Document généré le 12 juin 2018 07:28 Philosophiques Jean Grondin, Kant et le p
Document généré le 12 juin 2018 07:28 Philosophiques Jean Grondin, Kant et le problème de la philosophie : l’A Priori, Librairie philosophique Vrin : Paris, 1989. W. A. Shearson Volume 22, numéro 2, automne 1995 URI : id.erudit.org/iderudit/027356ar DOI : 10.7202/027356ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Société de philosophie du Québec ISSN 0316-2923 (imprimé) 1492-1391 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Shearson, W. (1995). Jean Grondin, Kant et le problème de la philosophie : l’A Priori, Librairie philosophique Vrin : Paris, 1989.. Philosophiques, 22(2), 540–544. doi:10.7202/027356ar Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique- dutilisation/] Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org Tous droits réservés © Société de philosophie du Québec, 1995 540 PHILOSOPHIQUES Jean Grondin, Kant et le problème de la philosophie : VA Priori, Librairie philosophique Vrin : Paris, 1989. par W. A. Shearson Grondin déclare son intention centrale dès la première phrase de cet ouvrage : « [...] de comprendre le sens de la Critique de la raison pure. » (p. 7) Comme nous allons le voir, non seulement a-t-il réussi à cet égard, mais son compte rendu de la Critique toute entière est exceptionnel. D'autres ont identifié des éléments très importants de l'œuvre dans son ensemble, mais Grondin est le premier, à ma connaissance, à rassembler tous ces éléments et à nous donner, conséquemment, non seulement un compte rendu du pro- blème — à vrai dire, des problèmes — de la première Critique de Kant, mais aussi à prendre au sérieux les dernières sections de cette œuvre, ce qui permet d'éclaircir cette dernière encore plus et, ce qui est bien plus important, la rela- tion systématique entre la première et la seconde Critique — la Critique de la raison pratique. Après avoir déchiré son objectif général, Grondin identifie rapidement et correctement le problème central de la première Critique : « [...] la question d'une connaissance qui soit rigoureusement synthétique et a priori. Voilà le problème de la Critique de la raison pure. » (p. 7) Kant nous dit à trois repri- ses dans la Préface de la première édition que ceci est son problème (Axi, Axiv), que Ton peut résumer par cette déclaration définitive : « [...] la ques- tion capitale reste toujours de savoir : Que peuvent et jusqu'où peuvent con- naître l'entendement et la raison, indépendamment de l'expérience. » (Axvii). Personne ne sera surpris d'apprendre que c'est là le problème de Kant, excepté que la plupart des savants semblent avoir ignoré ces déclarations . 1. Kant, Critique de la raison pure, trad. : A. Tremesaygues et B. Pacaud, Presses universitaires de France, Paris 1975, p. 9, Désormais cité CRP. 2. Voir Grondin, p. 7 : « Ce qui nous a incité à revenir sur cette question, c'est l'absence presque totale dans la littérature kantienne d'une étude qui réponde [...] aux réquisits du problème soulevé par Kant [...] » Aussi p. 51-52 : « Il est plus que classique de présenter [...] à l'objet. » COMPTES RENDUS 541 Grondin est tout aussi intelligent concernant la signification du problème. Premièrement, il comprend que la question de Kant porte sur ce qu'on peut connaître à propos des objets non-empiriquement. Cette connaissance doit être synthétique ou bien composée de jugements dans lesquels le concept du prédicat étend réellement le concept du sujet, car les jugements analytiques ne sont pas de véritables affirmations de connaissance. Deuxièmement, de tels jugements doivent être a priori et ainsi la question qu'on se pose pour en arriver à une véritable connaissance a priori est la même : « Comment des jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ? » Cependant, même cette formulation n'est pas adéquate, car selon Kant, nous possédons déjà au moins deux champs de connaissances dont les juge- ments sont synthétiques et a priori, soit l'arithmétique et la géométrie. Lors- que Kant demande, que peut-on connaître a priori, il veut dire, que peut-on connaître universellement et nécessairement (les deux aspects centraux de Ya priori) sur les objets-en-général. En un mot, les jugemenLs a priori dont Kant nous parle sont métaphysiques. La question est donc identique à celle- ci : Comment la métaphysique comme science est-elle possible ? Pourquoi ? Parce que les jugements métaphysiques doivent être universel et nécessaire ; l'un parce que c'est une affirmation de connaissance véritable sur tout (objets- en-général) et l'autre parce que toute vérité sur tout objet possible serait né- cessairement vraie. Donc, de tels jugements doivent être synthétiques et a priori (l'empirique — Ya posteriori — ne cède jamais à la nécessité, selon Kant (A734/B762) . De plus, de demander comment ces jugements sont pos- sibles veut aussi dire verifiable s. Toute science doit pouvoir démontrer com- ment elle arrive à la véracité ou à la fausseté de ses jugements. La question de la métaphysique en tant que science est donc basée sur la vérification de ses jugemenLs . Grondin comprend bien tout ceci. Cependant, il n'est pas aussi clair qu'il pourrait l'être pour expliquer pourquoi ce problème est un problème. Quel est le problème que nous présente la question de la vérification des jugements métaphysiques ? Brièvement, toute vérification sert à établir la vérité d'une relation présumée entre le terme sujet et le terme prédicat dans le jugement. Dans le cas d'un jugement métaphysique synthétique a priori, la relation ne peut être purement logique, parce que le jugement est synthétique, et ne peut pas non plus être basé sur l'expérience, parce que le jugement est a priori. 1. CRP, p. 43 — sous le titre de section VI : Problème général de la raison pure. 2 CRP, p. 505. 3. Ceci veut dire qu'une des pires erreurs des études erudites sur Kant est de croire que la première Critique nous donne une épistémologie. Kant ne s'intéresse pas à la connaissance ; seulement à la connaissance synthétique a priori, qui est, de plus, métaphysique. Que Grondin observe ceci, voir p. 51-52 tel que cité préala- blement au n° 2, surtout que Kant souhaite « de résoudre le problème de la [...] connaissance a priori, pas celui de la connaissance en général. [...] » (j'ai ajouté les italiques). 542 PHILOSOPHIQUES Ainsi, comme le dit Kant lui-même, si une telle relation n'est ni logique, ni empirique, que peut-elle être. Si je ne peux découvrir ceci, je ne pourrai ja- mais savoir comment vérifier ce jugement. Dans quelle sorte de jugement le concept du prédicat est-il joint au concept du sujet de façon non-logique (synthétique) et cependant avec nécessité (a priori), c'est-à-dire non- empiriquement1 ? Sa solution au problème est discutée dans toute la première partie de la première Critique, jusqu'à la Dialectique transcendent aie (A293/B350). Grondin explique tout ceci au Chapitre II intitulé La Critique transcen- dantale. Il passe ensuite à La Déduction transcendantale, que l'auteur appelle « la preuve de la révolution copernicienne au sujet de Y a priori », et c'est « là où se décide toute philosophie. » (p. 53) Encore une fois, Grondin nous dé- montre sa maîtrise du texte. En seulement vingt-cinq pages, il arrive à résumer avec précision l'essentiel de ce célèbre texte kantien mieux que plusieurs au- tres ne l'ont fait avec plus de détail et de pages . Dans cette section, il con- fronte la question souvent oubliée (par les autres savants) et très peu évidente, de la distinction kantienne entre les jugements de perception et les jugements d'expérience, fournissant ainsi au lecteur un lien utile entre cette Critique et le Prolegomena. En ce qui concerne la Déduction, Grondin écrit : « L'idée d'une législation a priori de la nature par l'entremise d'une union de la sensibilité et l'entendement incarne le véritable terminus ad quem de la déduction [...] » (p. 71) À cet égard, mentionnons seulement que plus on comprend le pro- blème, meilleures sont les chances d'en comprendre la solution. Aussi exceptionnels et importants que soient ces éléments du livre de Grondin, le chapitre IV, Vers une métaphysique des intérêts de la raison, constitue la véritable contribution originale et profondément erudite qui rend cet ouvrage si important. C'est ici que nous apprenons quel est le but ultime de la solution à la question de Ya priori de la raison théorique ou spéculative. Cette solution nous dévoile de façon positive comment la métaphysique en tant que science est possible ; mais cette connaissance positive contient le but négatif des limites d'une telle connaissance. Ces limites absolues détournent la raison de son intérêt spéculatif (où elle ne peut être satisfaite), vers « l'unique voie qui lui reste encore, celle de l'usage pratique. » (A796/B824) — ce que Kant appelle « le but final de l'usage pur de notre raison ». 1. CRP, p. 39 (A9/B13). Il est à uploads/Philosophie/ jean-grondin-kant-et-le-probleme-de-la-philosophie-l-x27-a-priori-librairie-philosophique.pdf
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- Publié le Jan 02, 2022
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