FRANÇAIS-102 groupes 06, 07 et 11 Session H-2021 Nom : Edmond Forest Première d
FRANÇAIS-102 groupes 06, 07 et 11 Session H-2021 Nom : Edmond Forest Première dissertation explicative Montrez que la révolte de Caligula contre l’absurdité de l’existence ne constitue pas une prise de conscience positive puisqu’elle l’amène à se désolidariser de ses semblables et à nier la valeur de la vie humaine L’Homme naît et l’Homme meurt. C’est une réalité à laquelle on ne peut échapper, et à laquelle nous somms tous confrontés tôt ou tard. Cependant, cette finalité ne vient pas sans questionnements : pourquoi continuer à vivre pour tout perdre? Caligula, personnage principal de la pièce d’Albert Camu du même nom, est déterminé à démontrer à l’aide de sa logique brutale que le monde vit dans le mensonge en refusant d’admettre que rien n’a d’importance. Il trouve absurde qu’on accorde de l’importance aux choses et aux êtres, et crois que la seule manière de vivre dans un monde sensé est d’éradiquer cet attachement contradictoire. Cette prise de conscience n’a cependant rien de positif. En effet, elle l’amène non seulement à se désolidariser de ses semblables, mais également à nier la valeur même de la vie humaine. Premièrement, sa rébellion contre l’absurdité le mène à perdre toute forme d’empathie pour ses congénères. En effet, il est sans pitié face à ceux qui l’agacent. Par exemple, à la page 153, le dirigeant romain met à mort un patricien pour avoir dit qu’il donnerait sa vie pour sauver celle l’empereur, prétextant qu’il se sent mieux et qu’il doit donc logiquement le tuer. Les derniers mots que l’empereur lui adresse avant qu’il ne se fasse exécuter sont les suivants : « La vie, mon ami, si tu l’avais assez aimée, tu ne l’aurais pas jouée avec autant d’imprudence. » En adoptant une attitude aussi condescendante envers le noble, Caligula montre bien qu’il se dissocie totalement de sa lâcheté (celle de ne pas assumer ses paroles, même s’il est évident qu’elles étaient dites au sens figuré) qu’il méprise au point de vouloir la voir mourir. Ce manque de compassion envers la faiblesse humaine, liée à leur ignorance de leurs propres contradictions (en l’occurrence qu’on considère la parole comme importante mais qu’on l’utilise tout de même à la légère), exprime justement son manque de solidarité pour ceux qui n’ont pas sa « force ». De plus, il uilise ses pouvoirs d’empereur pour servir sa philosophie, en ignorant l’impact de ses décisions sur les autres : « Tous les patriciens, toutes les personnes de l’Empire qui disposent de quelque fortune — petite ou grande, c’est exactement la même chose —doivent obligaoirement déshériter leurs enfants et tester sur l’heure en faveur de l’État. » (p.55-56) À première vue, il peut sembler impossible de déshériter tout le monde d’un seul coup. Pourtant, il peut le faire puisqu’il est empereur, et il le fait, simplement pour montrer qu’il est absurde d’accorder de l’importance à la richesse, le tout sans ce soucier de la pauvreté dans laquelle vivra le peuple. Ses méthodes cruelles montrent donc qu’il se contrefiche du bien être des autres. Ensuite, sa révolte le mène à ne plus considérer la vie comme étant précieuse. En effet, il le montre par ses actions : il cause la mort de plusieurs pour des raisons insignifiantes, et ce sans trop de remords. Par exemple, à la page 94, Caligula tue un patricien qu’il soupçonne d’avoir bu un contre-poison en lui brisant une fiole de poison entre les dents. En apprenant que ce que le pauvre homme avait bu était en fait un remède contre l’asthme, l’empereur dit: « Cela ne fait rien. Cela reviens au même. Un peu plus tôt, un peu plus tard… » (p.94) Cette dernière phrase montre que selon lui, puisque nous allons tous mourir au bout de la ligne, l’heure et la date sont éphémères. Il ne trouve donc pas que la vie est importante puisque nous sommes condamnés à la perdre d’avance. Ce n’est pas positif, puisque cette vision le pousse à ne pas laisser aux autres le droit d’apprécier la vie, et les dérobe de ce bien d’une valeur inestimable. De plus, la vie vaut tellement peu à ses yeux qu’il ne tente même pas de préserver la sienne. Par exemple, après avoir appris que Cherea souhaite l’éliminer puisqu’il le considère comme une nuisance, l’empereur l’encourage : « Continue, Cherea, poursuit jusqu’au bout le magnifique raisonnement que tu m’as tenu. Ton empereur attend son repos. C’est sa manière à lui de vivre et d’être heureux. » (p.135) En poussant le « littérateur » à orchestrer son assassinat, Caligula montre qu’il est au-dessus de la mort et qu’elle ne suffit pas à l’ébranler, démontrant que sa vie n’a pas d’importance à ses yeux. Bien qu cela puisse sembler être une force à première vue, cela n’a rien de joyeux puisqu’il se prive d’une vie basée sur la célébration de notre existence, et est forcé de vivre dans sa condamnation. En bref, la révolte de Caligula n’est pas positive puisqu’elle le pousse à être sans pitié pour ses semblables et à se ficher des conséquences de ses actes sur eux. Elle est aussi négative parce qu’elle le pousse à empêcher les autres d’apprécier la chance qu’ils ont d’être en vie et qu’il ne peut apprécier la sienne que parce qu’il sait qu’elle prendra fin. Caligula n’est pas un fou, et sa philosophie se tient. Cependant, peut-on toujours parler de philosophie lorsqu’on l’impose à tout le monde par la force? Comme quoi, même cet empereur ne peut se sauver de ses propres contradictions… uploads/Philosophie/ fr2-dissertation-caligula-edmond-forest.pdf
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- Publié le Jui 29, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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