Sigmund Freud, La Vie Sexuelle – Fiche de lecture Sigmund Freud LA VIE SEXUELLE

Sigmund Freud, La Vie Sexuelle – Fiche de lecture Sigmund Freud LA VIE SEXUELLE Fiche de lecture - Résumé La Vie Sexuelle est un recueil de douze textes de Sigmund Freud qui ont été collectés, traduits et édités aux P.U.F. en 1969 par Jean Laplanche, qui signe aussi l’introduction de l’ouvrage. Ce dernier a voulu offrir au lecteur français les conceptions majeures de Freud en ce qui concerne très directement la sexualité, que ce soit comme étiologie, comme manifestation, comme illustration ou comme symptôme des processus psychiques, normaux et pathologiques. Ils sont donc un peu comme la justification du « pansexualisme » freudien, dont on l’a accusé et dont il n’a jamais voulu se défendre, et qui consistait pour lui en l’affirmation réitérée toute sa vie du primat de la sexualité. Jean Laplanche nous rappelle ainsi que « s’exclut définitivement de la psychanalyse celui qui rejette le primat de la sexualité » (p.1). © Bertrand Duccini, psychanalyste à Uchaud (30) Sigmund Freud, La Vie Sexuelle – Fiche de lecture Chapitre Premier Les explications sexuelles données aux enfants (1907) Interrogé sur les explications qu’ils faut donner aux enfants qui questionnent sur la sexualité, Freud insiste tout d’abord sur la nécessité de répondre honnêtement, afin de satisfaire la soif de connaissances de l’enfant, qui est la garantie d’un développement psychique sain. La pureté de l’enfant, qu’il est légitime de vouloir conserver, « n’est pas garantie par l’ignorance » (p.8). Si les adultes sont gênés par ces questions, c’est par « pruderie » et « mauvaise conscience » (p.8), mais aussi, dans beaucoup de cas, par leur propre ignorance des questions anatomiques et fonctionnelles su sexe. Mais Freud insiste : « Je ne crois pas qu’il existe une seule bonne raison pour refuser aux enfants les explications qu’exige leur soif de savoir » (p.11). Deux ans après la publication des « Trois essais sur la théorie de la sexualité », Freud enfonce le clou : l’idée que la pulsion sexuelle apparaît avec la puberté est une erreur ; elle est présente dans le fonctionnement psychique dès le début de la vie, quand l’enfant est soumis à l’ « auto- érotisme », expression empruntée à Havelock Ellis. La puberté de fait que donner aux organes génitaux la primauté sur les autres zones érogènes et contraint la pulsion sexuelle à se mettre au service de la reproduction. Dès l’âge de trois ans, l’enfant envisage la différence des sexes et questionne à propos du « fait- pipi » ; il est curieux de savoir si tous les êtres humains sont pourvus d’un pénis, pourquoi certains en ont un et d’autres non, et comment ces derniers ont pu le perdre. Puis vient la question de savoir comment on fait les bébés. Sans réponse satisfaisante (cigognes, etc.) ou en l’absence de réponse, l’enfant se tourmente et échafaude des théories plus ou moins erronées. Idéalement, ce serait à l’école, selon Freud, d’insérer un programme d’éducation sexuelle dans l’enseignement primaire, adapté à la curiosité de l’enfant en fonction de son âge, comme aux exigences morales qui régissent l’exercice de la pulsion. Le texte s’achève sur une pointe pessimiste, Freud ne doutant pas du refus obstiné des écoles religieuse à admettre la « similitude d’essence de l’homme et de l’animal » (p.13). © Bertrand Duccini, psychanalyste à Uchaud (30) Sigmund Freud, La Vie Sexuelle – Fiche de lecture Chapitre II. Les théories sexuelles infantiles (1908) La psychanalyse a mis en lumière que « les névrosés n’ont pas de contenu psychique particulier » par rapport aux personnes saines, mais partagent les mêmes complexes. La différence provient simplement du destin de la pulsion et de la manière de la maîtriser. Freud dresse ici un panorama assez complet des théories que tous les enfants élaborent spontanément, sans se concerter et indépendamment d’influences communes, à propos de l’origine de la vie, c’est-à-dire des théories sur la reproduction des êtres humains. Le réflexe de l’enfant est tout d’abord de se tourner vers ses parents, qui le plus souvent ne lui donnent pas une explication crédible, mais une métaphore à base de cigogne (dans les pays germaniques en tout cas). L’enfant n’en retire que l’expérience du mensonge de l’adulte, et sa confiance ébranlée lui fera fuir dorénavant les explications parentales. Il a compris que la question qui l’intéresse le plus est mal jugée par ses parents, ce qui force l’enfant à un « clivage psychique » (p.18) : il désire consciemment être un bon enfant, et tente de refouler ses interrogations sexuelles, avec plus ou moins de succès, créant les conditions du « complexe nucléaire de la névrose » (p.18). L’enfant élabore donc seul une série de théories qu’il partage de façon remarquable avec tous les autres enfants, car elles se fondent sur des manifestations sexuelles à l’œuvre dans son organisme, et c’est pourquoi Freud les nomme « théories sexuelles infantiles typiques » (p.19). Elles sont fausses, mais contiennent un fragment de vérité. La première de ces théories « consiste à attribuer à tous les être humains, y compris les êtres féminins, un pénis » (p.19). Fille ou garçon, la vue d’un sexe féminin ne les fait pas dévier de cette idée. Pour eux, le pénis est encore petit mais il va grandir. Le clitoris, par sa parenté avec le pénis (organe érectile source d’excitation et de plaisir), remplit alors très bien le rôle de pénis féminin. Si, pour le garçon, l’idée d’un pénis chez la femme devient une idée fixe, il sera incapable de renoncer à un objet sexuel dénué de pénis, et deviendra nécessairement un homosexuel. Chez la femme, la fixation phallique aboutit à une fonction sexuelle atrophiée : l’excitabilité du clitoris est maintenue obstinément, de telle sorte qu’elle reste insensible dans le coït. Plus tard, l’enfant admet que la fille n’a pas de pénis. Si c’est une fille, elle considère alors qu’elle l’a perdu, plus précisément qu’elle a été mutilée, en guise de punition pour un acte répréhensible qu’elle aurait commis. Elle se sent diminuée et regrette de n’être pas un C’est le © Bertrand Duccini, psychanalyste à Uchaud (30) Sigmund Freud, La Vie Sexuelle – Fiche de lecture fondement du complexe de castration. La fillette se sent diminuée, et le garçon craint d’être châtré à son tour. La deuxième théorie sexuelle infantile tente de répondre à la question de savoir comment les bébés, qui croissent dans le ventre de la mère, arrivent donc à en sortir lorsqu’ils deviennent trop gros pour y demeurer. Les enfants n’ont pu alors constater qu’une seule façon de sortir du ventre : par l’orifice anal. Le bébé doit donc être évacué comme un excrément. À cet âge, les selles n’ont rien de dégoûtant et la « théorie cloacale de la naissance » (p.22) n’est pas honteuse. La pudeur et le dégoût, ainsi que la honte qui leur est un corollaire, n’ont pas encore pris naissance dans le psychisme de l’enfant. Toujours très fier de ses selles, l’enfant en parle aisément et les tient en grande considération. Selon cette théorie, les deux parents peuvent donc donner naissance aux bébés, car ils possèdent tous deux un anus. Il suffit de manger quelque chose de particulier, et cela donne naissance à un bébé. Une variante de cette théorie, souvent ultérieure, consiste à envisager une sortie du bébé par le nombril, qui pourrait ensuite se refermer (n’est-ce pas ainsi que les victimes sont extraites du ventre du loup dans les contes merveilleux ?). Après s’être demandé comment l’enfant sort du ventre, l’enfant en vient naturellement à se demander comment il y est entré ! C’est alors que prend forme la troisième théorie sexuelle infantile. C’est la véritable question « comment on fait les bébés ? ». Il semble évident que le père y est pour quelque chose : « il dit bien que l’enfant est aussi son enfant » (p.21). L’enfant aborde pour la première la notion de rapport sexuel entre les parents, la nécessité du coït. Il en a une connaissance très partielle, mais en arrive invariablement à une « conception sadique du coït » (p.22). L’acceptation de la dimension reproductive du couple parental pose à l’enfant, parallèlement à ses recherches purement sexuelles, la question du mariage : qu’est-ce que cela signifie donc que d’être marié ? Les enfants commencent alors à « jouer à papa et maman ». Pour eux, être marié, c’est avant tout ne pas éprouver la gêne habituelle des adultes : on se montre son derrière, on urine l’un devant l’autre sans honte, on s’embrasse sur la bouche et on fait des bébés. Freud remarque par ailleurs, chez les filles exclusivement, l’élaboration d’une théorie de la fécondation par le baiser. Pour lui, la représentation que les enfants se font de l’état d’être marié aura une grande importance pour la symptomatologie d’une affection névrotique ultérieure. © Bertrand Duccini, psychanalyste à Uchaud (30) Sigmund Freud, La Vie Sexuelle – Fiche de lecture Vers l’âge de dix ou onze ans, l’enfant commence à être plus clairement informé des questions sexuelles, et en particulier de l’existence et de la fonction du uploads/Philosophie/ freud-la-vie-sexuelle.pdf

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