7ème Journée Toulousaine de Psychomotricité 7 mai 2005 Faculté de médecine Toul

7ème Journée Toulousaine de Psychomotricité 7 mai 2005 Faculté de médecine Toulouse-Rangueil 133, route de Narbonne 31062 Toulouse cedex 04 Organisée par l'Association Toulousaine des Etudiants en Psychomotricité l'Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse avec le concours de le Crédit Lyonnais les Editions du Centre de Psychologie Appliquée les Editions Solal 6ème Journée Toulousaine de Psychomotricité 1 De la notion de schéma corporel au concept de "configuration de référence productrice d'actions" Francis Lestienne, Professeur, ModeSCoS (Modélisation en Sciences Cognitives et Sociales) UMS CNRS 843 et Laboratoire de Neurosciences de l’Homme en Mouvement- UPRES EA 2131, Université de Caen Basse Normandie Pour organiser le positionnement ou le déplacement des segments corporels, le Système Nerveux (SN) dispose d’interfaces spécialisées entre l'organisme et le monde extérieur que sont les récepteurs sensoriels. Le capteur visuel renseigne sur la structure et la topographie du monde extérieur. Grâce à sa rétine périphérique, il est également un excellent détecteur et analyseur de mouvement du flux optique. Les mouvements céphaliques dans l’espace peuvent être détectés à la fois par le système visuel et par les cinq capteurs situés dans l’oreille interne constituant ainsi une véritable centrale gravito- inertielle sensible aux mouvements angulaires et linéaires de la tête. Parmi ces cinq capteurs, deux qui constituent le système otolithique permettent la mesure de la verticale objective et de définir ainsi ce référentiel gravitaire ou allocentré. Les mouvements des membres et par conséquent les variations de longueur et de force des muscles ainsi que les rotations articulaires sont mesurées par les capteurs proprioceptifs. Ces capteurs participent à l’élaboration des référentiels egocentrés. Enfin, les capteurs tactiles situés au niveau cutané participent aussi à la mécano-sensibilité consécutive à la déformation du derme liée aux pressions et frottements sur la peau. Il est à noter que la combinaison des informations proprioceptives et tactiles permettent d’accéder aux propriétés inertielles d’un objet manipulé et d’élaborer, à l’aide de la vision, un modèle interne de la forme et de la qualité de l’objet : poids, viscoélasticité, résistance etc. Cette combinaison d’informations, appelée sensation haptique, joue un rôle déterminant dans l’intégration des éléments physiques au corps propre et permet au SN de construire une extension de l’espace peri-personnel (Ghafouri & Lestienne, 2000). Ces différentes composantes sensorielles peuvent-elles à elles seules rendre compte de l’organisation de l’action motrice autorisant le positionnement ou le déplacement des segments corporels? Comme le proposait Adrian en 1947, le SN disposerait d’une représentation interne de l’orientation des segments corporels - modèle de son propre corps ou schéma corporel- et de leurs relations par rapport au monde extérieur. Soulignons que dans ce concept de schéma corporel proposé pour la première fois par Head et Holmes (1911), le cerveau contiendrait un modèle interne représentatif des caractéristiques et grandeurs biomécaniques du corps: longueur des segments corporels et géométrie articulaire. Comme le suggérait Damasio (1994), cette référence corporelle à partir d’un schéma corporel serait utilisée comme une véritable “chaîne d’arpenteur”. L'étude de l'adaptation des mécanismes sensori- moteur à l’absence de référentiel gravitaire - situation de microgravité au cours des vols spatiaux- nous a conduit à formuler une hypothèse forte : l'existence d'une organisation centrale du mouvement qui s'alimente à partir d'une représentation du corps ou “schéma corporel” Nous avons pu mettre en évidence deux système d'adaptation de la régulation posturale en microgravité, responsables de l’adaptation rapide et de l’adaptation lente (Lestienne et al., 1995) : - le système opératif, étage d'exécution qui sélectionne les commandes motrices et, si nécessaire, les corrige rapidement à partir des informations issues du monde extérieur selon le “principe de corrections sensorielles” de Bernstein (1935) - le système conservatif. C'est un système de références, stable par définition, organisé sur la base du schéma corporel. Ce système de références permettrait d'évaluer les conséquences d'une action future et de prédire ainsi les discordances spatio- temporelles éventuelles entre le but à atteindre (le maintien de l'équilibre) et l'événement à venir ainsi que sa réalisation (la déstabilisation posturale). Nous avons proposé (Lestienne & Gurfinkel, 1988, 1997) que le schéma corporel, traduction d'une abstraction corporelle, serait caractérisé par : - une organisation structurale innée du corps: un seul et même type morphologique fondamental constitué de deux extrémités (haut-bas), de deux faces (ventral-dorsal), d'un 2 axe longitudinal créant une symétrie (gauche-droite). De cette organisation structurale de base dépend la représentation géométrique du corps. - un système de références connectés au système vestibulaire (verticale absolue) et au système visuel et proprioceptif (verticale proprioceptive) - une organisation sensorielle que l'on peut apparenter à une enveloppe sensorielle qui s'est constituée à partir des mouvements actifs et de l'expérience quotidienne. Par ailleurs, le schéma corporel probablement d'origine génétique s'enrichirait au cours du développement et de l'apprentissage de nouvelles dextérités. Bien que l’existence d’un schéma corporel semble être empiriquement justifiée l’absence d’une définition rigoureuse de ce concept en termes neurophysiologiques, limite nécessairement sa fonction lorsque l’on aborde les principes fondamentaux du contrôle moteur. Ce problème a été réexaminé en introduisant un concept plus explicitement défini : celui de la « Configuration de Référence » ou image géométrique virtuelle qui s’alimente à cette notion ancienne de schéma corporel. S’appuyant sur nos données expérimentales (Lestienne et al., 2003) obtenues à partir de mouvements pluriarticulaires, la conséquence immédiate de la prédiction de l’hypothèse de la « Configuration de Référence » concerne l’émergence des patrons d’activité EMG, consécutive aux changements de configuration de référence. La théorie qui en découle propose que les patrons d’activité EMG ne sont pas directement spécifiés par le SN ce qui remet en cause l’idée de programmation centrale mais sont une propriété émergente naturelle du système de production du mouvement qui résulte de la spécification d’une commande globale ou « Configuration de Référence Productrice d’actions ». Références Bibliographiques Adrian, M. (1947). The physiological background of perception. Oxford: Clarendon Press. Damasio, A.R. (1994). Descartes’ Errors. New York: Putman’s Bernstein, N.A. (1935). The problem of interrelation between coordination and localization. Archives of Biological Science, 38, 1-35. In Russian. Ghafouri, M., & Lestienne, F.G. (2000). Altered representation of egocentric peripersonal space in elderly. Neuroscience Letters, 289, 193-196 Head, H., & Holmes, G. (1911). Sensory disturbances from cerebral lesions. Brain, 34, 102-244 Lestienne, F.G., & Gurfinkel, V.S. (1988). Postural control in weightlessness: a dual process underlying adaptation to an unusual environment. Trends in Neuroscience, 11, 359-363. Lestienne, F.G., Ghafouri, M., & Thullier, F. (1995). What does body configuration in microgravity tell us about the contribution of intra and extrapersonal frames ? Behavioral and Brain Research, 18, 766-767 Lestienne, F.G., & Gurfinkel, V.S. (1997). Réflexions sur le concept de représentation interne: le contrôle du mouvement et de l’attitude posturale. In J.L. Petit (Ed.), Les neurosciences et la philosophie de l’action (pp. 177-198). Paris : J. Vrin. Lestienne, F.G., Thullier, F., & Feldman, A.G. (2003). Action-producing frames of reference for motor control. In M.L. Latash (Ed.). Progress in Motor Control III (pp 3-34). Champaign, IL : Human Kinetics Publishers. 6ème Journée Toulousaine de Psychomotricité 3 La psychomotricité orpheline des schémas corporels et des images du corps ? Jacques Corraze, Professeur honoraire des universités Les concepts de schéma corporel et d’image du corps accèdent à l’existence à la fin du 19ème siècle à partir de la clinique neurologique essentiellement, la clinique psychiatrique n’y jouant qu’un rôle secondaire. La singularité de ces notions réside dans l’appréhension subjective du corps qu’elles impliquent, ce que Pick appela “le corps propre” ou encore “le moi corporel”. Originellement, trois affirmations caractérisent les notions de schéma corporel et d’image du corps. D’abord, elles sont considérées comme synonymes. Ensuite on estime que la pathologie permet de penser qu’il s’agit de troubles d’une expérience normale du corps qui apparaît comme altérée. Enfin, bien que les observations fondatrices soient différentes, on considère qu’elles ressortissent d’un même concept dont elle sont différentes manifestations. En se référant à l’expérience d’une image du corps, d’un schéma corporel universellement présents chez tout un chacun, on fit appel à la seule introspection pour la prouver. Cette attitude primitive va être soutenue dans des ouvrages qui vont donner à ces observations de spécialistes une large diffusion Deux auteurs sont à citer Paul Schilder qui, aux Etats.Unis où il avait émigré, publia en 1935 The image and appearance of the human body, traduit en français 3 8 ans plus tard, et Jean Lhermitte en France, avec L’image de notre corps en 1939. L’originalité de Schilder fut d’intégrer ces notions à la théorie psychanalytique, d’où l’effet tremplin qui explique l’importance qu’elles ont prises par la suite. Dès l’origine, la légitimité, l’homogénéité et la portée de ces concepts fut mise en doute, en Allemagne par Conrad (1933) et en France par André-Thomas (1942). Ces concepts furent intégrés à la psychomotricité à la suite de l’influence d’Ajuriaguerra. On peut traduire l’opération en 3 articulations. D’abord la solidarité entre les dyspraxies et les troubles du schéma corporel, affirmée dès l’origine de leur histoire, sans grande preuve d’ailleurs, consacrait une intégration entre le psychisme et la motricité supérieure. Ajuriaguerra devait donner à la notion de praxie de Piaget une grande importance dans sa propre réflexion. La seconde articulation s’opéra sous l’influence de uploads/Philosophie/ jtp-7.pdf

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