Kernos Numéro 15 (2002) Varia .................................................

Kernos Numéro 15 (2002) Varia ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Aude Busine La consultation de l’oracle d’Apollon dans le discours de Jamblique ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Aude Busine, « La consultation de l’oracle d’Apollon dans le discours de Jamblique », Kernos [En ligne], 15 | 2002, mis en ligne le 21 avril 2011. URL : http://kernos.revues.org/1376 DOI : en cours d'attribution Éditeur : Centre International d’Etude de la religion grecque antique http://kernos.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://kernos.revues.org/1376 Ce document est le fac-similé de l'édition papier. T ous droits réservés Kemos 15 (2002), p. 187-198. La consultation de l'oracle d'Apollon dans le discours de Jamblique Cet article a pour objet l'analyse du passage de Jamblique, philosophe néoplatonicien du me siècle et originaire de Syrie, concernant la divination par les oracles. Au livre III de son ouvrage communément appelé le De Mysteriis Aegyptiorum, Jamblique consacre quelques paragraphes à la mantique oraculaire. Cet extrait passe en revue la façon dont se rend la prophétie divine dans les oracles de Claros, de Delphes et de Didymes et constitue donc un des rares témoignages sur le fonctionnement des deux sanctuaires apolliniens situés en Asie mineure, Claros et Didymes. Le De Mysteriis de Jamblique et la mantique oraculaire Avant d'analyser l'intérêt historique du passage du De Mysteriis et d'évaluer quels renseignements peut fournir cette source sur la consultation des oracles apolliniens précités, il convient de rappeler brièvement les circonstances de la rédaction du traité de Jamblique, pour en saisir la nature et la portée. La majorité des chercheurs s'accordent pour attribuer cet ouvrage appa- remment anonyme à Jamblique. L'appellation De Mysteriis est en réalité un abrégé du titre complet De mysteriis Aegyptiorum Chaldaeorum Assy- riorum, donné par Marsile Ficin à la fin du xve siècle à sa traduction latine de ce livre rédigé en grec. L'intitulé original, qui est attesté dans tous les manus- crits, se trouve pourtant dans la première phrase du texte, où l'on peut lire: 'A~UIlIl(OVOÇ OtOa<}'1cuÀou npoç 't~v ITop<pup{ou npoç 'AVê~cO Èm(J'toÀ~v unoKptcrtç Kat 'trov Èv au'tll <xnoplljlU'tWV McrêtÇ (Réponse d'Abamon, son professeur, à la lettre adressée par Porphyre à Anébon et solutions des questions qui sy trouvent). Ce traité philosophique se présente donc sous la forme d'une lettre écrite à Porphyre, philosophe néoplatonicien qui fut le maître de Jamblique, par un certain Abamon, pseudonyme qu'emprunte Jamblique pour répondre plus libn~ment aux problèmes soulevés par son maître Porphyre dans la Lettre à Anébon1 . Si l'on suit la proposition du Père Les commentateurs modernes ne s'accordent pas sur la datation de la Lettre à Anébon. Pour certains, il faudrait dater le traité du premier séjour de Porphyre à Rome, auprès de Plotin, entre 263 et 268 (voir A.R. SODANO, Porfirio, Lettera ad Anebo, Naples, 1958, p. XXXIV-XXXVI; É. DES PLACES, Jamblique, Les mystères d'Égypte, Paris, 19963 [GUA, p. 188 A. BUSINE Saffrey, Porphyre aurait écrit cette lettre à un disciple égyptien de Jamblique nommé Anébon, fréquentant l'école d'Apamée2. Dans cette Lettre, dont nous n'avons conservé que des fragments, Porphyre s'adresse indirectement à Jamblique et réagit à l'enseignement philosophique que dispense le maître syrien. Porphyre y expose à son ancien élève les contradictions qu'il a rencontrées lors de son investigation du rite païen. P. Athanassiadi3 a mis en évidence l'honnêteté intellectuelle de Por- phyre, qui n'hésite pas à dévoiler l'antinomie de certaines de ses sources4, plutôt que de tenter de concilier les témoignages divergents en les plaçant à différents niveaux théologiques, méthode qui sera amplement utilisée par les autres néoplatoniciens5. Aussi Porphyre exprime-t-il souvent ses doutes et ses hésitations quant à la cohérence de certains aspects du rite païen. Dans la Lettre à Anébon, il formule différentes interrogations issues des apories auxquelles il est confronté. C'est ainsi qu'il s'interroge sur la nécessité d'adresser des prières aux dieux6, sur la hiérarchie du monde divin et sur les qualités des différents types de divinités7, dieux ou démons, divinités corpo- relles ou incorporelless. On mesure ici l'importance du document tant en matière de théologie cosmique que sur le plan sôtériologique. À l'évidence, le questionnaire adressé à Jamblique n'a pas épargné les différents aspects de la /!o:v'teio:, cette pratique divinatoire aux formes multi- ples qui permettait aux Anciens d'entrer en contact avec le monde divin. Dans son ouvrage intitulé la Philosophie tirée des oracles9, Porphyre s'était déjà intéressé aux oracles rendus essentiellement par Apollon mais aussi par la déesse Hécate, ainsi qu'à l'enseignement philosophique que pouvaient en retirer « ceux qui, ayant connu le travail d'enfantement de la vérité ou ayant obtenu une apparition des dieux, ont un jour prié pour trouver le repos dans 12). Pour d'autres, il est plus vraisemblable que la lettre ait été rédigée aux alentours de 300 (voir P. ATHANASSIADI, "Dreams, Theurgy and Freelance Divination: the Testimony of lamblichus", JRS 83 [1993], p. 115-130, p. 118 n. 30) 2 Voir H.D. SAFFREY, "Abamon, pseudonyme de Jamblique", in Philomathes. Studies and Essays in the Humanities in memory ofPhilip Merlan, La Haye, 1971, p. 227-239. 3 ATHANASSIADI, I.e. (n. 1), p. 117-118. 4 Les détracteurs de Porphyre, et surtout Eusèbe, n'hésiteront pas à s'emparer de l'attitude dubitative du philosophe de Tyr pour montrer les profondes contradictions de sa pensée, voir p. ex., Eus., Prép. év. IV, 8, 4 et 10, 3 (à propos du sacrifice). 5 Voir, p. ex., H.-D. SAFFREY, "Accorder entre elles les traditions théologiques: une caractéristique du néoplatonisme athénien", in E.P. Bos, P.A. MEIJER (éds), On Proclus and His Influence in Medieval Philosophy, Leyde, 1992 (Philosophia antiqua, 53), p. 35-50. 6 PORPH., Ep. ad An. l, 3b. 7 PORPH., Ep. ad An. l, le. S PORPH., Ep. ad An. l,3d. 9 On considère généralement, depuis]. Bidez, que le De philosophia est une œuvre de jeunesse, précédant la rencontre de Porphyre avec Plotin (voir]. BIDEZ, Vie de Porphyre, le philosophe néo-platonicien. Avec les fragments des traités IlEP! ArAAMATnN et De regressu animae, Gand / Leipzig, 1913, p. 17-28). La consultation de l'oracle d'Apollon dans le discours de Jamblique 189 leur perplexité par un enseignement digne de foi, donné par les dieux qui parlentlO », Le De philosophia semble être une tentative de rationaliser, ou du moins de justifier, les paroles inspirées par les dieux, Porphyre précise également que ces oracles ne doivent pas être divulgués à n'importe qui, mais seulement à ceux qui ont engagé leur vie à faire le salut de leur âmell , Porphyre tente par là de redonner ses lettres de noblesse à la mantique oraculaire,' Dans la Lettre à Anébon, le philosophe de Tyr s'interroge à nouveau sur les différents modes de divination et il soumet notamment à Jamblique les questions suivantes: à quoi reconnaît-on l'apparition d'un dieu, celle d'une ange, celle d'un démon12 ? que se passe-t-il exactement dans la prédiction de l'avenirl3 ? en quoi consiste réellement la divination14 ? qui révèle l'avenir aux hommes, est-ce un dieu, un démon ou un ange15 ? que penser des types de prophétie privés et non rattachés au pouvoir public CdooS {ownt1càv Kat où OTlI.l6crwv ~av'teias), comme l'enthousiasme ou encore la divination dans le sommeil16 ? La réponse de Jamblique que constitue le De mysteriis reprend méticu- leusement une à une ces nombreuses interrogations, tente d'en élucider les points obscurs et de dissiper les doutes, C'est en professeur que Jamblique va répondre patiemment aux différentes questions de Porphyre, Il en résulte un ouvrage théorique sur la divination, dans lequel Jamblique montre en quoi certaines formes du rite païen sont en accord avec les lois régissant le monde divin et en quoi d'autres ne sont pas conformes et doivent être rejetées. Ce 10 PORPH" De philosophia F 303 Smith = Eus" Prép, éuang, IV, 7, 2: ~v 0' ËXet Ûl<pÉÂ.etaV ~ cruvayooyfj, ~aÂ.tcr'to: eïcrov'tat ocromep 't~v eXÂ.~Setav ÛlO{vav'teç llüçav'to lto'te 'tf\ç Ex: Serov Ènt<paveîaç 'tuxov'teç eXvanaucrtv Â.a~eîv 'tf\ç eXnoptaç OtO: 't~v 'trov Â.eyov'toov eXçtontcr'tov oloacrKaÂ.tav, 11 PORPH., De philosophia F 304 Smith = Eus" Prép, éuang, IV, 8, 1. 12 PORPH., Ep, ad An, l, 4 Sodano = JAMBL" De Myst. II, 3 : ÈmÇll'teîç yap, 'tt 'ta YVÛlptcr~a Seoû napoucrtaç ~ àyyÉÂ.ou ~ eXPXayyÉÂ.ou ~ oat~ovoç ~ nvoç apxov'toç ~ 1jfUxf\ç (<< Car tu t'enquiers de ce qui manifeste la présence d'un dieu, d'un ange, d'un archange, d'un démon, ou de quelque archonte ou d'une âme », traduction d'É. des Places), 13 PORPH" Ep, ad An, II, 1 uploads/Philosophie/ kernos-2002.pdf

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