22. 6. 24. 오전 12:55 Corps et individualité dans la philosophie de Spinoza https
22. 6. 24. 오전 12:55 Corps et individualité dans la philosophie de Spinoza https://journals.openedition.org/methodos/114 1/18 Methodos Savoirs et textes 3 | 2003 Figures de l'irrationnel Analyses et interprétations Corps et individualité dans la philosophie de Spinoza Pascale Gillot https://doi.org/10.4000/methodos.114 Résumés Français English Nous tentons dans cet article de montrer que la problématique de l’individuation, qui prend ses sources dans la physique, joue un rôle déterminant dans la solution spinoziste du problème de l’union de l’âme et du corps. Cette union se trouve en effet comprise dans les termes d’une identité réelle, en l’espèce l’identité d’un même individu. L’objet de la première partie de l’article est l’examen de l’origine du concept spinoziste d’individu, et des liens étroits qui unissent ce concept à la catégorie physique de corps composé ou complexe. Degré de puissance ou conatus, composition et degré d’individuation se révèlent constitutivement équivalents. L’analyse de la puissance propre du corps humain, de ce qu’il peut faire par lui-même sans l’aide de l’âme, tel un automate, implique nécessairement la description de son individualité et de sa complexité spécifiques, au principe de son agir spontané et déterminé. Tel est l’enjeu de la seconde partie de notre étude. Enfin, dans la troisième partie, nous soulignons l’importance de la définition spinoziste de l’individualité complexe du corps humain pour la détermination de ce que peut l’esprit dans son ordre propre, l’organisation et la puissance de ce dernier apparaissant directement proportionnelles à la complexité du premier. Sous cet aspect, la compréhension de l’unité psycho-physique en l’homme, unité qui est celle d’un individu en dépit de l’indépendance causale réciproque du mental et du corporel, semble bien impliquer la primauté gnoséologique, exclusive de touteantécédence ontologique, du corps et de son organisation par rapport à l’esprit humain. In this paper, we want to show that the theory of individuation, which is first inherent to physics, plays a crucial part in the spinozistic answer to the mind-body problem ; the mind-body union is thus conceived as a real identity, more particularly as the identity of one individual. In the first part of this study, we consider the spinozistic concept of individual, its origin in the science of nature and its close bounds with the category of complex body in the physics of Spinoza. Power degree or conatus, composition and individuation degree appear to be equivalent to one another. The analysis of the specific power of human body (what it is able to accomplish on its own, without any help from the soul) involves then the description of its proper individuality and complexity, which account for its spontaneous and determinate action, like an automaton. This is the issue of the second part of our paper. At last, in the third part, we insist on the importance of the spinozistic conception about the complex individuality of human body, as far as the determination of what the mind is able to do is concerned : the organization and power of the mind are directly proportional to the complexity of the body. In that respect, the spinozistic theory of human psycho-physical unity does involve, despite the causal independence between the mental and the physical, some kind of gnoseological priority (which is not an ontological one) of the body upon the human mind. 22. 6. 24. 오전 12:55 Corps et individualité dans la philosophie de Spinoza https://journals.openedition.org/methodos/114 2/18 Entrées d’index Mots-clés : artifice, composition, conatus, identité, individu, individualité, organisation, Spinoza Keywords: identity, individual, individuality, organization, Spinoza Texte intégral Que peut un corps, et, plus précisément, que peut le Corps humain ? 1 La célèbre question spinoziste du Quid Corpus possit, qui dans l’Éthique, à la troisième partie, se révèle étroitement liée au problème de l’unité du corps et de l’esprit humains, donne à entendre la possibilité de l’existence d’une puissance propre du corps, puissance intégrale, indépendante de toute autre, et en particulier de celle de l’âme1. 2 Cette question de la puissance spécifique du corps humain, dont Spinoza affirme qu’elle est demeurée jusqu’à lui largement méconnue, met en jeu deux thèses fondamentales. Elle s’articule d’une part à la représentation épistémologique générale d’une causalité corporelle indépendante, appelée par le postulat, caractéristique de la pensée moderne, de lois de la nature, les lois du mouvement et du repos. Mais elle engage aussi une réflexion sur le fondement de l’identité en l’homme de l’âme et du corps, conçue comme identité d’un individu. 3 Nous organiserons notre étude autour de trois axes principaux. Tout d’abord, parce que le concept d’individuum revêt sa première signification dans l’ordre de la physique et de la physiologie, comme en témoigne l’Abrégé de Physique de la deuxième partie de l’Éthique, nous examinerons les traits distinctifs et caractéristiques de l’individu au sens premier, en tant qu’il s’agit d’un individu corporel quelconque, d’un corps complexe ou encore composé. 4 Dans un second temps, nous restreindrons l’analyse au cas du corps humain, en tant que son statut de chose corporelle extrêmement complexe, de corps hautement individué, permet de le concevoir dans les termes d’un dispositif artificiel et d’un automate. 5 Enfin, il s’agira de déterminer dans quelle mesure l’être individué du corps humain constitue le modèle de l’individuation de l’esprit, afin de préciser l’enjeu de la conception spinoziste de l’identité psycho-physique comme identité individuelle, ou identité d’un seul et même individu. 6 L’idée d’une puissance corporelle complètement indépendante du pouvoir de l’esprit, d’un quelconque decretum mentis, commande la reprise spinoziste du thème (d’obédience cartésienne) de la fabrique du corps humain, qui fait de ce dernier un artifice extrêmement complexe, détenteur du principe de ses opérations multiples et déterminées, ou encore, semble-t- il, une sorte d’automate. Or la puissance propre du corps humain, ce qu’il peut faire en vertu de sa seule nature, apparaît indissociable de son degré de complexité et d’organisation, autrement dit de son individualité singulière. Agir suivant les lois de sa propre nature, pour le corps humain, c’est non seulement répondre aux lois de la nature corporelle en général, ou étendue, c’est-à-dire aux lois du mouvement et du repos, mais aussi, à titre spécifique, reconnaître pour principe de son action son essence de chose singulière complexe, en l’occurrence d’individu, doué d’un certain conatus. En d’autres termes, ce que peut le corps humain, sans l’aide de l’âme, apparaît directement commandé par son statut d’être individué. 7 Mais cette puissance du corps, si elle se présente comme strictement autonome, à l’encontre de l’hypothèse d’une « animation » corporelle, n’implique pas pour autant la représentation d’un homme double, dont le corps serait réellement distinct de l’esprit. Bien au contraire, conformément au Scolie de la Proposition 21 de la deuxième partie de l’Éthique, le corps et l’esprit humains constituent dans la perspective spinoziste une seule et même chose. Cette identité réelle se conçoit plus précisément comme identité individuelle : corps et esprit en l’homme sont une seule chose, dans la mesure où ils constituent un même individu. On le voit, la notion spinoziste d’individualité se révèle cruciale dans la conception de l’unité psycho- physique. Si le corps humain n’admet pour principe de ses opérations aucune cause extra- corporelle, son degré d’organisation, sa configuration en individu composé d’une multitude de corps plus simples, donnent la mesure de la complexité de la mens humana, et de sa puissance spécifique. L’individuation mentale, en l’homme, se révèle directement proportionnelle à son individuation corporelle ; il existe une corrélation primordiale entre la puissance de penser de 8 22. 6. 24. 오전 12:55 Corps et individualité dans la philosophie de Spinoza https://journals.openedition.org/methodos/114 3/18 I. Le concept physique d’individu « Quand un certain nombre de corps, de même grandeur ou de grandeur différente, sont pressés par les autres de telle sorte qu’ils s’appuient les uns sur les autres ou bien, s’ils sont en mouvement, à la même vitesse ou à des vitesses différentes, qu’ils se communiquent les uns les autres leurs mouvements selon un certain rapport précis [certa quadam ratione], ces corps, nous les dirons unis entre eux, et nous dirons qu’ils composent tous ensemble un seul corps ou Individu [unum corpus, sive Individuum], qui se distingue de tous les autres par cette union entre corps5. » l’esprit et la puissance d’agir du corps. Ainsi se comprend l’invitation spinoziste, au Scolie de la Proposition 13 du De Mente, à la connaissance de la nature du corps, invitation qui ouvre précisément l’exposé de l’Abrégé de Physique inséré dans cette deuxième partie de l’Éthique : pour déterminer la nature et le pouvoir singuliers de cette idée complexe qu’est l’esprit humain, il est nécessaire au préalable de connaître son objet, autrement dit le corps en son organisation et ses dispositions particulières. Se demander ce que peut le corps, c’est aussi se demander, s’agissant de ce mode fini qu’est l’homme, ce que peut l’esprit. Dans l’ontologie spinoziste, comme l’ont établi les travaux d’Alexandre Matheron consacrés notamment à la théorie de « l’individualité complexe », le degré d’individuation (qui est aussi un degré d’organisation et de complexité) d’une chose singulière, d’un mode fini, se révèle directement lié à son degré de puissance, aux effets qu’elle peut produire selon des lois déterminées, qui uploads/Philosophie/ gillot-corps-et-individualite-dans-la-philosophie-de-spinoza.pdf
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- Publié le Oct 02, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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