous. Sans doute la méthode comparative trouve malaisément une application légitime quand on se borne à l’examen de ce que nous appelons la philosophie moderne, c’est-à-dire occidentale Etudes de logique comparée 5 et post-chrétienne, et de ce que nous nommons la philosophie antique, c’est-à-dire presque exclusivement la spéculation grecque ; car on ne dispose guère que d’une série unique de systèmes, tant sont étroits les rapports qui unissent les penseurs de cette lignée, tant leur succession présente, malgré les différences individuelles, les marques d’une filiation. Mais si l’on est en mesure d’y confronter d’autres lignées, soit celle de la philosophie hindoue, soit celle des sages de la Chine, on obtient des séries relativement parallèles et assez indépendantes pour que l’objection de principe contre la méthode comparative perde sa valeur. Aussi, à mesure que l’information s’étend, la méthode comparative, au lieu de devenir plus imprécise, gagne toujours en sûreté ; les traits particuliers de chaque série s’isolent des ressemblances, les divergences d’abord inaperçues révèlent les secrètes inspirations de l’âme des peuples, les analogies insoupçonnées s’éclairent par les dissemblances mêmes. Des aperçus impartiaux sur plusieurs types de pensée offrent plus de portée que l’approfondissement d’un petit nombre de systèmes mutuellement apparentés ; car l’attitude scientifique vise plus à connaître qu’à comprendre, ou plutôt ne parvient à comprendre qu’à force de connaître. Le véritable problème de la philosophie comparée consiste, non pas dans la détermination de son concept, mais dans la poursuite d’une méthode rigoureuse. Il ne saurait être question de prendre pour point de départ cette rudimentaire philosophie comparée qui, latente sous tout essai de classification des systèmes, rangerait côte à côte, par exemple, sous la rubrique du matérialisme, Kanada, Leucippe, Lucrèce, La Mettrie, ou Etudes de logique comparée 6 confondrait sous le nom d’intellectualistes un Confucius, un Platon, un Thomas d’Aquin, un Spinoza. Loin de songer à faire reposer notre examen sur de pareils groupements, nous devrons nous en abstraire, quittes à retrouver peut-être, mais comme un résultat surérogatoire de la recherche, ce qu’il pouvait y avoir de fondé dans ces rapprochements. Il serait également vain de prétendre réussir en considérant telles ou telles doctrines, en dénombrant les systèmes dans lesquels elles s’incorporèrent, et en comparant les fonctions qu’elles y remplissent. Comment acquérir le réactif qui attesterait d’une façon indubitable la présence ou l’absence de l’élément à étudier ? Selon la disposition ou l’ingéniosité de l’observateur, tout ressemble plus ou moins à tout et tout diffère plus ou moins de tout. D’après quelle mesure peser l’importance relative des facteurs ? Si la philosophie comparée doit être livrée à la fantaisie individuelle, comme jadis la critique littéraire, et si, derrière un appareil méthodologique pédantesque doit se cacher l’arbitraire, mieux vaut ne jamais l’entreprendre. Avouons toutefois qu’une certaine appréciation des systèmes ne saurait être évitée, car la science de l’esprit ne peut s’instituer sans l’esprit, les produits de la pensée doivent être pensés pour être connus. La science consiste en jugements, mais en jugements qui aspirent à l’objectivité. Autant est fragile une construction, fût-elle méthodique, si elle repose sur des goûts purement subjectifs, autant peut se montrer solide une appréciation, fût-elle émanée d’une libre intelligence, quand elle succède à une information étendue et impersonnelle. C’est plus qu’une certitude de raison, Etudes de logique comparée 7 mieux qu’une certitude de fait. Recherchons sur quelles assises peut se constituer une véritable science de l’esprit. Afin d’échapper à l’accusation d’arbitraire, il faut renoncer à regarder les systèmes comme comparables d’emblée chacun à chacun. On risquerait d’envisager presque exclusivement les thèses qu’ils renferment ; or c’est là, souvent, ce qui importe le moins, s’il est vrai que des philosophies fort différentes peuvent avoir pour ressort la même logique, et que des manières de penser opposées conduisent parfois à des dogmes similaires : d’où la nécessité de se soucier au moins autant de la forme que de la matière des pensées. D’ailleurs, à ne considérer que les idées, beaucoup d’entre elles ne comportent pas immédiatement une mutuelle confrontation raisonnée et fructueuse, précisément parce qu’elles offrent trop d’hétérogénéité. En chaque domaine de la connaissance l’élaboration nécessaire pour transformer le donné brut en une matière de science consiste à faire prédominer, au moins d’une façon uploads/Philosophie/ etudes-philo-comparee.pdf
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- Publié le Nov 11, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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