RECHERCHES AUGUSTINIENNES VOLUME VI ÉTUDES AUGUSTINIENNES 8, rue François-Ier P

RECHERCHES AUGUSTINIENNES VOLUME VI ÉTUDES AUGUSTINIENNES 8, rue François-Ier PARIS (VIIIe) r969 Supplément à la Revue des études augustiniennes Émilie ZUM BRUNN Attaché de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique LE DILEMME A ~ DE L'ETRE ET DU NEANT CHEZ SAINT AUGUSTIN Des premiers dialogues aux " Confessions " TABLE DES MATIÈRES Sigles et bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 INTRODUCTION. - LA SÉMANTIQUE AUGUSTINIENNE DE L'« ESSE >> ••••••••••••••• • • • • • • • 9 CHAPITRE PREMIER. - PARTICIPATION DE SAGESSE, ET PAR- TICIPATION DE SIMPLE EXISTENCE l. La condition épistémologique de la beata uita (Contra acade- micos) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 2. La vérité, nourriture de l'âme (De beata uita) . . . . . . . . . . . . 19 3. Le retour à la ratio (De ordine) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 + « Suis-je immortel ? » (Soliloques) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 5. L'existence inamissible de l'âme (De immortalitate animae) 34 CHAPITRE II. - L'EXISTENCE FINALISÉE PAR L'ÊTRE r. L' auersio de la volonté, cause du mal . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 2. L'inamissible élément de forme, aliquid formae (De Zibera arbitrio II, 17, 46) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 3. Le« vouloir-être », esse uelle (De Zibera arbitrio III, 6, 18 - 8, 23) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 4. L'édification dans 1' être et les deux paliers ontologiques de l'âme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 5. Création et conversion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 CHAPITRE III. - LA CHUTE VERS L'IMPOSSIBLE NÉANT r. La <<néantisation» spirituelle et corporelle (ad nihilum uergere, inanescere) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 2. La victoire de l'âme et du corps sur le néant (essentia uincit nihilum) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 3. Cohérence et permanence du thème du minus esse . . . . . . . . 72 CHAPITRE IV. - LA CONVERSION CONSTITUTIVE D 1ÊTRE r. Médiation et méditation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 2. Les caractères du magis esse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 3. La« métaphysique de la conversion » 90 CONCLUSION........................................... 98 SIGLES BA cc CSEL PL Bibliothèque augustinienne, Paris Corpus christianorum, Turnhout Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum, Vienne Patrologie latine, Paris. M. BLONDEL, J. B"C'RNABY, J. CHAIX-RUY, É. GILSON, R. HOLTE, F. KoRNER, R. I,oRENZ, G. MADEC, A. MANDOUZE, H. MARROU, R.J. O'CoNNELL, o. DU Rov, W. THEILER, A. SoLIGN"AC, J. TROUILLARD, J. WYTZES, INDEX BIBLIOGRAPHIQUE Correspondance philosophique de JVI. Blondel et L. Laber- thonnière, publiée et présentée par C. Tresmontant, Paris 1961. - L' Jltre et les êtres, Paris I963•. - A mor Dei, A Study of the Religion of St. Augustine, London 19472. - Saint Augustin, Temps et Histoire, Paris I956. Introduction à l'étude de saint Augustin, Paris I949"· L'Esp1•it de la philosophie médiévale, Paris 1944•. Béatitude et Sagesse. Saint Augustin et le problème de la fin de l'homme dans la philosophie ancienne, Paris 1962. - Das Sein und der Mensch. Die existentielle Seinsentdeckung des jungen Augustin, Freiburg-München 1959· " Fruitio dei » bei Augustin, dans Zeitschrift für Kirchen- geschichte, 63, 1950, p. 75-132. Connaissance de Dieu et action de grâces. Essai sur les citations de l' Épftre aux Romains, I, 18-25, dans l'œuvre de saint Augustin, dans Recherches Augustiniennes, II, 1963, p. 273-309. Saint Augustin. L'aventure de la raison et de la grâce, Paris 1968. Saint Auf?ustin et la fin de la culture antique, I-II, Paris 1938-r949. The Plotinian Fall of the Soul in St. Augustine, dans Traditio, 19, 1963, p. r-35. The Riddle of Augustine' s «Confessions»: A Plotinian Key, dans International Philosophical Quarterly, 4, 1964, p. 327- 372. L'Intelligence de la foi en la Trinité selon saint Augustin. Genèse de sa théologie trinitaire jusqu'en 391, Paris 1966. Porphyrios und Augustin, Halle 1933, réédité dans For- schungen zum Neuplatonismus, Berlin 1966, p. 160-25r. L'existentialisme de saint Augustin, dans Nouvelle revue théologique, 70, 1948, p. 3-19. - Proclos, Éléments de théologie. Traduction, introduction et notes, Paris 1965. - Bemerkungen .:u dem neuplatonischen Einfluss in Augustins « de Genesi ad litteram », dans Z eitschrift für die neutesta- mentliche Wissenschaft, 39, (1940), 1941, p. 137-15r. INTRODUCTION La sémantique augustinienne de l' « esse >) Le thème de la croissance et de la décroissance ontologiques de l'âme (magis esse et minus esse) s'inscrit au cœur d'une métaphysique qui regarde alternativement l'Etre et les êtres, !'Immuable et ce qui change, l'Éternel et ce qui passe. Une telle métaphysique est dialectique jusque dans son analyse du créé, sans cesse référé aux deux termes antithétiques dont il provient et entre lesquels il se situe : l'Etre et le néant absolus. Cette sus- pension entre deux contraires prend un sens dramatique lorsqu'il s'agit de la créature spirituelle, maîtresse, souvent sans le comprendre, de son propre destin. Car il tient à elle de se fixer dans l'Etre ou dans un état proche du néant, selon qu'elle ratifie ou non le« vouloir-être>> (esse uelle) inscrit en elle, c'est-à-dire le désir d'une participation à l'Etre plus élevée que celle qui est la sienne du simple fait de son existence1. Nous allons tenter de suivre le développement de ce thème relativement limité à travers les premières œuvres d'Augustin, quitte à faire appel, chaque fois qu'il sera nécessaire, à l'explication métaphysique plus vaste que nous nous proposons d'analyser ailleurs2• Si elle se tourne vers !'Etre, l'âme « est davantage>> (magis esse, magis magisque esse) ; elle «possède l'Etre lui-même >J (obtinere ipsum esse) en lequel elle est« constituée J> (constitui), «édifiée>> (exstrui), «stabilisée>> (stare), «solidifiée>> (solidificari), ou encore «restaurée» (refici), « réfor- mée>> (rejormari) 3• Si au contraire l'âme se détourne de l'Etre, elle subit une déperdition ontologique qui la fait« être moins>> (minus esse),« avoir moins de part à l'Etre lui-même>> (idipsum esse minus habere), <<déchoir, subir un manque)) (defici), <<tendre vers le néant)) (tendere ad nihilum), « se néantiser )) (inanescere) 4• r. Voir plus loin p. 47 sq. 2. Dans une thèse sur l'exégèse métaphysique d' Ego surn qui surn (Exod. 3, I4) chez Augustin et Thomas d'Aquin. 3. Voir plus loin p. 50 sq. et 85 sq. 4. Voir plus loin p. 57 sq. IO L'ÊTRE ET LE NÉANT Cette dialectique du magis esse et du minus esse pose d'emblée un pro- blème de traduction. Comment rendre en français les deux qualités diffé- rentes, voire opposées, de l'esse augustinien, suivant qu'il signifie la plé- nitude ontologique de Dieu et celle de la créature spirituelle convertie à lui, ou suivant que ce terme désigne au contraire les formes inférieures de participation à l'Etre ? Nous avons cherché à demeurer fidèle au sens augustinien en employant dans le premier cas le terme cc être)) au sens fort, dans le second les termes cc exister )) ou cc existence )) avec une conno- tation d'indigence onto1ogique5. Nous utiliserons cette antithèse davantage pour expliquer que uploads/Philosophie/ recherches-augustiniennes-volume-vi-1969.pdf

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