SL0005X – HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE Le programme de ce thème s’articule autou

SL0005X – HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE Le programme de ce thème s’articule autour de six grands chapitres : I. Port-Royal et la grammaire générale II. La linguistique historique et la grammaire comparée III. Ferdinand de Saussure et le Cours de linguistique générale IV. Le structuralisme européen V. Le structuralisme américain VI. La linguistique générative CHAPITRE 1 : PORT-ROYAL ET LA GRAMMAIRE GENERALE. Plan du chapitre : I. L’étude des langues et du langage dans le XVIIe siècle français 1. Essor de l’intérêt pour l’étude des langues étrangères 2. L’épanouissement du « bel » usage 3. La conception rationaliste de la grammaire générale II. Le projet d’une grammaire générale 1. Généralités 2. La question de la représentation 3. La question de l’universalité III. Eléments de grammaire raisonnée 1. Les catégories du discours 2. De l’universalité de certaines règles 3. Une théorie des figures 4. Syntaxe de la proposition IV. Influence de Port-Royal, les successeurs TEXTE 1 TEXTE 2 I. L’étude des langues et du langage dans le XVIIe siècle français . 1. Essor de l’intérêt pour l’étude des langues étrangères. On remarque au XVIIe siècle une augmentation du nombre des langues apprises et un essor d’un intérêt pour l’étude des langues étrangères. Tout cela s’accompagne d’une réflexion d’ordre pédagogique que l’on va avoir chez Claude Lancelot notamment. Claude Lancelot est à l’origine des grammaires. Il va rédiger toute une série de grammaires (latine, italienne, espagnole, grec, etc.). Il va rédiger ces grammaires (les règles, les commentaires de ces règles, etc.) dans la langue de l’apprenant. L’apprenant doit partir de ce qui lui est connu, de sa propre langue pour progressivement aborder ce à quoi il est sourd. Les principes généraux qui régissent une langue particulière, ne sont pas spécifiques à cette seule langue, ils ne sont pas réductibles aux simples usages de cette langue. L’idée de Claude Lancelot ici est que ces principes généraux participent à un niveau supérieur qui est aussi d’être exprimé dans toutes les langues. C’est cette conception qui va être à l’origine d’un projet : le programme d’une grammaire générale et raisonnée. 2. L’épanouissement du « bel » usage. Le XVIIe siècle français est traversé par ce souci de systématiser, de régenter la langue française. Cette systématisation va se faire pleinement dans la perspective politique de l’époque. Dans ce même contexte, va se faire la création de l’Académie Française par Richelieu (1635) : « La principale fonction de l’académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible, adonner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences. ». Les travaux de l’Académie Française vont être dirigés par le grammairien et linguiste Vaugelas (1585- 1650), qui va publier en 1647 un des premiers résultats de ses travaux, ses Remarques sur la langue française. Cet ouvrage explicite les usages de la Cour du Roi. Dans la préface de ces remarques on voit comment Vaugelas va définir l’usage. Selon lui, « c’est la façon de parler de la plus saine partie de la Cour conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des auteurs du temps ». Vaugelas fait une approche taxinomique (descriptive et normative) de la grammaire. A ceci va s’opposer la conception rationaliste de la grammaire générale. L’Académie Française cherche à montrer les similitudes du français et du latin. On remarque une volonté de « chercher des déclinaisons » (comme pour le latin) dans le français. L’idée qui a été conductrice dans les travaux de Lancelot, est que les langues derrière leurs différences sont unies par un certain nombre de principes universaux, et il pourrait y avoir une grammaire universelle qui s’intéresserait à toutes les langues. 3. La conception rationaliste de la grammaire générale. Avec cette conception rationaliste, la grammaire ne va pas être conçue comme quelque chose de normatif, de prescriptif. La grammaire, dans cette perspective, va être conçue comme une science déductive comparable à la logique ; la science déductive étant une science qui fonde ses conclusions sur un raisonnement ; elle est comparable à la logique. Ce point de vue apparaît en 1660 avec la publication de la Grammaire générale et raisonnée (ARNAULD, A. et LANCELOT, C.) : « Grammaire générale et raisonnée, contenant les fondements de l’art de parler, expliqués d’une manière claire et naturelle les raisons de ce qui est commun à toutes les langues et les principales différences qui s’y rencontrent. ». L’autre ouvrage capital pour le développement de la perspective d’une grammaire générale est Logique de Port Royal (ARNAULD, A. et NICOLE, P.). A cette époque, Claude Lancelot et Antoine Arnauld sont deux professeurs dans Les Petites Ecoles de Port-Royal. II. Le projet d’une grammaire générale . 1. Généralités. Au XVIIe siècle, Port-Royal était à la fois une institution Religieuse et Educative. C’était d’abord une Abbaye qui se trouvait dans la vallée des Chevreuses et qui a ensuite était transporté à Paris. Elle regroupait et accueillait les intellectuels de l’époque. C’était également une institution éducative. A cette époque Port-Royal était un foyer intellectuel du jansénisme. On appelait les intellectuels qui y étaient accueillis des Solitaires. L’impact de ces Solitaires s’est fait notamment dans le projet de grammaires. L’objet de la grammaire générale de Claude Lancelot et Antoine Arnauld est de systématiser l’étude des propositions et des jugements en élaborant une théorie de la phrase au sein de la logique formelle (on a ici une remise à l’honneur des idées d’Aristote). Cette grammaire propose un ensemble d’hypothèses sur la nature du langage, qui est un des fondements essentiel de cette approche. Ici, le langage est considéré comme découlant des lois de la pensée. La perspective de cette grammaire est rationaliste. En effet, elle explique les faits linguistiques en partant d’un postulat selon lequel le langage est une image de la pensée, et en tant qu’image de la pensée il exprime des jugements élaborés par la pensée. De ce fait les réalisations diverses que l’on peut rencontrer dans les différentes langues du monde sont conformes à des principes logiques universels. Cette perspective adoptée par Claude Lancelot, Antoine Arnauld et Pierre Nicole s’inscrit dans une démarche rationaliste qui est une application de la pensée cartésienne de Descartes. 2. La question de la représentation. Il s’agit ici de la représentation des idées de l’esprit effectuée par le langage au moyen de signes. « Parler c’est expliquer sa pensée par des signes que les hommes ont inventé à ce dessein. ». Le langage est créé de manière double : - Image de la pensée  il représente les idées de l’esprit. - Instrument de la pensée  il permet d’expliciter la pensée. Pour ces Solitaires de Port-Royal, l’esprit formerait des idées qui définiraient une conception des objets du monde extérieur. Ces idées seraient représentées au moyen de signes linguistiques, de sorte qu’il serait possible de retrouver dans ces signes à la fois une image des objets du monde extérieur et également une image de l’esprit lui-même. Arnauld et Nicole nous disent ici : « ainsi le signe enferme deux idées. L’une de la chose qu’il représente, l’autre de la chose représentée, et sa nature consiste à exciter la seconde par la première. ». 3. La question de l’universalité. La grammaire générale est conçue comme une théorie du langage qui serait valable pour toutes les langues. L’idée d’une grammaire universelle est directement liée avec l’hypothèse de ces grammairiens qui est que les catégories classiques du discours (substantifs, adjectifs, verbes, adverbes, etc.) seraient en correspondance avec les catégories logiques (catégories manipulées par la pensée). Ces catégories logiques participent de la nature même de l’entendement. L’entendement est supposé rester identique dans l’espace et le temps ; de même, les catégories classiques du discours qui sont censées rester identiques dans toutes les langues du monde. C’est sur cette approche que se développe le projet d’une grammaire générale est raisonnée. III. Eléments de grammaire raisonnée . 1. Les catégories du discours. Ici, les catégories du discours peuvent se définir à la fois en fonction de l’activité de l’esprit et également en fonction des fonctions de la communication. a. En fonction de l’activité de l’esprit. Dans l’activité de l’esprit, la pensée cartésienne distingue deux constituants fondamentaux : - L’objet de la pensée  il renvoie à l’entendement - La forme de la pensée  elle renvoie à la volonté Les grammairiens de Port-Royal vont faire correspondre à ces constituants deux catégories de mots qui vont les représenter : OBJET FORME Substantifs Verbes Adjectifs Conjonctions Adverbes interjections Articles x Pronoms x Participes x Prépositions x Dans la philosophie cartésienne, le jugement est l’acte fondamental de la pensée. Dans cet acte de jugement, la volonté attribue une propriété à une chose. Au niveau du discours, les substantifs vont représenter les choses alors que les adjectifs vont représenter les propriétés. L’acte volontaire d’attribution, quant à lui, serait représenté par le verbe « être ». En parallèle, es autres verbes ne seraient jamais que des amalgames, ils pourraient être analysés comme des amalgames du verbe « être » uploads/Philosophie/ histoire-de-la-linguistique.pdf

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