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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/279996248 Relire Karl Popper aujourd'hui, la réfutation comme formation à la démarche scientifique Conference Paper · May 2015 CITATIONS 0 READS 4,631 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Sciences, religion, éducation aux 18e et 19e siècles View project Corps et médecine View project Olivier Perru Claude Bernard University Lyon 1 187 PUBLICATIONS 64 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Olivier Perru on 30 March 2019. The user has requested enhancement of the downloaded file. 1 Relire K. Popper aujourd’hui, la réfutation comme formation à la démarche scientifique Pr. Olivier PERRU Sciences, Société, Historicité, Education, Pratiques, E.A 4148, Université Lyon 1 et ENS-Lyon, 38, bd Niels Bohr, F-69622 VILLEURBANNE Cedex, France. e-mail : olivier.perru@univ-lyon1.fr Résumé : Selon Popper, les énoncés scientifiques portent sur les propriétés d’entités physiques, il faut alors déterminer comment réfuter ou ne pas réfuter ces énoncés d’observation. Il propose d’utiliser des règles d’objectivation : les énoncés peuvent être soumis à des tests et sont donc susceptibles de réfutation. Nous montrerons ce qui est intéressant pour la formation des élèves à la démarche scientifique : distinguer science et affirmation dogmatique, sur le critère de réfutabilité, discerner ce que l’on réfute dans l’acte effectif de réfutation, distinguer non-réfutation et acceptation. Dans un second temps, nous évaluerons les changements de position de Popper vis-à-vis de la théorie de l’évolution et les problèmes rencontrés par la réfutabilité poppérienne en biologie. Mots-clés : Popper, réfutabilité, scientificité, formation Abstract: According to Popper, the scientific statements concern the properties of physical entities and then it is necessary to determine how to refute or not to refute these observation statements. He suggests using rules of objectification: the statements can be subjected to tests and thus may be refuted. We shall show what is interesting for the training of students in the scientific approach: distinguish science and dogmatic assertion by a refutation criterion, discern what we refute in the actual act of refutation, and distinguish non-refutation and acceptance. Secondly, we shall estimate the changes of position of Popper towards the theory of evolution and the problems met by the “réfutabilité poppérienne” in biology. Keywords: Popper, disprovability, scientificity, Training De Karl Popper (1902-1994), on retient souvent la distinction entre science et non science sur le critère de falsifiabilité. Cependant, la réfutabilité comme caractère d’une démarche scientifique et donc de l’existence d’un cadre théorique peut être utilisée aujourd’hui comme mesure de la scientificité d’un modèle. Est scientifique ce qui valide des hypothèses de recherche dans un cadre théorique, dans la construction d’un modèle, mais parfois aussi ce qui n’a pas encore été réfuté. La question de la scientificité entre confirmation et réfutation se pose aussi en termes éducatifs : il s’agit d’enseigner des sciences où les résultats n’ont pas le même statut, où on attend parfois une démonstration (le plus souvent en mathématiques), parfois une explication provisoire en attente d’une explication différente ou plus complexe. Dans un premier temps, cette communication cherchera à cerner la nature et le sens de la réfutation dans la formation à la démarche scientifique. Dans un second temps, nous essaierons de comprendre quelle fut, notamment à la fin de sa vie, la position de Popper vis-à- vis de la biologie, et en particulier, vis-à-vis de la théorie de l’évolution. 1 – La réfutation dans la formation à la démarche scientifique. Le critère de démarcation entre science et non-science est établi par Popper au sens de « critère de scientificité d’une théorie ». Dans une première approche, il « réside dans la possibilité de l’invalider, de la réfuter ou encore de la tester » (Popper, 2006, p. 65) et c’est au centre de toutes les discussions et polémiques, notamment pour la théorie de l’évolution. Si 2 selon Popper, la théorie de l’évolution n’a pas la possibilité d’être réfutée par des données empiriques, donc mise en échec par l’expérience, elle ne peut pas prétendre au statut de théorie scientifique1. Constatant l’échec des tentatives de justification par la démarche inductive, pour servir de limites entre philosophie et science, Popper recherche un vrai critère de démarcation: la falsifiabilité, c’est-à-dire la possible réfutation par l’expérience d’un système de la science empirique. La falsifiabilité permettrait donc de démarquer la science des systèmes de pensée idéologiques ou philosophiques. Selon Popper, est non-falsifiable un système qui donne les mêmes explications à n’importe quel énoncé de base, qui tente de ramener les données les plus diverses aux mêmes principes. On connait les exemples qu’il prenait et qui étaient liés à son époque de Popper : la psychanalyse (le complexe d’Œdipe, la pulsion de mort…), les idéologies (le marxisme). Jacques-Michel Béchet souligne le fait que Popper se situe sur un axe réfutabilité (ou falsifiabilité) – réfutation : « La démarche poppérienne se présente selon une ligne temporelle qui commence invariablement par la réfutabilité puis se continue (éventuellement) par la réfutation. La réfutabilité est première chronologiquement par rapport à la réfutation puisqu’elle fonde la ‘vraie science’ constituée du corpus des énoncés scientifiques ; c’est seulement dans un deuxième temps que l’énoncé scientifique passe au crible de la réfutation » (Béchet, 2013 : 126). En d’autres termes, il faut que le système soit réfutable ou falsifiable pour faire partie du corpus de la science, et dans un second temps seulement, on regarde si on peut le réfuter actuellement. On peut de fait mettre en avant le fait que la falsifiabilité implique que la falsification soit réalisée dans certains cas, la limite concrète de la théorie venant d’un cas effectif où elle s’avère donner des résultats faux. D’ailleurs, ce problème est traité dans le dernier paragraphe de la première partie de la thèse de Jacques-Michel Béchet, « la réfutation au chevet de la réfutabilité » et comme l’écrit l’auteur: « la réussite pragmatique de la réfutation fonde en retour la réfutabilité » (Béchet, 2013 : 126). Se pose aussi la question des énoncés qui peuvent servir à réfuter une affirmation théorique, voire une théorie, il faut donner des exemples précis de réfutation, notamment dans le domaine de la biologie. Cependant, la question est toujours très difficile et ne peut pas mettre un terme définitif à la discussion. On pense parfois que les découvertes d’Einstein invalident la théorie de Newton, mais il convient de se rappeler la position poppérienne selon laquelle « on ne peut jamais réfuter une théorie de manière concluante » (Popper, 1973 : 47). En fait celle-ci n’est invalidée que dans les cas où elle ne peut pas s’appliquer, notamment en physique des particules ; la physique de Newton demeure applicable dans des problèmes de mécanique au niveau « macro » de l’expérience ordinaire. Il faut être conscient d’un problème qui se pose dans la réfutation, à savoir ce qui est réfuté dans la théorie et ce qui demeure valide. Popper considère que les énoncés scientifiques doivent être réduits à des énoncés portant sur les propriétés et le mouvement dans l’espace et le temps d’entités physiques, il faut alors déterminer comment éliminer ou constater qu’on ne peut pas réfuter ces énoncés d’observation. Popper propose d’utiliser des règles d’objectivation, il faut qu’un énoncé décrive le comportement d’objets physiques observables et situés dans l’espace et dans le temps : ce sont des énoncés existentiels singuliers qui peuvent être soumis à des tests et donc susceptibles de réfutation, et qui sont relatifs à une théorie et peuvent l’infirmer. Il est important ici de bien comprendre que la réfutation poppérienne suit une logique de test, empruntée aux statistiques et aux probabilités. A partir de résultats supposant une égalité des 1 Popper avait changé d’avis à la fin de sa vie sur la testabilité de la théorie de la sélection naturelle. En 1978, il revint sur ses positions antérieures dans un article paru dans Dialectica. 3 valeurs données par des faits expérimentaux et prédits par un modèle ou une loi dans le cadre d’une théorie (hypothèse nulle), j’ai un certain risque si je rejette cette hypothèse lorsqu’elle est vraie () et un autre risque si je l’accepte lorsqu’elle est fausse (). Popper cherche à rejeter l’hypothèse nulle, c’est-à-dire à se prémunir contre le risque de première espèce Si on rejette l’hypothèse d’égalité de valeurs entre les valeurs expérimentales et celles prédites par une théorie, est-ce suffisant pour rejeter la théorie en bloc ? Ce n’est pas évident, on peut parfois rejeter l’application d’une loi ou d’un modèle dans un cas particulier, mais pas forcément la théorie. Donc, rejeter une hypothèse d’égalité entre des résultats expérimentaux obtenus et des résultats prédits à l’aide d’une théorie, ce n’est pas nécessairement réfuter une théorie. Là réside une difficulté de Popper. Par ailleurs, ne pas pouvoir rejeter l’hypothèse nulle, ce n’est pas forcément l’accepter, ce qui est bien le cas dans la logique poppérienne. Popper considère qu’une théorie demeure en place tant qu’on n’a pas pu l’infirmer dans le cadre de tests, ce n’est pas pour autant qu’elle reflète la vérité vraie, c’est qu’on n’a pas pu la réfuter. uploads/Philosophie/ karl-popper.pdf

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