R é al i sé p ar : A YO U B S A B A H La théorie de Grice E n c a d r é p ar :

R é al i sé p ar : A YO U B S A B A H La théorie de Grice E n c a d r é p ar : Pr o fe ss e u r A B D E R R A HM A N E S S A K HI Introduction A: Quelle heure est-il? B: Le laitier vient de passer. Ce type de conversation est assez fréquent. Si on considère le sens littéral, la personne B n’a pas répondu à la question de la personne A. Au niveau sémantique, les deux phrases peuvent être paraphrasées de la manière suivante: A: „Es-tu en mesure de me dire l'heure?” B: „Le laitier est passé à un moment qui précède le moment de l'énonciation” 2 Au niveau pragmatique- les implicatures A: Es-tu en mesure de me dire l'heure de la manière conventionnelle, indiquée par l'horloge, et si tu peux le faire, je te prie de me le dire. B: Je ne sais pas en ce moment l'heure exacte, mais je peux te donner une information dont tu peux la déduire approximativement, c'est-à-dire que le laitier vient de passer. Il passe tous les jours à la même heure, 9 h du matin. 3 1. Conception de Grice (1979) Distinction entre phrase et énoncé: les principes de la pragmatique ne concernent pas la compétence linguistique. Paul Grice est l’auteur d'une théorie sur la manière dans laquelle on emploie le langage, théorie énoncée sous la forme de ‘maximes’. La théorie pragmatique de Grice est définie principalement par deux principes: 4 1.1. Principes de Grice le principe de signification naturelle: comprendre un énoncé revient pour le destinataire à la reconnaissance de l’intention du locuteur; le principe de coopération: les inférences que tire le destinataire sont le résultat de l’hypothèse que le locuteur coopère, c’est-à-dire participe à la conversation d’une manière efficace, raisonnable et coopérative 5 1.2. Signification non naturelle Grice a essayé de répondre à la question suivante: comment le destinataire peut-il récupérer l’intention du locuteur, son vouloir-dire? On doit savoir comment le destinataire s’y prend pour récupérer cette intention. L’hypothèse de Grice est qu’il y parvient par la voie du principe de coopération et des maximes de conversation. 6 1.3. Principe de coopération Grice part de l’hypothèse que dans la communication en général et dans la conversation en particulier, les locuteurs adoptent des comportements verbaux coopératifs, dans le sens qu’ils coopèrent à la réussite de la conversation: Principe de coopération: „Que votre contribution à la conversation soit, au moment où elle intervient, telle que le requiert l’objectif ou la direction acceptée de l’échange verbal dans lequel vous êtes engagé”. 7 1.4. Maximes conversationnelles Grice a formulé le principe de coopération, base de toute communication, auquel il ajoute les maximes conversationnelles, qui relèvent des catégories : de quantité, de qualité, de relation et de modalité (ou manière), définies sous la forme de règles. 8 1.4. Maximes Maxime de quantité 1. votre information doit contenir autant d’information que nécessaire (informativité); 2. votre information ne doit pas contenir plus d’information que nécessaire (exhaustivité). Maxime de qualité ou de véridicité (sincérité) Que votre contribution soit véridique: 1. n’affirmez pas ce que vous croyez être faux; 2. n'affirmez pas ce pour quoi vous manquez de preuves. 9 1.4. Maximes Maxime de relation (de pertinence) Parlez à propos, soyez pertinents.  Maxime de manière (intelligibilité) Soyez clair et en particulier: 1. évitez de vous exprimer avec obscurité; 2. évitez d’être ambigu; 3. soyez bref; 4. soyez ordonné (c'est-à-dire procédez par ordre). 10 1.5. Principe de coopération-exemple Pour voir de quelle manière fonctionne le principe de coopération, examinons le dialogue suivant: A: Charles, où est-il? B: Il y a une Renault jaune devant la maison d'Anne. 11 Si A sait que Charles a une Renault jaune, alors il déduit que B lui suggère qu’il soit possible que Charles se trouve chez Anne. On dira que le locuteur a implicité que Charles a une Renault jaune. Nous observons que le personnage A a dû faire des inférences pour comprendre ce que B a voulu lui transmettre. Notion d’implicitation → implicature en anglais 12 Les inférences faites pour conserver le principe de coopération sont appelées par Grice implicatures conversationnelles. 13 1.6. Implicatures Les pragmaticiens ont classifié les significations communiquées par un locuteur en deux grandes catégories: celle des implicatures conversationnelles et celle des implicatures conventionnelles. 14 1.6.1. Implicature conventionnelle Les implicatures conventionnelles sont déclenchées par les constructions linguistiques et sont liées à la forme de ces constructions. Exemples: Martin est parvenu à te convaincre; Valentine divorce, mais Serge est ravi 15 1.6.1. Implicature conventionnelle À cause de cette caractéristique, les implicatures conventionnelles sont détachables car elles sont associées à la forme de l’expression. En plus, les implicatures conventionnelles ne peuvent pas être annulées, à la différence des implicatures conversationnelles. 16 1.6.2. Implicature conversationnelle Les implicatures conversationnelles résultent de l’application des maximes conversationnelles. C’est la partie centrale du modèle gricéen, représentant la grande innovation de la théorie. Si le locuteur, basée sur l’une ou l’autre maxime, infère une proposition quelconque, on dira qu’il a tiré de l’énoncé du locuteur une implicature conversationnelle. 17 1.6.2.1. Typologies des implicatures conversationnelles La récupération d’une implicature conversationnelle est gouvernée par les règles (maximes) pragmatiques universelles (propriété anticontextualiste) généralisées, qui sont celles qui se constituent sans avoir besoin d'un contexte particulier; particularisées (particulières), qui sont celles qui se constituent à l’appui d'un contexte particulier 18 Exemples Sophie est un bloc de glace; Il fait froid ici; Il est midi; - Ne te gare pas devant l’entrée des voisins - On est lundi 19 1.7. Utilisation et exploitation des maximes Si le locuteur respecte une ou plusieurs maximes, on parle des implicatures standard ou de leur utilisation; si une ou plusieurs maximes ne sont pas respectées, on parle d'exploitation ou d'outrage. 20 1.7.1. Respect des maximes= leur utilisation A: Je suis en panne d’essence. B: Il y a un pompiste au coin de la rue. Si A suppose que B respecte le principe de coopération,A infère l’idée que l’information fournie par B est pertinente; donc A déduira que la pompe est ouverte et qu’il y trouvera, probablement, de l’essence. 21 1.7.2. Non-respect des maximes Il existe plusieurs situations où le locuteur ne respecte pas une maxime conversationnelle, c’est-à- dire la viole ou l’exploite manifestement. Le locuteur peut se trouver dans la situation de violer la maxime de quantité pour ne pas violer la maxime de qualité. 22 Exemple A: Où habite Georges? B: Quelque part dans le midi de la France. Évidemment, la réponse de B ne respecte pas la maxime de quantité, parce qu’elle ne contient pas les informations requises (l’adresse de George, ville, rue, numéro de la maison où il demeure). 23 1.7.2.1. Violation d’une maxime a) Contradiction entre deux maximes: • Où y a-t-il un bureau de poste? • Quelque part par là b) Violation involontaire d’une maxime: • Pierre est vraiment parti ce matin? • Oui, il est vraiment parti ce matin, avant sept heures, même plus tôt, il faisait encore nuit, il portait son costume marron, il voulait prendre le train de huit heures deux… 24 c) Violation délibérée d’une maxime: Quelle heure est-il? T’as le bonjour d’Alfred! Ma voiture ne démarre pas Il y une station de taxis au bout de la rue. 25 1.7.2.2. Exploitation de la maxime de quantité a)Le non-dit: phrases tautologiques,.ex. : • Les femmes sont les femmes; • Jean viendra ou ne viendra pas; • Les énoncés tautologiques sont définis en logique comme des énoncés toujours vrais. En apparence, ces énoncés ne sont pas assez informatifs, donc ils semblent ne pas respecter la maxime de quantité, qui demande au locuteur de porter des informations nouvelles. Pour maintenir le principe de coopération on doit faire des inférences porteuses d'information. 26 b) donner trop peu d’information: • Ma secrétaire? • Elle a les yeux bleus et un sourire charmant c) donner une information surabondante: • T’as vu ton patron? Il t’a parlé de ton augmentation? • Oh! Il m’a parlé de sa femme, de ses enfants, de ses vacances, de ses voisins, de sa voiture, de ses ennuis…de tout, il m’a parlé de tout! 27 Exploitation de la maxime de relation A: Ma voiture ne démarre pas B: Il y a une station des taxis au bout de la rue Le directeur est un crétin. Il fait vraiment beau ce printemps, n’est-ce pas? Je vais à la poste Il est cinq heures vingt 28 Exploitation de la maxime de manière Veux-tu fermer la porte? J’ai pu savoir. Je te dirai. Elle doit encore décider. Passe-moi le C-H-O-C-O-L-A-T. 29 uploads/Philosophie/ expose-de-paul-grice-communication 2 .pdf

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