De la triple vie de l’homme Selon le mystère des trois principes de la manifest
De la triple vie de l’homme Selon le mystère des trois principes de la manifestation divine Écrit d’après une élucication divine par Jacob Boehme autrement dit le Philosophe teutonique en l’année 1620 Traduction de Louis-Claude de Saint-Martin www.Philosophe-inconnu.com 2006 DE LA PRÉSENTE ÉDITION Le 4 janvier 1795, Louis-Claude de Saint-Martin écrit à son ami Nicolas-Antoine Kirchberger : « Je relis à présent ma traduction française de la Triple vie ; c’est pour moi comme un pays tout neuf en comparaison de l’allemand, et même en comparaison de ce que j’en retirais en tradui- sant. » C’est en 1793 que le Philosophe inconnu commença ce travail, demandant parfois à son ami suisse de l’aider à traduire certains termes ou expressions difficiles. Ce texte ne sera pas publié du vivant de Saint-Martin, mais en 1809 chez Migneret, grâce à l’initiative de Joseph Gilbert et de Prunelle de Lière. Cette édition sera rapidement épuisée, et il faudra at- tendre 1982, date à laquelle les Éditions d’Aujourd’hui en publient un fac-similé dans leur collection « Les Introuva- bles », pour qu’on puisse lire à nouveau cette œuvre es- sentielle de Jacob Boehme. Ce volume n’est plus disponible depuis bien des années ; c’est donc un plaisir pour nous que d’en offrir une nouvelle édition, en espé- rant qu’elle comblera l’attente des lecteurs. Marie FRANTZ PRÉCIS DE CET OUVRAGE Haute et profonde base de la triple vie de l’homme, éta- blie sur les trois principes, Dans laquelle est clairement démontré ce qu’il y a d’éternel, et ce qu’il y a de mortel ; Pourquoi Dieu (qui est le suprême bien) a produit toutes choses à la lumière ; Pourquoi aussi une chose est toujours en opposition avec l’autre, et la détruit, Et ainsi ce qu’il y a de vrai et ce qu’il y a de faux, et comment une chose sépare de l’autre ; En quoi consistent particulièrement les trois principes, qui sont la seule origine et la seule source d’où les choses dé- coulent et sont engendrées ; Où surtout on reconnaîtra clairement la multiplicité des opinions religieuses ; d’où a pu naître parmi les enfants des homme une si grande diversité d’opinions sur l’essence et la volonté de Dieu ; de même, ce qu’il est utile et nécessaire que l’homme fasse pour devenir parti- cipant de l’éternel bien ; En outre, de l’issue et la fin de toutes choses ; pourquoi chaque chose se montre sous telle propriété et sous telle essence, Pour le soulagement des malheureuses âmes humaines blessées et malades, et pour la réédification de la vraie religion chrétienne, où l’Antéchrist est entièrement dé- pouillé et mis à découvert. Rédigé pour nous-même, comme un mémorial et un sou- tien dans ces temps d’égarement, de misères et de trou- bles1. 1 Le traducteur croit devoir faire remarquer que ceci a été écrit par l’auteur dans le dix- septième siècle. www.philosophe-inconnu.com 1 CHAPITRE I De l’origine de la vie ; de l’éternelle génération de l’Essence divine 1. Si nous voulons considérer le commencement de notre vie, et le comparer à l’éternelle vie qui nous est promise, nous ne pouvons ni dire ni trouver que dans cette vie ex- térieure nous soyons dans notre demeure, car nous voyons le commencement et la fin de cette vie extérieure, et avec cela l’entière dissolution et corruption de notre corps. En outre, nous ne savons ni ne voyons aucune re- tour dans cette vie, et nous n’en avons non plus aucune promesse de la part du suprême et éternel bien. 2. Puisqu’il y a donc en nous une vie qui est éternelle et impérissable, avec laquelle nous nous portons vers le su- prême bien ; de plus, une vie de ce monde laquelle est périssable et finie, et en outre une vie dans laquelle se tient la source et l’original de la vie, (et) où se trouve le plus grand danger de l’éternelle perdition, il nous est es- sentiel de considérer le commencement de la vie d’où toutes ces choses procèdent et tirent leur origine. 3. Et lorsque nous considérons la vie et ce qu’elle est, nous voyons qu’elle est un feu brûlant qui consume, et lorsqu’elle n’a plus rien consumé, elle s’éteint comme cela se voit dans tous les feux. Car la vie tire sa nourriture du corps, et le corps la tire des aliments ; car si le corps n’a plus d’aliments, il est consumé par le feu de la vie, de manière qu’il se ferme et se sèche, comme fait une fleur des champs qui n’a point d’eau. 4. Mais puisqu’il y a en outre dans l’homme une vie éter- nelle et impérissable, c’est-à-dire l’âme qui est aussi un feu, et doit avoir sa nourriture aussi bien que la vie mor- telle élémentaire ; nous devons également considérer qu’elle est sa source et son aliment, ce que c’est qui lui donne sa nourriture, de manière qu’elle ne puisse jamais s’éteindre. 5. Et troisièmement, nous trouvons que dans la vie de no- tre âme il y a encore un appétit plus grand pour une vie www.philosophe-inconnu.com 2 DE LA TRIPLE VIE – chapitre I plus élevée et meilleure ; savoir, pour le plus suprême bien, qui est appelé la vie divine, en ce que l’âme ne se contente pas de sa propre nourriture, mais qu’elle désire avec un grand attrait et une grande ardeur, ce bien su- prême et parfait, non seulement pour des délices, mais comme pressée par le besoin de se nourrir. 6. Et alors nous apercevons dans une grande science, et dans une vraie connaissance que chaque vie désire pour nourriture sa mère, d’où la vie est née. C’est ainsi que le bois est la mère du feu, laquelle le feu désire, et s’il est séparé de sa mère il s’éteint. Ainsi la terre est la mère des arbres et des plantes, et ils la désirent ; ainsi l’eau avec les autres éléments est la mère de la terre, et sans cela elle resterait dans la mort, et il ne croîtrait en elle ni mé- taux, ni arbres, ni plantes, ni herbes. 7. Nous voyons particulièrement que la vie élémentaire consiste dans un bouillonnement, qu’elle est une ébulli- tion, et que quand elle ne bout plus elle s’éteint. Nous sa- vons aussi que la constellation allume les éléments, que les étoiles sont le feu des éléments, que le soleil en- flamme les étoiles, de façon qu’il y a un travail et un bouillonnement l’un dans l’autre ; mais la vie élémentaire prend fin et est périssable, au lieu que la vie de l’âme est éternelle. 8. Si donc elle est éternelle, elle doit aussi tenir de l’Éternel, comme le cher Moïse en a écrit avec raison. Dieu a soufflé à l’homme un souffle vivant, et l’homme est devenu une âme vivante. 9. Mais nous ne pouvons pas dire, sur ce que l’homme consiste en une triple vie, que chaque vie existe séparé- ment avec une forme particulière ; mais nous trouvons que ces vies sont les unes dans les autres, et cependant que chacune a son opération dans son régime, c’est-à- dire dans sa mère. Car comme Dieu le Père est tout, puisque tout sort de lui, qu’il est présent en tout lieu, et est le complément de toute chose, et que la chose ne le comprend pas, qu’ainsi la chose n’est pas Dieu, ni son es- prit, ni sa vraie essence divine, de manière qu’on ne peut dire d’aucune chose saisissable : cela est Dieu, ou bien Dieu est ici plus présent qu’ailleurs ; tandis que, cepen- dant, il est réellement présent, il contient les choses et les choses ne le contiennent point ; car il ne demeure pas www.philosophe-inconnu.com 3 DE LA TRIPLE VIE – chapitre I dans les choses, mais en soi-même dans un autre prin- cipe. 10. De même aussi est l’âme de l’homme soufflée par Dieu ; elle demeure dans le corps, elle est environnée des étoiles et de l’esprit élémentaire, non pas seulement comme un vêtement couvre le corps, mais elle est impré- gnée par les étoiles et l’esprit élémentaire, comme la peste où une autre maladie infecte l’esprit élémentaire, de manière qu’elle empoisonne son corps, le fait décliner et périr. Alors la source des étoiles se sépare aussi de l’âme, et se consume elle-même, puisque la mère élémentaire se brise. Alors l’esprit des étoiles n’a plus aucune nourri- ture, et c’est pour cela qu’il se consume lui-même ; mais l’âme demeure dans la nudité, car elle vie d’une autre nourriture. 11. Ainsi concevez-nous de cette manière. Quoique l’âme soit emprisonnée par les étoiles et par l’esprit élémen- taire, de façon que leur travail agisse dans l’âme, cepen- dant l’âme a une autre nourriture et vit dans un autre principe, et est aussi d’une autre essence ; car ses essen- ces ne tiennent point de la constellation, mais elles tirent leur origine et leur réunion corporelle de l’éternel lien, de l’éternelle nature, qui est de Dieu le père, avant la lu- mière de son amour, où uploads/Philosophie/ jacob-boehme-de-la-triple-vie-de-l-x27-homme.pdf
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- Publié le Jan 22, 2021
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